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Bonnets Rouges : manif monstre à Quimper et trois portiques écotaxe visés

2 Nov
Quimper à 15h, place de la Résistance

Quimper à 15h, place de la Résistance

Une manifestation monstre à Quimper rassemble en ce moment plus de 30.000 personnes dans une ambiance tendue, avec diverses échauffourées. Des opérations coups de poing ont aussi visé les portiques de Saint-Allouestre, Landaul et Montauban de Bretagne. Le premier brûle, le second a vu ses capteurs mis hors service et le troisième est pris pour cible depuis 16h30 par les agriculteurs locaux qui procèdent à son démontage. La Bretagne historique compte entre onze et quinze portiques, dont cinq sont déjà détruits ou démontés.

Entre 20 et 30.000 manifestants à Quimper

Une marée de manifestants aux bonnets rouges (distribués par Armor Lux) ont envahi les rues de Quimper. Ils ne seraient que 10.000 selon la préfecture, mais 18 à 20.000 selon une source policière. Christian Troadec, maire divers-gauche de Carhaix et l’un des chefs de files de la contestation a déclaré « nous sommes au moins 30.000, ce jour fera date ».

la banderole sur la rivière

la banderole sur la rivière

Le mouvement Hollande Démission, dont le chef de file est David van Hemelryck, ce jeune orléanais qui a fait le tour des côtes de France cet été en ULM en tirant une banderole Hollande démission.fr a déployé à plusieurs reprises une banderole de 20 mètres de long libellée « Hollande démission ». David Van Hemelryck, que nous joignons vers 17h, est dans un endroit où il n’y a pas d’échauffourée. « Nous avons déployé la banderole sur la montagne [au-dessus de la place de la Résistance] et les gens ont repris spontanément le slogan Hollande Démission. Nous l’avons déployée sur la rivière. Sur la montagne. Devant les tracteurs. Et maintenant sur des balcons où les gens nous font monter spontanément. »

A l'assaut de la Préfecture

A l’assaut de la Préfecture

Contrairement à ce qu’avance la presse de gauche (Le Monde, le Nouvel Obs…) il n’y a pas beaucoup de manifestants issus du Printemps Français à Quimper, en revanche ils couvrent amplement et avec réactivité les événements sur Internet, ce qui explique peut-être pourquoi le pouvoir cherche à bloquer le web et les réseaux téléphoniques.Dès 16h25, le compte Twitter des Bonnets Rouges (1500 abonnés) a été suspendu, tandis que les communications mobiles et 3G sont activement brouillées et perturbées par la police qui cherche à limiter les transmissions sur les réseaux sociaux. Des policiers en civil seraient aussi infiltrés dans la manifestation.

des tracteurs en ville

des tracteurs en ville

Depuis 15h30, des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivent à l’angle de la rue Olivier-Morvan et de la place de la Résistance ; les manifestants jettent des cageots et des pots de chrysanthèmes – déposés au préalable devant la Préfecture en hommage aux emplois sacrifiés de l’agroalimentaire – sur les forces de l’ordre qui répliquent à coups de gaz lacrymogènes et avec deux lances à eau. Il y a un blessé à 16h45, deux autres entre 17h et 17h40; les trois ont été évacués vers les urgences. Des CRS seraient aussi bloqués par les manifestants sur les quais, rive gauche, où ils se sont retranchés pour protéger la préfecture et le conseil général. Certains des manifestants ont réussi à entrer dans la Préfecture vers 15h30 où « c’est le plus grand bordel », racontent certains d’entre eux. Les services de la Préfecture sont effectivement totalement débordés et injoignables. Dans les échauffourées sont impliqués des Bretons énervés, notamment des agriculteurs et des pêcheurs. Plusieurs fois les organisateurs lancent des appels au calme, limitant les troubles aux environs de la Préfecture.

Le cortège rassemblé place de la Résistance vient enfin de s’ébranler à 16h30, avec deux tracteurs mis en avant par les organisateurs, en accord avec les forces de l’ordre ; d’autres, une trentaine, sont entrés en ville bravant l’interdiction qui leur a été faite, et ont avancé jusqu’à la Préfecture. Pendant ce temps la contre-manifestation de la CGT, d’une partie de la FSU et du Front de Gauche à Carhaix – organisée avec le soutien du gouvernement qui espérait briser l’élan populaire vers Quimper – a fait un bide, avec à peine 300 personnes (2000 selon la CGT, 150 selon d’autres observateurs). A 17h45, la nuit commence à tomber et l’ordre de dispersion est donné. A 18h, le collectif Breizh o Reveulzin/ Révolte bretonne publie un communiqué dans lequel il « condamne la violence des groupuscules, des casseurs et des forces policières » et « salue ses sympathisants qui ont refusé les extrêmes et la violence« . Il remercie aussi les dizaines de milliers de manifestants pacifiques. Ce collectif, apolitique mais refusant les extrêmes politiques, a mené suite aux propos dans les médias parisiens (Le Figaro, Le Monde, BFMTV et Cie) une croisade afin d’exclure les quelques membres d’extrême-droite qui avaient investis ses pages Facebook. Il est l’un des organisateurs de la manifestation, avec la FNSEA et les organisations socio-professionnelles de l’agroalimentaire, de la paysannerie et de la pêche.

A partir de 18h15, les forces de l’ordre commencent à repousser la foule spectatrice en y lançant des grenades lacrimogènes. Les CRS et gendarmes mobiles chargent par la colline, et refoulent peu à peu le dernier carré de manifestants sur la place de la Résistance. Scandant « On est chez nous », les Bretons ne lâchent rien et repoussent fermement les CRS; chassés de la place, ils s’accrochent aux berges. Le site de la gazette catholique « Le Rouge et le Noir » tweete en direct des affrontements; plusieurs manifestants ont été interpellés vers 19h00. Les Bretons encore présents repoussent les CRS tout en étant accompagnés par des sonneurs.

