Archive | octobre, 2012

Ayraultbespierre a eu la peau du Sabot. Le Far Ouest résiste toujours.

31 Oct

Le Sabot est tombé, vive le Sabot ! La résistance à Notre-Dame des Landes a un nouveau nom, juste en face de la cabane en bois assiégée depuis deux semaines et qui a fini par succomber. La résistance est maintenant autour du Far Ouest, une autre cabane, ceinturée comme l’autre par la nature protectrice. Far Ouest comme cette terre sauvage qui se rebiffe lorsque les Bleus veulent la mater, que cela soit à coup de piques en 1792 ou à coups de matraques en 2012.

Deux semaines il a fallu à Ayrault pour prendre une misérable cabane et ses soixante défenseurs. Ceux-ci résistaient à un contre dix depuis le 16 octobre à un imposant déploiement des forces de l’ordre. La résistance sur la ZAD s’est déplacée à la Saulce (non expulsable), au sud-ouest, et au Phare ouest  au sud  de l’ex-Sabot. Récit des évenements de la journée.

A 7H 50, la circulation est bloquée aux carrefours des Ardilières, au nord, du Bois Rignoux, des Fosses Noires et de la Saulce, au sud. Les forces de l’ordre progressent énergiquement à grands coups de grenades de gaz lacrymogène et sont à 8h à cinq mètres de la cabane. Ils y entrent à 8h 10 alors que les opposants – pacifiques et non armés, eux – se réfugient sur le toit. A 8h25, l’huissier arrive et ils quittent le toit. Dans l’intervalle, deux interpellations musclées sont faites par les forces de l’ordre. A 9h, les policiers contrôlent l’identité des gens dans la cabane (ferme maraîchère de la ZAD), tandis qu’un convoi de pelleteuses s’approche de la zone. A la même heure, le sous-préfet négocie avec les occupants des Cent-Chênes, non loin de là.

A 10h20 dans le Bois de Rohanne, les policiers démontent une plateforme érigée dans les arbres, l’un d’eux tombe, les travaux continuent. Au même moment, la circulation est coupée partout autour du Sabot, des policiers se cachent dans le maïs haut. Vers 11H 30, le policier tombé est soigné tandis qu’une cabane perchée dans un arbre est en train d’être démolie à la pelleteuse.  A 12H20, la cabane du Sabot est détruite, les policiers sont entrés aux Cent-Chênes, qu’ils expulsent, une troisième cabane perchée est détruite à Rohanne. Le centre de la résistance se déplace au Far Ouest, où les barricades tiennent. Entre 13h 30 et 15 h les policiers descendent des personnes de la dernière cabane perchée du bois de Rohanne, personnes qui remontent aussitôt. A 16h, ils se lassent et laissent tranquille cette dernière cabane. En revanche, une autre située face au Sabot dans le Champ Mé est détruite en fin de soirée, la pelleteuse travaillait encore à 18h éclairée par un projecteur.

Le Far Ouest tient toujours en fin de journée. Un appel massif à renforcer la ZAD a été diffusé par les opposants au projet aéroportuaire de Notre-Dame des Landes. Bilan légal de la journée : Sabot, Cent Chênes, Champ Mé détruits, « 4 interpellé-e-s au Sabot, dont 3 dont on est sûr qu’illes ont été relâché-e-s ; 5 contrôles d’identité dans la forêt de Rohanne, qui ont été gardé-e-s une ou deux heures menotté-e-s à un arbre dans la forêt ».

Pendant ce temps, les soutiens se multiplient. En Provence, un péage a été bloqué en solidarité avec les manifestants de Notre-Dame des Landes. Une banderole en Breton a été déployée devant le local PS de Saint-Brieuc hier. En Ile-de-France, le comité de soutien aux opposants à l’aéroport a investi les studios de France Culture et lu un communiqué sur les ondes. Il organise un tractage samedi 3 novembre au métro Odéon à Paris. Sommé de s’expliquer sur le débordement policier à NDDL, Cuvilier, le ministre délégué aux Transports, n’a émis qu’une assez peu éclairante bafouille. Quant au sous-préfet, il a perdu la tête. C’est vrai que ses services ont détruit des espèces protégées (chauve-souris, salamandres), au mépris du droit de l’environnement. L’invasion de Notre-Dame des Landes a ravivé les blessures au gouvernement entre écologstes et socialistes. Cécile Duflot a condamné hier l’expulsion des militants anti-aéroport, puis Jean-Vincent Placé sur France Inter ce soir à 18h a fait de même. Il tweete ce soir « À 18h dans le journal de @f_inter . Pour condamner le déploiement policier a #NDDL et s opposer à ce projet inutile et ruineux« . Les instances nationales des Verts commencent à se réveiller. En Bretagne, le mouvement En avant Bretagne, basé à Vannes, s’est prononcé vigoureusement contre le projet d’aéroport, emboîtant le pas au groupe d’extrême-gauche Breizhistance-IS qui a soutenu depuis le début les militants sur le site de la ZAD.  Et last but not least, le sujet (hastag) #NDDL est dans le top 5 de Twitter pour la journée du 31 octobre. Le scandale de l’invasion de Notre-Dame des Landes par les forces de l’ordre de la République est en train de dépasser le cadre strictement local.

Notre-Dame des Landes résiste toujours à Ayraultbespierre

30 Oct

Ayrault n’en démord pas. Il ne va pas se faire tenir en échec par une centaine d’occupants de la ZAD et autant de paysans. Donc pour la 3e fois depuis le 16 octobre, une grande opération est prévue. En fait, c’est une opération de police continue depuis le début, qui coûte 1 million d’€ par semaine à la France, soit, depuis deux semaines, 2 millions d’€. Il paraît que c’est la crise, qu’il y a des lois, mais pour construire un aéroport à Notre-Dame des Landes, il n’y a plus de déficit, et plus de droit.

Le Premier Ministre espère vider la ZAD, l’aire prévue pour l’aéroport. Mais comme on vous l’explique ici, vider 1600 hectares de campagne vallonnée, c’est vain. Complètement sans espoir surtout, parce que les occupants connaissent la campagne comme leur poche, et qu’ils sont soutenus par des paysans qui sont pour la plupart les descendants directs de ceux, qui vers 1830, ont commencé à transformer les landes incultes en campagnes verdoyantes. Ils ont aussi fondé les paroisses de La Paquelais et de Notre-Dame des Landes, et plus au nord, de Saint-Emilien de Blain. Notre-Dame des Landes, toute entière, est le résultat de leur œuvre de foi et de volonté. Car avant eux, il n’y avait là rien. Ou quasi. Une ferme.  Un moulin, celui de Foucré (XVIe), au nord de la ZAD entre Notre-Dame des Landes et la gare. Trois châteaux. La Bretonnerie, sur Vigneux, bien au sud, le Halquetier et le Chêne des Perrières, au nord et à l’ouest de la ZAD sur Fay.  Pas de centre de peuplement. Des terres ingrates, indivises et sur lesquelles paissait un bétail étique.

Bref, nous assistons à un grand moment d’incompréhension. Entre le pouvoir de Paris et les Bretons, d’une part. Mais aussi d’incompréhension quasi-sectaire des enjeux, comme le rappelle un énarque, et accessoirement ponte du PS de l’ouest-Anjou qui, par crainte des conséquences politiques qui s’annoncent désastreuses pour la gauche locale, adjure François Hollande d’arrêter l’aéroport.  Déjà, les maires socialistes locaux, comme celui de Vigneux, se démarquent nettement des instances locales et nationales de leur parti et tonnent contre ce déploiement de forces disproportionné et coûteux.

Les patauds de 2012 sont comme ceux de 1792, ils ne tiennent que les routes et de jour, seulement. Leurs piques ont été remplacées par des tonfas et des flashball. Ils sont toujours envoyés par un pouvoir…complètement à l’ouest par rapport à l’utilité réelle de l’équipement pour lequel il faut rayer de la carte la ZAD. Les Bleus de 2012, comme ceux de 1792, n’ont qu’un but : virer les Bretons de leur terre, et comme ceux de 1792, ils viennent pour la plupart d’ailleurs. Chez les gardes mobiles, les castelroussins ont remplacé les Mayençais, les gendarmes de Bourgogne et d’Alençon suppléent les locaux franchement mal à l’aise, mais la violence reste la même. Place, place, vilains, c’est la raison d’Etat. Autrement dit, la démocratie, ça va cinq minutes, mais maintenant, tout le monde dehors. Coût de L’Ayraultbiespierrisme 2012 = 1 million d’€ par semaine. Vivement Thermidor !

30 octobre : « Nous sommes toujours là » !

A 5h50, la journée démarre en fanfare. Blocage des deux principaux carrefours, aux Ardilières et au Bois Rignoux, par les policiers, puis de tous les axes secondaires à 7h20. Dix minutes plus tard, les policiers ont dépassé la première barricade, enflammée, qui barre l’accès au Far Ouest, au nord-ouest du Sabot. A 8h05, les policiers commencent à encercler en masse le Sabot, tandis qu’un hélicoptère passe au-dessus de la zone. Un quart d’heure plus tard, c’est la Saulce, au sud-ouest sur la RD81 qui est bordée par les forces de l’ordre.  A 8h 40, les policiers sont dans le bois de la Saulce et cherchent les cabanes érigées dans le haut des arbres. Ils sont contenus par les barricades dressées au nord et à l’est, direction la Sècherie et le Sabot.  A 8 h 4O, une soixantaine de gardes-mobiles sont devant la maison en bois du Sabot.

A 8h50, les occupants de la ZAD contrattaquent à la Saulce et forcent les policiers à reculer vers le sud. A 9 h 00, ils commencent à tronçonner des arbres dans le bois de la Saulce et à détruire des cabanes. Des occupants perchés dans les arbres entravent leur œuvre destructrice. A 10h, tandis qu’une centaine de paysans se sont assemblés devant la mairie de Notre-Dame des Landes et protestent, sept camions de policiers armés de flashball et de boucliers se posent devant le Sabot et commencent à en sortir pour partir à l’attaque. Un bulldozer arrive avec eux. Une dizaine de fourgons de garde-mobiles (soit 15O personnes) contourne le Bois de Rohanne pour renforcer les troupes qui sont dans la Saulce. A 1Oh 45, les manifestants sont déjà 200 dans le bourg de Notre-Dame et commencent à rejoindre la ZAD avec leurs tracteurs. Les policiers les bloquent à grand peine à la Primaudière, à 600 mètres du bourg, en prétextant de la « violence » des opposants. Qui les tiennent en échec, oui, malgré une infériorité numérique écrasante et de façon non-violente.

A 11h, une trentaine de tracteurs sont parvenus aux Planchettes et rejoignent à la Saulce à midi. A 13 h les policiers n’ont pas avancé d’un pouce au Sabot et rencontrent une forte résistance dans le bois de Rohanne où ils ont pénétré. La destruction des barricades à la Saulce se fait lentement mais sûrement, à 15h48, il n’y en a plus du tout. Une heure plus tard, les policiers commencent à détruire des cabanes dans les arbres des Bois de Rohanne et de la Saulce. A 17h53, alors que la nuit commence à tomber, les cabanes de la lisière sud du Bois de Rohanne sont vidées par les policiers du GIGN et détruites aussitôt.

Contrairement à ce qu’affirme la Préfecture de Loire-Atlantique, les policiers ne sont pas l’objet d’une opposition violente. En revanche les occupants de la ZAD le sont, ils écrivent sur leur site aujourd’hui « Içi on compte même plus les petites bobos comme des bleus fait avec des flashballs ou mauvaise utilisation de lacrymo ( tirs tendus ), des éclats partout dans les corps de nos amiEs qui seront marqué pour toujours avec des bouts de métal par des grenades assourdissantes. »

Résultat des courses de ce déchaînement de violences ? Rien, comme d’habitude. La nuit tombe, les policiers quittent la zone qu’ils ne tiennent même pas de jour.  Deux interpellés à la Saulce sont libérés dans la soirée. Demain, les policiers reviendront. Et pendant toute la nuit, la ZAD appartiendra à ses occupants. Sous le couvert des haies, sous le manteau protecteur de la nuit, les vivres passeront, les barricades repousseront, une nouvelle moisson de cabanes perchées germera cette nuit. Chaque nuit que la Providence donne, la destruction perpétrée par la Ripouxblique le jour est réparée.

Traités et pas contents : quand les Bretons se battaient contre les préjugés parisianistes

30 Oct

Le ministre français de l’Intérieur, Valls, a décidé de se fâcher avec les Basques. Il a fermé la porte au département basque que sa ministre déléguée Bretonne, Marylise Lebranchu, venait d’ouvrir. Parce que pour Valls, département basque rime avec reconnaissance de l’ETA.  En Pays Basque, ces propos ont provoqué une bronca tenace, des rassemblements et des manifestations sont d’ores et déjà prévus, les autorités locales civiles et économiquent protestent vigoureusement.

En Bretagne, les mêmes propos auraient provoqué deux jours de pleurnicheries des quelques berniques qui prétendent représenter la cause Bretonne… et puis rien. Quand Sarkozy a déclaré en 2007 « je me fous des Bretons », il y a eu une seule manif à Rennes  et puis c’est tout. En vérité, comme chez les « Ch’tis » qui ont perdu même le souvenir de la glorieuse Flandre, l’acceptation servile des préjugés par les Bretons règne en Bretagne, notamment sur l’alcoolisme. Leurs ancêtres ne se laissaient pas humilier ainsi. Un exemple parmi d’autres.

En 1936, Henry Wulschleger sort un navet sans prétention, qui reprend le titre de la ritournelle qui est encore aujourd’hui le premier mot d’ordre des politiciens français, Tout va très bien, Madame la marquise. Yonnik est congédié parce que sa négligence a causé l’incendie du château de la marquise de Ploevic. Il va tenter sa chance à Paris et échoue piteusement à devenir acteur, et retourne à la maison-mère, non à Montauban, mais dans son village Breton. Tout au long du film, les Bretons sont systématiquement dénigrés.

