Notre-Dame des Landes résiste toujours à Ayraultbespierre

30 Oct

Ayrault n’en démord pas. Il ne va pas se faire tenir en échec par une centaine d’occupants de la ZAD et autant de paysans. Donc pour la 3e fois depuis le 16 octobre, une grande opération est prévue. En fait, c’est une opération de police continue depuis le début, qui coûte 1 million d’€ par semaine à la France, soit, depuis deux semaines, 2 millions d’€. Il paraît que c’est la crise, qu’il y a des lois, mais pour construire un aéroport à Notre-Dame des Landes, il n’y a plus de déficit, et plus de droit.

Le Premier Ministre espère vider la ZAD, l’aire prévue pour l’aéroport. Mais comme on vous l’explique ici, vider 1600 hectares de campagne vallonnée, c’est vain. Complètement sans espoir surtout, parce que les occupants connaissent la campagne comme leur poche, et qu’ils sont soutenus par des paysans qui sont pour la plupart les descendants directs de ceux, qui vers 1830, ont commencé à transformer les landes incultes en campagnes verdoyantes. Ils ont aussi fondé les paroisses de La Paquelais et de Notre-Dame des Landes, et plus au nord, de Saint-Emilien de Blain. Notre-Dame des Landes, toute entière, est le résultat de leur œuvre de foi et de volonté. Car avant eux, il n’y avait là rien. Ou quasi. Une ferme.  Un moulin, celui de Foucré (XVIe), au nord de la ZAD entre Notre-Dame des Landes et la gare. Trois châteaux. La Bretonnerie, sur Vigneux, bien au sud, le Halquetier et le Chêne des Perrières, au nord et à l’ouest de la ZAD sur Fay.  Pas de centre de peuplement. Des terres ingrates, indivises et sur lesquelles paissait un bétail étique.

Bref, nous assistons à un grand moment d’incompréhension. Entre le pouvoir de Paris et les Bretons, d’une part. Mais aussi d’incompréhension quasi-sectaire des enjeux, comme le rappelle un énarque, et accessoirement ponte du PS de l’ouest-Anjou qui, par crainte des conséquences politiques qui s’annoncent désastreuses pour la gauche locale, adjure François Hollande d’arrêter l’aéroport.  Déjà, les maires socialistes locaux, comme celui de Vigneux, se démarquent nettement des instances locales et nationales de leur parti et tonnent contre ce déploiement de forces disproportionné et coûteux.

Les patauds de 2012 sont comme ceux de 1792, ils ne tiennent que les routes et de jour, seulement. Leurs piques ont été remplacées par des tonfas et des flashball. Ils sont toujours envoyés par un pouvoir…complètement à l’ouest par rapport à l’utilité réelle de l’équipement pour lequel il faut rayer de la carte la ZAD. Les Bleus de 2012, comme ceux de 1792, n’ont qu’un but : virer les Bretons de leur terre, et comme ceux de 1792, ils viennent pour la plupart d’ailleurs. Chez les gardes mobiles, les castelroussins ont remplacé les Mayençais, les gendarmes de Bourgogne et d’Alençon suppléent les locaux franchement mal à l’aise, mais la violence reste la même. Place, place, vilains, c’est la raison d’Etat. Autrement dit, la démocratie, ça va cinq minutes, mais maintenant, tout le monde dehors. Coût de L’Ayraultbiespierrisme 2012 = 1 million d’€ par semaine. Vivement Thermidor !

30 octobre : « Nous sommes toujours là » !

A 5h50, la journée démarre en fanfare. Blocage des deux principaux carrefours, aux Ardilières et au Bois Rignoux, par les policiers, puis de tous les axes secondaires à 7h20. Dix minutes plus tard, les policiers ont dépassé la première barricade, enflammée, qui barre l’accès au Far Ouest, au nord-ouest du Sabot. A 8h05, les policiers commencent à encercler en masse le Sabot, tandis qu’un hélicoptère passe au-dessus de la zone. Un quart d’heure plus tard, c’est la Saulce, au sud-ouest sur la RD81 qui est bordée par les forces de l’ordre.  A 8h 40, les policiers sont dans le bois de la Saulce et cherchent les cabanes érigées dans le haut des arbres. Ils sont contenus par les barricades dressées au nord et à l’est, direction la Sècherie et le Sabot.  A 8 h 4O, une soixantaine de gardes-mobiles sont devant la maison en bois du Sabot.

A 8h50, les occupants de la ZAD contrattaquent à la Saulce et forcent les policiers à reculer vers le sud. A 9 h 00, ils commencent à tronçonner des arbres dans le bois de la Saulce et à détruire des cabanes. Des occupants perchés dans les arbres entravent leur œuvre destructrice. A 10h, tandis qu’une centaine de paysans se sont assemblés devant la mairie de Notre-Dame des Landes et protestent, sept camions de policiers armés de flashball et de boucliers se posent devant le Sabot et commencent à en sortir pour partir à l’attaque. Un bulldozer arrive avec eux. Une dizaine de fourgons de garde-mobiles (soit 15O personnes) contourne le Bois de Rohanne pour renforcer les troupes qui sont dans la Saulce. A 1Oh 45, les manifestants sont déjà 200 dans le bourg de Notre-Dame et commencent à rejoindre la ZAD avec leurs tracteurs. Les policiers les bloquent à grand peine à la Primaudière, à 600 mètres du bourg, en prétextant de la « violence » des opposants. Qui les tiennent en échec, oui, malgré une infériorité numérique écrasante et de façon non-violente.

A 11h, une trentaine de tracteurs sont parvenus aux Planchettes et rejoignent à la Saulce à midi. A 13 h les policiers n’ont pas avancé d’un pouce au Sabot et rencontrent une forte résistance dans le bois de Rohanne où ils ont pénétré. La destruction des barricades à la Saulce se fait lentement mais sûrement, à 15h48, il n’y en a plus du tout. Une heure plus tard, les policiers commencent à détruire des cabanes dans les arbres des Bois de Rohanne et de la Saulce. A 17h53, alors que la nuit commence à tomber, les cabanes de la lisière sud du Bois de Rohanne sont vidées par les policiers du GIGN et détruites aussitôt.

Contrairement à ce qu’affirme la Préfecture de Loire-Atlantique, les policiers ne sont pas l’objet d’une opposition violente. En revanche les occupants de la ZAD le sont, ils écrivent sur leur site aujourd’hui « Içi on compte même plus les petites bobos comme des bleus fait avec des flashballs ou mauvaise utilisation de lacrymo ( tirs tendus ), des éclats partout dans les corps de nos amiEs qui seront marqué pour toujours avec des bouts de métal par des grenades assourdissantes. »

Résultat des courses de ce déchaînement de violences ? Rien, comme d’habitude. La nuit tombe, les policiers quittent la zone qu’ils ne tiennent même pas de jour.  Deux interpellés à la Saulce sont libérés dans la soirée. Demain, les policiers reviendront. Et pendant toute la nuit, la ZAD appartiendra à ses occupants. Sous le couvert des haies, sous le manteau protecteur de la nuit, les vivres passeront, les barricades repousseront, une nouvelle moisson de cabanes perchées germera cette nuit. Chaque nuit que la Providence donne, la destruction perpétrée par la Ripouxblique le jour est réparée.

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  1. Notre-Dame des Landes résiste au déferlement policier « Breizh Journal - novembre 24, 2012

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