Archive | mars, 2013

Loic Maurice : Pour Nantes, il faut se mobiliser maintenant !

30 Mar

Municipales 2014. Bien que tout sourit à la droite – crise économique, gouvernement incompétent, Premier Ministre gravement mis en difficulté sur ses terres, président fantômatique – elle a quand même un problème avec les grandes villes, et avec Nantes en particulier. Le problème est simple : alors qu’il y a 300.000 habitants à approcher, à rencontrer, à convertir, tâche de plusieurs mois de campagne, elle n’a toujours pas de candidat, ni d’unité. L’UMP envisage sans grand enthousiasme un parachutage, quant à l’UDI, elle est suspendue au choix du sénateur-maire de Saint-Sébastien Joël Guerriau qui pour l’heure n’a dit ni oui, ni non.

Le leader départemental du CNI – centre national des indépendants, membre de l’UDI et chef d’entreprise Loïc Maurice en a marre de cet immobilisme. Il s’est déclaré, le premier, candidat et nous consacre une entrevue pleine de volonté et de conviction. Car pour lui, il y a urgence en la demeure : Nantes est devant une chance historique d’alternance et il convient de ne pas la louper.

nantes

BreizhJournal : Monsieur Loïc Maurice, merci de nous recevoir. Vous avez déclaré votre candidature. Selon vous, quel est le problème de la droite à Nantes, aujourd’hui ?

Loïc Maurice : Il y a un manque terrible de coordination. Du côté de l’UDI, Joël Guerriau prend tout sur lui, joue perso, mais sans dire ni oui, ni non à sa candidature. L’opposition est hors-service, et la vraie raison, c’est qu’elle a été créée par l’UMP et est complètement en déroute suite à la guerre interne qui fait rage entre Fillon – que soutient la majeure partie de la fédération départementale – et Copé. Il n’y a pas de leader de l’opposition, aujourd’hui.

 

BreizhJournal : Quel est le but de votre candidature ?

Loïc Maurice  : Mettre un coup de pied dans la fourmilière, pour qu’il y ait clairement, enfin, vite, une liste de centre-droit à Nantes. Parce qu’au vu de la situation locale et nationale, reprendre Nantes à la gauche, c’est maintenant ou jamais. L’alternance ne peut cependant passer que par le centre – c’est la spécificité politique de Nantes, qui s’écarte de la droite et de la gauche trop marquées.

 

BreizhJournal : Croyez-vous à une candidature de Joël Guerriau ?

Loïc Maurice  : Pour l’heure il n’a dit ni oui ni non, il ne s’exprime pas du tout à ce sujet. Mais en coulisses il est pressé par l’UMP qui commence à se lasser de ses atermoiements. Il a commandé des sondages qui ne l’ont pas rassuré sur ses chances et souhaiterait surtout rempiler comme sénateur, il lui faut absolument un second mandat et c’est son but n°1.

 

BreizhJournal : Quel est votre rapport à la Bretagne ?

Loïc Maurice  : Je suis né de parents d’Ille-et-Vilaine qui ont toujours pensé que la capitale de Bretagne était à Rennes. Mais la querelle des capitales n’est pas le fond du problème. Cela ne me gêne absolument pas que Nantes soit en Bretagne. Les régions sont pour l’heure trop petites, je suis pour une grande région Bretonne qui comprenne les cinq départements plus, éventuellement, la Mayenne, qui est très proche de la Bretagne.

 

BreizhJournal : C’est un peu un passage obligé, mais que pensez-vous de l’aéroport de Notre-Dame des Landes ?