Les Bretons lui déclarèrent alors la guerre, et les étudiants Bretons de Paris, emmenés par Paul Ihuel  se firent un honneur d’interrompre régulièrement les projections, en causant divers troubles. Tant et si bien que les producteurs durent se résoudre à faire d’importantes coupures, dont l’application fut supervisée par Ihuel et une délégation des étudiants. Après cela, la tournée en province fut sabotée, car de nombreuses communes de Bretagne firent valoir leur pouvoir en matière de police des films en interdisant sa projection, pour motif des troubles publics qu’il ne manquerait pas de provoquer. Ce « navet injurieux » décrié par Yann Fouéré connût ainsi rapidement une fin sans gloire. Alors que le film qui passe à la poubelle l’identité de la Flandre Méridionale caracole en tête des meilleurs films français. Décadence ?

 

 

BreizhJournal signe pour l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame des Landes

29 Oct

Breizhjournal s’associe à la pétition pour l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes. Envoyer des milliers de policiers et de militaires pour mater la Bretagne et y imposer la loi de Vinci n’est pas une façon de mettre en oeuvre sereinement un aménagement public. Ce passage en force en dit long sur l’inutilité fondamentale du projet. Notre-Dame des Landes, château d’eau et poumon vert de la Loire-Atlantique, est un espace préservé qui appartient aux tritons et aux Bretons. Les seconds y vivent depuis un millénaire et demi, les premiers sont une espèce protégée que le tumulte et les cavalcades policières mettent en péril.

Signez cette pétion ici

Pourquoi nous nous associons à cette pétition?

Un aéroport existant mal géré et améliorable

Nantes possède déjà un aéroport. Les avions volent au-dessus de la ville pour atterir, certes. Cependant leurs routes d’approche peuvent être modifiées pour éviter de passer au-dessus de l’hyper-centre et limiter les nuisances. Elles l’ont d’ailleurs été récemment. Les autorités qui gèrent l’aéroport se plaignent de l’insuffisance de leurs infrastructures face à l’augmentation du nombre de voyageurs (3.5 millions cette année). A la vérité, comme le révèle un Syndicat de pilotes hostile au nouvel aéroport, le nombre de mouvements et la surface nécessaire sont très mal gérés par la direction de l’aéroport, et ce depuis des lustres. Il régne ce qu’on appelle le « syndrome Notre-Dame des Landes » : puisque l’aéroport se barre, on fait n’importe quoi.

Le n’importe quoi se décline sur plusieurs paramètres. Par exemple, pour rejoindre l’aéroport depuis le centre-ville, rien de plus simple. Il faut prendre un bus, la navette TanAir, qui coûte la modique somme de 7.5€. Les locaux, plus malins, prennent le bus n°91, qui vous dépose derrière l’usine Airbus (du côté où elle mérite encore son ancien nom de Sud Aviation) et marchent 500 mètres jusqu’à l’aérogare. Très plaisant sous la pluie, le vent, la tempête. Pourtant, des voies ferrées relient l’aéroport au centre-ville via l’Ile de Nantes et passent devant l’aérogare pour aboutir à la zone fret. Mais elles ne sont pas utilisées, et ce, bien que l’emprise est suffisante pour créer un point d’arrêt à l’aéroport et un autre vers Pirmil. Une situation dénoncée par l’association britto-angevine d’usagers des transports en commun Nexus, elle aussi opposée au transfert de l’aéroport.
De plus, au nord et à l’ouest du terrain existant à Château-Bougon (Nantes-Atlantique), il y a une importante réserve foncière. Celle-ci, sommairement aménagée à l’ouest en dépôt de munitions par les allemands, puis en stock par les américains, appartient à… l’Armée. Qui n’en fait rien. Et qui en ce moment fait tout ce qu’elle peut pour se débarasser des dépôts, casernes, etc. dont elle n’a plus l’utilité. Sauf ici. Parce que personne parmi les décideurs nantais ne le lui a demandé.

Pourtant, elle pourraît être très utile pour prolonger vers l’ouest la piste sécante existante (qui fut utilisée) et doubler la capacité de l’aéroport. Autre solution possible : mettre en place un seuil décalé sur la piste, pour permettre une utilisation dédoublée (une piste physique, deux pistes réglémentaires) selon le profil des avions qui l’utilisent. Commandant de bord et président pendant une dizaine d’années de l’aéroclub Clément Ader à Muret (Haute-Garonne), Jacques Darolles explique dans un de ses récits comment cette solution, appliquée à Francfort, a été mise en pratique à Albi.

Pour simple information, l’aéroport de Genève a la même surface utile que l’actuelle plateforme de Nantes. Pas de réserve foncière. Pas de possibibilité d’agrandissement. Plus de 5 millions de voyageurs y passent chaque année et l’aéroport est loin d’être à saturation.

Un projet gaspilleur d’environnement

Le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes trotte dans la tête des décideurs depuis l’époque de Giscard. C’est dans les années 1970 qu’une vaste zone de plus de 2000 hectares a été mise « sous cloche » aux confins des communes de Notre-Dame des Landes, de Vigneux et de Fay de Bretagne. Dans la ZAD (Zone d’Aménagement Différée) réservée pour l’accueil de l’aéroport, les projets de nouvelles constructions ont été interdits. L’emprise routière limitée. Toutes les maisons qui pouvaient l’être ont été rachetées et détruites. Les lignes haute-tension évitent la ZAD, une la borde au sud, une autre passe assez loin à l’ouest. Tous les projets d’implantation d’éoliennes à 20 km à la ronde ont été refusés. Et ainsi de suite.

Une ligne de chemin de fer traversait la ZAD, vers l’est, la ligne de Beslé-sur-Vilaine à la Chapelle sur Erdre (Ligne de Redon à Nantes, Compagnie de l’Etat, 1901). Elle fut démantelée vers 1956 et ses infrastructures vendues par la SNCF dans les années 1990. Les gares et maisonnettes de garde-barrières situées en amont ont le plus souvent été gardées, comme en témoigne l’exceptionnelle conservation de l’ensemble de Fay, avec l’abri de quai, récemment démontée pour restauration, la halle des marchandises, la gare, les lieux isolés, le quai, la maisonnette de garde-barrière. Tout ce qui se trouvait dans la ZAD a été détruit (gare de Vigneux-Granchamp au sud de la ZAD, gare de Notre-Dame des Landes au nord de la ZAD, maisonette de garde-barrière du Goutas au centre-est). Sauf la plate-forme de la voie, en état d’exceptionnelle conservation. Cette voie ferrée, surélevée et qui compte donc très peu de passages à niveau (ce qui la rend compatible avec l’actuelle phobie des passages à niveau) pourrait donc desservir un jour le bassin de population de Blain, qui grossit de jour en jour. Mais non, parce qu’une piste de l’aéroport doit la couper au niveau de la Gaîté. Joie !

Du fait de sa mise sous cloche, la ZAD est devenue un territoire avec une exceptionnelle biodiversité. Restée essentiellement bocagère, peu anthropisée, elle n’a été que peu remembrée, et les coupures naturelles constituées par la voie ferrée (une allée bordée d’arbres), le bois de Rohanne, le bois de la Saulce et plusieurs vallons offrent un milieu de vie exceptionnel pour de nombreuses espèces naturelles protégées, parmi lesquels les tritons marbrés. Ailleurs en Bretagne, les escargots de Quimper (Elona quimperiana) ont obligé le Stade Brestois à revoir sa copie pour la construction de son centre de formation, en France, le scarabée pique-prune a bloqué cinq ans durant la construction d’une autoroute qui était pourtant nécessaire, mais pour Notre-Dame des Landes les lois qui garantissent la protection des espèces naturelles menacées ne s’appliqueraient pas? Alors, la France ne serait plus un Etat de droit.

Notre-Dame des Landes, un milieu d’une très grande biodiversité aux portes de Nantes.

Par ailleurs, la ZAD recouvre aussi une des dernières nappes phréatiques intactes de Loire-Atlantique, un imposant château d’eau aux portes de Nantes d’autant plus nécessaire que le département devrait voir sa population augmenter de 380.000 personnes d’ici 2040, selon l’INSEE. Du fait de l’afflux de population venant d’autres coins de France et d’un solde naturel très positif. Les pistes et les grandes plate-formes bitumées du futur aéroport entraîneront inexorablement une pollution de cette nappe du fait du ruissellement des eaux de pluies sur les surfaces bitumées, les traînées de carburant etc. Faire l’aéroport signifierait sacrifier une réserve d’eau de plus en plus vitale pour le département et la métropole nantaise.  Mais aussi aller contre les lois qui protégent et répartissent les ressources en eau, lois qui sont systématiquement méconnues par les tenants du projet et ce d’autant mieux que les décideurs en charge du projet coincident avec les gouvernants.

Notre-Dame des Landes : un aéroport in fine inutile.

Pour « vendre » aux Nantais l’utilité du nouvel aéroport, donc les hausses d’impôts et l’augmentation de la distance d’avec le centre-ville qu’il ne manquera pas d’entraîner, le maire de Nantes, enfin l’ex-maire, devenu Premier Ministre et qui n’a jamais cessé d’être le principal promoteur du projet, a axé sa com sur la nécessité de cesser les va-et-vient quotidiens d’avions au-dessus de la ville (à raison d’un atterrissage toutes les 3 minutes, les avions passent dans l’axe du coin sud-ouest de l’Hôtel-Dieu, au-dessus du centre-ville). Mais, la construction d’un nouvel aéroport n’entraînera pas la fin des mouvements aériens. Puisque Airbus, qui a rénové son site, refuse catégoriquement de partir, tout comme les entreprises de logistique et de fret installées sur le Domaine des Activités Aéroportuaires (D2A, partagé entre les communes de Bouguenais et Saint-Aignan-Grandlieu). La piste existante sera utilisée pour le fret, et si les routes d’approche ne seront pas modifiées (et elles le seront d’autant moins que le trafic centré autour de Notre-Dame des Landes et limité par divers objectifs tels que lignes THT, centrale de Cordemais, ponts de Cheviré et de Mindin, etc.) limitera les possibilités d’adaptation, les Nantais découvriront la joie des vols en rase-mottes par les transports fret d’Airbus. Ces fameux Belugas, qui passent en rase-mottes au-dessus des tours de Certé, à Trignac, avant de se poser sur la piste de Saint-Nazaire.

Pour faire accepter par les habitants du département, et plus largement par les Bretons, Vendéens et Angevins le nouvel aéroport, l’accroissement des distances et des impôts qui vont avec, l’Etat a mis en avant plusieurs arguments. D’abord, que le projet est un PPP. Comprendre, partenariat public-privé. L’Etat récupère les terrains, le privé construit, gère et perçoit un loyer. Sous le septennat passé de Sarkozy, l’Etat a abusé des PPP, notamment avec les centres pénitentiaires nommés dans le peuple « prisons-Bouygues« . Et les soucis sont apparus, avec les prisons d’abord , les hopitaux ensuite. Tant à Corbeil (page 12) qu’à Saint-Nazaire, quand la direction récupère son hôpital neuf ou rénové construit clés en main, il faut faire des tas de travaux complémentaires, parce que les modèles standardisés n’ont pas prévu des besoins parfois basiques des services publics concernés. Le tout, à la charge de l’administration publique concernée, qui se trouve par ailleurs grévée d’un loyer quasi-usuraire pendant 30 ou 40 ans pour pouvoir enfin, à l’issue, être propriétaire d’un établissement qui se sera usé… et qui aura à nouveau besoin d’une reconstruction d’ensemble. Un cercle sans fin générateur de nombreux litiges où la devise semble être « nationalisez les pertes, privatisez les profits« .

Et comme Vinci-AGO (Aéroports du Grand Ouest) présente un devis sous-estimé (et épinglé par la presse), cela s’annonce mal. Pensez donc ! l’agrandissement d’un aéroport existant coûte deux à trois milliards d’€ en Europe Occidentale. Le devis présenté par Vinci arrive à peine à 600.000 €, mais oublie, avait noté Lulu, l’hebdomadaire satyrique de la région nantaise, jusqu’aux passerelles qui relient les terminaux aux avions. Et hop ! deux millions et demi escamotés. Ailleurs, à Orléans, d’oublis dans le devis (joints de dilatation, 1.6 millions d’€) aux imprévus, le coût de la 2e ligne de tramway de la ville a dérapé. La première était la moins chère de France (19 millions d’€ constants au km), la seconde plus de 39. Et ce n’est pas un PPP. Autrement dit, si l’on débute le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes avec un devis irréaliste, la réalisation partira dans l’inconnu. Dérapage des coûts et imprévus de chantier assurés. Et facture salée pour les contribuables Bretons, vendéens, angevins et du Maine à l’arrivée.

Par ailleurs, le nouvel aéroport est présenté par ses tenants comme une plate-forme qui devrait remplacer les quatorze aéroports Bretons existants. Rien de plus faux ! d’une part, parce que Morlaix conservera son aéroport, qui ne sert guère qu’aux cadres directeurs de BritAir (13O voyageurs/an). Ensuite, pour des raisons liées à la sécurité des avions (en cas de panne, détournement, blessés, etc.) les plate-formes de Brest et de Rennes seront conservées en tout état de cause. L’armée, de son côté, reste attachée à Lorient. L’intérêt et l’égo des métropoles pousse Rennes, Brest, Angers, Tours etc. à continuer à développer leurs aéroports et à leur donner de nouvelles destinations. Autant de pris au « super-aéroport » de Notre-Dame des Landes, qui ne remplacera sûrement pas les grands aéroports Bretons. Et les petits? Non plus. Morlaix reste nécessaire à Brit Air, Ancenis accueillerait les aéroclubs de Nantes et de Saint-Nazaire si l’aéroport de Notre-Dame de Landes se fait, Nantes-Atlantique et Saint-Nazaire seront toujours utilisés par Airbus et le fret, la Baule reste utile à l’aviation d’affaires. Bref, seuls les aéroports de Lannion et de Saint-Brieuc pourraient fermer, au profit de celui de Dinard. Pas de grand ménage en vue.

