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Le pouvoir a l’intention de semer le désordre dans la marche des Veilleurs samedi à Paris

31 Août
Veilleurs : attention, barbouzerie en cours !

Veilleurs : attention, barbouzerie en cours !

Exclusif. Non content d’interdire via la Préfecture de Paris  la marche des Veilleurs qui ont traversé la France, le pouvoir s’apprête, à y semer le désordre en vue de discréditer définitivement le mouvement pacifique et apolitique des veilleurs.

D’après nos informations, une unité d’infanterie de marine doit être mobilisée à Paris ce samedi 31 juillet. Les ordres qui ont été donnés aux soldats de cette unité sont clairs : s’infiltrer pendant la Marche des veilleurs demain, prévue le long des grands axes de la Défense à la Concorde. Cette marche pourrait réunir de nombreux veilleurs parisiens, en plus des marcheurs qui ont relié Rochefort à Nantes puis Sartrouville à Paris, courant août. Après l’infiltration, le but est de faire dégénérer la marche, et dès que ce sera le cas, tous les coups (matraques, gaz lacrymogène…) seront permis pour « rétablir l’ordre » ainsi troublé. Il reste à savoir pourquoi le pouvoir se donne tant de mal si les veilleurs ne représentent que quelques dizaines de milliers de personnes sur l’ensemble du territoire.

EDIT 18h00. Ce matin, l’unité en question a été convoquée pour un briefing et emmenée à Paris. Cependant, leurs officiers n’étaient plus si sûrs de la tenue ou non de leur mission. En effet, il y a eu des fuites, nombreuses, et cet article a contribué à donner l’alerte. Résultat des courses : l’ordre, qui pouvait être explosif s’il avait été exécuté, a été annulé et l’unité a réintégré sa caserne. De nombreux CRS ont été mobilisés sur le parcours de la marche des Veilleurs, dont près de 400 autour de l’Arche de la Défense. En pure perte, car actuellement des petits groupes de veilleurs s’écoulent le long des grands axes parisiens sans troubler en aucune sorte l’ordre public.

L’église de Notre-Dame des Landes vandalisée

23 Août
L'église de Notre-Dame des Landes

L’église de Notre-Dame des Landes

Il y a deux jours, l’église de Notre-Dame des Landes (Loire-Atlantique, Bretagne) a subi des actes de vandalismes, pendant la nuit. Les auteurs des faits ont défoncé une porte et sont entrés dans l’église, où ils ont brisé des objets, mais sans rien pouvoir voler. Ils sont repartis comme ils sont venus. Une plainte a été déposée et la municipalité a décidé de fermer l’église qui était ouverte les matins.

Les actes de vandalisme dans les églises sont une vraie calamité de la Bretagne l’été, mais touchent plus généralement des régions côtières ou des grandes villes. Par exemple, il y a quelques années, l’église du vieux et charmant village de Saillé, au milieu des marais salants guérandais, qui était ouverte tout le jour, a été définitivement fermée les jours d’été. Des jeunes touristes inconnus y avaient en effet pissé et mis le désordre.

Une 20e fête du Pain réussie à Saint-Omer de Blain

6 Août
Benoît Civel perché sur le four de Peslan termine le voligeage vendredi 2 août

Benoît Civel perché sur le four de Peslan termine le voligeage vendredi 2 août

Ce dimanche, la fête du pain à Saint-Omer s’est bien déroulée, et a attiré d’après le comité des fêtes audomarois, organisateur, près de 7000 personnes. Avec un four de moins que d’habitude – celui du bas de Peslan, en cours de rénovation – les cinq autres (haut de Peslan, Barel, la Rouaudais, la Haumée, le Bois Niel) ont cuit près de 2000 miches de pain pendant toute la journée du samedi et jusqu’à dimanche après-midi.

D’après Michel Blot, président du comité des fêtes de Saint-Omer, « la fête a bénéficié de conditions climatiques optimales : ni trop chaud, ni trop froid ». Avec la température estivale modérée de dimanche, le cidre Kerisac à la pression, nouveauté de cette année, et les boissons douces ont eu du succès. Finalement, le week-end festif et militant  de Notre-Dame des Landes n’a pas distrait tant de monde que ça de la fête du Pain, où les gens ont afflué vers la fin de l’après-midi et surtout le soir pour déguster les traditionnelles sardines grillées.
 

Travaux presque finis sur le four de Peslan

La cheminée rénovée et la charpente du four de Peslan

La cheminée rénovée et la charpente du four de Peslan

Comme nous écrivions en avril, l’ASPA – association de sauvegarde du patrimoine audomarois – a fait rénover le four du bas de Peslan, précédé de sa boulangerie. Un maçon salarié par l’association a remonté les murs à partir de la mi-hauteur pour le four et depuis le bas pour la boulangerie; ces derniers ont été recalés sur une structure en parpaings, qui sera cachée à l’intérieur par un enduit projet à l’ancienne. A l’extérieur les pierres resteront apparentes. Benoît Civel, un jeune de Peslan employé par l’entreprise de charpente Violin, s’est chargé de la charpente bénévolement, après son travail, et un couvreur lui aussi bénévole devrait venir clouer les ardoises sur la boulangerie la seconde semaine d’août.

Il ne restera plus alors qu’à laisser sécher le four pendant trois mois. Les marcheurs de la non moins traditionnelle randonnée découverte des fours, dimanche matin, sont venus découvrir le chantier et la très belle charpente en chêne de la boulangerie, cintrée et garnie de chevilles, « digne d’un compagnon du Tour de France » d’après Michel Blot. Le four sera en service l’année prochaine.

 

Partager la carte des fours à Saint-Omer de Blain

La justice refuse de suspendre les travaux de démolition de l’église à Gesté

12 Juil
L'église est loin d'être aux deux tiers détruite

L’église est loin d’être aux deux tiers détruite

Nous recevons à l’instant l’ordonnance de référé rendue ce midi par le tribunal administratif de Nantes. Le droit y cède à la force : puisque les travaux de démolition sont déjà engagés, le juge conclut qu’ils sont irréversibles et l’urgence est non de les arrêter, mais de les finir. L’association Mémoire Vivante du Patrimoine gestois (MVPG) envisage de se pourvoir en cassation, ce qui est le seul recours possible afin de sauver l’église, dont la mairie a commencé en juin les travaux de démolition.

En examinant de plus près la requête, l’on constate que le juge administratif Chupin – qui avait déjà donné tort à l’association en 1e instance en 2011, lorsqu’elle contestait le permis de démolir de l’église annulé par la suite par la cour d’appel – constate cependant que la délibération municipale du 6 mai 2013 autorisant la démolition et la reconstruction de l’église « n’a pas été complètement exécutée » puisque « il n’est pas établi (…) que les entreprises chargées de la reconstruction aient été désignées ».

 

Une brèche juridique importante dans la protection des églises en péril

le choeur de l'église

le choeur de l’église

Dans un prodigieux élan de mauvaise foi judiciaire, le juge écrit « il a été établi à l’audience que la nef est désormais démolie (…) que les travaux de déconstruction (…) sont ainsi largement avancés et présentent un caractère irréversible (…)  il y a urgence désormais que les travaux de démolition-reconstruction soient achevés ». L’argument est simple : puisque les travaux de démolition ont commencé, ils doivent finir. Avec de telles raisons, n’importe quel monument français – protégé ou non – peut être démoli. La brèche juridique est d’importance et devrait permettre – sauf arrêt contraire du Conseil d’Etat dans les prochains mois – que bien d’autres églises françaises laissées à l’abandon par leurs mairies et paroisses respectives tombent – près de 200 sont ainsi en première ligne.

La nef de l’église n’est pas détruite. Seuls manquent le mur pignon ouest, la charpente et la moitié de la hauteur du mur sud. Le mur nord de la nef, le chœur, le clocher et la crypte sont intacts. Une réalité matérielle qui n’impressionne pas le juge administratif, qui ne se fonde que sur le rapport d’huissier du 25 juin 2013 favorable à la mairie et balaie toutes les pièces (versées au dossier) qui permettent de cerner l’état de dégradation de l’édifice avec précision, notamment le rapport récent de l’APAVE dont nous parlions dans le compte-rendu de l’audience du TA de Nantes du 8 juillet.