Loïc Maurice : Il y a quelque chose qui me gêne beaucoup dans ce projet. C’est qu’on se batte avec autant de fermeté sur l’aéroport sans prévoir de moyens pour y accéder. C’est Gribouille. Les entreprises de Vendée et du sud-Loire prévoient – s’il est fait et dans la configuration actuelle – de faire passer le fret de nuit, massivement. Des norias de camions sur les routes. Dans le fond, c’est l’aéroport du nord-Loire, de Rennes et de Vannes. La Vendée et le Choletais, dont le poids économique n’est pas négligeable, en sont coupées et c’est très mauvais pour la cohésion des territoires. Donc je conditionne mon acceptation du projet au fait qu’il y ait un troisième pont ou une voie de franchissement. Or, du fait des contraintes écologiques et financières importantes ainsi que d’un manque de volonté politique, ce 3e franchissement de la Loire est au fond d’un tiroir.

 

BreizhJournal : Vous avez des projets pour Nantes. Qu’en est-il, par exemple, en matière de transports ?

Loïc Maurice  : Il y a un gros problème. La réflexion de l’équipe Ayrault est uniquement axée sur une politique anti-bagnoles. C’est bien que la ville n’en soit pas envahie, mais ils ont rompu l’équilibre. Toutes les pénétrantes ont sauté, sans que la ville n’en soit simplifiée, ni pour ses habitants, ni pour ceux qui y travaillent. Résultat des courses, le commerce du centre-ville s’appauvrit, il y a même des fermetures alors que compte tenu du contexte démographique, cela devrait être en plein boom.

 

BreizhJournal : Parlons justement de démographie. Estimez-vous que c’est un défi pour Nantes ?

Loïc Maurice  : Oui, assurément. Il y a une politique de densification du centre-ville, mais on ne fait guère qu’empiler des habitants, sans leur donner les commerces nécessaires. A Saint-Joseph de Porterie, par exemple, où une ZAC est en pleine construction avec des centaines de logements, il n’y a en tout et pour tout qu’un tabac, une boulangerie, deux coiffeurs, un pizzaïolo et un fleuriste pour 2.500 habitants. Sinon il faut aller – en voiture – à Carquefou. Et l’on nous parle de développement durable, de ville sans voiture ? Alors que sur l’Ile de Nantes, il y a exactement le même problème. De qui se moque-t-on ? Pourquoi veut-on faire de Nantes une « réserve d’indiens » sans mettre en place les équipements suffisants, et surtout permettre aux Nantais de sortir, car tout – commerces, industries et équipements – est maintenant hors de la ville en périphérie ?

 

BreizhJournal : Cet empilement d’habitants a-t-il pour vous d’autres conséquences ?

Loïc Maurice   : Oui, Nantes se dégrade, Nantes se banalise, Nantes perd son âme. Regardez ces cubes de béton qui ont poussé partout. A la place des maisons bourgeoises sur les avenues, des champs autour de la ville. On peut faire la même daube de Lille à Perpignan, c’est la standardisation, l’uniformisation de l’urbanisme, la négation et de l’œuvre et de la spécificité des villes. Ce sont des clapiers qui n’ont rien de mieux que les « grands ensembles » des années 60 : vite et mal bâtis, tous sur le même modèle. Des ghettos. Et la municipalité laisse faire, absolument passive, elle se laisse porter par la dynamique, elle ne sait pas où elle va, où elle emmène Nantes. Il faut en finir.

 

BreizhJournal : Merci, Monsieur, de nous avoir consacré du temps. Pour terminer, par quels mots pourrez-vous résumer votre projet pour Nantes ?

Loïc Maurice : Je veux donner un nouveau souffle à ma ville, rendre Nantes aux Nantais.

71e anniversaire de l’opération Chariot à Saint-Nazaire

29 Mar

Hier 28 mars avait lieu la commémoration du 71e anniversaire de l’opération Chariot qui avait vu des commandos d’alliés aborder le port en 1942 pour mettre hors service – avec succès – la plupart de ses installations militaires et portuaires, ainsi que les défenses avancées de l’avant-port. La porte de la forme-écluse Joubert, dans laquelle a été encastré un bateau-brulot bourré d’explosifs, est restée hors service jusqu’à la fin de la guerre.