Enfin, le volet écolo n’est pas oublié par les tenants du projet. Sur l’emprise non saccagée de l’ancienne voie ferrée la Chapelle sur Erdre – Beslé, un tram-train devrait partir de la Chapelle-sur-Erdre et relier l’aérogare. Mais cette ligne ne sera prête au mieux que quatre à cinq ans après la mise en service de l’aéroport. D’ici là, ce sera bus… à prix de haute altitude, ou voiture, puisqu’un barreau 2x2voies sera aménagé entre la RN137 et la RN165 au sud de l’aéroport pour l’ouvrir sur les directions de Nantes, Rennes et Vannes. Puisque l’on raye de la carte le château d’eau de la Loire-Atlantique, les tritons marbrés et la biodiversité, autant le faire carrément, n’est-ce pas, et rajouter du gaz d’échappement là où il n’y en avait pas encore de trop.

Pour toutes ces raisons, l’on ne peut que s’opposer au projet aéroportuaire de Notre-Dame des Landes. Améliorer l’aéroport existant et l’insérer définitivement dans l’organisation métropolitaine Nantaise, Bretonne et de l’Ouest est un choix de raison et d’économie. L’aéroport de Nantes-Atlantique a tout pour être au double de son actuelle capacité et pour faire de Nantes la plaque tournante de l’Ouest de la France, d’où avions et train redistribueraient passagers et mains d’oeuvres vers des dizaines de plateformes secondaires situées dans les deux cent kilomètres à la ronde. Comme cela se fait ailleurs, en Russie, au Canada, en Inde, en Amérique. Sont-ils si bêtes, ces Américains, ces Russes, pour préférer d’améliiorer l’existant alors que l’espace ne leur manque pas?

Dernière chose. Depuis près de deux semaines, l’Etat de droit est suspendu à Notre-Dame des Landes. Les routes sont coupées le jour, la ZAD grouille de policiers, CRS, gardes-mobiles et autres militaires. L’on interpelle, l’on contrôle l’identité pour un oui ou pour un non. Les habitants de Vigneux font un détour de 30 km pour aller n’importe où vers le nord, tandis que ceux de Notre-Dame des Landes font de même pour aller au sud. Coût : 500.000 € par semaine, 1.000 000 € si l’on prend en compte les traitements. En pure perte. L’opération qui devait être rapide, et pour cela nommée César (Veni, vidi, vici) s’est enlisée dès le premier jour malgré un usage immodéré de gaz lacrymogène et de charges de CRS contre une pauvre baraque en bois. A 1 contre 10, quelques dizaines d’occupants illégaux pouvant compter sur l’appui passif de la centaine de paysans et de résidents légaux de la ZAD ont tenu, et tiennent toujours le terrain. Des 1600 hectares de bois, de vallons et de boue de la ZAD, ils connaissent tout, se sont juchés sur les arbres, ont fait des haies leurs couverts. Les projecteurs balaient la nuit, les policiers barrent les carrefours et pataugent dans les champs. En vain. Lorsqu’une maison est détruite, une autre, située à dix kilomètres de là parfois, est démurée et réoccupée. Chaque jour que le Seigneur accorde à la Bretagne, les militants défont la nuit l’ouvrage que les forces de l’ordre ont tissé le jour. Et sous le manteau de la nuit repoussent les barricades, les lieux occupés, passent le ravitaillement et le linge sec. L’Etat a beau envoyer les Patauds de 2012, toujours bleus, mais dont les baïonettes ont été remplacées par des tonfas et des grenades lacrymos, les chouans sont toujours là. Alors que la France est en crise, que le chômage a explosé, que l’économie est dans le flou, que chaque jour une usine ferme en France, une débauche de moyens indécente est envoyée pour reprendre mètre après mètre ces 1.600 hectares de terre Bretonne. Mais comme en 1793, la campagne Bretonne tourne en ridicule les gouvernants de Paris.

Depuis deux semaines, l’Etat essaie de mater les Bretons et use pour cela de moyens que le droit et le bon usage du budget réprouvent. C’est pourquoi s’opposer au projet ruineux et inutile de Notre-Dame des Landes n’est pas un droit, mais un devoir.

Nous signons la pétition, et vous engageons à la signer, parce qu’un tel aménagement, qui engage la collectivité pour 50 ans (de PPP), doit être réalisé dans le consensus total de la société civile, et premièrement des populations directement impactées par l’aménagement.

Nous signons la pétition, et vous engageons à la signer, parce que le projet de Notre-Dame des Landes doit être ramené à ce qu’il est vraiment. Non un aménagement structurant pour la Bretagne, comme les principaux groupements qui prétendent représenter le mouvement Breton le croient ou feignent de le croire (d’où leur silence embarrassé et assourdissant), mais un 3e aéroport pour Paris et la marotte de l’actuel Premier Ministre, qui comme la plupart des « mâles Alpha » engendrés par la démocratie, essaie d’échapper à sa finitude et de laisser une « trace dans l’Histoire » plus durable que l’éphèmère légitimation électorale des versatiles électeurs.

Nous signons la pétition, et vous engageons à la signer, parce que dans l’état actuel de la France, l’Etat ne peut se permettre de dépenser 1 million d’€ par semaine, puis 5 milliards d’€ de loyers et de frais divers pour un projet inutile. Ce n’est tout simplement pas viable. C’est pourquoi les mesures d’expulsion actuellement mises en oeuvre, sans lendemain, doivent être abandonnées, à peine de devoir pressurer les mêmes, des « pigeons » petits patrons ou classes moyennes toujours plus récalcitrants et imposés. Une réflexion d’ampleur doit être lancée dans la société civile sur l’utilité réélle du projet afin de faire ce qui n’a toujours pas été fait. Dresser le bilan entre ses risques et les avantages qu’il pourrait engendrer. Car si les bénéfices sont hypothétiques et sortent pour leur grande majorité des cerveaux de la communication d’Etat, les risques, eux, sont rééls et immédiats. C’est la nature qui sera fragilisée, et elle ne pardonnera pas.

Navettes fluviales : la France voit des Roquios partout

29 Oct

Le Roquio, long de 17,62 m, large de 4,62 m et jaugeant une vingtaine de tonneaux, est propulsé par une machine à vapeur de 60 chevaux. C’est le nom du bateau qui fait pour la première fois la traversée entre le quai de la Fosse à Nantes et le village de pêcheurs de Trentemoult à Rezé. Dans son sillage, l’ouverture d’une aventure qui dura 83 ans et qui renaîtra au XXIe siècle à Nantes, avant de contaminer la France. Comme pour les trams, Nantes joue le rôle de ville-pilote des transports du futur.

Au cœur de l’histoire de la Venise de l’Ouest

A l’origine,   Roquio est le sobriquet donné par les rezéens à Jean Moreau, gardien de bestiaux et ramasseur de crottin, né à Bouguenais en 1790. Naïf et d’un physique ingrat mais apprécié des habitants pour sa gentillesse, il put se marier à sa bonne amie le 15 juillet 1839 grâce à une quête organisée auprès de la population. Le succès de la fête, rassemblant plus de 200 convives souscripteurs, fut tel qu’on célébra, année après année, son anniversaire avec fête foraine et feu d’artifice. Les célébrations, organisées autour de « l’Assemblée de Roquio », rassemblèrent jusqu’à 20 000 participants jusqu’à la guerre de 14.

Ponton du quai du Cordon Bleu à Chantenay (2008)

Mais la tradition des roquios envahit le service des bateaux de Loire, puisque si les autres unités, lancées en 1888 au  chantier naval d’Argenteuil, portaient toutes les noms de quartiers portuaires de Nantes, c’est le nom de Roquio qui leur fut appliqué par les nantais qui repéraient de loin leurs cheminées jaunes pâle à l’extrémité noire. En semaine, les habitants du sud Loire embarquaient à bord vers les usines et entreprises du nord Loire et les chantiers navals Dubigeon à Chantenay. Un garage à vélos de Trentemoult enregistrait sur le quai jusqu’à 120 gardiennages par jour. Le dimanche, une autre foule, celle des nantais, traversait dans l’autre sens, direction Trentemoult avec ses fêtes, guinguettes et restaurants. De tous les embarcadères desservis, seul celui du quai du Cordon Bleu à Chantenay est resté dans son état d’origine, avec ses pontons couverts.

Au fil du temps, les roquios virent l’inauguration du Pont Transbordeur (1903), se virent repris par la ville de Rezé en 1931, virent le comblement des bras de Loire et de l’Erdre (ces derniers se firent sous l’égide de l’ingénieur allemand Karl Hotz, plus tard Feldkommandant de Nantes et assassiné en 1941), la guerre, la Reconstruction et la période du tout-voiture. La ville de Rezé cesse l’exploitation en 1958 pour déficit, mais l’affaire est reprise par deux habitants de Trentemoult qui arrêtent en 1970 avec un ultime navire. Les roquios ne verront pas le déclin du port, puis sa fuite de la ville, mais resteront chers au cœur des Nantais.

Le grand retour des roquios à Nantes

Le navibus, successeur moderne des roquios nantais

En 1997, un bac  est mis en place sur l’Erdre, le Passeur, entre Port-Boyer et les facultés. Les va-et-vient incessants de la Mouette montrent que les Nantais n’ont pas oublié les navettes fluviales. Mais ce n’est qu’en 2005 que la ligne entre Gare Maritime et Trentemoult est relancée, avec un vieux navire de 1967, le Trentemoult,  Nantes a de nouveau un roquio, modernisé, le Navibus. Il faut lui adjoindre un deuxième bateau dès l’année suivante. En parallèle, une ligne le long de l’Edre, de la Jonelière à Ceineray, puis de la gare SNCF à Saint-Mihiel, peine à trouver sa place et se retrouve supprimée en 2009. L’aménagement est toujours là pour une éventuelle renaissance. Entretemps, le Trentemoult remplacé par une nouvelle vedette finit noyé dans la Loire, à Cordemais où il était en réfection, en 2009. Et un passeur de Loire a été mis en place à partir de 2008, chaque été, entre la Gare Maritime et les pontons des Chantiers, à mi-chemin entre le pont Anne de Bretagne et le hangar à Bananes.

C’est une compagnie au doux nom de Finist’mer qui assure le service  via sa section fluviale Marine&Loire Croisières ; et pourtant la Finis’mer n’est pas finistérienne, mais bien nantaise, toujours bretonne cependant. Elle a longtemps concurrencé la Penn-ar-Bed entre Molène, Ouessant et le continent (avant 2007), et assure depuis 2010 et pour 5 ans le service de la Manche aux îles anglo-normandes.

Le succès des navettes à Nantes est dû à plusieurs facteurs, notamment le prix et l’éloignement de Trentemoult, qui est toujours l’endroit où les Nantais vont se promener, manger des civelles et se détendre. Y aller par la route est assez dificile, on s’aperçoit que ce village est finalement assez loin, et quand on y est, il est assez difficile de se garer, alors que par la Loire, il est quasiment en face de Nantes, à une dizaine de minutes. Par ailleurs, la TAN a intégré le Navibus dans le réseau depuis le début, et on prend le même billet pour le bus, le tram ou le bateau. Soit 1.50 €.

Et la France fut contaminée…

Vogueo à Maisons-Alfort

De son côté Paris avait, depuis le bicentenaire de la Révolution Française, un vaste service de bateaux mouches assuré pour le bonheur des touristes par la Compagnie des Bateaux Parisiens. Mais l’exemple nantais fit des envieux et en 2007 celle-ci obtenait l’appel d’offres pour la mise en place d’une navette fluviale entre Paris et Maisons Alfort, expérimentée du 1er juin 2008 au 5 juin 2011. C’est en partie la renaissance des coches d’eau parisiens, qui desservaient un trajet régulier entre Suresnes et Maisons-Alfort, et qui avaient disparu en 1917.  Ce service a été suspendu, faute de rentabilité et d’efficacité : les usagers ne plébiscitaient pas cette navette qui n’allait pas plus loin que la gare d’Austerlitz et les navires tournaient à vide, avec en moyenne 7 places prises sur 76. Le STIF, fidèle au principe shadokien « plus ça rate, plus ça a de chances de marcher » avait accordé une royale prolongation fin 2010 jusqu’en 2013, mais elle fut annulée en juin 2011 par le préfet.

Cependant le Conseil de Paris ne se tint pas à ce premier échec et a décidé récemment de remettre à flot les navettes, qui flattent les sensibilités bobos des élus, et leur volonté obstinée de donner cet air de douceur de vivre et de village à ce qui ne sera jamais qu’une grande ville trépidante et dure. Mais il y avait aussi les attentes de plusieurs communautés de communes riveraines de Paris pour lesquelles l’extension des navettes permettait d’éviter la saturation croissante des lignes de métro (notamment la ligne 13) et de RER. Par conséquent le Syndicat des Transports d’Ile de France a intégré le Voguéo au sein d’un véritable réseau, qui sera lancé en 2013 et comprendra trois lignes : une, à l’ouest, entre Suresnes et le musée d’Orsay. Une à l’est, entre Maisons-Alfort et les Invalides, et un tronçon central renforcé pour les touristes et les voyageurs parisiens et de la banlieue. De nouveaux bateaux de capacité accrue seront commandés, de 250 places pour la ligne centrale et de 100 places pour les deux autres lignes, également couverts et chauffés. Les fréquences prévues seront de 15 minutes en heure de pointe et 20 minutes en heure creuse pour la ligne centrale, 20 minutes et 30 minutes pour les deux autres lignes, avec une desserte de haute saison et une de basse saison. Il en coûtera 7€ pour un trajet simple, sauf si on est abonné RATP.