Quand le droit décline, le citoyen est seul maître du jeu

Vitrail armorié. L'église compte 3 chapelles privées, pour autant de châteaux. Les châtelains y accèdaient par des salles situées juste dessous, au niveau de la crypte

Vitrail armorié. L’église compte 3 chapelles privées, pour autant de châteaux. Les châtelains y accédaient par des salles situées juste dessous, au niveau de la crypte

La décision du juge administratif de Nantes s’inscrit dans la longue spirale du déclin du droit : celle qui favorise, avec la complicité de l’inertie administrative et de la collusion des intérêts du pouvoir et des bétonneurs, le saccage des littoraux en Corse, en Provence ou en Bretagne. Celle qui reprend une à une les jurisprudences favorables aux associations et aux riverains qui espèrent protéger l’Histoire, l’environnement et leur cadre de vie. Celle qui sacrifie les libertés fondamentales aux intérêts des multinationales du béton, quitte à multiplier les illégalités flagrantes  et le déni de justice, comme ça a été le cas plusieurs fois dans la mise en œuvre de l’aéroport de Notre-Dame des Landes ou du moins des tentatives du pouvoir pour essayer de se rendre maître du terrain.

Lorsque la justice décline, que le droit s’efface devant la collusion des intérêts des puissants et de ceux qui sont censés les juger et les contrôler, l’initiative revient aux citoyens. Soit ils se plient au joug du servage, et perdent ce qui leur reste de mémoire et d’Histoire, soit ils se rebellent. L’exemple le plus lumineux peut-être vient de la Russie : la privatisation sauvages des années 1990 à fait s’effondrer l’Etat et a dépeuplé les campagnes. De nombreux monuments historiques sont à l’abandon, des églises gisent à demi-effondrées au-dessus des squelettes de bois des villages désolés ; des immeubles XVIIIe et XIXe s’effondrent dans les villes, et sont périodiquement brûlés par les promoteurs avides. Pourtant, il y a des citoyens qui vont au-devant des pelleteuses, qui agissent sur tous les leviers judiciaires et civils, il y a des gens qui donnent de leur temps pour rebâtir et faire refleurir l’église de leur village – ou d’ailleurs. Des milliers de monuments s’effondrent, mais ces vingt dernières années,  des milliers d’autres ont gagné des restaurations qui les feront repartir pour des siècles, ou ont été sauvés – de justesse souvent – de la démolition.

Si les Russes, libérés du servage en 1861 et sur lesquels se sont abattues toutes les calamités du XXe siècle – deux guerres mondiales, une guerre civile et un régime totalitaire meurtriers, sans oublier une privatisation mafieuse qui a imposé une décroissance forcée au pays – se montrent capables de combattre et de sauver leur patrimoine en péril, les Français, et plus encore les habitants de l’ancienne Vendée militaire baisseront-ils la tête devant leurs élus auréolés de leur vaine gloriole ? L’avenir seul le montrera : en attendant que le Conseil d’Etat se prononce, il ne reste qu’une solution aux défenseurs de l’église, qu’ils soient de Gesté ou d’ailleurs. Se porter au devant des pelleteuses fin août, et prier.

Lire aussi notre article de fond sur l’affaire de Gesté

Télécharger l’ordonnance de référé

NDDL : les experts scientifiques mettent un coup d’arrêt au projet d’aéroport

9 Avr

Lorsque la commission de dialogue avait été créée, elle a été flanquée de deux autres comités, un chargé d’évaluer les impacts sur les terrains agricoles, l’autres sur la biodiversité, les zones humides et l’adéquation du projet au droit européen. Ces trois rapports ont été rendus en même temps. Si la commission de dialogue proprement dite sert de faire-valoir politique au gouvernement Ayrault en légitimant le projet le comité scientifique l’enterre complètement.

Dans son rapport, dès l’introduction, les éminents scientifiques condamnent la méthode de compensation des zones humides qui a servi de fondement au projet. Ils demandent que la compensation soit entièrement recalculée. Par conséquent, nous explique le juriste en droit de l’environnement et professeur de droit Dorian Piette, « cela oblige les porteurs du projet à se conformer – enfin ! – au droit de l’environnement actuel » sur lequel le projet s’asseyait allègrement  « et, puisqu’il y a nouvelle méthode, nouveaux documents administratifs et nouvelle déclaration d’utilité publique, il faut une nouvelle enquete publique ». Ce qui donne automatiquement plusieurs mois de retards au projet.

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Tous les arguments des opposants reconnus

Coup de tonnerre pour Ayrault et Auxiette, l’aéroport Notre-Dame des Landes pourrait bien ne jamais décoller. En effet, la compensation des zones humides est impossible sur place – 97% du site étant composé de zones humides. La commission a relevé que le risque de crues était complètement ignoré et que bétonner cette immense éponge qu’est la ZAD aurait de graves conséquences sur les bassins versants de la Loire et de la Vilaine via l’Erdre et le Canal où s’écoulent les deux grands cours d’eau qui viennent du plateau qui devait accueillir l’ex-futur aéroport de Nantes : le Plongeon (au nord) et le Gesvres (au sud). Donc que le projet d’aéroport nécessitait que l’on consulte bien plus que les populations des communes riveraines. « Bref », résume Dorian Piette, « tous les arguments des opposants contre le projet fondés sur le risque pour la nature, le réseau hydrographique, l’incompatibilité avec la loi sur l’eau, les espèces naturelles, tout, a été relevé et reconnu par le comité d’experts. C’est une victoire sur toute la ligne pour les opposants et une reconnaissance du caractère bâclé du projet ».

Pas de travaux possibles, donc pas d’expulsions

Par conséquent, avec le rapport de la Commission scientifique, la reprise des travaux n’est plus possible sur le site de la ZAD… avant que le projet ne soit éventuellement mis en conformité dans de longs mois. Ce qui règle naturellement la question des expulsions d’après Dorian Piette : « les travaux ne peuvent pas reprendre ; or les expulsions sont censées être légitimées par les travaux ; pas de travaux, pas d’expulsions. »

Du grain à moudre pour l’Europe

Le 20 mars, la Commission des Pétitions du Parlement Européen s’était officiellement saisie du dossier et avait demandé d’ici la mi-avril un complément d’information à l’Etat français. Même si la réponse de l’Etat n’est pas encore arrivée, le rapport des experts constitue un argument-massue pour les instances européennes afin de contester la pertinence du projet d’aéroport et forcer la France à se conformer au droit européen. Même si Jean-Marc Ayrault a déclaré qu’il allait modifier le projet, mais le maintenir, tôt ou tard, il devra se rendre à l’évidence : il est impossible de poursuivre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes à Notre-Dame des Landes même. La grande chaîne humaine du 11 mai autour de la ZAD a donc de grandes chances d’enterrer définitivement le projet.

 

Télécharger le rapport du collège d’experts   

Fay de Bretagne : le pont de Villhouin sera consolidé

26 Jan

Le village de Fay de Bretagne (Faouell) en Loire-Atlantique abrite, tout à l’ouest de son territoire, en limite de Bouvron, une petite merveille cachée. Un pont dit « romain », à Vilhouin, qui est en fait gothique (XIIIe-XIVe siècle) et se trouve tout au bout de la retenue d’eau du même nom (sur le territoire communal de Bouvron) qui alimentait jadis deux moulins à foulon.

Le pont de Vilhouin est perdu dans les arbres et les broussailles, et depuis longtemps, certains demandaient à éclaircir la jungle locale. Seulement, « si on abat les arbres, le pont tombe », nous précise Mme Sardais, maire de Fay. Les racines des arbres se sont en fait étroitement mêlées aux fondations du pont. Une consolidation a été budgétée par la mairie et sera réalisée en 2013. Les conditions techniques du projet ne sont pas encore connues et un cabinet d’études sera missionné. La commune aurait un autre pont ancien, qui fut consolidé il y a une vingtaine d’années et qui se ruine, à l’est de son territoire près du carrefour de l’Arche du Fouan.

Un pont rebaptisé à Rennes

21 Jan

Depuis quelques temps, les militants opposés à l’aéroport Notre-Dame des Landes ont pris l’habitude de rebaptiser telle ou autre voie publique « rue Notre-Dame des Landes » ou « place Notre-Dame des Landes ». A Rennes, ce matin, un pont a été rebaptisé. Mais pas par eux. Par des militants Bretons  qui n’ont rien d’autre à faire que de faire la publicité d’un certain Polig Monjarret ?

Non plus. Un indice : la passerelle Saint-Germain – puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a monté en grade. Toujours pas ? Un autre : l’opération a un lien direct avec ce qui s’est passé il y a 220 ans à Paris. Vous y êtes ? Alors quel est le nom du capitaine ? Bon, nous vendons la mèche. Ce matin, c’est l’Action Royaliste rennaise qui a rebaptisé  la passerelle pont Louis XVI. Avec un drapeau fleurdelysé sur la Vilaine et une modeste affiche posée sur la plaque des jumelages rennais. Façon comme un autre de rendre hommage au roi martyr.