La manifestation de Quimper était soutenue par de nombreux partis et mouvements, du NPA au FN en passant par le CNIP (centre national des indépendants), l’UMP (dont le député Marc le Fur, vent debout contre l’écotaxe encore en 2009-2010 lorsque la droite la mettait en chantier), le MBP (Mouvement Bretagne et Progrès) de Troadec, Divers Gauche, le Parti Breton (centre), etc. Le Printemps Français soutient lui aussi la mobilisation. Dans un communiqué, la nébuleuse citoyenne engagée explique pourquoi il y a eu de la casse : « [les Bretons] ne sont pas venus pour faire déraper cette manifestation, comme le suggèrent déjà de façon préventive, orientée et mensongère Marylise Lebranchu, Jean-Marc-Ayrault ou la DCRI. Les événements récents, dans toute la France, ont prouvé que les citoyens exaspérés avaient eux-mêmes, quels que soient leurs partis, leurs syndicats ou leurs opinions, décidé de donner une tournure transgressive voire violente à leurs justes revendications, en bloquant les routes, piégeant les usines, sabotant les équipements publics, etc. Une violence réelle qui répond à la violence symbolique d’un État diviseur, partisan et sourd aux revendications des Français. » Le Printemps Français appelle à « bâtir une nouvelle espérance » en sortant de l’économie spéculative, en rompant avec l’habitude d’un Etat rapace asservi aux banques et en s’appuyant sur les solidarités naturelles et familiales.

le portique de montauban de bretagne attaqué

le portique de montauban de bretagne attaqué

La Breizh enflamme la France

A Paris, devant l’Elysée, des manifestants qui bloquaient les parages en arborant des Bonnets Rouges ont été arrêtés vers 17h. La mobilisation prend de l’ampleur en France, activée par les milieux socio-professionnels et de nombreux militants de droite hyper-connectés sur les réseaux sociaux et le web, révoltés par le pouvoir. Une action de poids lourds a ainsi eu lieu à Lyon. Un sondage vient de paraître selon lequel à peine un tiers des français sont satisfaits par l’écotaxe. En revanche, le ras-le-bol devant la hausse des prélèvements en 2012 et 2013 ainsi que la vacance et l’incapacité du pouvoir rencontrent un large consensus social.
Encore une petite dizaine de portiques bretons intacts

Il reste encore quelques portiques bretons intacts. Et ce, notamment à Auray et Elven en Morbihan, peu avant la sortie Le Cours-Saint-Guyomard, Saint-Agathon et Lanrodec en Côtes d’Armor près de Coat an Doc’h, Prinquiau, entre Saint-Nazaire et Savenay sur la RN171 (Loire-Atlantique), Mondevert  (Ille-et-Vilaine) sur la RN157. Vers 18h30, cinq camions de CRS ont pris position auprès du portique d’Elven : les autorités ont peur que les Bretons ne le prennent pour cible. Ce soir, la Bretagne est en colère, la Bretagne est debout. L’écotaxe ne passera pas.

Ecole Diwan de Pornic : c’est fini

26 Sep

C’est fini, l’école Diwan vient d’être liquidée. Marie-Thérèse Gorny, sa responsable, vient de rendre les clés : « le matériel est parti à Savenay pour aider leur école Diwan à monter leur structure pour la petite enfance, ici, c’est terminé, on tourne la page ». Un gâchis pour les quatorze enfants scolarisés à l’école associative de Pornic, d’autant plus que « nous avions pu trouver un enseignant du cru, qui habitait quasiment sur place, qui avait les compétences, mais dont le recrutement n’a pas été validé par Diwan ». L’école avait été crée en 2012 et se trouvait à la Fontaine aux Bretons, un peu au sud-est de la ville, en bordure de mer.

L’autre école menacée du réseau Diwan, à Savenay, a un espoir de repartir, une enseignante s’étant proposée. Elle vit non loin de l’école, et son recrutement n’avait pas été accepté fin août par le réseau Diwan bien qu’elle ait été la seule candidate. Du côté du conseil d’administration de Diwan, l’on refuse de confirmer la nouvelle. « Des négociations sont en cours avec les gens de Savenay pour garder les locaux et y installer des activités d’accueil d’enfants », nous dit-on. Ces négociations, qui durent depuis dix jours, devraient s’achever début octobre.

Carte des écoles Diwan en Bretagne - 2013

Carte des écoles Diwan en Bretagne – 2013

Fête du Cidre réussie ce dimanche à Saint-Omer de Blain

24 Sep

Sous un chaud soleil de la fin de l’été a eu lieu la fête du cidre audomaroise. Dans un cadre nettement plus local que la Fête du Pain du mois d’août – mais pas moins plaisant – les bénévoles de l’ASPA – Association de Sauvegarde du Patrimoine Audomarois – ont fait fonctionner un pressoir à cidre et un broyeur de pommes traditionnels. Ce dernier peut être entrainé par un cheval tournant un manège ou un moteur de tracteur. Sur place était vendu le jus de pomme ainsi pressé et des bouteilles de la Maroise, la bière solidaire du village.

 

Addendum : des lecteurs se demandent, et nous demandent, où en est la série sur le patrimoine de Notre-Dame des Landes et continuera-t-elle, notamment pour les volets qui couvrent le territoire de la ZAD. Oui, elle continuera, à partir de jeudi.

L’école Diwan de Savenay est sauvée

23 Sep

A la rentrée de septembre, les écoles Diwan de Pornic et de Savenay ont fermé suite au manque d’enseignants dont manque le réseau associatif des écoles, victime de son succès, d’autant plus que chaque année, l’Etat n’accorde que deux postes d’enseignant au concours à Diwan contre plus d’une dizaine en école publique bilingue (divyezh).  A la rentrée en revanche, une école nouvelle a ouvert à Fougères, en pays gallo.

L’un des syndicats du réseau Diwan, le SNEIP-CGT, n’avait pas manqué alors d’accuser « l’incurie » de la direction du réseau. Pour eux la pénurie d’enseignants  était le « fruit de négligences, voire de choix délibérés (…) plusieurs enseignants ont été remerciés ou sont partis sous la pression ; ils continuent dans d’autres filières », notamment dans le public (divyezh) ou le privé (dihun). D’autres ont accusé le CA de Diwan de défendre la vision d’une Bretagne bretonnante tronquée de la Loire-Atlantique, qui se trouve comme souvent dernière roue du carosse dans les politiques culturelles bretonnes.

Finalement, malgré toutes ces polémiques, une enseignante s’est proposée pour assurer le devenir de l’école de Savenay, qui pourrait ainsi être sauvée. Le sort de celle de Pornic reste encore en suspens. Responsable de la CGT au sein du premier degré des écoles Diwan, Bertrand Déléon s’est réjoui de la nouvelle sur Facebook : « Saveteet e skol Saveneg ! » L’école de Savenay est sauvée !