Vaporetto de Lyon

Lyon enfin a décidé carrément de copier Venise, en mettant en place en avril 2012 un vaporetto de Lyon pour desservir le centre commercial Confluence depuis deux haltes, le quai de Bondy et le quai de Tilsitt, situées rives droite et gauche de la Saône. Un service de navettes qui est en définitive une nouvelle pièce rare des transports lyonnais, qui sont un vrai musée, avec leurs trolleybus flambants neufs, leur métro à crémaillère et les deux funiculaires traditionnellement appelés ficelles.

Enfin, navette un peu particulière, celle des salariés d’Icade entre Paris et Aubervilliers, dans le Canal Saint-Denis. Ce service est organisé depuis le juillet 2007 entre le canal Saint-Denis, au droit de la station de métro Corentin Cariou et le Parc d’activité du Millénaire (Paris 19e) et le site des Entrepôts et magasins généraux de Paris (EMGP) à Aubervilliers. Deux navires la Montjoie et l’Estrée ont été construits pour Icade, société d’investissement immoblier cotée (SIIC), gestionnaire des deux parcs d’activité. Ils ont coûté deux millions d’euros auxquels il a fallu ajouter un million pour les pontons et les escales. Par ailleurs, depuis 2007, des navettes fluviales sont mises en place l’été  entre Paris-la-Villette et Bobigny, et Aulnay et Bobigny sur le canal de l’Ourcq.

Des navettes en projet de partout

Nantes avait rendu les trams possibles à la fin du XXe siècle, et toutes les villes françaises ou bretonnes de grande ou de moyenne importance ont mis les bouchées doubles pour rattraper le retard, mis à part Rennes, qui a fait le choix du métro et s’y tient depuis, envisageant la création d’une seconde ligne entre 2013 et 2018. Dans les derniers venus au tram, Brest ou Besançon. Pour les navettes fluviales, la même histoire se répète, dont l’origine se trouve toujours dans la capitale bretonne.

A Toulouse, où des navettes fluviales sont ponctuellement mises en place pour la Foire Expo, le projet de mise en place de navettes régulières a connu un sort très français en devenant un serpent de mer  ou de fleuve plutôt. L’organisme toulousain de transport urbain, Tisséo, met en avant le coût d’exploitation « cinq fois supérieur à celui d’un bus » et le risque de montée des eaux brusque sur la Garonne. Mais les élus laissent la perspective ouverte, soit pour une desserte sur le Canal du Midi, soit lorsque l’Ile du Ramier sera transformée en zone de loisirs.

A Saint-Denis, un projet de navette fluviale est dans les cartons. Propulsé par la communauté d’agglomération Plaine Commune, il doit permettre une liaison plus rapide vers le quartier d’affaires de la Défense  que les bus existants. La ville de Choisy-le-Roi a quant à elle adressé une pétition  au STIF (Syndicat des Transports d’Ile de France) pour qu’il prenne en charge tout ou partie du coût d’une navette pour relier la gare du RER C à l’autre berge.

A Bordeaux, la mise en service est prévue pour la fin de 2012.  Deux lignes seront assurées du lundi au vendredi entre la place Claveau à Bordeaux-Bacalan et la ville de Lormont sur la rive droite, ainsi qu’entre les places des Quinconces et Stalingrad à Bordeaux, de part et d’autre du pont de Pierre. Ces deux navettes devraient être mises à l’essai à l’automne 2012, pour une mise en service effective prévue début 2013. Une bonne recette nantaise sera reprise : ces bateaux seront intégrés au réseau et le prix du trajet sera le même que pour un moyen de transport plus conventionnel.

Dans le Pays Basque, les élus de Bayonne réfléchissent à la mise en place d’une navette sur l’Adour, qui desservirait Bayonne, Anglet et le Boucau. A Sète, dans le Languedoc, un pôle multimodal sera construit sur le port avec pour objectif la création à l’horizon 2020 de taxis fluviaux, pour lesquels l’Europe a été sollicitée afin d’obtenir une subvention. Des navettes fluviales devraient ainsi être aménagées sur la lagune, à des vitesses commerciales plus élevées que celles de la promenade touristique.

Calais, un projet de navette est en cours dans le canal du Calais. Le projet actuellement étudié par le syndicat intercommunal de transports envisage une navette qui circulerait entre le pont de Coulogne et le lycée Coubertin à Calais. Le coût d’investissement, estimé à 1,9 millions d’euros, comprend l’achat d’un bateau à propulsion diesel d’une soixantaine de places, la construction de quatre pontons et le coût de la levée et de la réfection des deux ponts-levants situés sur le parcours de la navette. Voies Navigables de France, propriétaire des deux ponts, a d’ores et déjà apporté son soutien au projet et étudie la possibilité d’un déclenchement  des ponts-levis directement à partir des bateaux. Le syndicat intercommunal n’aurait en fin de compte à financer que l’achat d’un bateau, le reste étant pris en charge par VNF et l’agglomération.

Enfin à Marcq-en-Baroeul, dans le Nord, le projet de navettes fluviales « prend l’eau » et se heurte à un pont tout neuf, mais bas  (2 m 14 au-dessus de l’eau) qui ne peut donc permettre le passage de grandes navettes. Il en faudrait plus pour freiner les nordistes !  Les navettes seront donc plus petites, mais plus rapides.

Le moulin historique du Breil oublié de tous

28 Oct

La Bretagne est parsemée de moulins. Mais il y a moulin et moulin. Les moulins-tours, hauts, figures tutélaires de nos campagnes, n’apparaissent qu’avec l’invention des ailes Berton dans l’Anjou en 1841. Les moulins à petit pied et à grosse tête sont les plus anciens. Ils sont généralement bien restaurés et entretenus, ainsi à Notre-Dame des Landes qui rénove son moulin de Foucré du XVIe, ou au Drezeux (*) près de Guérande, voire à l’Ongle près Guenrouët (ce dernier moulin a été surélevé au XIXe).

Mais pas à Campbon. Cette commune qui a la chance de possèder une tour (dite d’Enfer, puisqu’elle est située au bas d’une pente) au pied du bourg la laisse s’enlierrer et on ne la redécouvre que grâce à la fantaisie de son propriétaire.  Cette commune a la chance de possèder une chapelle, dédiée au saint local Victor, disputé avec Bouvron, en face de la mairie, et on ne peut entrer dedans parce qu’elle s’écroule. Cette commune a enfin la chance d’avoir une autre chapelle, ruinée certes, mais dont l’un des murs est le dernier vestige d’un château du XIe et elle la laisse dans les ronces.  Et enfin elle a un beau moulin à petit pied (et à grosse tête), perdu dans les champs et qui s’écroule.

Il faut dire à la décharge de la commune que pour la chapelle saint-Victor, les élus d’alors ont couru après le prix et la façade : les travaux éxécutés à coût moindre ont été payés grand prix. Les enduits mal faits ont conduit à l’aggravation du délabrement intérieur de la chapelle, dont le sort se joue dans un feuilleton judiciaire.  La mairie vient d’ailleurs de faire appel du jugement dans l’espoir d’obtenir plus de dédommagement en appel… et pendant ce temps, la chapelle croule.

Revenons à notre moulin, à peine visible au bout d’un chemin à l’est de la route qui relie Plessé à Lavau sur Loire (RD3). Sur le cadastre de 1830, il figure déjà sur la 2e feuille de la section D, entouré de champs peu larges et très longs dits en lanières, seulement interrompus par un petit carré noté de deux n°s (1217 et 1216) comme autant de parcelles autour du moulin. D’autres lanières en divers sens se voient auprès du moulin des Rôtis, un peu plus au nord. La RD3 n’existe pas encore, mais une série de chemins la préfigurent. En revanche l’actuel chemin qui mène, par le sud, au moulin, est une vraie route, celle de Campbon à Quéhillac, dont le bois abrite un fort château. La lande indivise et vaine occupe tout l’espace.

En 1956, sur le cadastre rénové, que de changement ! La lande a disparu, les champs se font carrés de plus en plus, les îles (parcelles en rayons encloses dans une haie commune circulaire) et les lanières se font de plus en plus rares. Le moulin n’est plus même indiqué, signe qu’il ne sert plus. De nos jours, il est au milieu d’un champ de maïs carré, tout pareil à ses camarades qui séparent l’ancienne lande en damiers de cultures à peine séparées par des haies étiques.

Notre moulin a trois particularités. D’une, c’est un petit pied, avec un soubassement épaissi à fleur de terre, et un corps plus large, mais trapu. D’autre part, une corniche en pierre souligne le haut du premier niveau, sous l’évasement. Enfin, il a été consolidé au XIXe, lorsqu’il a été surélevé, et qu’une fenêtre rectangulaire a été ouverte au faîte, par un cercle, peut-être deux même, en fer. Faisons le tour et entrons par la porte au nord. Une partie de la machinerie s’est effondrée dedans, support des ailes et engrenages. On devine, le long du mur, un escalier qui colimaçonne, appuyé dans les murs branlants, largement fissurés, et qui conduit le téméraire là où une roue de fer rappelle seule la majesté des ailes disparues. Voilà le moulin perdu de Campbon, si fière de son autre et moderne moulin (de Bicane), et dédaigneuse de celui qui défie le temps dans les landes de Quéhillac où les siècles se perdent par les nuits sans lune. Peu importe, à Campbon, il y a des rond-points et des lotissements neufs à visiter (**).

Notes :

(*) Pour la petite histoire, dans la route qui descend du Moulin de Drezeux à Lergat se trouvait, à gauche et en contrebas, un hameau dit le Petit Drezeux dont la pancarte était écrite dans une langue exotique… le russe, langue de ses (riches) propriétaires.

(**) Et une Ti mat Tavarn qui tient lieu de panneau de bienvenue bilingue à cette commune qui n’en a point.

Les Bières de Charlotte brassent de la bière à Nantes

26 Oct

Quand on dit bière, on pense aux villes du Nord. Enfin de Flandre méridionale. Ou à l’Alsace. Quand on dit bière et Bretagne, on pense à Coreff. Ou à la Maroise.  Mais pas à Nantes. Et pourtant, il existe bien une brasserie nantaise, les Bières de Charlotte.

Depuis plusieurs années, le nombre de brasseries Bretonnes tend à croître. Une brasserie existe ainsi depuis trois ans à Nantes, 104 rue de Châteaulin dans le quartier Saint-Mihiel. Elle va s’agrandir et s’installer devant le lycée Livet à la fin de l’année.

Derrière les Bières de Charlotte, il y a évidemment une Charlotte, Goin de son nom. Cette Bretonne née à Nantes et de grand-père Bellilois a fait des études d’agro-alimentaire en Flandre méridionale, à Lille. Là, nous explique Charlotte Goin, « j’ai bu de la bière et travaillé sur un projet de micro-brasserie, ce qui m’a donné l’idée d’en faire une à Nantes à mon retour. » Un investissement de 15.000 € pour des cuves de 130 L installées dans le sous-sol de ses parents, un statut d’auto-entrepreneur, pas de loyer, le bouche-à oreille, et c’est parti.

Avec ses 120 hectolitres annuels de productions, Charlotte fournit en bière plusieurs épiceries, un bar (les Fées maison, rue du Pré Nian derrière Saint-Nicolas) et fait de la vente directe, à la brasserie et sur le marché de la Petite Hollande le samedi matin. Les bouteilles de 75 cl, fermées par le bouchon mécanique typique des anciennes bouteilles de limonade, coûtent 3.70€ à l’unité ; les spéciales (Carlotta et bière de Noël) 4€ pièce. Cette petite production est finalement assez importante au rapport de ce qui existe en Loire-Atlantique, comme la savoureuse Maroise à Saint-Omer de Blain.

Photo Maryvonne Cadiou

La bière est demandée, très demandée même. « ça fait un an que nous refusons des commandes, donc il est temps de s’agrandir ». Ce sera chose faite fin 2012, avec une installation au n° 121 rue du Général Buat, quasiment en face du lycée Livet, à l’extrémité du faubourg Saint-Clément. Objectif, doubler la production en installant des cuves de 600 litres pour atteindre dès 2013 les 250 hectolitres annuels de bière, et éventuellement les 500 à terme. La brasserie nantaise renaît dans un quartier historiquement chargé… en alcool. L’actuel couvent de la Visitation, tout au bout de la rue Saint-Clément, à 200 mètres de là, est en effet installé sur l’ancienne Chartreuse fondée par les Ducs de Bretagne en 1445, et une légende tenace veut que l’actuel cimetière de la Bouteillerie fut d’abord celui des bouteilles des moines. Un endroit tout désigné pour une brasserie, donc !

Le chômage explose en Bretagne en septembre

25 Oct

3.39% de hausse du chômage sur l’ensemble des cinq départements Bretons, en catégorie A sur le mois de septembre. Ou comment l’économie salue à sa façon le flou politique qui régit la France. La Bretagne compte désormais près de 187.700 chômeurs, six mille de plus que le mois précédent.

La plus forte hausse se constate en Ille-et-Vilaine, avec 1966 chômeurs de plus (5%), suivie de près par les Côtes d’Armor (830, 3.70%), la Loire-Atlantique (1597, 3.0%), le Finistère (1151, 3.1%) et achevée par le Morbihan (617, 2.10%).

La hausse serait due à la fin massive des contrats d’intérim et CDD d’été, mais encore, pour les départements de la Basse-Bretagne, aux licenciés de chez Doux (ceux du moins qui n’ont pas choisi le dispositif de formation et reconversion, soit environ 20% de l’effectif), et en Ille-et-Vilaine aux départs de chez PSA. Le chômage devrait continuer à augmenter dans les prochains mois, tant en Bretagne qu’en France, et devrait être tempérée dans le secteur marchand et l’industrie par les contrats temporaires dus au surcroît d’activité pour les fêtes, puis pour les soldes et les inventaires.