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Des dizaines de milliers de Bretons à la Manif pour tous

16 Jan

11 heures. Aux abords de la barrière de péage de Saint-Arnoult, il y a un gros bouchon. Avant et après, des files de bus stationnent longuement. Une demi-heure pour passer la barrière, une autre pendant laquelle des motards de la Préfecture trient les bus en files pour leur ouvrir la voie. Prioritaires, les bus qui viennent de loin, Brest, Marseille ou Biarritz. En queue de ligne, Orléans, Châteaudun, la Chapelle Basse Mer, Nantes ou Fougères. Une voiture double le tout, lentement, en klaxonnant. Un Gwen ha Du dépasse par une fenêtre. Immatriculation 29, voilà la Bretagne qui vient envahir Paris.

A la barrière de Saint-Arnoult en Yvelines

A la barrière de Saint-Arnoult en Yvelines

Treize heures. Ici c’est Paris. Enfin, la banlieue. L’autoroute plonge sur les vallons de Sèvres et de Suresnes, les convois de cars aboutissent péniblement au Pont de Sèvres et stagnent. Même à voie ouverte par les gendarmes, feux rouges ignorés, la traversée de Boulogne, puis du tunnel de la porte de Saint-Cloud dure une petite heure. Des bouchons partout. Quatre portes du périphérique sont fermées, si ce n’est aux cars de manifestants. Paris s’étouffe dans des bouchons. Sur le bas-côté, un chauffeur de taxi s’engueule avec deux gendarmes, qui lèvent les bras au ciel. Enfin Paris. Des cars garés en triple file avenue de la Grande Armée jaillissent des cohortes de manifestants qui s’engouffrent dans les ruelles du XVIe ou rejoignent la Porte Maillot. C’est l’un des quatre départs de la manifestation (Place Denfert et Place d’Italie, + place Pinel pour le cortège de Civitas). C’est le point de rendez-vous assigné à l’ensemble des cars de la Bretagne et du centre-ouest de la France.

Des jeunes manifestants de Nantes

Des jeunes manifestants de Nantes

13h30. La rue Pergolèse est trop petite pour le flot de manifestants beaucerons et berrichons qui s’y pressent. Auprès d’un adjoint au maire de Brou (Eure-et-Loir), non signataire de l’appel des maires pour l’enfance – opposé au projet de loi – mais « venu pour marquer son attachement à l’institution de la famille », un drapeau Breton. Jean-François ne vient pas de Nantes, mais de Belle-Isle en Terre, petite commune du Trégor dans le département des Côtes d’Armor.  Ce qui l’amène à Paris, ce n’est pas la religion – « il n’y a pas plus athée que moi et ma famille », nous confie-t-il, mais la République. « C’est une loi bâclée, qui fiche en l’air la famille et la société ». Pour venir, il a enduré près de sept heures de route, en car. Nous sommes rattrapés par une vingtaine de jeunes filles, qui marchent d’un bon pas, tenant une banderole libellée « Made in Papa+Maman, Nantes avec la Manif Pour Tous ». C’est le 25e car de Nantes – ce matin, il en est parti 32 de la capitale de la Bretagne, dont 2 rajoutés à la dernière minute – presque que des jeunes de la ville. Anne est au lycée de la Perverie, au nord de la ville, sur le rebord du plateau Saint-Félix. Avec ses copines, elle est venue manifestée contre une loi « qui se fiche du bon sens ». Avec une joie pleine d’allant, elles chantent « Ayrault, si tu savais, ta réforme, ta réforme… ».

breizhIl est 14h et des flots de Bretons se déversent dans l’avenue Foch, par toutes les petites rues affluentes, comme l’avenue Pergolèse. Les slogans sont repris d’un bout à l’autre de cette vaste avenue devenue une grande cour de la nation Bretonne. Perché sur un sac dominé par un drapeau d’hermines, un enfant sur les épaules de Philippe, venu le matin même avec l’un des 23 cars du Morbihan. Rassemblés autour de leurs pannonceaux distinctifs, les voici qui défilent, hérissés d’hermines, et de petits panneaux « La manif pour tous ».  Défilent, c’est une façon de dire, parce que devant, la manif se tasse boulevard Lannes. En une heure, l’on avance de trente mètres. Perdus au milieu des Bretons, quelques groupes compacts de Vendée, de Corrèze – y compris de la ville de Tulle, fief électoral de Hollande – et du Loiret. Dans la cohue, Matthieu, costarmoricain installé dans l’Eure et Maria, mosellane, défilent eux aussi sous les bannières noires et blanches. La famille est pour eux « une institution que la société doit absolument protéger, et défendre. C’est la base de la société, et l’on ne peut la mettre en danger pour une revendication soutenue par quelques milliers d’activistes, au mépris de la volonté du plus grand nombre ». Le matin même, un sondage publié affirmait que 50% des Français s’opposaient au mariage homosexuel, et que 55% d’entre eux s’opposaient à l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels. C’est ce que Laurent, venu de Montaigu, commune aux confins de la Vendée et de la Bretagne, dénonce : « c’est un projet clivant, imposé alors qu’il y a bien d’autres urgences, et sans consulter personne… bonjour la démocratie ! ».

bd lannes15h00. Si l’UNEF est retranchée à Paris-Dauphine, elle peut se faire du souci. Les herses de l’université sont abaissées, les troupes Bretonnes et du Loiret en font le siège ensemble pour bouter l’UNEF hors de là. Plus sérieusement, sur les 960 mètres de long du boulevard Lannes, il n’y a – quasiment – que des Bretons, dont une délégation complète et compacte de Brest, tandis que le Loiret s’empile avenue du Maréchal Fayolles et avenue de Pologne, sur les deux autres côtés de l’immeuble de la faculté, du plus pur style soviétique. Manteau rouge, porte-voix orné d’un autoc’ de la CGT, Alice, l’une des responsables de la Manif pour Tous dans le Loiret, cherche à retrouver ses ouailles. Les voici d’ailleurs, complètement à l’arrêt devant un groupe de rennais. Jacques, hampe d’un Gwen ha Du sur l’épaule, militant socialiste, est venu « défendre la République  qui ne soit pas celle des individualistes et des revendications des groupuscules d’influence mais qui, généreuse et solide, protège les bases de la société ». Sofiane est venu de Bellevue, près de Nantes, avec un ami, Abdel, de Seine-Saint-Denis. « Notre imam en a parlé », dit ce dernier. Sofiane dit la « répulsion » que lui inspire le projet de loi. « Les homosexuels sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais ça ne peut pas s’appeler mariage, ce n’est pas possible, et ce n’est pas bien », dit-il en montrant le ciel d’un geste.

Il est 15h30, et les manifestants partis à 13h de la Porte Maillot, de Denfert, de la Place Pinel et de la Place d’Italie arrivent sur le Champ de Mars qu’ils commencent à remplir peu à peu. France de Lantivy, responsable de la manif pour tous en Loire-Atlantique, est à l’entrée du pont de l’Alma, plein à craquer. « C’est une formidable réussite ! », clame-t-elle, heureuse, par-dessus le bruit de la foule. « De nombreuses personnes sont venues, dont c’est souvent la première manif’. On est auprès du Pont de l’Alma, il y a un monde fou partout, une partie des manifestants de Loire-Atlantique sont ici à mes côtés». Ce jour-là, les trains depuis Nantes ont été pris d’assaut, 3.000 personnes sont venues par cars, des milliers d’autres ont rallié Paris depuis le 44 en voiture.

16 h et des poussières. C’est en compagnie de l’un de ces primo-manifestants que nous coupons à travers les petites rues de Longchamp pour rejoindre le Trocadéro. Thibaut vient en car d’Orléans, mais est originaire de Lorris dans le Gâtinais ; il se sent « super-bien », pour ce qui est sa première manif. « Bah oui, j’ai toujours été dans la majorité avant ». Le voilà maintenant, à hurler « Hollande, ta loi, on n’en veut pas », d’un même élan que plus de 500.000 poumons. A une fenêtre, six étages au-dessus de la manifestation, un drapeau Breton et une pancarte « Filiation Papa + Maman » apparaît, sous les toits de Paris. Vallès, reviens ! Un curieux drapeau, croix blanche sur fond bleu, avec un quartier à l’hermine sur fond rouge, domine la place du Trocadéro ; c’est celui de Saint-Malo. Ni Breton, ni Français, Malouin suis, proclame depuis plus de cinq siècles la devise de la fière cité. « Sans doute », rit Bénédicte, « mais attachés à la famille naturelle nous sommes ».

Presque 17 heures. Des marches du Trocadéro, l’on devine le Champ de Mars, noir de monde sous les pieds de la Tour Eiffel. Les cars s’empilent déjà, là devant, sur l’esplanade des Invalides et jusque dans le boulevard Saint-Germain. Coupant sur le trajet effectif de la manif, des centaines de gens descendent depuis le Trocadéro alors que l’avenue Mandel, les quais et le Pont de l’Alma sont bourrés à en craquer. Parmi eux, Florent Montillot (secrétaire général adjoint de l’UDI), adjoint au maire d’Orléans, en écharpe de conseiller général, venu pour « défendre les valeurs de la famille et de la République ». De nombreux élus, maires ou conseillers municipaux principalement – 5000 selon les organisateurs, dont une centaine de Bretagne – sont venus à la manifestation.

champ de mars

Des dizaines d'élus devant la scène.