 

Carte des écoles Diwan en Bretagne - 2013

Carte des écoles Diwan en Bretagne – 2013

La Bretagne subit de plein fouet la concurrence agricole européenne

11 Sep

SAU-B5Statistique/Fiscalité. Dans une note du 6 septembre, le ministère du Commerce Extérieur observe que les exportations françaises de produits agricoles « continuent à s’effriter » et que « en dépit d’un repli pour les fruits, les importations agricoles continuent de progresser régulièrement, du fait d’achats importants de graines oléagineuses à l’Amérique (Brésil et Paraguay) et à l’UE (Bulgarie, Roumanie et Espagne) ». Par ailleurs, les « importations de produits des industries agroalimentaires repartent à la hausse avec, notamment, d’importants achats de viandes ». Seules les exportations de fruits tiennent encore la route.
La crise de l’œuf en août en Bretagne avait remis en tête d’affiche les gros problèmes de l’agroalimentaire français, et notamment de la Bretagne, première concernée. Face aux prix bas et à la force de travail peu chère de la Pologne, de l’Allemagne, de la Roumanie ou de l’Espagne, la Bretagne ne tient plus la corde. Pour l’œuf, cet état de fait s’était doublé d’un cafouillage européen aux dépens des Bretons. L’UE a en effet sorti une norme sur le « bien-être animal » qui met en place des conditions drastiques pour l’élevage, le transport et l’abattage des poules, ce qui nécessite d’importants investissements pour tous les maillons de la filière afin d’être aux normes. Du fait de leur situation économique, l’UE a accordé un délai  l’Espagne et la Pologne pour s’accorder avec la loi ; ce délai n’a pas été accordé à la France – ni donc à la Bretagne – ce qui rend les œufs bretons mécaniquement plus chers puisque les investissements de mise aux normes viennent d’être faits et doivent être rapidement amortis.

La Bretagne historique est la première région française productrice de lait, d’œuf, de porc et de volailles et se positionne en tête également pour la production de choux-fleurs, d’artichauts, d’échalotes, de mâche et de tomates sous serre ; notons aussi l’importance des cultures maraîchères, de la vigne en Loire-Atlantique, des fraises (Plougastel, mais aussi Cléder, Fay de Bretagne…), des oignons rosés de Roscoff, du muguet et des pommes à cidre. En 2010, l’agroalimentaire emploie plus de 80.000 personnes en Bretagne (dont 11.000 en Loire-Atlantique) et les exploitations agricoles emploient 74919 personnes. Il y a 37911 exploitations agricoles sur l’ensemble des cinq départements ; la superficie agricole utilisée totale s’étend sur 2 044 437 hectares, malgré une diminution constante du fait de la pression foncière autour des grandes villes et sur les côtes.

Les mots sur les maux Bretons peuvent être mis facilement : trop de charges, trop de normes, trop d’impôts. C’est bien pourquoi l’éco-taxe est vécue comme la dernière goutte qui fait déborder le vase déjà par trop rempli. L’érosion des exportations augmente le risque de surproduction et donc de nouvelles crises agricoles, face auxquelles les interventions de l’Etat ne seront guère que des emplâtres sur une jambe de bois tant qu’elles ne s’attaqueront qu’aux conséquences et non aux causes. La mauvaise santé des exportations agricoles bretonnes traduit est surtout la traduction sur le terrain, mais aussi sur les marchés mondiaux, du « ras-le-bol » fiscal : à force de taxer ceux qui produisent, le fruit de leur travail est trop cher et n’est plus acheté, donc les taxes rapportent moins et obligent l’Etat à en renforcer le produit déclinant par… d’autres taxes. Un engrenage fiscal meurtrier pour les Bretons comme les Français. Ce gouvernement – ou un autre – doit avoir le courage de remettre à plat le branlant, stipendieux et inefficace édifice fiscal français pour dépénaliser le travail, rendre moins chers les produits et libérer la croissance. Parce que, pendant que l’Etat se sucre à (grand) peine, les Bretons se serrent la ceinture.

Un projet immobilier affirme le caractère Breton de Saint-Nazaire

20 Juil

ty-nevez snJacques Auxiette, président des Pays de Loire et Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire qui sont, comme chacun le sait, peu favorables à la réunification de la Loire-Atlantique avec le reste de la Bretagne, vont en faire une jaunisse. Un coup de boutoir dans le mur artificiel qui sépare le 44 des quatre autres départements bretons a été donné, et le comble ! par un promoteur immobilier.

Il s’agit du promoteur immobilier breton Espacil, dont le siège est à Rennes et qui a des agences dans cette ville et à Quimper, Nantes, Vannes, Lorient, Lanester et Saint-Malo. A Saint-Nazaire, un projet récent vient d’être lancé. Il s’agit de bâtir, d’ici la seconde moitié de 2015, un immeuble de logements de 1 à 4 pièces répondant au doux nom de Ti Nevez. Ce qui est juste : il s’agit bien d’une nouvelle maison.

De quoi faire un pied de nez en quatre étages à la volonté des caciques des pays de Loire de rendre la Loire-Atlantique moins bretonne, et remettre au cœur de Saint-Nazaire un peu de breton. Au gré de l’urbanisation et des refontes de quartiers, la municipalité locale s’est en effet arrangée pour faire oublier ou disparaître nombre d’appellations d’origine bretonne de lieux et de hameaux.

Nous regretterons cependant que le promoteur n’ait pas poussé son architecte à affirmer le style néo-Breton dans son immeuble, plutôt que de décliner une fois de plus l’assemblage de volumes plus ou moins disparates, cubiques, en gris et blanc. Cependant le bandeau entre Ti et Nevez sur le panneau semble s’inspirer des gravures des artistes Seiz Breur des années 30 – le mouvement des arts décoratifs en Bretagne, dont l’un des chefs de file, René-Yves Creston, fut justement nazairien.

Plus du tiers des communes de Bretagne se sont engagées pour la Réunification

6 Juil

L’association Bretagne Réunie – qui se bat depuis 1972 pour le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne – a commencé voilà quelques années un immense travail, celui de réunir tous les vœux, motions, actes de soutiens etc. municipaux votés depuis 1972 pour la cause de la réunification bretonne. Sur l’ensemble des 1491 communes bretonnes, 530 ont voté divers actes de soutiens à la réunification, certaines plusieurs fois de suite, renouvelant notamment récemment des vœux plus anciens. Soit plus du tiers (35.5% très exactement) de communes engagées pour une Bretagne à cinq départements, plus forte ensemble.