Photo Gilbert Engelhardt

Photo Gilbert Engelhardt

Comme le veut la tradition, lors de cette commémoration organisée par le CREDIB (Centre de Recherche & Diffusion de l’Identité Bretonne) et la Section des Relations Interceltiques et Internationales de l’ICB se retrouvent des vétérans Bretons et Celtiques de l’opération, notamment de nombreux irlandais. James Dorrian, le spécialiste irlandais de l’Opération Chariot, a pris la parole  pour rappeler le raid et déplorer qu’en dehors d’un monument, « il n’y a aucun signe dans le port qu’une grande opération commando y ait jamais eu lieu, rien ne semble avoir été prévu pour un visiteur qui voudrait marcher dans les pas de ces hommes jeunes, qui ont risqué, et pour beaucoup perdu leur vie. C’est comme si le Raid était volontairement relégué dans le passé ».Un passé que la mairie de Saint-Nazaire semble ne pas apprécier. Elle qui depuis des décennies fait beaucoup – avec la bénédiction ou l’indiffèrence de l’administration théoriquement chargée de la protection du patrimoine culturel – pour effacer l’Histoire trop Bretonne de la ville, et en faire une cité créée ex nihilo par Napoléon alors qu’elle est occupée quasiment sans discontinuer depuis le Néolithique. Sous le bétonnage des temps modernes se perd le peu de patrimoine sauvé de la guerre et des destructions, les blockhaus du XXe siècle – des immeubles uniformes et bétonnés de quatre à cinq étages – couvrent les campagnes autour de la ville, les prés jadis verts, les hameaux bretonnants, l’espace dévolu aux marins même. Au milieu de tout cela surnage la base sous-marine muséifiée, construite trop vite et dont le béton mal posé croule par plaques, peu à peu consolidé par de l’argent public. Pour l’Histoire glorieuse de Saint-Nazaire, premier port Breton, quatrième ville de notre nation, rien. Rien pour ses riches basiliques, rien ou quasi pour ses tumuli, rien pour son histoire portuaire, rien pour son vieux village – rescapé des bombes mais entièrement rasé après-guerre pour « assainir », en fait effacer – rien enfin pour les héros qui sont morts pour libérer Saint-Nazaire et l’Europe de la botte de l’occupant vert-de-gris. Honneur et paix aux Braves de l’Opération Chariot !

Printemps français : trois cent personnes devant la Préfecture de Nantes ce midi

28 Mar

Pour protester contre les exactions policières lors de la Manif pour Tous de dimanche, l’autisme du pouvoir et réaffirmer leur mobilisation contre le mariage homosexuel, une manifestation était programmée sur les marches de la Préfecture de Loire-Atlantique ce midi. Rapellons que dimanche, plus de 1.4 millions de personnes ont défilé dans tout l’ouest parisien, de la Défense au bas des Champs Elysées.

PRINTE~1Cette manifestation fut un succès avec la mobilisation de plus de 300 personnes dans des délais très courts. François-Régis, membre de la coordination Loire-Atlantique de la Manif pour Tous, joint par BreizhJournal, commente : « malgré l’énervement général qui devient de plus en difficile à contenir, nous sommes toujours aussi déterminés et tenons a être entendus. C’est notre façon de soutenir le collectif qui ira accueillir Francois Hollande a son arrivée dans les studios de France TV ce soir à 19h ».

Le « Printemps français » a commencé dimanche après-midi à 15h08, au coin de la rue de Presbourg et de l’avenue de la Grande Armée à Paris, lorsqu’une charge de Bretons et de Normands, toutes hermines déployées, a porté la manifestation sur les Champs Elysées qui lui avaient été interdits. Depuis, sur fond d’un ras-le-bol général contre le gouvernement, la mobilisation ne cesse de forcir. A Lyon, près de 500 personnes (250 pour la police et les médias de gauche) ont bloqué Christiane Taubira à sa sortie du théâtre – les forces de l’ordre ont du les gazer pour dégager la voiture de la ministre. Aujourd’hui, en plus de Nantes, des rassemblements similaires étaient organisés devant les préfectures de Rennes, Vannes, Laval, Caen et ont réuni des milliers de personnes en Bretagne, Normandie et dans le Maine.