En France, il y a fin septembre 3.057.900 chômeurs, une hausse de 1.6% sur un mois. 13% des 46.900 nouveaux chômeurs sont Bretons. Même si le mois prochain la hausse est moindre, le pic atteint en 2009 (3.073.200) devrait être mécaniquement dépassé. A la lumière des chiffres provenant d’autres régions de France, la hausse du chômage est principalement nourrie par les départements du nord-ouest du pays, du grand Est et du centre. Avec des évolutions qui atteignent 5.4% dans le Maine-et-Loire, 5.0% dans la Sarthe, 5.2% en Haute-Saône, 6.4% en Corrèze, 2.6% dans les Ardennes ou 3% dans l’Eure.

Ajustements massifs des statistiques par les pouvoirs publics

Le site Agoravox relance la polémique sur la crédibilité de ces chiffres officiels. En effet, le gouvernement a joué sur tous les leviers pour atténuer la hausse. Ainsi, au niveau national, 64% des sorties de Pole Emploi sont dues à des radiations. Soit 295.100 personnes concernées, dont 37 400 radiations administratives; une partie de ces derniers réintégreront donc les statistiques en octobre, si leur radiation est reconnue comme abusive par les services de Pole Emploi ou par la justice. A peine 20% des sorties de Pole Emploi sont représentées par les reprises effectives d’emploi (pour 92.200 personnes), et encore, en comptant les emplois aidés etc. Les stages explosent, +37.5% ce mois-ci, pour 41.100 personnes au total. Le site fait aussi la liste des « demandeurs d’emploi invisible » pour arriver à un discutable total de 8.5 millions de chômeurs en France, qui reste à prouver statistiquement. En sachant qu’une grande part des chômeurs, visibles (dans les catégories A à E) ou non, travaille « au noir » dans ce qu’on appelle « l’économie grise » (30% des emplois à Marseille, 20% dans le Nord), les 8.5 millions de chômeurs, s’ils existent, ne signifient pas 8.5 millions de désoeuvrés. Les bourgeois peuvent dormir tranquilles, les barricades au faubourg Saint-Antoine ce n’est pas pour demain.

Rappel du bulletin d’août 2011

En août 2012, la hausse du chômage en Bretagne se poursuit pour le 7e mois consécutif. Notre pays a 870 chômeurs de plus en catégorie A, soit une hausse de 0.48%. L’emploi saisonnier et la baisse du chômage dans les Côtes d’Armor contribuent à sauver les meubles. L’emploi des jeunes s’améliore, ce qui n’est pas le cas de celui des seniors.

Les Côtes d’Armor perdent 190 chômeurs (-0.84%), l’Ille-et-Vilaine en gagne 60 (+0.15%), le Morbihan 170 (+0.58%). Le Finistère (+0.95% soit 350 chômeurs de plus) et la Loire-Atlantique (+0.91% soit 480 chômeurs) fournissent, eux, les plus gros contingents de chômeurs Bretons. Depuis février 2012, début de la hausse ininterrompue du chômage, le nombre de chômeurs Bretons augmente de 6.3 % pour atteindre 181.526 personnes.

En France, le nombre de chômeurs augmente de 0.8% sur un mois pour dépasser 3 millions de chômeurs. Le chômage augmente presque deux fois moins en Bretagne qu’en France. C’est le 2e mois consécutif où le chômage augmente moins vite en Bretagne qu’en France.

Dans le détail les fins de mission d’intérim et de CDD contribuent de plus en plus à l’accroissement du nombre de chômeurs. Partout sauf en Ille-et-Vilaine (+0.6%), du fait de l’emploi saisonnier, le chômage des jeunes diminue, par exemple de 3.7% pour les jeunes femmes en Côtes d’ Armor. Dans ce même département, le nombre d’offre d’emplois non durables, inférieurs à six mois, s’effondre (-6.3%) sur un mois. Dans le Finistère, le chômage des seniors continue à augmenter, et ce sont les offres d’emploi durables cette fois qui diminuent drastiquement (-7.3%), un mouvement commun à toute la Bretagne, hors Loire-Atlantique, qui en dit long sur la morosité des employeurs. Le chômage des seniors (+ de 50 ans) augmente en moyenne de 2%. Seul le département capitale de Bretagne échappe à la baisse des offres d’emplois collectées  (pages 13 et 14) puisqu’elles augmentent de 12% sur un mois.

Rappel du bulletin de juillet 2012

Les mois passent et la hausse du chômage continue. Depuis 15 mois pour la France qui compte désormais 2.987.100 chômeurs de catégorie A (2.806.444 sans les Bretons)  et le chômage y augmente de 1.4% avec 41.300 chômeurs de plus. Depuis 6 mois pour la Bretagne où le chômage croît de 1.16% avec 2076 nouveaux chômeurs.

Mais contrairement au mois dernier où la hausse avait atteint 1.66% en Bretagne, le double de celle enregistrée en France (0.81%), ce mois-ci, les chômeurs Bretons qui représentent 6% des chômeurs français ne contribuent qu’à hauteur de 5% à la hausse du chômage. Si bien que pour une fois, le chômage s’accroit moins en Bretagne qu’en France. Pourvu que cela dure… Dans le détail, l’Ille-et-Vilaine qui plombait les statistiques bretonnes depuis des mois ne gagne en juillet que 120 chômeurs (+0.31%), la Loire-Atlantique 566 (+1.08%), le Finistère 480 (+1.32%), les Côtes d’Armor 330 (+1.48%) et le Morbihan 580 (+2.03%). Il est important de savoir qu’avec ses 52 766 chômeurs, la Loire-Atlantique représente presque 30% des chômeurs Bretons.

La hausse du chômage touche en priorité, en Loire-Atlantique (pages 1-2 et 13-14), les jeunes de moins de 25 ans des deux sexes. Dans les Côtes d’Armor, ce sont les hommes de plus de 50 ans les plus concernés (+4.4% sur un mois). Dans le Finistère, ce sont aussi les seniors hommes les plus précarisés (+2.8 %). Du fait des emplois saisonniers notamment, le chômage des moins de 25 ans n’augmente pas, voire décroît fortement comme en Ille-et-Vilaine chez les jeunes filles (-4.5% sur un mois). Le Morbihan connaît une évolution inverse avec +5% de hausse chez les jeunes des deux sexes.

Une entreprise Bretonne invente la mozzarella noire

25 Oct

Nationalisée. La mozzarella est maintenant une spécialité Bretonne à part entière, aux côtés des galettes et autres kig ha farz. C’est que le fromage, qui fut naguère italien, se décline aux couleurs Bretonnes. Les deux. Oui, vous avez bien lu. Tout le monde connaissait la mozzarella blanche. A Sulniac (56), l’entreprise AB Technologies a inventé la mozzarella noire.

Créée en 1990, la société productrice de fromages industriels http://www.ab-technologies.com/fr/la-societe a deux usines à Sulniac et à Trédion, en Bretagne et de deux usines à l’étranger, une en Espagne, ouverte en 2008, et l’autre en Tunisie (2011). Mais elle  dispose aussi d’un laboratoire de recherche et de développement pour concevoir des produits innovants et anticiper les évolutions du marché. Cet été, la société avait ainsi créé un fromage rapé ketchup, conçu pour fondre sur les pâtes en moins d’une minute sans avoir besoin de réchauffer le produit.

La mozzarella noire a été conçue dans le laboratoire de recherche de l’implantation espagnole, qui produit des fromages rapés, tranchés, en cubes. Le produit se présente en petits cubes noirs, et a été lancé pour apporter une nouvelle couleur aux pizzas. Le produit sera présenté au Salon (n°)1 Mondial de l’Alimentation, le SIAL, qui se tient à Paris du 21 au 25 octobre 2012.

L’occupation militaire de Notre-Dame des Landes continue

24 Oct

Depuis le 16 octobre, la République a commencé une opération policière de grande ampleur en vue de vider l’aire de 1.600 hectares (la ZAD) prévue pour le futur aéroport des personnes qui y logent illégalement, soit qu’ils aient réoccupé des maisons vendues par leurs propriétaires à Vinci, soit qu’ils aient installés d’autres lieux habités.

L’opération, qui a conduit à un large déploiement de policiers (près de 1.200 le second jour) devait se finir rapidement, en deux jours tout au plus, mais elle a buté sur une résistance acharnée des militants anti-aéroport au niveau du Sabot, où ils avaient installé une cabane en bois et une ferme maraîchère. Depuis, les opérations se sont installées dans la durée, les militants occupants plusieurs lieux au sud et à l’est de la ZAD, tandis que les forces de l’ordre procédaient à l’expulsion d’autres lieux dits et à la démolition de ce qu’ils ont péniblement conquis dans les premiers jours, à l’est de la ZAD (la Gaîté), à l’ouest (Le Pré Failli) et au centre-nord (Le Tertre, les Planchettes). Nous relatons cette première semaine d’occupation (du 16 au 23 octobre) dans un autre article.

Une nouvelle opération de grande ampleur est prévue le 27 octobre pour permettre aux forces de l’ordre de conquérir le pré carré de lieux-dits encore tenus par les militants (le Sabot, la Sécherie, les Fosses Noires, etc.). D’ici là, des objectifs secondaires sont occupés, expulsés et détruits s’ils ne font pas l’objet d’une procédure judiciaire en cours.

25  octobre : Alors, César, tu patauges?

A 8 h, comme chaque matin, le périmètre est plein de policiers. A 9h, les travaux de démolition se poursuivent sur la moitié de maison péniblement conquise par les forces de l’ordre à la Sècherie (au sud-est de la ZAD), deux jours auparavant. A 11 h 25, pour faire mentir le Canard Enchaîné, une personne est arrêtée dans le bourg de Vigneux de Bretagne. Puisqu’il n’y a pas que la ZAD qui grouille de forces de l’ordre. Pauvre bourg de Vigneux, dont les habitants sont obligés de faire un détour de 20 km pour se rendre à Blain ou n »importe où vers le nord ! Dans la matinée, le chantier de démolition au Liminbout (centre-nord de la ZAD) n’a pas repris. Un dépôt y  a été organisé d’ardoises en éverite et de tuiles en fibrociment ramassés sur d’autres bâtiments de la ZAD démolis ou en cours (la Gaîté à l’est, le Pré Failli à l’extrême-ouest, le Tertre au sud-ouest). Ils sont traités sur place. A 14 h 10, les policiers arrêtent et fouillent les véhicules sur la route de la Pâquelais aux Ardilières (par les Planchettes). Ils sont aussi présents dans les champs près du Sabot et sur le carrefour de la Saulce (D81, au sud de la ZAD), tout cela afin d’empêcher que des militants anti-aéroport ne rallient le Sabot ou ne fortifient pas ses abords. Comme si ils allaient le faire en début d’après-midi, à travers une zone qui est fourrée aux poulets de jour, et en suivant les voies de communication. A 18 h 39, les gravats restants de la maison du Liminbout sont en cours de chargement sur huit camions-bennes de la société ABO. Vers 19 h, les forces de l’ordre quittent la zone, tandis que la maison du Sabot, toujours aux mains des militants opposés à l’aéroport, s’orne d’une belle pancarte en hommage à l’opération César (le doux nom du déferlement policier sur Notre-Dame des Landes depuis le 16 octobre), qui est visiblement en difficulté avec la boue et les vaches Bretonnes. Mais quoi qu’on en dise, le camp retranché du Sabot tient plus de Saint-Ouen des Toits, le fief de Jean Chouan, que de Gergovie.

Demain à 8 h 30, un autre périmètre que la ZAD sera aussi bouclé. Celui du Lieu Unique, occupé depuis deux jours par solidarité avec les opposants à l’aéroport. Ses occupants font l’objet d’une mesure d’expulsion qui doit être mise en oeuvre dans la journée de demain. Au menu : forces de l’ordre partout et quartier bouclé.  Après les tracteurs de Notre-Dame des Landes, la ZAD débarque dans Nantes.

24 octobre, soir : La Pointe démurée

La soirée du 24 apporte son lot de nouvelles. Primo, la maison de la Pointe, une belle longère aux encadrements de fenêtre en granit située à l’ouest de la ZAD sur la route de Fay au Temple, a été démurée. On peut lire à son sujet sur Indymédia Nantes « On a voulu rentrer chez nous mardi soir à la Pointe, pas loin de Notre-Dame-des-Landes, et là on s’est aperçu qu’une bande de pourritures avait tout bouché les ouvertures avec des parpaings. On ne sait pas pourquoi ils ont fait ça mais ça nous a pris des heures à casser les parpaings pour pouvoir rentrer. On dit qu’on ne sait pas pourquoi, mais on a peut-être quand même une idée. On n’a aucune preuve, mais ça pourrait bien être les méthodes démocratiques de gens qui se croient tout permis parce qu’ils ont plein de pognon et qui espèrent qu’en virant les gens de chez eux ils pourront aménager le territoire de façon à se faire encore plus de fric. On espère bien que ce genre de « blague » ne se reproduira pas parce que ça nous a trop saoulé de devoir se taper tout le ménage derrière. Si on chope les gens qui ont fait ça, ça va mal finir« . Deuxio, les policiers se risquent à revenir au sud de la ZAD vers 22h pour essayer de démolir une barricade à la Saulce, sur la RD81. Des militants affluent, des paysans arrivent, la manoeuvre est éventée, les policiers arrêtent fissa le déchargement de la pelleteuse de sa remorque porte-chars et rembarquent direction Nantes.

24 octobre : Trop pressés de démolir

Le 24 octobre à 8 h 30, il y a déjà quatre fourgons de gardes-mobiles au lieu-dit du Liminbout, au centre-nord de la ZAD. A partir de 9 h, les opérations de démolition de l’une des maisons commencent, avec un manitou et une nacelle comme hier à la Gaîté. Vers 10 h 20, des militants anti-aéroport s’y amassent, tandis que les matériaux amiantés de la maison (ardoises en éverite, fibrociment, etc.) commencent à y être enlevés. Les forces de l’ordre sont tellement pressées de démolir qu’elles ne veillent pas tout à fait au respect des normes en matière de démolition d’un bâtiment amianté. C’est ainsi, que tandis qu’un camion et une pelleteuse arrivent à 14 h 43 sur site, une âme bien intentionnée prévient l’Inspection du Travail, qui passe à 15 heures et stoppe le chantier. Celui-ci reprend à 16 h 15 après que les deux travailleurs se soient mieux protégés. Celui qui était sur le toit travaillait sans harnais. A 19h, il n’y a plus aucun mouvement sur la ZAD. Petite journée, sauf pour deux maisons de Notre-Dame des Landes.