Des vœux affluent encore de jour en jour. Ainsi, dernièrement, Pont-Scorff (17 juin 2013), Dol de Bretagne (le 14 juin) ou encore Caudan. Le département où le plus de communes se sont engagées pour la Bretagne réunie est – fort logiquement – le Morbihan où 63% des communes ont voté divers soutiens à la réunification. L’on trouve aussi de nombreux – et renouvelés – vœux dans le Finistère. En revanche, en Loire-Atlantique, les pressions accrues des caciques de la région Pays de la Loire plombent les bonnes volontés. Les communes qui n’en osent pas moins voter pour la réunification, comme Campbon, le Loroux-Bottereau ou Bouvron récemment,  n’en sont que plus méritantes.

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La région Bretagne met en place des tarifs attractifs pour les jeunes dans les TER

5 Juil
TER Bretagne sur le faisceau de Brest

TER Bretagne sur le faisceau de Brest

Traverser la Bretagne pour moins de cent balles, c’est possible. La région administrative vient de mettre en place sur les TER de ses quatre départements un tarif très attractif pour les moins de 26 ans. Il en coûtera 8€ pour un trajet de moins de 150 km et 15€ (moins de cent francs de jadis) pour un trajet qui dépasse cette distance, comme Redon – Saint-Malo ou Redon – Quimper. Les billets seront en vente dans les gares et sur Internet, ou téléchargeables sur la carte Korrigo, à partir du 20 août.

L’on se prend à regretter que les citoyens de Loire-Atlantique, ou ceux d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan qui vont souvent dans le cinquième département breton ne puissent profiter de pareils tarifs. Mais entre métropoles rennaise et nantaise, entre pontes de « Béquatrie » et des « Pays de la poire », la bataille du rail divise chaque jour un peu plus la Bretagne et contribue à rendre difficiles les liaisons entre les deux capitales rivales de notre beau pays.

Les partisans de la réunification et les opposants à l’aéroport protestent à l’occasion du forum des Droits de l’Homme à Nantes

22 Mai
Voilà de quoi rassembler les uns et les autres : une Bretagne réunie qui dit non à l'aéroport

Voilà de quoi rassembler les uns et les autres : une Bretagne réunie qui dit non à l’aéroport

Comme chaque année, le forum des Droits de l’Homme à Nantes ne sera pas un long fleuve tranquille, puisque les partisans de la réunification bretonne ont pris l’habitude d’exprimer leur mécontentement dans et autour de la manifestation, et n’ont pas décidé de désarmer cette année. Par ailleurs, aux mécontents devraient se joindre les opposants à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, Ayraultport notoirement dans les choux.

Ainsi, les partisans de la Bretagne plus unie et plus forte organisent deux rassemblements devant la cité des congrès de Nantes ce soir, mercredi 22 mai à 17h pour le début du Forum et le 24 mai à 18h pour la fin du Forum. Ils souhaitent protester contre la récupération de la manifestation nantaise par les Pays de Loire, que l’amputation de la Bretagne est « contraire aux Droits de l’Homme et à la démocratie », et enfin qu’en continuant de nier la diversité intérieure de la France, « l’Etat tue nos langues ». Le second rassemblement (le 24 mai) est consacré plus spécifiquement à la reconnaissance du Breton et appelle le gouvernement à ratifier la Charte Européenne des langues minoritaires.

De leur côté, les opposants à l’aéroport font circuler un appel intitulé « contre l’aéroport et son monde vert… kaki » qui comme son nom l’indique veut s’opposer à la technocratie, au militarisme et à l’affairisme des classes dirigeantes capitalistes. Le rassemblement est prévu… à 17h le 22 mai devant l’arrêt de bus « Cité des Congrès ». Du monde il y aura ce soir ; mais les participants, de l’un comme de l’autre côté, ne seront pas dupes. Laissons le dernier mot aux opposants à l’aéroport : « Ce forum mondial des droits de l’homme est pour nous à peu près aussi crédible qu’un aéroport haute qualité environnementale.»

Documents :

 

Tract Bretagne Réunie pour le 22 mai

Appel au rassemblement du 24 mai (langues minoritaires)

La langue assassinée, documentaire en préparation sur le déclin de la transmission familiale du Breton

15 Mai

sans-titreElle s’appelle Alyson Cléret, elle a 24 ans, elle est originaire de Melrand, dans la campagne morbihannaise entre Pontivy et Baud, et fait des études de réalisation cinématographique à Paris. Après avoir déjà réalisé un court-métrage  inspiré par le poème Va’chêriadenn d’Anjela Duval, elle se lance dans la réalisation d’un moyen-métrage sur la transmission du Breton dans le cercle familial. Il se nommera La langue assassinée.

A travers sa propre histoire familiale, elle pose la question de la diversité des rapports avec le Breton. Quel rapport ces Bretons d’âges et de générations divers entretiennent-ils avec elle et leur culture, leur histoire, leur quotidien ? Le fil conducteur du projet, marquée par des travellings et une voix off, fera office de liaison entre eux. Sur trois générations, Alyson dresse l’histoire du déclin de la transmission du Breton, fil conducteur non seulement d’un territoire mais aussi d’une culture et d’une identité spécifiques. Grands-parents brittophones, mais qui n’ont pas transmis le Breton à leurs enfants, parents qui ne le parlent plus et qui s’y sont parfois remis sur le tard, enfants de la génération de la Découverte ou de l’ignorance  à l’heure du choix. Devant l’obligation d’aborder un sujet qui ne l’a pas beaucoup été à cause de la mauvaise conscience des familles et de la République.

Un déclin qui n’est pas anodin, mais traduit le succès d’une certaine politique de la République envers le Breton et les Bretons, une revanche sur l’humiliation infligée à la République par le peuple Breton en armes – de la chouannerie aux très actuels conflits de Plogoff ou de Notre-Dame des Landes, en passant par l’attachement à l’identité culturelle, à la religion ou au vote « réactionnaire », puisque encore au XIXe et jusqu’à la moitié du XXe bien des campagnes de Bretagne votaient blanc – royaliste, surtout pour ne pas donner blanc-seing à la République, héritière des colonnes infernales et des panneaux « Interdit de parler Breton et de cracher par terre ».