Des dizaines d’élus devant la scène.

17h30. Alors que la Tour Eiffel se pare de sa résille d’or, Estelle et Léa, deux homosexuelles de Bretagne expliquent pourquoi, contre toute attente, elles sont dans les rangs de la Manifestation pour Tous « Cette loi, nous, on n’en veut pas. Il y a quelques milliers d’activistes sur Paris et quelques dizaines dans les grandes villes de province, Rennes, Bordeaux, Lyon, Nantes etc. qui demandent le mariage à grands cris. Ils ont beau faire du reuz, ce n’est pas ce qu’on veut, nous, ce n’est pas les problèmes qu’on a, nous. Qu’ils redescendent sur terre ! Nul besoin de fiche l’Etat par terre pour répondre à nos besoins, une réforme du PACS suffira ! ». A ce moment même, le Champ de Mars s’embrase d’une houle bleue. Des dizaines de milliers de personnes secouent leurs pancartes bleues de la Manif pour Tous tandis que depuis la grande scène, Frigide Barjot, Xavier Bongibault et d’autres porte-paroles de la manifestation lancent le chiffre de 800.000 manifestants, « et encore, tout le monde n’a pu être compté, c’est un minimum ». Sur la pelouse du Champ de Mars, c’est la folie. Enfin, la ci-devant pelouse, paix à son âme, puisque elle est transformée en boue depuis au moins une heure ; mis hors d’état de nuire pendant deux jours suite au succès de la Manif pour Tous, le maire de Paris, ardent partisan du projet de loi, vient de réclamer 100.000 € – soit presque l’équivalent du budget annuel consacré par la ville de Paris à l’entretien du Champ de Mars  au ministère de l’Intérieur qui a autorisé la manif. Au moins est-on sûr d’une chose : pour piétiner ainsi, il n’y avait pas 340.000 manifestants ce jour-ci, mais bien au moins 700.000. Civitas, de son côté, a réuni entre 25.000 et 40.000 manifestants dans son cortège.

Pont de l'Alma à 18h

Pont de l’Alma à 18h

18h00 Du pont de l’Alma débouchent encore, à chaque minute, des milliers de manifestants, alors que des milliers d’autres tentent de sortir de Paris, dont toutes les sorties sud et ouest sont bouchées sur une dizaine de km. Caroline et Gérard, drapeau Breton sur les sacs, sont venus en couple depuis Nantes, « pour la République ». Bien que catholiques pratiquants, ils coupent sèchement toute allusion à la religion, « ce n’est pas le débat », conformément aux directives des organisateurs, qui ont tout fait pour verrouiller la com’  au risque d’opérer un hold-up républicain et athée sur une mobilisation qui repose au départ sur la protection des fondements d’une civilisation inspirée par la Foi, la sauvegarde des dernières limites qui ont résisté à la toute-puissance de la République et de la loi qu’elle impose, même contre la nature des choses. Au débouché du pont, la famille Henry – dix enfants, dont neuf sont présents – vient de la campagne de Mayenne, aux confins du Maine et de la Bretagne. Pour eux, la religion n’est pas un tabou « Notre foi raffermit notre conviction. Il faut empêcher cette loi, parce qu’une fois la famille abattue, que restera-t-il ? ». Un char passe à pleine allure – quelque chose comme 5 km/h, animé par des jeunes de Nantes. Auprès d’un panonceau « La Manif pour Tous, Nantes » un Kroaz Du – croix noire sur fond blanc, le pavillon de guerre des Bretons, se balance à la brise du soir. Au pied d’un feu tricolore dépassé par les événements, Elodie, de Saint-Nazaire, devise avec des amis. « Recommencer ? Quand on veut… demain, s’il le faut ! ». Pêchu, le peuple jeune, cette majorité silencieuse ignorée des médias et des sondages, a parlé. Pour la famille, pour l’enfant, la filiation et la société, ils recommenceront, et cette fois, Paris sera trop petit pour eux.

NDDL : la Chat Teigne va perdre son rempart de tracteurs

12 Jan

Ce dimanche, le collectif COPAIN44 (collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par l’aéroport) va déplacer ses 50 tracteurs qui depuis le 25 novembre s’étaient déployés en rempart autour de la Chat Teigne, dite aussi la Châtaigne ou la Châtaigneraie. L’opération, qui devrait avoir lieu à partir de 14h, ne manque pas d’inquiéter tous ceux qui pensent que la ZAD va se retrouver sans protection.

Omniprésents dans la lutte, les tracteurs sont la marque visible du soutien du monde paysan

Omniprésents dans la lutte, les tracteurs sont la marque visible du soutien du monde paysan

Dans les faits, comme nous l’explique Dominique Guitton, du collectif COPAIN44, le but de l’opération est de « rendre mobiles » les tracteurs, qui sortiront du site de la   Chat Teigne, le village construit à partir du 17 novembre à l’ouest du Bois de Rohanne, et selon le communiqué du collectif, « se déploieront sur la ZAD ». Dans les faits, ils seront déplacés sur un lieu, tenu pour l’heure très secret, et « par la suite, sur un autre lieu encore », précise Dominique Guitton. Le déplacement des tracteurs, périodiquement démarrés et entretenus, devrait prendre environ deux heures et laisser quelques belles ornières, le site étant très boueux.

 

Des bruits de botte sur la ZAD

L’opération intervient alors même qu’une opération conjointe devrait être menée la semaine prochaine par la police et la DDE sur la ZAD, en théorie, pour dégager la RD281 et la rendre à la circulation. Cette route est actuellement fermée par arrêté du président du Conseil Général Philippe Grosvalet – arrêté d’ailleurs entaché d’illégalité puisque les consultations légalement nécessaires, à savoir les avis consultatifs des maires des deux communes concernées, ne semblent pas avoir été effectuées. Sur place, la route est obstruée par des « chicanes », des barrières qui empêchent le passage sur une partie de la route, et entre lesquelles il faut slalomer, au ralenti. Des voix s’élèvent parmi les paysans pour rendre cette route à la circulation normale.

Hier et aujourd’hui, des forces de l’ordre se sont positionnées près de la RD81 et du chemin de Suez, au niveau de l’ancienne ferme du Rosier. D’autres ont progressé dans les champs à la lueur de leurs frontales, un « entraînement », de source policière. Des « coups de sonde » sont aussi discrètement opérés en ce moment pour « évaluer la résistance » des opposants et évaluer les chances de voir l’opération de dégagement de la RD281 perturbée. D’après d’autres informations très confidentielles, les forces de l’ordre pourraient aussi être missionnées pour éviter la prise de contrôle par les opposants d’un nouveau lieu de vie, « en dur« , dans la ZAD.

« Nous estimons qu’il n’y a pas de danger immédiat pour la   Chat Teigne », nous déclare Dominique Lebreton, autre membre du collectif COPAIN et agriculteur de Loire-Atlantique. En effet, il faut légalement un jugement d’expulsion pour vider la Chat Teigne. Cela dit, une menace pèse toujours sur le village : une ordonnance d’expulsion doublement nulle (en compétence et sur le moyen de droit) mais qui n’a pas été rapportée. La Préfecture de Loire-Atlantique a simplement déclaré qu’elle ne l’utiliserait pas. Cependant, si elle est mise en œuvre de vive force, la reconnaissance judiciaire des torts causés (voie de fait) prendrait des mois, et il est fort peu probable qu’un juge demande la reconstruction de la Chat Teigne. « S’il faut que les tracteurs reviennent, ils seront là pour protéger à nouveau le village », conclue Dominique Guitton.

Des vœux de… pas trop mauvaise année

Certains comités locaux ont repris à leur compte l’idée de perturber les vœux de début d’année dans certaines villes. Ainsi, à Mouais, soixante opposants des comités locaux de Derval, Saffré, Nort, Nozay, Châteaubriant, sont venus perturber les vœux  du maire Yves Daniel, aussi député (PS) de la 6e circonscription. Celui-ci en a profité pour rappeler qu’il était favorable au projet d’aéroport et que ce sont « les violences des opposants » qui lui « font peur ». Résultat des courses, la mairie de Notre-Dame des Landes a annulé, « par sécurité » ses vœux. Ceux de Fay-de-Bretagne se sont tenus sans encombre le 5 janvier et ceux de Vigneux se sont tenus aujourd’hui à 11h.