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NDDL : le tribunal confirme l’expulsion de la ferme de Bellevue

28 Mar

Sans surprise, le tribunal civil de Saint-Nazaire a confirmé l’expulsion immédiate de la ferme de Bellevue, occupée par les paysans et des opposants depuis le 27 janvier 2013. Cette robuste ferme en bon état général  dont dépendent 124.5 hectares de terre est peu à peu remise en service avec l’appui des paysans de tout le département.

Ferme de Bellevue le 28 janvier

Ferme de Bellevue le 28 janvier

AGO-Vinci a été en revanche débouté de ses prétentions pécuniaires. La filiale de Vinci demandait 1000€ d’astreinte journalière et 20.000 € de dommages-intérêts. Le tribunal a préféré ordonner l’expulsion immédiate et le paiement d’une astreinte de 450€ par jour au bout de huit jours. Cependant, alors que l’Europe vient de se pencher sur le dossier, et que du fait de l’absence d’autorisations liées à la loi sur l’eau, toute opération policière de grande ampleur sur la ZAD est frappée d’illégalité, l’expulsion de la ferme de Bellevue sera plus difficile qu’elle ne l’a jamais été.  Au moment où le tribunal rendait sa décision, plusieurs centaines de personnes se rassemblaient à Bellevue : la détermination des opposants est intacte.BreizhJournal a joint Jean-François Guitton, agriculteur membre de la Confédération paysanne et du collectif COPAIN44 qui fédère l’opposition agricole à l’aéroport. Il nous explique que la résistance va s’intensifier « aujourd’hui, on a ramené du matériel agricole pour mieux protéger la ferme. Pour nous, il est fondamental d’éviter l’irréparable, c’est-à-dire la destruction de la ferme, alors que le rapport de la Commission d’enquête n’est pas encore rendu et que la Commission des Pétitions se réunit à nouveau mi-avril. » En cas de coup de force, le réseau de vigilance et de solidarité devrait marcher à plein « il y a une veille permanente à la ferme et des tracteurs vigilants pour barrer les accès et retarder les forces de police. On amènera du monde rapidement. Mais notre mobilisation est pacifique donc on n’ira pas à l’affrontement ». La mobilisation s’appuie aussi sur près de 200 comités de soutien qui sont appelés à se rendre sur les permanences PS de leurs secteurs en cas de coup de force à sur la ZAD « pour interpeller leurs élus sur leur double langage, qui d’un côté veut protéger les ressources naturelles et la terre, et de l’autre tolère qu’on s’en dispense à Notre-Dame des Landes. »

Aujourd’hui, la ferme compte 22 vaches, 6 moutons, une douzaine de poules et une truie. Une partie des terres est occupée par des vaches depuis le 10 mars; le reste est encore trop humide pour y faire rentrer les tracteurs. Le four fonctionne, le conduit de cheminée a été refait selon des méthodes traditionnelles, le linteau de granit posé à nouveau. Le nettoyage de la maison et la réfection de la grange – aujourd’hui salle de réunion – est fini. Des travaux de clôture ont toujours lieu à l’extérieur. Une partie de l’opération Sème ta ZAD prévue le 13 avril pourrait se faire sur une des parcelles de Bellevue. Bref, Notre-Dame des Landes remue toujours.

Flash : le rendu du rapport de la Commission de dialogue devrait avoir lieu mardi 2 avril

Manifestation ce midi devant la préfecture de Nantes contre le mariage homosexuel

28 Mar

La section de Loire-Atlantique de la Manif pour Tous convie à une manifestation « respectueuse mais bruyante » ce midi de 12h30 à 13h30 sur les marches de la préfecture de Loire-Atlantique, côté rue de Strasbourg et cours des 50 Otages.