02 AnastasieEmile Combes, petit père de la laïcité disait que « Les Bretons ne seront républicains que lorsqu’ils parleront le français. L’église les maintient dans la « sujétion» grâce au breton, inadéquat pour exprimer les idées nouvelles (…) dont la langue française est l’admirable messagère. ». Les Bretons, qui ont défendu avec succès leur école « libre », déliée au moins en partie du poids de l’Etat, parlent maintenant le français, mais sont-ils soumis à la République pour autant ? L’exemple de la Loire-Atlantique, département de combat où le peuple a, contre ses élus et le pouvoir de Paris, enterré durant ces quatre dernières décennies deux projets de centrales nucléaires  et un projet d’aéroport, tend à démontrer le contraire. Même sans le fil conducteur de la langue, l’inconscient collectif des cinq départements porte bien moins à la résignation qu’ailleurs.

Pour Alyson, c’est urgent de s’impliquer pour le Breton. Il y avait en 2007 207.000 locuteurs de Breton, dont 5.000 ont moins de 18 ans, la relève n’est pas assurée. Elle est néo-brittophone, « j’ai repris les cours à Paris, j’ai de la chance, mon université propose des cours de Breton ». Son père s’y est remis sur le tard, il y a deux ans et demi. S’impliquer, pour la jeune fille, c’est aussi se battre pour la réunification : « historiquement, c’est de la pure logique, politiquement la Bretagne sera plus forte, économiquement c’est un avantage évident ». Elle tournera une partie de son documentaire à Melrand où est son berceau familial, et à Nantes, « ville exclue de la Bretagne alors qu’elle en a été la capitale, ville où toute une politique menée par la France se concrétise ».

Pour financer le tournage de son film – déplacements, montage etc. – elle a fait un appel aux internautes, ce que l’on appelle aussi du crowdfunding. Pourquoi passer par Internet ? « Pour toucher un maximum de personnes, voir les réactions, les attentes des gens ». « J’espère avoir d’autres témoignages, l’histoire de ma famille, c’est aussi celle de milliers de Bretons ». La jeune fille espère réunir 1.500 €, le « strict nécessaire pour faire le film » ; elle en a déjà collecté 475, soit un tiers de la somme. Pour la diffusion, elle compte sur les festivals pour se faire connaître. Son premier court-métrage achevé fin 2012 est déjà passé au festival des films Court en Betton la semaine dernière, ainsi qu’au festival des très courts à Saint-Pol de Léon et devrait être projeté lors d’un festival à Paris le 24 mai.

Alyson revendique au quotidien un rapport engagé pour la Bretagne : « je suis Bretonne à Paris, au quotidien, j’essaie de remettre les choses en place, me battre contre les clichés, expliquer par exemple que le Breton, c’est une langue, pas un patois, qu’il y a une Histoire, une identité derrière ». Pourquoi ? « La Bretagne, ça a tellement été bafoué que j’ai envie que la Bretagne retrouve sa fierté, que les Bretons n’aient plus honte de leur histoire ». Depuis les dernières décennies, la Bretagne connaît un renouveau culturel et économique important, « une lancée qui doit être continuée : il y a beaucoup de gens qui se bougent, qui proposent des pactes [BreizhImpacte], des initiatives économiques importantes, mais les gens du commun ne se bougent pas assez ». C’est pourquoi espère que son film pourra libérer leur conscience de la Bretagne, porter les Bretons du quotidien – éloignés de l’engagement politique – de l’ignorance à une découverte salutaire pour eux-mêmes et la Bretagne.

Contribuer à la collecte pour la réalisation du film

La police municipale de Loudéac met la Bretagne aux arrêts

10 Mai

La charmante petite ville costarmoricaine de Loudéac dispose d’une police municipale, dont les agents portent fièrement un écusson, dont un lecteur nous envoie l’image. La plupart du temps ceux-ci sont dessinés par des dessinateurs locaux ou des sites spécialisés ad hoc. Mais l’auteur de celui de Loudéac a fait une monumentale gaffe, d’autant plus comique qu’il a sacrifié aux impératifs culturels locaux.

Située à l’extrémité occidentale de la partie de la Bretagne qui parlait gallo – une langue à mi-chemin du breton et du français, Loudéac s’appelle Loudia en gallo et cette forme figure sur les panneaux d’entrée de ville. L’écusson se démarque de ses homologues : il ne porte ni le blason ni la devise de la ville. Une couronne ronde porte en haut la mention  « police municipale » et en bas les deux noms, en gallo et en français de la ville « Loudéac – Loudia » sommés du blason de la ville ; à droite et à gauche elle est complétée par des arcs de cercle bleus et rouges aux lettres RF. Au centre, une hermine aux faux airs de lance SPQR des troupes romaines et marquée du chiffre du département (22) est fichée au beau milieu… d’une Bretagne tronquée, à quatre départements.

C’est malin ! Ainsi, l’auteur inconnu de l’écusson entre dans notre sottisier. Ne serait-ce que pour s’être souvenu du particularisme identitaire local – en sacrifiant à la dénomination en gallo – pour l’oublier complètement dans l’image au centre de l’écusson. Ou comment la police municipale de Loudéac met la Bretagne réunie au cachot. Fermez le ban !

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Encore un guide touristique subventionné par les Pays de Loire

30 Avr

#OpMagouilles. Pour justifier son identité bidon, la région des Pays de Loire ne sait plus quel argent dépenser. Après les ambassades en Chine et Inde, la fumisterie ferroviaire dit « train Rayon Vert » à peu près du même acabit que le TER du conseil régional de Poitou-Charentes qui portait des panneaux solaires et roulait en fait au diesel, et le guide Michelin la région subventionne un guide Lonely Planet qui sans cela ne serait pas sorti, puisque clairement inutile, et donc déficitaire. L’intérêt public de ladite subvention ne paraît tout de même pas très justifié.

pédélie parenthèseMontant de l’étrenne généreusement octroyée : 32.000 €. Merci papy Auxiette. La crise est passée par là, c’est 8.000 € de moins que l’édition du guide Michelin Pays de Loire l’an dernier. A l’époque la pseudo-région en avait eu pour son argent, et en quatre langues, français, anglais, allemand et espagnol. Il faut dire que l’invention des textes est inexistante : l’on remet simplement ceux qui étaient publiés dans d’autres éditions auparavant. Le coût supporté par l’éditeur n’est guère que celui de la maquette et de l’impression. Le plus loin possible (de France) pour qu’elle revienne le moins cher possible.