Les ruines de la ferme de la Gaîté

A l’est de la ZAD, pendant ce temps là, non loin de l’ancienne voie de chemin de fer qui reliait la Chapelle sur Erdre à Beslé, la maison de la Gaîté continuait d’être démolie. La veille, les militants opposés à l’aéroport avaient afflué sur les lieux pour empêcher les travaux de se poursuivre et avaient lâché sur les lieux un troupeau de vaches. Les gendarmes ont gazé les hommes et repoussé les vaches avec leurs gyrophares et sirènes, tant et si bien qu’il y en a eu jusque sur la route. Au moins n’ont-ils pas gazé les vaches, comme ils l’avaient fait le 6 juin 2011, ce qui n’a pas manqué de leur être reproché par la suite.  Pendant toute la journée du 23, le toit et la façade de la ferme quasi-centenaire ont été détruits; le lendemain, ce fut le tour des pans de murs restants. La route de Notre-Dame de Lande à la Boissière était barrée en deux endroits, au hameau de la Boissière vers le nord, et au hameau de l’Epine vers le sud. On lit au sujet de la ferme de la Gaîté sur le site des occupants de la ZAD « Une dizaine de personnes y vivaient et y accueillaient les copinEs de passage sur la ZAD. C’était un lieu vivant, chaleureux, loin d’être insalubre. La maison aurait fêté ses 100 ans en 2014. Quant à la grange attenante, également détruite, elle accueillait un freeshop bien rempli et parfois des concerts et des réunions ». La Gaîté a vécu. Avec leurs pelleteuses dont les pinces rappellent celles des croque-morts, les croque-campagnes pro-aéroport doivent sauter de joie.

Les opérations se trouvent décrites sur un ton rigolard dans le Canard Enchaîné du jour. Il y a effectivement zéro blessé (juste beaucoup de gaz lacrymo jeté pour rien), mais il n’y a pas eu zéro interpellations. En deux jours, il y a eu cinq interpellations parmi les opposants anti-aéroport, et un d’entre eux a été jugé en comparution immédiate pour caillassage. Trois autres ont passé la nuit au poste (gendarmerie de Couëron) ont été libérés pour préparer leur défense et feraient l’objet d’une procédure judiciaire, dont l’une pour refus de prélèvement ADN.  Pan sur le bec !

Article du Canard Enchaîné du 24 octobre 2012 sur Notre-Dame des Landes

L’horizon s’éclaire à Orléans pour ABRF

24 Oct

L’horizon se dégagerait-il pour ABRF ?  Alors que les 146 employés de Châteaubriant s’inquiètent pour leurs emplois  et le groupe orléanais dont ils dépendent (AORF), une autre entité de ce groupe, à Saint-Denis de l’Hôtel, vient de retrouver un marché très spécifique. Par ailleurs, le moment où le groupe russe intéressé par la reprise d’AORF présentera son offre est enfin connu.

Les ateliers de SDHF à Saint-Denis de l’Hôtel

Pour faire bref, AORF (Ateliers Orléanais de Réparations Ferroviaires) est constitué de deux entités depuis 2003, les ateliers de réparation ferroviaire de Saint-Denis de l’Hôtel, qui se trouvent sur l’ancienne ligne de chemin de fer Orléans-Aubigny sur Nère (SDHF) et ABRF à Châteaubriant (les Ateliers Bretons de Réalisations Ferroviaires Industries). Avant 2010, le groupe détenait une part majoritaire dans le capital de la fonderie Sambre et Meuse à Feignies (bogies moulés  et tampons ferroviaires) qui fut racheté cette année par le groupe ferroviaire public russe Uralvagonzavod (UVZ).  Le rachat, qui n’est pas passé inaperçu à l’époque dans la presse spécialisée , s’est plutôt bien passé, et en 2011 la fonderie a recruté. En juillet 2012, l’usine Sambre et Meuse emploie 210 personnes. Le groupe UVZen détient désormais 75% et a annoncé vouloir recruter 140 personnes dans les années à venir et investir 6 millions d’€ dans ce site en pleine expansion, adapté en moins d’un an aux spécifications techniques russes, et qui produit des pièces pour les marchés est-européens. Des perspectives qui peuvent être rassurantes pour AORF dans le cas d’un éventuel rachat par UVZ.

Vue de SDHF depuis la gare deSaint-Denis de l’Hôtel

Wagon militaire à SDHF

Depuis le 20 octobre, écrit Matthieu Villeroy pour la République du Centre l’atelier orléanais SDGF a rouvert une activité de nettoyage des wagons-citernes qui ont transporté du gaz, en investissant 300.000 € dans un atelier et une nouvelle torchère, et en décrochant un contrat pour nettoyer 100 wagons par an jusqu’en 2015 avec le transporteur Millet. SDHF, qui se trouve au nord du bourg de Saint-Denis de l’Hôtel, à 20 km à l’est d’Orléans sur la ligne de chemin de fer d’Orléans à Aubigny-sur-Nère, fermée aux voyageurs mais ouverte au fret jusqu’à Sully-sur-Loire, compte 110 salariés. Le site, qui assure aussi la maintenance de wagons militaires suite à des contrats publics,  pourrait même recruter 3 à 4 personnes avec son nouvel investissement. A Saint-Denis, ce n’est pas la plus grosse des entreprises, loin de là. Les Orléanais connaissent bien mieux le potentiel agro-alimentaire de la petite commune (2876 habitants) qui fait face à Jargeau, avec Mars Petcare&Food et la Laiterie.

Citerne militaire à SDHF

Depuis début septembre, le russe UVZ qui, souvenons-nous, avait acquis Sambre et Meuse en 2010, tourne autour d’AORF pour lequel il a déclaré son intérêt. UVZ envisageait alors d’acquérir 60% des actions, offre qui aurait été refusée par l’actionnaire majoritaire d’AORF. Puis le groupe russe est revenu à la charge, intéressé notamment par le carnet de clients très diversifié et bien implanté en UE de AORF. Eric Vinassac, le PDF, confirme que « nous [AORF] sommes dans l’attente d’une offre définitive. Elle pourrait être formulée début novembre devant le tribunal d’Orléans ». D’après la direction, le chiffre d’affaires 2012, non encore publié et clos en juin 2012, est de plus de 40 millions d’€ pour ABRF et plus de 11 millions d’€ pour SDHF.

De quoi donner une lueur d’espoir pour Châteaubriant dont ABRF est à la fois l’une des plus grandes et l’une des plus emblématiques entreprises (avec Viol-Castel Viandes et les usines Kuhn). Mais aussi pour le bassin d’emploi, dont la progression du taux de chômage en un an est de deux points supérieure à celle du département (en juin 2012, 9.4% contre 7.3% pour la Loire-Atlantique). Voire prouver peut-être que le redressement productif, cela peut se faire sans l’Etat. Comme dans tout pays normal.

Triche statistique française sur la fécondité bretonne ?

24 Oct

Pas de surprise, la fécondité bretonne – à cinq départements évidemment – est supérieure à celle de la France. Même si l’écart s’est un peu réduit, en 2009 les Bretons font 2.04 enfants par femme (2.06 en 2008) contre 2.0 pour la France. Une différence minime, qui met cependant la Bretagne hors du danger de voir sa population décroître. Et pourtant, en établissant les statistiques, nous sommes tombés sur une surprise de taille : l’INSEE tend à réduire la fécondité des quatre départements de la région administrative.

En clair, l’on constate dans les statistiques brutes, qui sortent avec un écart de 3 ans (en février 2012 pour 2009) que la fécondité moyenne des quatre départements de la Bretagne administrative est nettement inférieure à celle de la Loire-Atlantique, alors que les comportements, la culture, la structure sociale sont très semblables dans l’ensemble de la Bretagne. Etonnés, nous avons décidé de retracer l’historique des statistiques depuis 1999. Nous remarquons alors que la fécondité moyenne des 22, 29, 35 et 56 est revue à la baisse de 0.2 à 0.4 points ce qui a pour conséquence de diminuer aussi l’écart entre la fécondité de la région administrative et celle de la France, alors même que cet écart, une fois prise la moyenne réelle, est important et même sensible, puisqu’il varie de 0.05 à 0.07 points de différence. Cachez donc ce surcroît de vitalité que l’on ne saurait voir. Pourquoi alors ces ajustements ?

Il y a deux raisons qui pourraient expliquer que l’on ne puisse retomber sur les résultats de l’INSEE. D’une part, il se pourrait qu’ils pondèrent (ajustent, vers le haut ou le bas) le résultat obtenu en fonction d’un paramètre quelconque. Il apparaît quand même assez peu transparent de ne pas indiquer au simple citoyen lequel. D’autre part, il pourrait s’agir de ce que le monsieur tout le monde appelle une bidouille. Dans quel intérêt ?

Dans la grande majorité des cas, personne ne regarde au-delà de la première décimale d’un chiffre, estimant l’écart infime. Or, dans le cas de la fécondité, cela a une réelle importance : un pays à 1.95 enfants par femme ne renouvelle pas sa population, un pays à 2.0 y parvient tout juste, et les deux ont besoin de l’immigration pour échapper au déclin démographique, et assurer la relève tant sur le marché du travail que dans le système social s’il est par répartition.  Mais un pays qui est à 2.05 enfants par femme n’a, lui, pas besoin d’immigration pour assurer sa croissance, et si nous parlons bien de différences à 0.01 points, comme elles concernent des milliers de naissances, elles se traduisent de façon très importantes sur les populations concernées. L’on peut se demander d’ailleurs que vaut la moyenne pour la France, si elle est calculée avec un ajustement au pifomètre à chaque région administrative ?

Pas vu, pas pris donc. Mais on ne peut décemment ignorer que ajuster à la baisse les résultats de la Bretagne administrative permet d’en retirer quelques avantages politiques non négligeables. Ne serait-ce que déculpabiliser les Français en tordant le cou à la légende selon laquelle les Bretons font plein d’enfants. Plus sérieusement, cela permet d’instiller aux élus et à la population Bretonne le discours selon lequel leur région amputée n’est pas si dynamique que cela, et que pour échapper au déclin, elle a besoin des mêmes expédients que la France : le recours, les vannes grandes ouvertes, à une immigration « de travail » durable alors même que le taux de chômage des jeunes français explose et que de nombreux secteurs peinent à embaucher. Et enfin, chaque année les gouvernants français peuvent se féliciter de deux bons chiffres : la vente de Champagne, plus résistant à la contrefaçon que les foulards Hermès et la stupéfiante fécondité française… dont on ne sait maintenant quelle est la juste valeur avec de telles méthodes de calculs. Rien d’étonnant que la France ait un peu de mal avec la rigueur budgétaire.

Un nouveau livre à découvrir fin octobre sur Glenmor

23 Oct

Porte drapeau de générations de Bretons en quête de justice et de reconnaissance, rebelle pour avoir refusé toute concession et toute compromission, tout ce qui pouvait être néfaste à la Bretagne, poète pour avoir exprimé par le dit et le chant son âme et celle de la Bretagne, tel est Glenmor. Un nouvel ouvrage donne l’occasion aux Bretons de découvrir ou redécouvrir ce poète qui portait la Bretagne en étendard.

Ce livre a été écrit par Herve le Borgne, président de Glenmor an Distro, auteur de six livres, expert auprès de la Commission Européenne. Seul actuaire treize ans durant en Bretagne, il a fondé l’EURIA   (EURo Institut d’Actuariat) en 1989 auprès de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest.

Ce livre repose aussi sur un vaste ensemble de témoignages de ses contemporains et compagnons de lutte engagés pour le développement de la culture Bretonne. Parmi eux, Alain Le Nost, René Abjean, Gweltaz Ar Fur, Fafich Bernard, André Coupé, Gérard Ducos, Xavier du Roscoat, Yann Goasdoue, Maripol Gouret, Alain Goutal, Guislain Gouwy, Philippe Guilloux, Edmond Hervé, Claude Huart, Angèle Jacq, Mari Kermareg, Goulc’han Kervella, Nolwenn Korbell, Enrvan Lanchec, Clarisse Lavanant, Jean-Michel Le Boulanger, Reun Le Diguerher (récemment décédé) Claude Le Glanic, Jean-Pierre Le Mat, Edmonde Le Nost, Laurence Meillarec, Yannig Morel, Yves Morvan, Martial Pezennec, Jef Philippe, Yann Poilvet, Yann Puillandre, Stanhope Robb, Gilles Servat, Alan Stivell, Lizig Surzur,

Publié par l’édition des Oiseaux de papier à Ploërmel, il sera disponible en librairie fin octobre 2012 au prix de 17 €.

Occupation militaire à Notre-Dame des Landes : déjà une semaine !

23 Oct

Nous remettons en ligne l’article que j’avais publié à l’origine sur le Flochington Post, en continu, du 16 au 18 octobre, et qui faisait, à chaud, le récit de l’occupation militaire sur la ZAD. Cet article est complété par des points journaliers de la situation à partir du 19 octobre. Retour sur la semaine d’occupation militaire à Notre-Dame des Landes. Photos ici 

La gabegie des expulsions

Le Presse-Océan d’aujourd’hui (22 octobre) donne le coût de cette semaine d’expulsion qui se chiffre à  500.000 € selon « un responsable au cœur du dispositif » cité par le journal, et même « un million d’€ si l’on prend en compte le traitement des gendarmes et des CRS ». Le journal s’enhardit à écrire « le coût astronomique des opérations d’évacuation du site réservé à l’aéroport de Notre-Dame des Landes fait rager. Il est décrié de toutes parts ». Mais si le Ministère de l’Intérieur avoue maintenir « en permanence » depuis deux ans une unité de 80 gendarmes autour du site et accuse implicitement les opposants à l’aéroport, les divers opposants dénoncent l’emploi de moyens « disproportionnés » pour « réaliser les rêves de cette grande entreprise privée qu’estAGO/Vinci ». Et aussi ceux d’un certain Ayrault Jean-Marc, Premier Ministre de son état. C’est pourquoi depuis une semaine, en ce qui concerne Notre-Dame des Landes, le déficit budgétaire est entre parenthèses et l’abus de pouvoir est au pouvoir. Pauvre France !