A Couëron, ville d’un autre soutien indéfectible du projet, Jean-Pierre Fougerat, des agriculteurs de la ville et des opposants se sont installés à l’entrée de la salle où le maire faisait ses vœux et disait – le plus sérieusement du monde – que la métropole nantaise était un « modèle » de ville verte. Les voeux ont aussi été perturbés hier à Villefranche-de-Rouergue et à Angers, le 8 janvier au soir, en présence de Jacques Auxiette. Bonne Année quand même !

Bruxelles hostile à l’indépendance de l’Ecosse

27 Déc

José Manuel Barroso multiplie les interventions ces derniers temps contre l’indépendance de l’Ecosse. Il a dernièrement affirmé que l’adhésion de l’Ecosse à l’UE ne sera en rien automatique, bien qu’une Ecosse indépendante soit « appelée » à y adhérer. La Commission  exige la clarté des institutions et des statuts de l’Ecosse indépendante, mais elle souhaiterait en même temps que le Royaume-Uni demeure « entier ».  Pourquoi ? Parce qu’elle estime que la création de cet Etat risque de « renforcer le phénomène d’une Europe à deux vitesses ». Crainte qui paraît injustifiée : l’Ecosse est – sur le plan économique – un pays d’Europe du Nord qui sera le 6e plus riche d’Europe après son indépendance.

yesscotland3La vraie raison est à chercher ailleurs. Dans un rapport nommé  écrit pour l’European Policy Centre en octobre par Arno Engel et Roderick Parkes, l’on découvre la vérité. Bruxelles essaie d’empêcher l’indépendance de l’Ecosse pour éviter un précédent.  La « balkanisation de l’Europe », ou son éclatement selon les minorités nationales est un phénomène dénoncé par plusieurs états membres disposant de fortes minorités internes : Chypre (Turcs), Grecs (Turcs, Bulgares et Macédoniens), Roumanie, Slovaquie (Hongrois), Espagne (Basques et Catalans). La France, elle aussi concernée joue de son influence discrète.

Cette démarche, formée d’avertissements successifs aux opinions anglaise et écossaise, et de pourparlers tendus avec le gouvernement écossais d’Alex Salmond, deux ans avant le référendum pour l’indépendance prévu en 2014, est envisagée comme un préalable. Si le processus d’indépendance poursuit son cours, l’on ne pourra pas reprocher à Bruxelles de ne pas être intervenue.  D’autant plus que l’indépendance de l’Ecosse – et de la Catalogne – trouve des appuis parmi les jeunes états nations de l’Europe (Etats Baltes, Slovénie), les nations qui ont dû lutter longtemps pour gagner leur liberté (Pologne) et celles qui ont des minorités nationales enclavées dans d’autres pays qui souhaiteraient rejoindre l’Etat de leur peuple (Hongrie, Bulgarie).

Les discussions se concentrent maintenant sur un point plus épineux : le statut de l’Ecosse vis-à-vis de l’UE. En effet, bien que les Ecossais n’aiment pas beaucoup Margaret Thatcher, ce sont les avancées qu’elle a arrachées à l’UE – contribution moindre et aides supérieures – qu’ils prétendent vouloir conserver, au risque de devenir un « nouveau vieux membre » de l’UE et de renforcer des inégalités qui hérissent déjà substantiellement les Etats voisins, dont la France. La Commission essaie d’obtenir de l’Ecosse, par la menace comme par les promesses, qu’elle abandonne les particularités consenties à l’Angleterre et se conforme au processus d’adhésion commun.

Le rapport fait pour l’EPC s’interroge sur la démarche de Bruxelles posée sur la rigidité des règles de l’Union et qui consisterait à « punir » un Etat légitimé par la volonté populaire et par le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’EPC estime que la rigidité de Bruxelles prouve sa « faiblesse » et sa peur devant le phénomène des indépendances en Espagne et au Royaume-Uni, et appelle l’UE à « adapter selon les circonstances » les règles tirées de ses traités pour « intégrer au mieux » les nouveaux Etats appelés à naître sur le continent. Car les difficultés subies par l’Ecosse le seront aussi par la Catalogne, dont le peuple est déterminé à former le « next european state » (le prochain état européen), si la position de Bruxelles n’évolue pas.

Corse-Matin ne sera pas Breton mais baissera les impôts de Tapie

20 Déc

Nous annoncions que le milliardaire Breton Pinault s’intéressait aux titres méridionaux du groupe Hersant, en vente (la Provence, Var Matin, Corse Matin et Nice Matin). Finalement, c’est Bernard Tapie et la famille Hersant qui emportent la donne pour 50.5 millions d’€ dont 25 apportés par Tapie.

Cet accord devra être présenté au tribunal de commerce et homologué par celui-ci pour entrer en vigueur. Laurent Tapie, le fils de l’acquéreur, a subi très récemment un contrôle fiscal. Deux raisons expliquent très probablement le renouveau d’intérêt de Tapie pour la presse : l’envie que certains lui prêtent de se présenter aux municipales à Marseille en 2014 et une probable opération de défiscalisation.

tapie_bayrou_credit_lyonnaisEn effet, comme l’explique Jean Stern dans son dernier livre intitulé « les patrons de la presse nationale : tous mauvais », la presse est une efficace niche fiscale, à condition qu’elle marche le plus mal possible. Grâce à de savants montages élaborés par des équipes d’avocats fiscalistes qui multiplient les holdings, les millionnaires français ont tout intérêt à garder les quotidiens qu’ils acquièrent assez près du gouffre pour perdre de l’argent qu’ils pourront imputer dans leurs résultats, ce qui fera baisser leurs impôts et maintenir un manque de moyens chronique suffisant à museler les velleités d’indépendance de leurs rédactions. Et en plus, ils pourront ramasser pour la modernisation et la diffusion de leurs titres des aides d’Etat distribuées à tire-larigot à des titres déficitaires et dont les équipes sont pléthoriques. Opération sans risques, bénéfique et qui, d’habitude – le dernier patron de France Soir étant une exception – fait passer les nouveaux patrons de presse pour des héros des temps modernes, sauveurs de la liberté d’information et de la justice sociale. Un comble.

NDDL : l’aéroport risque d’inonder Blain

20 Déc

Entre Blain et les Domaines, au cœur du futur projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, il y a 15 km à vol d’oiseau. A priori, ce n’est pas une commune directement impactée par le projet, qui touche surtout Notre-Dame des Landes et Vigneux. Alors pourquoi l’aéroport présente un risque potentiel pour Blain ? La faute à l’eau – encore elle. Suivez le guide, bienvenue en Bretagne Zone Humide.

L’emprise du projet d’aéroport est formée de 1600 hectares de landes, de vallons et de prairies. Ceux-ci forment un château d’eau qui porte sur deux bassins versants, la Loire et la Vilaine. D’ouest en est, aux abords de la ZAD, on trouve des ruisseaux qui se jettent dans l’étier de Cordemais et de là dans la Loire aval (communes du Temple, Cordemais), deux ruisseaux qui se jettent dans le Canal de Nantes à Brest en amont de Blain, celui de la Goujonnière et celui du Plongeon (communes de Fay, Notre-Dame des Landes, Blain), et deux qui se jettent dans l’Erdre, l’Hocmard, assez loin à l’est de la ZAD (communes de Grandchamp, Sucé, la Chapelle sur Erdre) et le Gesvres qui borde la ZAD au sud (Vigneux, Treillères, la Chapelle sur Erdre) avant de se jeter dans l’Erdre à la Jonelière, au nord de la commune de Nantes. L’Erdre se jette dans la Loire à Nantes et le Canal coule vers la Vilaine à partir du bief de partage du Bout de Bois (commune d’Héric), à 15 km à l’est de Blain.

La ZAD : une éponge vitale

Or, il se trouve que si les 1600 hectares de la ZAD doivent être prélevés pour faire l’aéroport, et donc bitumés ou bétonnés, ils doivent être remplacés à l’identique, par voie de compensation. Ce qui consiste à créer ailleurs des zones humides semblables. Impossible puisque 98% de l’emprise du projet est constituée de zones humides. D’où l’illégalité du projet faute de compensation quantitative de zones humides. Un recours a été introduit par deux associations qui contestent l’utilité de l’aéroport, l’ACIPA et la CédPA, pour non-respect par le projet des directives européennes sur l’eau, devant la chambre des pétitions du Parlement Européen. La pétition sera examinée fin mai et pourrait déboucher sur une condamnation de la France par la Cour de Justice de l’UE.