Il s’agira de faire du reuz contre les exactions de la police à Paris ce dimanche – rappelons que les forces de l’ordre ont gazé des enfants en bas âge et des personnes âgées sans aucune raison – et aussi contre le comportement de la Préfecture de police à Paris qui a donné l’ordre de gazer les manifestants qui tentaient d’arriver sur les Champs, et qui ont fini par y défiler en rangs serrés.

Les Champs Elysées bien remplis près du rond-point Marcel Dassault. Oui, la manif y est allée dimanche 24 mars.

Les Champs Elysées bien remplis près du rond-point Marcel Dassault. Oui, la manif y est allée dimanche 24 mars.

Dimanche, plus d’un million et demi de manifestants étaient réunis à Paris, dont ils emplissaient les rues de la Défense au bas des Champs Elysées. Pour le pouvoir, ils n’existent pas, ils n’ont pas été entendus. Depuis dimanche, la France n’a plus de pouvoir démocratique – s’il pouvait encore se prétendre tel après avoir foulé aux pieds le droit à Notre-Dame des Landes et ailleurs  – mais un régime qui ignore la profondeur de la contestation citoyenne. Avant son interview télévisée à France Télévisions, le président François Hollande, bien plus mal à l’aise avec la défense du mariage homosexuel qu’avec celle du projet de l’ex-futur aéroport de Notre-Dame des Landes, doit entendre que les Bretons ne lâcheront rien.Le projet de loi Taubira autoriserait le mariage homosexuel et désorganiserait au passage l’ensemble du droit français de la filiation ; ce dernier aspect est complètement éludé tant dans le projet de loi que dans la justification officielle de ce projet d’Etat qui ne s’appuie – comme un certain aéroport près de Nantes – que sur l’argument sans cesse ressassé que son adoption serait un immense progrès. Les Bretons refusent là encore d’être dupes et la Bretagne est la seconde région la plus mobilisée de France, avec 51 128 signatures de la pétition citoyenne adressée au CESE qui a fait l’objet d’un spectaculaire déni de démocratie. Parce qu’aujourd’hui en France, l’on peut estimer que 700.000 pétitions contre un projet de loi n’existent pas. Sur l’ensemble de ces pétitions, 19.000 ont été signées en Loire-Atlantique, 10.500 en Ille-et-Vilaine, 10.000 dans le Morbihan, 5900 en Finistère et 5600 en Côtes d’Armor. Mais pour le gouvernement, ces Bretons qui protestent, comme tous ceux qui sont contraires à sa volonté, n’existent pas. La démocratie, c’est maintenant !

Flash : Ce midi, ils étaient trois cent. Les forces de l’ordre n’ont pas employé de gaz ni de force.

NDDL : l’expulsion de Bellevue et de la Châtaigne sera plus difficile que jamais

26 Mar

Le hameau de cabanes de la Châtaigne, construit depuis le 17 novembre 2012 au sud-ouest du bois de Rohanne est immédiatement expulsable. Ainsi en a décidé aujourd’hui la justice, qui astreint les occupants qui se sont déclarés habitants permanents à payer 450 € par jour d’occupation au bout de 8 jours. Le jugement pour la ferme de Bellevue tombe le 28. L’on s’attend là aussi à une décision favorable à l’expulsion de ses occupants. Cependant, alors que la ZAD s’attend et se prépare activement à un nouveau coup de force printanier, plusieurs facteurs externes plaident pour que le gouvernement arrête les frais.