Le guide Lonely Planet coûte 17.5€ et a été édité à 7.000 exemplaires, en français seulement. La vice-présidente de région Sophie Saramito (PS) avoue sans vergogne à nos confrères de 20 Minutes la finalité de l’opération : de la com’ aux frais des com-tribuables Bretons. Et dit au passage « ils en ont vendu 11.000 exemplaires, un retirage est prévu ». Sachant que le tirage est de 7.000 exemplaires, de deux choses l’une : où elle dit une bêtise, où la diffusion du guide – sans cela proche de zéro puisque les Pays de Loire n’intéressent personne – a été généreusement aidée par des commandes de la région pour le compte des lycées, des médiathèques, des maisons de la région et autres établissements publics… ce qui revient à payer le guide deux fois avec l’argent des autres. Nous penchons pour les deux solutions.

Nationalisme Breton : à quoi sert vraiment Kelc’h an Dael ?

12 Avr

Les mille personnes qui tournent peu ou prou dans le milieu des pléthoriques et inefficaces partis nationalistes Bretons savent toutes, ces derniers temps, ce que veulent dire ces trois lettres : KAD. L’acronyme de l’association Kelc’h an Dael, dirigée par Jean-Loup le Cuff. Celle-ci avait deux objectifs déclarés : unir les partis Bretons, de l’extrême-gauche (Breizhistance) à la droite nationaliste (Adsav) dans une alliance politique en vue des prochaines élections régionales ; cette alliance s’intitule le « Front Breton » – et mettre en place les conditions d’un vote réalisé dans les villes de Bretagne et sur internet pour permettre aux habitants des cinq départements d’élire un Parlement militant chargé de rédiger les institutions et la Constitution de la Bretagne et de mettre en œuvre sa libération.

Qu’est-ce que KAD ? Rien.

mamm-gozhAutant les partis politiques Bretons, encore sous le choc après leur déroute collective aux législatives, ont plutôt bien accueilli – après de laborieuses négociations il est vrai – l’initiative KAD, autant les inclassables et apolitiques du mouvement Breton ont été dubitatifs. Le 13 septembre 2012, le site Breton d’extrême-droite Breiz Atao écrivait ainsi « Gageons que très rapidement ces organisations politiques dénonceront l’engagement de leurs membres respectifs dans cette association, notamment, d’abord et surtout, en raison de la présence de “l’extrême droite” [Adsav] ». Ils ont eu raison. En octobre 2012, l’UDB – principal parti nationaliste breton de gauche, qui est depuis des décennies le faux-nez du PS en Bretagne – excluait de ses rangs Odile Buton, membre de KAD. Par la suite, c’est Breizhistance qui a commencé à s’écarter de KAD, toujours à cause de la présence d’Adsav, mais sans oser désavouer clairement leur délégué au bureau de l’association, un ancien militant d’Emgann, une formation de gauche dure bretonne en pointe dans le nationalisme « explosif » des années 70 et 2000.

Au lancement de BreizhJournal le 22 octobre, nous écrivions, très dubitatifs sur cette association de la carpe et du lapin, fondée une fois de plus sur des gens qui vivent dans une bulle politique sans contact avec la Bretagne réélle : « En ce moment, plusieurs cabines téléphoniques essaient de se rassembler pour peser face aux Bretons, et comme elles n’arrivent ni à faire taire les sourds, ni à décrocher les berniques de leurs rochers, elles se sont désigné un ennemi intérieur de pacotille, l’UDB, pour espérer faire leur union contre, et se déchirer de plus belle après l’inévitable déconfiture électorale. Vanité ! Vanité que ce « Front Breton », qui méconnaît dans un bel ensemble la Bretagne d’aujourd’hui pour lui préférer un pays fantasmé où la brume (éthylique, évidemment) flotte sur des menhirs un beau matin, loin des embruns et des tempêtes économiques ou sociales. »

La réalité nous a donné raison, et même elle a dépassé nos prévisions. En effet l’UDB et Breizhistance ont réussi à torpiller le « Front Breton », ce qui était facile. Et plus encore, ces deux organisations ont attiré de leur côté le fantomatique Parti Breton afin de faire une alliance pour les futures régionales. Où une fois de plus, les Bretons ne vont rien y comprendre puisqu’il y aura deux groupements hétéroclites qui se diront chacun le seul à défendre les intérêts de la Bretagne : le Front Breton et cette alliance improbable de Breizhistance au Parti Breton. Succès assuré. Au passage, le média indépendant nationaliste Breton qui devait être le porte-voix de KAD et du Front Breton, An Amzer, successeur du Flochington Post, s’est éteint en mars après n’avoir jamais réussi à décoller.

Soit dit au passage, s’allier avec des formations clairement associées à la gauche de gouvernement – le PS – et sur la même ligne de consensus gaucho-mou, puisque Breizhistance, forte d’une trentaine de militants, n’influe en rien ou presque sur le positionnement politique de l’alliance où commande l’UDB et donc le PS – alors même que la Bretagne et la France basculent clairement à droite, manque un peu de jugeote. Et quand on sait que l’un des membres les plus en vue du Parti Breton en Loire-Atlantique, soutiendra très probablement aux municipales une liste qui se dira certes « de rassemblement » mais avec un leader de droite (UDI) contre… une majorité PS-EELV-Front de Gauche, il y a vraiment de quoi rire.

 

A quoi sert KAD ? A rien.

Dans ces conditions, l’utilité de KAD est quelque peu limitée, puisque la condition essentielle de son activité et l’objet de son existence – l’unité de tous les partis politiques Bretons, sans exception, est morte avant même d’avoir vécu.

Mais KAD s’est trouvé une vocation : torpiller toutes les initiatives favorables à la Bretagne. C’est ce que les Russes appellent le syndrome du chien assis sur le tas de foin : le chien n’en mange pas et empêche les bêtes dans l’écurie d’y toucher. Bref, puisque KAD s’est avérée incapable de faire avancer le schmilblick Breton, personne ne doit pouvoir y arriver.

Impossible ? C’est arrivé pourtant ces derniers jours. Souvenez-vous, nous avons publié dernièrement une Constitution Bretonne  rédigée de toutes pièces par un expatrié sis dans la région lyonnaise. Celui-ci s’était rapproché de KAD et leur avait présenté son projet ; il devait y adhérer sous peu. Après la parution dans BreizhJournal – bien connu des kadistes pour notre position très critique envers le nationalisme politique Breton, que nous estimons être systématiquement à côté de la plaque  parce qu’il refuse obstinément d’aborder la situation économique et les problèmes matériels des Bretons – changement de programme. Lionel Guillory, l’auteur de la Constitution, est désormais inconnu au bataillon, et « KAD se désolidarise de cette étrange Constitution aux relents français et rédigée par un seul homme », avons-nous pu lire les propos de Jean-Louis le Cuff, président de l’association. Une violence de propos qui essaye désespérément de faire oublier le fait que KAD n’a ni l’intention ni la capacité de rédiger une Constitution ou un quelconque texte à valeur institutionnelle, quand bien même il serait le seul « certifié » Breton puisque c’est KAD qui s’est arrogée seule le droit de décider qu’est-ce qui est Breton ou non.