La nuit défait ce que fait le jour

Pauvre France ! Et d’autant plus que les forces de l’ordre espèrent vider la ZAD. 1600 hectares, sur une dizaine de kilomètres de longueur, avec des paysans encore installés jusqu’à la fin de tous leurs recours judiciaires (le fameux moratoire concédé par François Hollande dès son élection), des locataires légaux qui bénéficient aussi du moratoire, une ancienne voie ferrée, plusieurs routes, et un terrain vallonné. Bref, même entouré de policiers, c’est déjà un moulin, puisque par les champs, entre qui veut. Et la nuit, c’est encore autre chose. Les insurgés sont ravitaillés, soignés, relayés, les barricades détruites de jour sont remontées la nuit, ceux qui sont assiégés de jour peuvent se replier à la nuit tombée sur un terrain dont ils connaissent tout. Bref, vider la ZAD c’est impossible. A moins de tout brûler et de la transformer en désert. Et pourtant, le pouvoir s’accroche. Une nouvelle opération de grande ampleur devrait viser les derniers bastions de la rébellion, à partir du 27 octobre.

23 octobre : La boue et les vaches contre les démolisseurs

démolition à la Gaîté (23-10)

Alors que Presse Océan révèle les coûts de l’opération, celles-ci continuent et se concentrent à la Gaîté, un hameau situé à l’est du Sabot non loin de l’ancienne voie de chemin de fer de Nantes à Blain. La destruction du hangar situé à l’ouest du hameau commence vers 9 h. Le hangar étant couvert de plaques en fibrociment, elles contiennent des fibres d’amiante. Donc il faut deux engins, une nacelle pour enlever les plaques et un manitou pour les déplacer. Vers 13 h 30, une soixantaine de militants se massent autour de la Gaîté pour empêcher la destruction d’aboutir, puis ramènent un troupeau de vaches vers la ferme. Vers 15 heures, alors que la moitié du toit est par terre, la nacelle s’embourbe, puis le manitou qui tente de la sortir. Pendant ce temps là, à l’autre bout de la zone, les gravats du Pré Failli sont récupérés et réemployés sur place par les militants anti-aéroport qui reconstruisent un lieu de vie à cet endroit, jusqu’à ce que les policiers les en empêchent vers 17 heures. Pendant ce temps là, à la Gaîté, les forces de l’ordre les font reculer à coups de gaz lacrymo dans le champ de maïs, qui était encore à peu près intact le 17 et qui est maintenant complètement piétiné. Puis, comme ils n’y arrivent pas, ils coupent des barbelés alentour et commencent à faire reculer des vaches à 15 h 55 pour leur faire libérer un champ. C’est quoi ce tarmac ? C’est Notre-Dame des Landes.

 

22 octobre : Les policiers reviennent en force, ça coince à la Sècherie

A 7 h 22 du matin, les policiers viennent au cœur des Fosses Noires et commencent d’emblée à arroser de gaz lacrymo la maison qui avait été réoccupée le soir du 19 octobre. Même technique que d’habitude, ils démontent à 7 h 55 une barricade qui protége cette maison, puis bloquent les accès vers le Sabot et avancent vers la Sècherie, à l’ouest, et le Sabot, au sud. Une pelleteuse arrive à la Sècherie ou l’électricité est coupée et s’embourbe rapidement à 10 h 10. Il pleut sans discontinuer depuis trois semaines. A partir de midi, une maison est en cours de destruction aux Fosses Noires. Juste à côté, la destruction concerne aussi une partie de la Sècherie, dont une autre est encore occupée par des opposants à l’aéroport, qui se trouvent assiégés de 17 h à 21 h. La nuit finit par tomber et les policiers se retirent.Sur la journée, ils ont réalisé cinq interpellations, dont celle d’un membre de l’ACIPA.

21 octobre : Pas de répit le dimanche

Le dimanche, pas de pause sur la ZAD, où l’on assiste toute la journée à divers mouvements des forces de l’ordre, afin de fixer une partie des militants anti-aéroports sur divers lieux et leur permettre d’intervenir ailleurs. Les forces de l’ordre, en se concentrant aux Ardilières et aux Fosses Noires, ont fait croire à une possible attaque du Sabot, alors qu’elles surveillaient la démolition de deux maisons sur les trois du Pré Failli, au sud-ouest de la ZAD.

20 octobre : Calme plat à Notre-Dame des Landes, manif à Nantes

Le vingt octobre, calme plat sur la ZAD, manifestation de soutien à Nantes (1.600 personnes selon les organisateurs, moitié moins selon la police), qui rassemble tant des occupants illégaux de lieux-dits divers sur l’emplacement du projet aéroportuaire que les paysans membres de l’ACIPA. A 17 h 30, une soixantaine de personnes part de la Pâquelais pour rejoindre le Sabot.

19 octobre : une maison expulsée, une maison réoccupée

Le 19 octobre, les opérations continuent mais s’installent dans la durée. Faute de pouvoir prendre le Sabot, les policiers procèdent à l’expulsion des maisons du Coin (10 h 30) et de l’Isolette (10 h 40). Puis ils barrent les principaux croisements (au nord, les Ardilières, au sud, le Bois Rignoux) et procèdent à divers contrôles d’identité tant sur la ZAD qu’à Nantes. A 16 h 55, ils emmènent la caravane située dans le jardin des Fosses Noires. Dans la soirée, les opposants réoccupent une maison expulsée quelques jours plus tôt. Ils ne perdent pas le moral, puisque « les barricades sans cesse démontées repoussent dans la nuit ».

Le 18 octobre, le Sabot tient toujours, les policiers se défoulent sur une cabane du bois de Rohanne

[Mise à jour 18/10 16 h 30]Des forces de police nombreuses arrivent en renfort sur la ZAD depuis la RN165 dont ils sortent du côté de Brit Hôtel au sud de Vigneux. Pendant ce temps, les grimpeurs de la police ont quitté le bois de Rohanne – où la maison de bois a été détruite par trois engins de travaux – et abandonnent l’idée de déloger avant demain matin la dizaine de militants présents dans les arbres. L’action risque donc de se déplacer vers le Sabot et la Saulce où les policiers ont été relevés. Le Président du Conseil Général de Loire-Atlantique approuve les expulsions dans un communiqué.

[Mise à jour 18/10 15 h] La communication avec le Sabot est rétablie. La maison tient toujours, les policiers sont dans le jardin, à une dizaine de mètres. Il y a toujours une poignée de militants en haut des arbres du bois de Rohanne. L’ACIPA appelle ce soir à manifester à  Nantes (19 h00) et demain à Rennes (18 h 30, mairie) contre les expulsions et le projet aéroportuaire; une manifestation est prévue samedi à 12 h 00 à Paris devant l’Assemblée Nationale. Un dispositif policier important converge à 14 h 50 vers la Saulce, qui n’est juridiquement pas expulsable. Plusieurs camions de gendarmes mobiles se dirigent vers la Pointe, à l’ouest de la ZAD, où des opérations de destruction auraient commencé en début d’après-midi. Dans le bois de Rohanne, la destruction des constructions au sol continue, sous l’oeil des militants perchés dans les arbres que les gendarmes ne se risquent pas à déloger. Pendant ce temps, des élus Europe Ecologie  font un communiqué dans lequel ils dénoncent les expulsions réalisées avant l’hiver et « la volonté de forcer le passage et de contourner délibérément le droit » des promoteurs du projet, à savoir notamment le chef du gouvernement  de Paris Jean-Marc Ayrault.

[Mise à jour 18/10 13 h 00] A 11 h 20, la communication avec le Sabot est coupée. A 11 h 31, un manitou commence à démonter la barricade de la Saulce. Trois occupants des cabanes arboricoles du Bois de Rohanne ont été interpellés après avoir jeté divers projectiles, cailloux et cocktails Molotov, sur les policiers venus les descendre des arbres sur lesquels ils étaient juchés. Plusieurs d’entre eux ont été tronçonnés.

La maison en bois installée dans le Bois de Rohanne a été détruite entre 10 h 20 et 12 h. Photo prise au moment du retrait des forces de police du bois.

[Mise à jour 18/10 10h 30] Les policiers ont essayé sans succès de prendre la maison du Sabot toute la journée d’hier. Dans la nuit, les CRS sont partis et des gardes-mobiles ont tenu éveillés les gardiens de plusieurs lieux occupés au sud-est de la ZAD. Les militants qui y sont retranchés ont été évacués. A 7 h 15, le périmètre a été bouclé par d’importantes forces de police, au nord (Ardinières, Planchettes), à l’est (Fosses Noires) et au sud (Bois Rignoux). A 9h, deux convois de policiers sont en contact avec les militants et reprennent le siège, à la Saulce (sud-ouest), sur la RD81 et au Sabot. A 9 h 12, ils commencent à démonter la barricade de la Saulce. A 9 h 15, des camions de déménagement rejoignent l’entrée du Sabot dont ils tiennent l’entrée depuis cinq minutes. A 9 h 30, les forces de police tiennent aussi le bois de Rohanne. A 10h 15, ils procèdent aux sommations par mégaphone et commencent à évacuer les cabanes installées dans les arbres à partir de 10 h 25. A 10 h 28 les sommations au Sabot sont faites. Quinze policiers tiennent, au sud, la route de l’Isolette pour empêcher que l’on rejoigne les militants. L’accès à travers champs sur la zone reste possible. A 11 h 05 la situation est stable au Sabot, les policiers sont arrêtés par des barricades enflammées. A 11 h 08, certains arbres qui portaient des cabanes sont tronçonnés dans le Bois de Rohanne. Une opération d’expulsion a eu lieu ce matin à la Pointe.

L’opération devait être rapide, mais s’enlisa au Sabot le 17 octobre

[Mise à jour 17/10 19 h 45] : A 19 h 11 les militants contre-attaquent et chargent les CRS au sud du Sabot pour dégager la bâtisse. La nuit tombe sur la Bretagne, le temps presse pour Ayrault. Au Sabot, CRS et militants campent sur leurs positions alors que la nuit tombe. Des militants situés au Far Ouest, au nord-ouest du site, ont réussi à repousser les CRS malgré une écrasante infériorité numérique.

[Mise à jour 17/10 19h15] A 17 h 30, les CRS dégagent la RD81 en chargeant sur les opposants, qui n’ont a opposer que de menus projectiles comme des légumes trop mûrs contre les flashball et les matraques. Le face à face CRS / opposants continue au nord-ouest du Sabot. A 18 h 15 les CRS remontent depuis le Far Ouest vers le Sabot, en progressant vers le sud / sud-est. Ils semblent pressés d’en finir avant la nuit. A 18 h 25, les CRS chargent par le jardin du Sabot, au sud, et tirent des grenades lacrymo. A 18 h 55, les CRS sont dans le carré de légumes, mais ils ne chargent pas et continuent d’accabler de gaz lacrymo la maison, qui tient toujours. Une cinquantaine de fourgons de CRS arrive en renfort au nord-ouest. Ainsi 700 CRS chargeraient sur, tout au plus, 150 militants civils et désarmés.

Plusieurs militants sont bloqués à la Vach’rie (les Domaines), autour de laquelle se trouvent des policiers disséminés un peu partout. Les habitants se déclarent « abasourdis par les moyens déployés et l’aberration » que constitue la destruction de maisons alors que les logements manquent. Dominique Fresneau nous déclare à l’instant « il y a des policiers partout, ils se tiennent dans les chemins et en bordure de route, ainsi que dans les champs proches des routes. Ils semblent déterminés à en finir ce soir. Autour du Sabot, il y a plus de 200 CRS. La circulation est interdite à toute autre personne que les gens domiciliés sur place, les paysans et leurs locataires. » En tout, 1200 policiers, CRS, gardes mobiles et gendarmes sont sur la ZAD, notamment répartis en factions autour des maisons expulsées et gardées pour empêcher leur réoccupation.

[Mise à jour 17/10 18 h 20] A 17 h 30, les CRS dégagent la RD81 en chargeant sur les opposants, qui n’ont a opposer que de menus projectiles comme des légumes trop mûrs contre les flashball et les matraques. Le face à face CRS / opposants continue au nord-ouest du Sabot. A 18 h 15 les CRS remontent depuis le Far Ouest vers le Sabot, en progressant vers le sud / sud-est. Ils semblent pressés d’en finir avant la nuit.

[Mise à jour 17/10 17 h 15] A 15 h 45 une vingtaine de camions de CRS affluent devant le Sabot, tous les militants présents sur zone refluent pour défendre la maison du Sabot. Les policiers descendent en courant. L’assaut est donné à 15 h 50 au nord-ouest, au Far Ouest, les policiers dégagent l’arbre qui leur barrait la route. Deux convois se succèdent. L’un qui tronçonne l’arbre puis repart à 16 h 15, et un autre qui va donner l’assaut et qui arrive en ce moment même des Ardilières. Finalement, l’autre convoi n’arrive pas. Les policiers se limitent à évaluer les défenses au nord-ouest et au sud-est du Sabot sans oser aller plus avant. On sent comme une hésitation parmi les forces de l’ordre. Pour dérouter les observateurs, plusieurs convois de policiers se déplacent d’un bout à l’autre de la ZAD. A 16 h 50 14 fourgons de CRS entrent dans le chemin du Sabot depuis la route de Vigneux (RD81) après avoir du couper un arbre qui là aussi barrait la route. A 17 h 05, une nouvelle tournée de CRS se rapproche du Sabot par l’ouest.