Or la compensation est surtout impossible du fait de l’emplacement géographique du projet. Dans le plat pays qu’est la Loire-Atlantique (points culminants : 115 mètres près de Fercé et le terril à 220 mètres au-dessus du niveau de la mer à Abbaretz), l’emprise de la ZAD constitue une sorte de haut plateau dont l’altitude varie de 58 à 80 mètres. Une lande gorgée d’eau, couverte de prairies, de bois et de vallons, dans lesquels coulent des ruisseaux intermittents ou permanents. Leur débit varie de jour en jour et selon les saisons. Ils se regroupent à quelques centaines de mètres de la ZAD et descendent à faible pente, ponctuée de prairies humides, vers le Canal au nord et l’Erdre à l’est. Il faut se représenter la ZAD comme une éponge qui capte le gros des précipitations hivernales et les restitue toute l’année par ses ruisseaux. Qu’arrivera-t-il si l’éponge – les zones humides qui captent et retiennent l’eau – est remplacée par du bitume ? L’eau, qui ne sera plus retenue, dévalera rapidement dans les ruisseaux, érodera les pentes et les terres, formera des torrents qui déferleront partout l’hiver.

Or, la ZAD est partagée entre trois bassins versants. Au nord-est, sur 5% de sa superficie, celui du ru de Curette, affluent de l’Hocmard, qui se jette dans l’Erdre. Sur sa bordure sud-sud-ouest, sur 15% de sa superficie, celui du Gesvres, dans lequel coulent six ruisseaux permanents ou intermittents issus de la ZAD. Et enfin 80% de sa superficie dépend du bassin versant du Plongeon, qui se jette en amont de Blain.

Impacts marginaux sur le Gesvres et le ruisseau de la Goujonnière

Carte des cours d'eau qui prennent leur source sur la ZAD et de leurs bassins versants.

Carte des cours d’eau qui prennent leur source sur la ZAD et de leurs bassins versants.

L’emprise du projet aéroportuaire est bordée au sud par le ruisseau du Gesvres. Sur les communes de Vigneux – où est sa source – et de Treillières, il est alimenté par 20 ruisseaux intermittents ou permanents, dont 6 coulent depuis la ZAD. Lorsque le rû de la Frémière – la première partie du Gesvres – s’élargit, le ruisseau coule dans un vallon en U assez large et bas pour lui permettre un lit majeur où il s’étend l’hiver, limitant l’impact de ses crues. Le Gesvres a la place de s’écouler, et seulement six de ses branches – pas les plus grosses – coulent depuis l’emprise du futur aéroport. Même si elles deviennent des torrents, l’eau qui arriverait en plus aurait un impact limité sur la tenue du ruisseau pendant les crues.

Le même constat peut être fait pour le ruisseau de la Goujonnière, au nord-nord-ouest de la ZAD. Son bassin versant très allongé s’étire sur 42km² le long des 19 km du ruisseau, qui prend sa source au Thiemay, à l’ouest de la ZAD, et se jette à l’est de la forêt de la Groulaie. Constitué de deux grandes branches qui coulent à l’ouest de la ZAD, et alimenté par quatre affluents plus bas sur son cours, il n’est qu’indirectement impacté par l’artificialisation de l’emprise de l’aéroport. Celle-ci ne changerait pas significativement la quantité d’eau qu’il recevra.  En revanche, les zones humides qui bordent ce ruisseau (prairies…) seraient plus sollicitées par les eaux qui dévaleraient depuis l’aéroport projeté.

Le Plongeon : une menace pour Blain

Tout autre est la situation du Plongeon. Ce ruisseau, qui draine un bassin  versant de 61 km², est formé de deux branches, le ruisseau de la Piclotais à l’Arche du Fouan, subdivisé en trois affluents dont deux prennent leur source sur la ZAD, et le ruisseau de l’Epine dont les quatre affluents proviennent aussi de l’emprise du futur aéroport. Le cours est renforcé en aval, après le franchissement de la RD16, d’un rû qui draine le terrain situé à l’est du bourg de Notre-Dame des Landes et un autre ruisseau à la hauteur de Saint-Emilien de Blain. Le cours d’eau se jette dans le canal près du pont neuf de la RD164 à l’écluse du Terrier, à 1.2 km en amont du ruisseau de la Goujonnière précité et à quatre km du bourg de Blain.

Zones actuellement inondables dans la ville et ses abords par une crue hivernale de moyenne ampleur

Zones actuellement inondables dans la ville et ses abords par une crue hivernale de moyenne ampleur

Le bourg de Blain, qui culmine à 26 mètres au pied de son église, a plusieurs zones inondables dans ses limites et à ses abords. Les crues du Canal peuvent inonder à l’ouest la prairie de la Paudais à la Suardais, la cité Saint-Laurent (terrain de foot, station d’épuration), les basses prairies entre Magouët et le Château, au centre le quartier du port, et à l’est la Prée. Deux cours d’eau alimentés par les ruisseaux bien nourris de la forêt du Gâvre plongent sur la ville : celui du Perche, qui s’unit au Canal à l’écluse de la Prée, et celui du Courgeon, qui arrive dans la ville par les anciens abattoirs (Champion) et se jette dans le canal à l’est du port. Outre la vaste tranchée qui a été creusée pour accueillir ses crues dans la zone commerciale du Champion, un val planté de peupliers n’est pas urbanisé – sauf un lotissement sur une butte – et est de temps à autre inondé.  Lors des crues saisonnières ou quinquennales, il n’est pas rare de voir le Port, les abords de la Paudais, la Prée et le val du ruisseau du Courgeon inondés. L’urbanisme s’est fait en conséquence. Mais si, du jour au lendemain, il y a beaucoup plus d’eau dans le ruisseau du Plongeon, rien n’est prévu.Nous avons réalisé une carte des bassins versants et des cours d’eau qui prennent leur source sur la ZAD. Coloré de vert, le bassin versant du Plongeon. Coloré de brun, celui du Gesvres. A l’intérieur du périmètre schématisé de la ZAD (en rouge), la partie qui dépend du bassin versant du Gesvres est hachurée en brun et celle du bassin versant du Plongeon en vert. En bleu sont représentés les rûs et ruisseaux, qu’ils soient intermittents ou permanents. La ligne noire est celle de la voie ferrée qui traverse la ZAD (ancienne ligne Beslé – Blain – Nantes). Cette carte et son agrandissement sur la ZAD sont librement téléchargeables en cliquant sur les liens ci-dessous.

Carte des bassins versants du Gesvres et du Plongeon

Agrandissement au niveau de la ZAD

Une menace insuffisamment prévue

Agrandissement sur la ZAD et ses abords

Agrandissement sur la ZAD et ses abords

Or, si l’étude des ruisseaux figure dans les annexes au projet d’aéroport liées à la loi sur l’eau, pièces que nous mettons à disposition. Mais elles se focalisent sur les communes directement impactées par le projet d’aéroport, alors même que c’est Blain – et les communes en aval sur le Canal, soit Guenrouët, Fégréac, Sévérac, Redon même, qui sont concernées si des milliers de m3 d’eau auparavant retenues par la grande éponge qu’est la ZAD dévalent sans contrôle depuis les pistes du futur aéroport jusque dans le Canal. En effet, si l’aéroport se fait, le château d’eau qui éponge les précipitations sur 1600 hectares disparaît – sans possibilité de compensation équivalente, car il est géographiquement et hydrographiquement irremplaçable. Ce sera donc mécaniquement plus d’eau l’hiver dans le canal, un changement des hauteurs des biefs – et donc de leur gestion tout au long de l’année, une diminution des réserves disponibles en eau auparavant restituées par les ruisseaux tard dans le printemps et l’été, et plus de terrain inondé tant à Blain où les crues saisonnières et périodiques pourraient s’aggraver, qu’ailleurs.

La grande question est de savoir si les zones humides situées plus bas sur le cours du Plongeon pourraient remplacer les 1600 hectares du projet d’aéroport. On trouve en effet auprès de Saint-Emilien-de-Blain, sur une soixantaine d’hectares morcelés, des zones humides pouvant retenir l’eau – en quantité limitée. Et encore deux cent hectares dans la partie basse du cours – là où le ruisseau est le plus gonflé – à la Bréharais et à la Ferré, près du confluent. Mais l’utilité de la zone humide située au confluent est limitée, car elle est inondable, et inondée par les crues saisonnières du Canal. En tout, 200 hectares possibles, contre 1600 à disparaître.  Non, les zones humides situées plus bas sur le cours du Plongeon ne pourront pas retenir toute l’eau qui dévalera depuis le futur aéroport.