Cabanes de la Chat Teigne - fin janvier 2012

Cabanes de la Chat Teigne – fin janvier 2012

La ferme de Bellevue  abrite aujourd’hui une vingtaine de vaches – dont 14 ont été ramenées le 10 mars – une truie, une dizaine de poules et plusieurs paysans et occupants volontaires. Le collectif COPAIN44 qui fédére l’opposition paysanne à l’aéroport a appelé hier à  « accentuer la mobilisation sur le site de Bellevue dès le 28 mars, et [à] renforcer le dispositif de protection autour de la ferme. Il est donc fait un appel urgent à tous les paysans, actifs ou retraités, de Loire- Atlantique et de tous les départements alentour, pour acheminer sur le site tracteurs et matériels agricoles opérationnels ou réformés. » Près de 124.5 hectares de terres dépendent de la ferme, dont la viabilité économique est réelle.Le village de cabanes de Bellevue était quant à lui pris dans un imbroglio juridique qui a démontré – s’il fallait encore le prouver ! – combien l’indépendance de la justice devenait une chimère lorsqu’elle traitait d’un projet d’Etat comme l’est l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Cependant, si Paris estime que les opposants sont trop Bretons pour avoir droit au droit français, l’Europe s’en est mêlée et surveille maintenant directement le dossier  ce qui devrait avoir des conséquences importantes pour les occupants de la ZAD et opposants au projet. Notons au passage qu’il ne devrait pas y avoir d’expulsion tant que le rapport de la commission de dialogue ne sera pas rendu ; cette remise est prévue entre la fin du mois et début avril.

L’Hôtel Ibis de Treillières a reçu depuis quelques jours environ 80 gendarmes mobiles et des autorisations de travaux – essentiellement liées au barreau routier donc situées au sud-ouest et au sud-est de la ZAD – ont été déposées pour la fin mars. Disposant d’un soutien local et national très fort, les opposants sont très motivés pour s’opposer, par la force au besoin, aux travaux du barreau routier et à leur expulsion. Cependant, hors de Notre-Dame des Landes plusieurs facteurs plaident pour un évitement du coup de force au printemps sur la ZAD. Revue de détail des causes qui pourraient éviter à Notre-Dame des Landes une nouvelle invasion policière.

L’Europe sauvera Notre-Dame des Landes

D’abord, l’arrivée en force et très officielle des instances européennes, qui ont demandé à la France des compléments d’informations impératifs pour mi-avril. Si la France passe en force, Sandrine Bélier, eurodéputée EELV qui mène la fronde auprès des instances européennes avertit   « nous ferons tout pour que le Parlement mette en demeure la France d’arrêter les travaux, au besoin en passant par une prise de position politique européenne ». Une telle issue est très probable : les instances européennes, souvent critiquées pour la lenteur de leur action, un pas après les problèmes auxquels elle est censée répondre, ne manqueront pas l’occasion d’agir en amont d’un projet ni la possibilité en or de rappeler la France à l’obligation de respecter le droit européen dont plusieurs textes fondamentaux sont violés   par le projet d’aéroport.

Un régime socialiste très inquiet par la déroute attendue en 2014

La ferme de Bellevue, . Notre-Dame des Landes, Bretagne.

La ferme de Bellevue. Notre-Dame des Landes, Bretagne.

Ensuite, le gouvernement, déjà très fragilisé sur le plan intérieur – par les affaires et son autisme face à la contestation sans cesse croissante du projet de loi sur le mariage gay  peut difficilement se permettre d’ouvrir un nouveau front, fut-il loin de Paris, au risque de se mettre à dos une frange croissante de la population scandalisée – à juste titre – par les excès de violences policières et les illégalités diverses et variées. Politiquement, le gouvernement a plutôt intérêt, pour sauver la mise aux municipales de laisser couler le dossier, le temps que les recours des propriétaires légaux soient épuisés, ce qui ne sera pas fait avant fin 2015.Nombre d’élus socialistes locaux – la « base » du PS – somment le régime de Paris d’arrêter les frais avec le projet qui exaspère les populations Bretonnes, angevines, mancelles et poitevines déjà très énervées par la montée en puissance de la crise, des impôts, le caractère pour le moins indécis de la politique gouvernementale et son autisme face aux revendications sociales et économiques. Le PS – qui s’est constitué un domaine réservé dans les cinq départements Bretons et détient plusieurs grandes villes de l’Anjou, du Maine, de la Normandie et du Poitou – pourrait souffrir durablement de la crise : Angers, la Roche sur Yon, Laval, Saint-Brieuc, Caen et Rennes sont dans la ligne de mire de la droite et du centre (UMP, UDI) et pourraient basculer. De quoi alimenter la peur panique des élus et de tous ceux qui vivent des grasses prébendes des collectivités socialistes.