En fait, l’attitude du bureau dirigeant de l’association oscille entre le déni du respect involontaire que suscite cette Constitution – quand bien même certains ont une idée toute autre de ce que pourrait et devrait être la loi fondamentale d’une Bretagne libre – et méfiance instinctive envers l’Autre, l’étranger coupable de déranger leur petit monde figé plein de marginaux en quête de reconnaissance, et qui se retournent alors contre l’infortuné trublion, accusé maintenant par les plus extrêmes – et les plus dérangés d’entre eux – d’être un espion au service de l’Etat français. En attendant, quoi que disent les intéressés, ce projet de Constitution – qui est perfectible comme toute œuvre humaine – a causé un petit big bang dans le mouvement politique Breton.

Sus à la déKADence : dissolution !

Le 22 octobre, nous écrivions encore « S’il y a quelque chose à construire un jour, en Bretagne, c’est hors du militantisme traditionnel ». Cette Constitution en est l’éclatante preuve. Car aujourd’hui, de la soupe monstrueuse du mouvement Breton seuls surnagent le MBP (Mouvement Bretagne et Progrès) de Troadec – qui bétonne avec quelque succès ses positions dans les alentours de Carhaix, au cœur du Kreiz Breizh – et avance régulièrement la cause politique et sociale d’une Bretagne plus unie, plus solidaire et plus forte, ainsi que l’association Bretagne Réunie, qui se place délibérément hors du champ politique pour ne se consacrer qu’à la réunification Bretonne.

Pourtant la solution pour assurer à la cause politique Bretonne une renaissance existe, nous la donnions en analysant les résultats des législatives : plus de réalisme et moins de dogmatisme. En 1972, un auteur majeur du nationalisme breton écrivait « Dogmatisme, sectarisme, c’est le virus de l’Emsav (…) Il faut apprendre à tolérer que le voisin ne pense pas en tout comme on pense soi-même. La Bretagne sera-t-elle un jour autre chose qu’un panier de crabes ? » Depuis, rien n’a changé. Il est grand temps de muter enfin, de mettre le nationalisme politique au diapason des Bretons d’aujourd’hui et de leurs ancêtres, déterminés dans leurs idées, leurs racines et leurs combats mais qui ont su éviter au peuple Breton le fléau des guerres de Religion qui a ravagé et ruiné deux bons tiers de la France, de la Normandie à la Lorraine et de l’Artois à la Provence.

Les Bretons ont besoin de savoir qui leur parle : les mouvements politiques Bretons sont donc dans le devoir d’effacer leurs divergences pour se rassembler sous une seule bannière, parler d’une seule voix au nom d’une seule entité globale. Les Bretons ont besoin de se sentir épaulés dans leurs problèmes au quotidien, face aux dérives d’un Etat qui n’hésite pas à se montrer – comme encore récemment à Notre-Dame des Landes – sous son jour le plus antidémocratique, le plus colonial et le plus policier. Mais aussi face à l’immense désespoir et à la perte d’horizons que suscitent la crise économique et l’incapacité de ceux qui prétendent diriger la France à trouver sinon des solutions, du moins des palliatifs pour passer le plus fort de la tempête. Les nationalistes Bretons doivent donc, d’urgence, investir les terrains économiques et sociaux, redécouvrir cette Bretagne réelle et combative dont ils se réclament, mais qu’ils refusent de voir, s’engager dans le travail ardu et quotidien du terrain. Enfin, les Bretons ont besoin de se voir offrir une alternative politique qui soit plus propre, plus démocratique et plus efficace que le système existant. Ce que KAD – dont l’un des fondateurs a été condamné pour un délit de droit commun et un autre, encore récemment, pour escroquerie – ne peut décemment offrir.

Rendue sans objet par l’absence d’unité politique, incapable de faire avancer la nécessaire mutation de la branche politique du nationalisme Breton – décidément essentiellement porté par la sphère familiale, le rapport au fait religieux et la force de sa culture – et dans l’impossibilité, à cause du sectarisme et des turpitudes de certains de ses dirigeants et fondateurs, à pouvoir efficacement interpeller et convaincre les « décideurs », KAD n’a plus aucune raison d’exister.

Au contraire, alors que la Bretagne se sent de plus en plus forte et de plus en plus unie, alors qu’ensemble, les Bretons des cinq départements se sont victorieusement opposés à un aéroport illégal, inutile et destructeur, alors que Rennes et Nantes multiplient les partenariats par-delà les frontières administratives (pôle métropolitain Loire-Bretagne, future fusion des universités de Nantes et de Rennes…), alors qu’une majorité des jeunes Bretons souhaitent l’indépendance (53%) plutôt que de rester dans un Etat qui n’a que du gaz à leur donner s’ils manifestent leur désaccord, alors que dans les grands courants qui électrisent actuellement le pays et le rendent chaque jour plus prêt à une nouvelle (contre-)révolution, il y a aussi une formidable aspiration à l’autonomie locale, une revanche de la Gironde partagée par nombre d’élus, d’acteurs économiques et sociaux et de citoyens, bref, alors que la Bretagne n’a jamais eu autant de chances de se faire – enfin – entendre et respecter, le désordre des partis politiques Bretons, pléthoriques et coquilles vides, ainsi que de KAD qui prétend les représenter et les unir, ne fait que desservir les intérêts du peuple Breton.

Le 22 octobre, nous écrivions encore « Notre Bretagne est celle des employés qui se battent pour leur entreprise, des patrons qui luttent contre le surcroît de taxes, celle qui slalome depuis 1532 entre les bêtises et les édits du grand pays voisin, celle se fait arroser de gaz à Notre-Dame des Landes, celle qui prend l’initiative, celle qui porte haut la flamme de Ouessant à Clisson et de Légé au Mont saint Michel, celle qui s’adapte aux changements sans renier son identité ni sa Foi, celle qui créé malgré tout et maintient la Bretagne à la pointe de l’espoir et du progrès. » La Bretagne réelle peut largement se passer de KAD.