Une commission scientifique formée d’experts en zones humides et hydrologie a été constituée. Elle serait bien inspirée de se pencher sur l’impact causé sur les ruisseaux qui prennent leur source sur la ZAD, sinon, c’est le projet d’aéroport qui risque de faire le grand Plongeon.  Rappelons au passage que ce ruisseau qui inquiète tant Blain – et à raison – est systématiquement oublié par les pouvoirs publics. Une déchetterie intercommunale a été ouverte à Notre-Dame des Landes, à la Primais, près du croisement, à l’Arche du Fouan, des axes Blain – NDDL et Fay-Héric. La commune de Blain, consultée et qui donne, lors du conseil municipal du 26 janvier 2012, un avis favorable, constate qu’aucune évaluation de la pollution accidentelle par des métaux lourds n’a été faite sur le ruisseau du Plongeon, qui passe à cent mètres de la déchetterie, n’a été faite. Juste un oubli. Comme l’étude de l’impact de l’aéroport sur le débit du même ruisseau. Un oubli sans conséquence. Jusqu’au jour où Blain sera inondée. Parce que l’Ayraultport le vaut bien ?

Le devenir du château d’Ancenis tranché en janvier

19 Déc

Depuis 2009, une vive contestation prend forme autour du devenir du château d’Ancenis. En effet, le Conseil Général  (PS) de la Loire-Atlantique, vivement encouragé par le maire Jean-Michel Tobie (UMP), fait construire un bâtiment de services administratifs du plus pur style années 70 à quelques mètres du logis XVIe et des murailles du Moyen-Age de l’illustre forteresse des marches de Bretagne.

Projet de bâtiment moderne - château d'Ancenis (Bretagne)

Projet de bâtiment moderne – château d’Ancenis (Bretagne)

Une association, l’A2PCA (Association pour la Promotion et la Protection du château d’Ancenis)  avait déposé un référé-suspension pour obtenir l’arrêt des travaux. Au cours de ceux-ci , douze mètre de fondations de mur médiéval avaient été ripées  par un malencontreux coup de pelleteuse, ce qui avait plus qu’ému les défenseurs du patrimoine à travers la France. Le silence de la DRAC des Pays de Loire et du Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine sur le sort du château est assourdissant. Comme d’habitude, puisque leur grande discrétion tant à Ancenis que dans la récente affaire du dolmen de Saint-Nazaire  est presque la même que lors du massacre à la bétonneuse des chapelles des Cordeliers à Nantes.

Les travaux ont arraché 12 m de mur médiéval pour appuyer le bâtiment neuf.

Les travaux ont arraché 12 m de mur médiéval pour appuyer le bâtiment neuf. Photo Henri Moutault

La plaidoirie de l’avocat portait sur l’irrespect du périmètre médiéval fortifié classé et la démolition des douze mètres de murs médiévaux. Le cœur du problème porte en effet sur ces douze mètres : sont-ils protégés par l’arrêté de classement du site (Monument Historique) ou cet arrêté ne protège que des structures bien définies dans un cadre chronologique strict ? Le rapporteur a refusé de prendre en compte les éléments récents intervenus dans l’affaire (dont la démolition des douze mètres de murs médiévaux) et a rejeté en bloc les conclusions des parties, si bien, commente l’ancenien Henri Moutault, d’Agir ensemble à gauche, que « l’on est presque sûr que le référé sera rejeté lorsque les juges se prononceront en janvier ». Au printemps dernier, un jugement du tribunal administratif avait débouté la même association d’opposants, dans son recours contre le permis de construire, accordé par la mairie d’Ancenis au conseil général. L’association a fait appel, la date d’examen du dossier n’est pas encore fixée. En cas de rejet, l’association « prendra les décisions qui permettront de gagner », le principe d’un recours en Conseil d’Etat n’est pas encore acté.

Enjeux : revitaliser le centre-ville et sauver le château

Du côté des riverains commerçants du quartier du château, la majeure partie d’entre eux soutient le projet. En effet, l’arrivée des administratifs du Conseil Régional est vue comme une opportunité historique de redonner vie au centre historique et de l’activité aux commerces, mais aussi de restaurer le reste du château et le rouvrir aux visites. Présidente de l’association du quartier du château, Françoise Brandt commente : « si le permis est annulé ou les travaux suspendus, ce serait dramatique pour le reste du château, car les travaux risquent d’en être retardés d’autant ». Parce que pour le logis Renaissance, la situation est plus qu’urgente : « je suis allée le voir l’an dernier, la poutre maîtresse est étayée, on passe à travers les planchers, bref, soit il est restauré maintenant, soit il n’y a plus qu’à l’abattre, tellement qu’il sera ruiné ».  Mme Brandt travaille à l’Office de Tourisme de la ville et balaie les oppositions : « c’est de la politique politicienne. Chaque fois que la droite fait quelque chose, ses opposants politiques critiquent, même si le projet est bénéfique pour la ville ».

Le manque de cohérence et l’obstination de la mairie dénoncés

Emprise du bâtiment neuf du CG44 - château d'Ancenis, photo JP LEVESQUE

Emprise du bâtiment neuf du CG44 – château d’Ancenis, photo JP LEVESQUE

Du côté des opposants au projet, l’on se défend de toute position politicienne. Annie Briand, chef de file de l’opposition socialiste, indique que sa position n’est « surtout pas politique », et que le schéma de pensée adopté par les partisans du projet – essentiellement un noyau dur autour du maire et des commerçants – « les empêche de penser, et de prendre en compte le refus des citoyens ». Une pétition contre le projet a réuni 3.800 signatures d’habitants d’Ancenis et des bourgades proches (Anetz, Liré, Drain, Saint-Géréon…), soit près de la moitié du corps électoral. Mais d’un camp à l’autre, les interprétations de ladite pétition divergent. Henri Moutault y voit une « majorité d’Anceniens hostile au projet »,  alors que Françoise Brandt soutient que « nombre de gens ont signé sans connaître le projet du bâtiment, car la pétition était présentée pour la sauvegarde du château ». Tout le monde est d’accord pour sauver le château, mais ni sur l’art ni la manière.

Les opposants dénoncent aussi le manque de cohérence de la mairie. « Tout le monde s’était réjoui », note Annie Briand, « lorsque la mairie a décidé la destruction de la vieille école ménagère plantée le long de la courtine dans les années 1960 par les sœurs de Chavagnes ». Vétuste et désaffectée, elle jurait avec le reste du château et avait été mise par terre en 2008. Un an plus tard, le projet de bâtiment administratif du conseil général sortait des cartons. Or, « les mêmes arguments qui ont été avancés pour araser l’école ménagère pourront être repris par nos successeurs à Ancenis pour abattre ce triste bâtiment départemental », avance Annie Briand, tant il « ne cadre pas », selon Henri Moutault, avec le style médiéval et Renaissant du château tout proche.

Le logis XVIe menace ruine - photo JP LEVESQUE

Le logis XVIe menace ruine – photo JP LEVESQUE

Mais c’est surtout l’obstination de la mairie qui concentre les reproches.  Lorsque l’A2PCA a présenté au maire ses propositions pour amender le projet de bâtiment départemental dans la cour du Château, le maire leur a répliqué « de toute façon c’est plié ». Une habitude de fermeture qui aurait été contractée depuis plusieurs décennies à Ancenis. Dès lors, le pli était pris : avancer sans se laisser déconcerter, jusqu’à placer les habitants et la justice devant le fait accompli. Une célérité butée que le maire applique en d’autres circonstances qui lui ont valu de tomber sur un os judiciaire récemment.  Après un premier jugement, le Conseil Général avait demandé une modification du permis de construire pour remettre le bâtiment dans les clous du droit du patrimoine, notamment pour diminuer son emprise là où il appuie maintenant sur le mur médiéval. La mairie n’aurait jamais accepté de signer cette demande de PC modificatif qui reconnaissait l’erreur de droit du projet originel. Position pour le moins étrange, qui pousse certains Anceniens à s’interroger sur la raison de la « haine » du maire envers le château. « Pas de haine ! », répond Annie Briand, « seulement une absence totale de culture du patrimoine. Ici il y a un espace, donc le maire met un bâtiment sans s’interroger sur les conséquences et le droit ». Et ce bien que les espaces ne manquent pas, près de la gare ou de l’autoroute.

« Si le bâtiment est rasé, c’est une catastrophe pour les contribuables »

En tout état de cause, le maire a presque réussi son coup de force contre le patrimoine – mettant par là même en péril le projet de classement de l’ensemble des châteaux angevins, manceaux et Bretons des Marches de Bretagne. Le bâtiment départemental  sera livré dans trois à quatre mois. Or, si le permis est reconnu invalide, la « seule régularisation possible est la démolition ». Par conséquent, le bâtiment presque achevé devra être entièrement démoli, ou du moins amputé de la partie qui empiète sur le mur médiéval… et où se trouve un mur porteur. Total, des centaines de milliers d’euros pour le contribuable, voire des millions. Annie Briand estime que « si le bâtiment doit être rasé, c’est cinq à six millions d’euros du contribuable qu’il faudra mettre par terre, et la politique du fait accompli menée par la mairie est très gênante, parce qu’on a peut-être pas le droit d’appliquer la loi dans sa rigueur ubuesque au contribuable ».  Et de dénoncer le pétrin où se sont fourvoyés le conseil général et la mairie, peut-être mal conseillés.