Pour l’heure, toute opération policière est illégale

Ce triton marbré ne pèse que 8 grammes, mais il pourrait faire reculer des millions de tonnes de béton et de policiers

Ce triton marbré ne pèse que 8 grammes, mais il pourrait faire reculer des millions de tonnes de béton et de policiers

A la suite du président de la Commission de dialogue qui a laissé paraître ses doutes au sujet de la pertinence du projet d’aéroport dans la presse parisienne, d’autres instances nationales, parmi lesquelles le WWF demandent des études complémentaires. Enfin, les autorisations auprès de la Commission Nationale des Paysages et des Sites pour les dérogations à la loi sur l’eau et le déplacement des espèces naturelles protégées ne sont pas obtenues. Ce qui veut dire – alors que commence la période de reproduction des batraciens – que tous travaux lourds qui occasionneraient des atteintes aux milieux naturels, aux sols et aux espèces naturels sont pour l’heure illégaux et pourront faire l’objet de procédures judiciaire et d’interdiction par les maires des communes concernées au titre de leur pouvoir de police.Tout comme les fouilles qui abîment les champs, une intervention policière, nécessitant force véhicules, usage de gaz lacrymogène et poivre, de grenades de désencerclement, d’engins de travaux pour démolir les cabanes et les barricades et causant un piétinement accru de surfaces somme tout réduites et en zone humide ne manquerait pas de dégrader les milieux naturels et de causer la mort d’espèces protégées. De quoi provoquer les foudres de l’Europe et de nouveaux recours judiciaires, sur des fondements juridiques qui ne peuvent être sujets au doute ou à l’interprétation en fonction du pouvoir politique. Si le droit a été largement foulé aux pieds par le pouvoir, la perspective – en ces temps de disette budgétaire – d’une condamnation pécuniaire européenne infamante et importante pourrait refroidir les ardeurs d’un Premier Ministre qui se sait sur un siège éjectable.

NDDL : Semaine de convergence des luttes contre l’aéroport et le gaz de schiste

26 Mar

Avec l’appui des comités locaux de soutien à la lutte contre l’aéroport du Vigan, de la Lozère, du Gard, du Causse Méjean, et de plusieurs associations de lutte contre l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » ou gaz et pétrole de schiste, une semaine de débats et d’information est organisée à la Châtaigne, au cœur du site de l’ex-futur aéroport nantais.

Ce soir, une soirée projection-débat est organisée au cinéma le Katorza à Nantes (3 rue Corneille) où sera présenté le film Promised Land qui décrit le combat d’une communauté rurale face au chamboulement de l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis. (Tarif 6.20€)

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d'eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d’eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