[Mise à jour 17/10 15h40] Un gros convois d’engins de levage et d’utilitaires a rejoint la ZAD par le nord (Notre-Dame des Landes puis les Ardinières) afin de procèder au vidage des maisons occupées de ce côté.Les policiers sondent les défenses du Sabot. Comme une heure et demie auparavant, des policiers installent un dispositif pour forcer les défenses du Sabot du côté nord-ouest (Far Ouest) et à la Chévrerie. Ils sont rapidement arrêtés par les premières barricades et l’opposition pacifique des militants. Les policiers sont immobilisés depuis 14h58. Un arbre couché sur la route empêche leur progression. En revanche, aux Planchettes, des militants se sont faits charger par les CRS à 15 h 16. A 15 h 21, les policiers sont de l’autre côté, au sud-est du Sabot, au carrefour des Fosses Noires sur la route de la Pâquelais, mais le quittent à 15 h 37 faute de pouvoir prendre position sans se faire repérer.

[Mise à jour 17/10 13 h 30] A 12 h 50, les policiers et CRS progressent en tenue anti-émeutes à l’ouest du Sabot le long de la RD81. Sept fourgons de CRS s’installent dans le chemin du lieu-dit Far Ouest, une quinzaine de CRS entre dans le lieu-dit à priori non occupé, qui se trouve non loin de la Chèvrerie. Ils quittent l’endroit à 13 h 15.

Entre temps, entre 12h et 12 h 20, des plaques anti-squat sont mises sur la maison de la Gaîté, à l’est de la ZAD et à Bel-Air sur la D81. Aux Ardinières, un barrage policier permet de sortir de la zone mais pas d’y entrer. Au Pré Failli, à l’ouest de la ZAD sur le chemin de Suez, quinze fourgons de CRS sont basés, des CRS s’installent dans le jardin, dissimulés, afin d’empêcher l’accès de la ZAD et bloquer une éventuelle échappatoire. Les militants du Sabot ont besoin de vivres et d’eau.

[Mise à jour 17/10 12 h30] : La ferme des Planchettes à été détruite à toute vitesse par deux pelleteuses. 30 fourgons de policiers encerclent la maison du Tertre qui commence aussi à être démolie à 11 h 10. Des policiers enserrent la ZAD sur tout le front ouest, au débouché du Chemin de Suez au Pré Failli et au Chêne des Perrières, ainsi qu’au sud sur le chemin de Suez. Un hélicoptère des forces de l’ordre surveille la zone au sud-est de la ZAD autour des Fosses Noires. Peine perdue, les haies touffues et l’abri des arbres protègent, comme en 1793, les résistants. A midi, ils occupent toujours le Sabot, au centre, la Saulce, à l’ouest sur la RD81, la Sécherie au sud près des Fosses Noires.

Pour éviter qu’ils ne soient fixés sur cette zone alors que les policiers cassent maison après maison, vers 11 h 55, une manifestation de militants anti-aéroport se dirige dans le sens sud-nord pour dégager les Planchettes. Le barrage sur le chemin de Suez vient à peine d’être levé; les policiers qui le tenaient ont bougé pour couper la route aux militants, ce qu’ils ont réussi à faire à 12 h 30 aux portes des Planchettes, dont la destruction n’est pas encore achevée.  Aux Domaines, d’après un riverain, « ça ne circule presque pas sur la route, c’est très calme« , comme l’oeil du cyclone, un étrange calme alors que les policiers s’abattent comme des criquets aux alentours, à peine à 1 km au sud, à l’est et à l’ouest. Au sud, 10 camions de CRS ont pris position au niveau du Bois Rignoux, près de la Paquelais (fourche D81 / D281) pour barrer ces deux routes et empêcher des sympathisants aux militants du Sabot de les rejoindre en voiture.

Barricade en feu dans la nuit du 16 octobre

[Mise à jour 17/10 11h] : La nuit a été longue. Entre le Sabot et la Paquelais, 60 à 80 camions de gendarmes se sont garés pendant la nuit. A 6 h 50, le site du Sabot commence à être cerné. Vingt camions aux Fosses Noires, au sud, dix autres à la Saulce, à l’ouest, sur la RD 81 au sud de la route des Fosses Noires. Ce dernier lieu continue d’être occupé par les opposants. A 8h00, un convoi de policiers très important passe devant le Sabot et remonte vers les Ardinières. A 8 h 20, un convoi avec une pelleteuse arrive devant la ferme des Planchettes. Ce secteur est entièrement sous le contrôle des forces de l’ordre. A 11h, celui de la Gaîté l’est aussi, la maison sert de camp de base aux gendarmes mobilisés sur le site. A 8 h 25 un convoi de gardes mobiles arrive au Sabot et commence à s’équiper pour l’assaut, mais repart à 8 h 45. Le secteur du Sabot reste calme, mais les assiégés renforcent leurs barricades.

Pendant ce temps là, les CRS de Nantes sont signalés dans le bourg de Vigneux. EDF devrait couper dans la journée l’éléctricité aux Planchettes, au Tertre et au Pré Failli, au centre et au sud-ouest de la ZAD (voir carte). La maison des Planchettes serait actuellement en train d’être détruite. Un hélicoptère a fait son apparition au-dessus de la ZAD, où se trouvent actuellement près d’un millier de policiers et de militairesune débauche de moyens contre à peine 150 opposants civils et pacifiques.

Barricade sur la ZAD dans la nuit

[Mise à jour 17/10 0h15] : A cette heure, la Chèvrerie et le Sabot tiennent toujours. Les 60 à 70 militants retranchés au Sabot ont été rejoints à 20h hier par plusieurs dizaines d’autres venus du QG de la lutte, la Vach’rie. Des compagnies de gardes mobiles et de gendarmes ont pris place autour du site ou logent dans les alentours (Blain, Nantes, Rezé, Ste Luce). L’expulsion devrait recommencer à partir de demain matin 6h30 et devrait mobiliser les compagnies de gendarmerie des environs, deux hélicoptères de l’armée (basés à Blain). Le pouvoir républicain de Ayrault est déterminé à violer la terre Bretonne et à marcher sur les traces de la Terreur pour imposer par la force un aéroport inutile contre le gré du peuple Breton.

Tout commença le 16 octobre

La maison du Sabot qui résiste depuis le 16/10 sur la ZAD

[Mise à jour 18 h 40] : Depuis 17 h 30, le pouvoir veut faire tomber la ferme du Sabot, en terre Bretonne à Notre-Dame des Landes, défendue par 60 à 70 opposants au projet d’aéroport. A 17 h 30, de nouvelles barricades flambaient devant la ferme tandis que le périmètre défendu se rétrécissait peu à peu. Pas à pas, les Bretons cédaient sous le nombre. A 18 h 15 un tractopelle arrive pour permettre aux forces de « l’ordre » de se frayer un chemin comme des voleurs, à travers la haie. Dans le cas où la résistance n’était pas matée avant la nuit, des compagnies de policiers ont été logées au Campanile de Rezé et à l’Etap Hotel de Sainte-Luce. La haie du Sabot a été forcée à 18 h 35, les policiers sont actuellement en train de progresser sur la parcelle.

[Mise à jour 16 h 40] : Depuis 15 h, 60 à 70 opposants à l’aéroport de Notre-Dame de Landes résistent à l’occupation militaire de la ZAD au sud-est de celle-ci, aux lieux-dits de la Chévrerie – dont l’invasion a été arrêtée – et au Sabot. A 15 h 20, une nouvelle barricade a été érigée et enflammée pour stopper la progression des forces de l’ordre françaises, qui se battent depuis la matinée pour expulser les Bretons de leur terre. A 16 h 30, quinze camions de CRS prenaient la direction de la Pâquelais dans le bourg de Vigneux afin de faire sauter le verrou du Sabot. La situation des militant(e)s retranchés dans le hameau se fait de plus en plus difficile à mesure que le jour avance.

[Le 16/10 15 h 00]

Une opération d’expulsion a eu lieu ce matin sur la zone du futur projet aéroportuaire. Les 700 hectares de la zone ont été simultanément investis par l’est, le sud et l’ouest. Plus de 500 policiers et militaires déployés pour résister à à peine 100 squatteurs, une débauche de moyens alors que la France est en déficit.

L’échec de l’investissement de la Vach’rie   (aux Domaines) par le juge d’expropriation en mai dernier a donné le ton : si Vinci et Ayrault voulaient leurs 700 hectares de ZAD (zone d’aménagement différé ou Zone A Défendre pour les opposants à l’aéroport), il faudrait qu’ils les récupèrent mètre par mètre. Du coup, chaque mardi, chaque fois que le juge d’expulsion venait sur la ZAD, ce n’est pas moins de quinze camions de garde-mobiles qui venaient avec, sans oublier plusieurs voitures de la gendarmerie, des agents des RG en civil avec oreillettes, un hélicoptère de l’armée en l’air et des barrages de l’armée aux Ardinières, au nord, et à la Boissière, au sud.

L’alternance politique n’y a rien changé, au contraire. Avec Ayrault, principal promoteur du projet, Premier Ministre, l’abus de pouvoir était au pouvoir et l’armée française était envoyée, comme jadis les colonnes infernales, en campagne contre les Bretons.

Ce matin, la Zone à Défendre, vaste zone vidée manu militari de ses habitants et réinvestie par les opposants à l’aéroport qui ont réoccupé les maisons vides et remis les terres en culture, a été investie à partir de 6 h 30, à la fois par l’ouest, le sud (à partir de 7 h 25) et l’est. Ont été expulsés les habitants des maisons du Pré Failli (avant 8 h), du Rosier (7 h 45), des Fosses Noires (9 h 48), du Tertre (8 h 45), des Planchettes (7 h 30), de la Gaîté (assiégée à 7 h 30 et vidée à 9 h 15), de Bel-Air (8 h 30).  Ce passage en force a été condamné par Europe Ecologie les Verts, dont le secrétaire national, Pascal Durand a qualifié le passage en force « inutile et incompréhensible ».

Des barricades ont été dressées par les défenseurs de la zone et ont compliqué la progression des forces de l’ordre le long de l’ancien chemin de Suez, qui borde la ZAD au sud. Ils ont aussi été retenus par le long siège de la maison de la Gaîté, située non loin de l’ancienne voie de chemin de fer de La Chapelle sud Erdre à Blain (axe brun sur la carte). La préfecture a diffusé un communiqué selon lequel « l’opération concerne sept occupations illégales sur des espaces bâtis et quatres zones d’occupation illégales non bâties ». Présent à 10 h 30 à la Pâquelais, le préfet a déclaré que l’opération « était finie » et « s’était bien déroulée, sans interpellations »

Combats à la Chévrerie et au Sabot.

Mais l’opération était loin d’être finie. En effet, à partir de 11 h 30, les gardes mobiles attaquent la maison de la Chèvrerie, située à l’est des Planchettes. Des barricades leur sont opposées et ils finissent par se lasser à 13 h 40. A 14 h 15, ils en abandonnent l’assaut. Entre temps, suite à un vice juridique, ils n’ont pu évacuer la maison du Sabot, située à proximité de la Fosse Noire, qui tient toujours. Leur progression a été compliquée par l’installation de plusieurs barricades, et un barrage enflammé sur la route de Vigneux.

A l’heure où nous écrivons, une nouvelle barrière a été mise en place au Sabot, et les opposants se regroupent pour défendre la zone, où se trouvent d’autres maisons occupées. Une occupation militaire des maisons déjà expulsées a été mise en place pour empêcher leur réoccupation par les opposants à l’aéroport.

Nort : la SEG-SAMRO en liquidation judiciaire

23 Oct

Filiale du groupe SAMRO, la SEG-SAMRO a été déclarée en liquidation judiciaire aujourd’hui par le tribunal de commerce de la Roche-sur-Yon. La société possède trois sites, l’un à Nort-sur-Erdre avec 25 salariés, l’un à Balbigny (Loire), avec 77 salariés et le plus gros à Fontenay-le-Comte avec 191 salariés.

La SEG-SAMRO connaît des difficultés depuis 2008. Le 9 septembre de cette année, la société était en cessation de paiement, elle continuait son activité avec un redressement judiciaire le 1er décembre 2010, ayant licencié 109 salariés entre-temps, et est maintenant en liquidation judiciaire. La faute à l’effondrement du marché mais aussi au manque dramatique de fonds de roulement, et ce malgré un carnet de clients diversifié.

Le jugement a prononcé la poursuite de l’activité pendant six semaines et le dépôt d’offres de reprise pendant un mois. La direction annonce qu’il reste du travail pour « huit semaines » sur tous les sites de l’entreprise. Jean-Marie Pouvreau, délégué CGT, nous déclare que les syndicats se battront pour « assurer le maintien de tous les emplois sur tous les sites, compte tenu du potentiel industriel réel de la SAMRO ». Il se trouve en effet que la SEG-SAMRO a acquis un grand savoir faire sur le marché du transporteur hors-standard, à savoir les camions qui répondent à des besoins spécifiques, tels que le transport d’acier, de bouteilles de gaz, les porte-bennes, etc. Ce savoir-faire était partagé entre deux des trois sites de la SAMRO, l’atelier de Nort effectuait la découpe et la préparation des pièces, tandis que le montage des camions hors-standard se faisait à Fontenay. L’atelier de Balbigny montait d’autres modèles et faisait de la carrosserie.

La liquidation de la SEG-SAMRO pourrait avoir des conséquences graves pour l’ensemble du groupe SAMRO dont elle constitue, avec ses 286 salariés sur un total de 360, la plus grosse entité. A côté du fabricant de camions SEG-SAMRO, plusieurs autres très petites entités font partie du groupe SAMRO, notamment une base logistique à Nieul-sur l’Autise (10 salariés), deux ateliers de maintenance, deux petites sociétés à Fontenay qui atteignent à peine 20 salariés à elles deux, etc. Ce seront donc surtout des PME vendéennes qui pourraient craindre l’effet domino.