Bretagne Réunie fait échec à la propagande des Pays de Loire en Pays de Retz

9 Avr

 

Les saints ne sont guère cléments pour la propagande des Pays de Loire. Après Saint-Nicolas de Redon, Saint-Philbert de Grandlieu (et bientôt Saint-Nazaire?)  : un second débat sur les Pays de Loire en 2040 a été torpillé par les militants Bretons et la population, qui a montré sa très grande implication dans l’avenir de la région-croupion… en la boudant. Une trentaine de militants des comités nantais, du Vignoble et de l’est du Pays de Retz ont formé un barrage filtrant et pacifique pendant une heure et demie aux portes de la salle où devait se tenir le débat.

Barrage filtrant de Bretagne Réunie à Saint-Philbert de Grandlieu : photo Gilbert Engelhardt

Barrage filtrant de Bretagne Réunie à Saint-Philbert de Grandlieu : photo Gilbert Engelhardt

Joint par BreizhJournal, Raphaël Vinet, du comité Bretagne Réunie du pays de Retz, nous raconte sa manifestation : « nous étions entre vingt et trente. Les gendarmes ont mis en place des barrières à 100 m de la salle, au bout d’une longue allée. Or, comme il n’y a pas d’autre accès, on est restés là, à manifester et à distribuer des tracts ».  Les militants n’ont pas remarqué beaucoup d’affluence : « quelques petits flots de voiture, par moments, surtout des gens qui allaient aux salles de sport juste derrière ». Il y avait quelques élus – invités – et le président de la société de chasse. L’un de ces élus, passant le barrage filtrant, a lancé aux manifestants qu’il était tout à fait d’accord avec eux… c’est dire ! Quelques drapeaux hérissaient la manifestation : des gwenn ha du évidemment, un drapeau du pays nantais, deux du Pays de Retz et un drapeau européen « parce que nous ne pensons pas seulement qu’à nous replier sur notre petite Bretagne », explique Raphaël Vinet.André Corlay est lui allé jeter un œil dans la salle « il y avait six-sept personnes au plus dedans, en sus de Christophe Clergeau et d’une autre blonde du conseil régional ». La soirée s’est fini avec une vingtaine de personnes – élus compris – prêts à ‘‘débattre’’ entre convaincus, puisque quand les militants bretons ont levé le camp vers 20h-20h30, après avoir bu le verre de l’amitié (dont la matière première a été fournie par les bons soins du vigneron Philippe Cheneau, président du Comité des Vins Bretons)  quelques personnes ont pu rejoindre la salle.

La manifestation s’est passé dans une ambiance bon enfant, les manifestants discutaient aimablement avec les 7-8 gendarmes présents sur les lieux. Cependant, note Gilbert Engelhardt, « ils nous ont empêché de rentrer avec nos drapeaux et menaçaient de nous coffre si on le faisait ». Mais des membres de Bretagne Réunie sont entrés quand même dans la salle où ils ont diffusé leurs tracts. Les gendarmes n’ont aussi point voulu dire qui a donné l’ordre de faire un « sas » de sécurité. Cependant à moitié morts de rire, ils ont confié aux manifestants que « les gens dans la salle étaient moins nombreux qu’eux ». Les pays de Loire suscitent – visiblement – l’adhésion des foules !

Le seul heurt de la manifestation est du à un cadre territorial des Pays de Loire : cette blonde d’une trentaine d’année a interpellé d’un ton rogue les manifestants : « ce que vous avez fait à Saint-Nicolas de Redon, c’est une honte ! », provoquant un éclat de rire général, tandis que par-dessus les barrières des gendarmes, insensibles aux dispositifs policiers, parvenaient aux huiles des Pays de Loire les sons d’une veuze du Pays de Retz – variété locale de biniou – et de plusieurs cornemuses. Le prochain rendez-vous anti-propagande est déjà inscrit sur les tablettes, les calendriers et les almanachs de nombreux Bretons : le 13 mai de 19 à 21h30 salle Jacques Brel, avenue de Saint-Hubert, dans le 1er port de Bretagne à Saint-Nazaire.

La Bretagne a maintenant une Constitution

6 Avr
L'évolution des Bretons

L’évolution des Bretons

« La Bretagne n’a pas de papiers / Elle n’existe que si à chaque génération /Des hommes se reconnaissent bretons ». Maintenant, si, elle a un papier. D’importance. Rien de moins qu’un projet de Constitution. Ecrite par un homme. Un expatrié – pour faire mentir tous ceux qui, au sein de l’Emsav  croient qu’ils ne contribuent plus à l’effort de renaissance de la Bretagne.

Cette Constitution se nourrit à la sève du fédéralisme et de la démocratie. Elle veut faire de la Bretagne une fédération formée de ses neuf pays (et diocèses) historiques, eux même divisés en districts, communes et cantons. Un cadre : l’Union européenne. Une monnaie – complémentaire et solidaire – le lur. Une banque publique, une cour des comptes, une armée, une police – la Polis – un gouvernement fédéral collégial et une fête nationale le 19 mai. Entre autres. A la fois Constitution, code civil et des peines, code général des institutions publiques, ses 132 articles groupés en 25 titres, que vous pourrez télécharger au bas de l’article, offrent à la Bretagne un vivier d’idées nouvelles pour ses luttes et son renouveau.

L’auteur – Lionel Guillory – est fonctionnaire territorial dans la région lyonnaise, il a trente ans et est bientôt père. Ce Breton originaire de Pontivy a écrit son projet de Constitution seul, « en 5 ou 6 semaines à la fin de l’année 2012 ». Nourrie de fédéralisme et d’aspiration européenne, sa Constitution s’inspire du code civil français – l’inspiration est transparente dans l’article 34 – mais aussi « de la Constitution Suisse en grande partie, elle permet aux pays de Bretagne d’avoir une plus grande autonomie en matière linguistique comme par exemple en reconnaissant le Gallo ». Sa Constitution a pour but de « donner des droits spécifiques aux bretonnes et bretons, et de doter la Bretagne d’un régime parlementaire propre et spécifique à la Bretagne ». Lionel Guillory a fondé une association, qui est aussi un parti politique, l’Union Fédérale de la Bretagne,  dont le but est d’élaborer des institutions propres à la Bretagne. Il est aussi membre de plusieurs groupes de réflexion, notamment Bretagne Prospective, et l’Institut Culturel de Bretagne ; il envisage « éventuellement » de se porter candidat aux européennes de 2014.Projet de Constitution pour la Bretagne