Démocratie locale malade ?

En tout état de cause, une certaine définition de la démocratie locale, est à revoir.  Parce que là encore, l’idéal et la réalité s’affrontent ; la réalité peut être résumée par cette formule lapidaire d’Annie Briand, qui y voit « un point commun avec le projet d’aéroport » à Notre-Dame des Landes : « des élus décident, et après c’est le rouleau compresseur ». Peu importe ce que pense la population, à laquelle on laisse – comme pour l’ancienne caserne de Montpellier – des espaces restreints de démocratie. Et s’ils se rebiffent, il est toujours temps de manipuler les bénéfices escomptés ou de refaire une seconde enquête publique sans changer une ligne du projet d’aménagement, si la première ne donne pas satisfaction. Avant de présenter la facture aux contribuables-citoyens-électeurs. Bien lassés parfois de ce que le prétendant orléaniste à la couronne de France, Henri VII, paraphrasant Proudhon en se prononçant contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes, appellait  le « lamentable égocentrisme des édiles qui veulent laisser la trace de leur passage dans un pouvoir passager ».

Le feuilleton des élections UMP divise la droite Bretonne

29 Nov

Isabelle le Callenec, député de Vitré, fait école.  Avec elle, le député-maire de Guérande Christophe Priou, rejoint le groupe dissident créé à l’Assemblée Nationale par François Fillon et nommé le Rassemblement UMP.

Joint par BreizhJournal, il a refusé de commenter à chaud le feuilleton des élections internes. Cependant, fidèle soutien de François Fillon, il se prononce pour « rendre la parole aux militants » et pour « qu’un nouveau vote soit organisé rapidement » afin d’en finir avec le déchirement du parti. Il déclare aussi que sa réserve « n’enlève rien à [sa] détermination et à [ses] convictions. »

A ce jour, le groupe des députés soutenant Fillon, le Rassemblement UMP, compte 71 membres, et les députés ni copéistes, ni fillonistes emmenés par Nathalie Kosciusko Morizet veulent créer un groupe des non-alignés, où ils seraient 72.  Des députés excèdés ont lancé un appel contre les scissions du groupe UMP à l’Assemblée Nationale.

Arrêter les « 30 excités de Paris » : quand les fédérations de Franche-Comté haussent le ton

Une fois n’est pas coutume, on entend les comtois. Trois fédérations départementales, celles du Territoire de Belfort, du Doubs et de Jura, emmené par le député du territoire de Belfort Damien Meslot, proche de Xavier Bertrand et donc fillonniste, sifflent la fin de partie « Il y a 30 excités à Paris, devenus complètement fous,  qui prennent en otage les 330.000 adhérents qui aimeraient que l’on sorte de cette situation», résume le député « excédé ». Les trois fédérations appellent à un nouveau vote. Pendant ce temps là, les cotes de popularité des deux acteurs de l’élection, devenue pour le réalisateur Luc Besson « la comédie la plus drôle de l’année » dévissent parmi les sympathisants de droite : de 16% pour Fillon à 56%, de 15% pour Copé à 34%.

En Bretagne, sept ténors de l’UMP, combien de divisions ?

En Bretagne, des dernières législatives ont réchappé sept députés de droite dont trois de l’UMP. Marc le Fur dans la 3e circonscription des Côtes d’Armor, dernier député UMP de Basse-Bretagne. Isabelle le Callennec qui a pris la succession de Pierre Méhaignerie, maire de Vitré, dans la 5e circonscription d’Ille-et-Vilaine. Et Christophe Priou, député maire de la 7e circonscription de Loire-Atlantique, seul et ultime député de droite dans le département le plus peuplé de Bretagne.

Dans le Morbihan, Philippe le Ray, là aussi dernier député de droite, a ravi  la circonscription à Michel Grall. Apparenté UMP, le député refuse de faire son choix bien qu’il a été sollicité par l’UDI. En Ille-et-Vilaine, Gilles Lurton est devenu député après avoir battu le candidat officiellement investi par l’UMP. Soutenu par François Fillon dans sa campagne, il renvoie l’ascenseur en adhérant au groupe qu’il a créé à l’Assemblée, Rassemblement UMP, comme nous apprend sa fiche. Il n’était jusqu’alors qu’apparenté à l’UMP. Pour compléter le compte, il y a Thierry Benoît, à Fougères, qui fait partie de l’UDI.

Isabelle le Callenec et Christophe Priou ont, comme nous l’avons vu, rejoint aussi ce groupe-ci. De son côté, Marc le Fur, partisan de Copé, reste fidèle à la légitimité du parti mais a cosigné un appel avec des fillonistes pour éviter la division interne à l’UMP. Enfin, l’ancien député et toujours maire de Vitré, Pierre Méhaignerie, a franchi le pas le premier en passant à l’UDI.

Transfuges à l’UDI et au FN : un chiffrage local difficile

Le parti de Borloo enregistre 6.000 nouveaux adhérents en une semaine, la majorité d’entre eux provient de l’UMP. De source interne, « le parti est débordé, les ex-membres de l’UMP adhérent le jour, la nuit, c’est fou. » Plusieurs députés apparentés UMP ou encartés UMP seraient en passe de rejoindre le parti de Borloo. De source interne à l’une des composantes qui formeront à terme l’UDI de Loire-Atlantique « nous enregistrons bien une augmentation des adhésions, mais nous sommes bien en peine de dire si elles proviennent ou non de l’UMP ». La faute à l’existence de deux supports pour adhérer : soit directement en ligne à l’UDI, soit auprès de l’un des sept partis qui la forme, l’adhésion à ce parti (par exemple à l’Alliance Centriste) emportant aussi l’adhésion à l’UDI. En Loire-Atlantique,  l’UDI restera neutre et ne troublera donc pas la volonté d’union affichée des – derniers de mohicans – élus UMP du cru qui eux aussi ont décidé de ne pas entrer dans le panier de crabes parisien. Pour l’heure il n’y a pas d’élu de l’UMP de Loire-Atlantique qui a décidé de migrer à l’UDI, contrairement à ce qui se passe en Vendée (un élu du parti radical et une conseillère régionale ont rejoint l’UDI), dans le Maine et l’Anjou. Du côté du FN en Bretagne, on nous confirme de source confidentielle « une augmentation légère, mais très légère » des adhésions par rapport à la normale dans ces départements, notamment « provenant d’adhérents de base du parti excédés ».

Les manifs Bretonnes contre le mariage gay font le plein

18 Nov

Il n’y a pas qu’à Notre-Dame des Landes qu’il y avait du monde ce samedi. A Nantes, aussi, où il y avait une manifestation contre l’ouverture du mariage aux couples formées de personnes de même sexe. Cette mobilisation était soutenue par les communautés israélite et musulmanes locales. Une manif avait aussi lieu à Rennes.

Plus de 6.500 Bretons défilent contre le mariage gay

Selon les organisateurs, il y a eu 9.000 personnes à la manifestation nantaise. La préfecture en compte 4.000, contre « quelques centaines » pour la contre-manif des partisans du « mariage gay », dont les rangs étaient très clairsemés. A la manifestation des opposants au mariage gay étaient présents des vendéens et leurs élus, ainsi que François Pinte (UMP). A Rennes, 2.500 personnes ont défilé en oppostion au « mariage pour tous« , 250 personnes favorables à la loi ont organisé une contre manif pacifique.

Le succès de la manifestation nantaise fait écho à celui de la mobilisation nationale. La manifestation, qui se déclinait en plusieurs éditions locales (Nantes, Bordeaux, Toulouse…) et une à Paris, s’appuyait sur un consensus large, à la fois inter-confessionnel et trans-politique, puisque il y avait des organisations de gauche comme de droite dans le comité de soutien de cette démonstration de force des opposants au « mariage gay ». A Paris, on compte entre 70.000 et 200.000 manifestants, à Lyon entre 22.000 et 27.000 personnes, à Bordeaux, 6.000 personnes ont défilé, tandis qu’à Toulouse, la police a du disperser une petite contre-manif de partisans du mariage gay très hostiles et très déterminés à empêcher les opposants à leur union de pouvoir exprimer leur opposition pacifique.

Une autre manifestation est prévue aujourd’hui dans l’après-midi à Paris. A l’appel de Civitas, et de Riposte Catholique  les manifestants rejoindront à 14h30 le ministère de la Famille, avenue Duquesne à Paris, puis marcheront vers l’Assemblée Nationale. Cette manifestation est plus catholique et « traditionnaliste » que celle de la veille. Plusieurs évêques et  de nombreux chrétiens engagés dans la défense de leur Foi la soutiennent.