A noter que si l’extraction de gaz de schiste par l’usage de la fracturation hydraulique est interdite en France depuis 2011 et que la recherche de gisements dans le sud de la France risque fort de l’être aussi , la recherche du pétrole de schiste par la même méthode est, elle, permise. Ainsi, des forages ont actuellement lieu à Mairy (Seine-et-Marne)  et à la Ferté sous Jouarre  où population et opposants reprochent le manque de transparence de l’exploitant Hess Oil. Des forages devraient commencer à Château-Thierry (Aisne).Les données autour des réserves connues d’hydrocarbures de schiste restent incertaines et contradictoires. Le même flou artistique règne sur le modèle économique et le caractère durable des impacts sur l’environnement.Les Etats-Unis ont érigé l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » en modèle économique national qui permettrait une nouvelle géopolitique qui s’écarte du Moyen-Orient et d’Israël, l’abondance de gaz et pétrole US rendant inutile la veille stratégique sur les gisements et les routes d’approvisionnement pétrolières. Cependant, des voix s’élèvent dans les milieux économiques pour critiquer ce système et pronostiquent l’effondrement de la « bulle » gaz de schiste d’ici dix-huit à vingt-quatre mois.Par ailleurs, la ruée vers le gaz et le pétrole de schiste favorise, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe qui veulent prendre leur indépendance vis-à-vis du gaz russe, une colonisation économique au profit des majors pétrolières occidentales. Le gouvernement aux abois de l’Ukraine, qui ne prend garde qu’aux élections, noyé dans les « affaires » et la corruption, a ainsi vendu à la découpe les ressources du pays – et son avenir écologique – à trois grandes compagnies américaines. Le même scénario se répète en Pologne et en Lituanie, sans que les citoyens ne soient rééllement informés des risques et des retombées économiques et sociales concrètes.

 

 

bassins-EUProgramme de la semaine

Mercredi 27.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat

Le gaz de schiste c’est quoi ? Il est où le problème ? Présentation des Gaz de schiste, des problèmes environnementaux, sanitaires, sociaux, financiers, liés à son exploitation – échange avec la salle.

Projection du documentaire : « La malédiction des Gaz de schiste » (Durée 1h22 en français).

Jeudi 28.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) :

Soirée présentation – Débat – Projection VINCI est partout, VINCI dégage !

1. La situation en France sur les pétroles et gaz de schiste – C’est VINCI aussi !

En France les forages sont menés par une filiale de VINCI…

2. Énergie, Qui dirige vraiment ? Projection du documentaire : »The Brussels business : (Durée 58mn – Français) hydrocarbures, aéroports et GPII…Qui nous gouverne ? Qui contrôle vraiment l’Union Européenne ? »

Principales compagnies d'extraction en Europe. S'y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Principales compagnies d’extraction en Europe. S’y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Vendredi 29.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Projection – Débat L’Extractivisme ici et ailleursUne ZAD, des ZAD ! Oui à la vie, non aux zones de sacrifices : Même en Bretagne vous êtes concernés !

1. Présentation des projets de mines (4 demandes de permis soutenues dans la région Pays de Loire et Bretagne par A.Montebourg) et du permis de recherche d’hydrocarbures en Mer d’Iroise.

2.A quoi ça ressemble une mine ? Les nouvelles méthodes d’exploitation…les risques sanitaires, l’agriculture. Projection du documentaire argentin « Veladero Barrick » (Durée 13 mn)

Samedi 30.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat Faire Converger des Luttes !

Les exemples de convergence, les outils, la MINGA.

Présentation de l’appel Minga. Retour sur les événements de convergence (Lézan-FAME…).

Exemple des convergences ailleurs (Mexique ANAA – Argentine UAC).

Projection d’un reportage sur l’UAC (Union des Assemblées Citoyennes) (Durée 13 minutes en espagnol sous-titré en français)

pannoDimanche 31.03.2012 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Expo – Soirée Débat – Projection De Cajamarca à la ZAD il n’y a qu’un pas ! Même au Pérou on parle de la ZAD ¡

1. CONGA NO VA ! Les luttes de Cajamarca CONGA – Le barrage Chadin

(Pérou) : Les mines de Yanacocha – le projet 2 (Celendin).

2. De la ZAD à Cajamarca ! L’expertise de nos GM (Gendarmes Mobiles) bien entraînés sur la ZAD, s’exporte à Cajamarca pour le « respect des droits humains fondamentaux » !

3.Encore un lieu de convergence, un petit direct du Forum Social Mondial compte rendu de ce qui s’y ai dit.

4.Projection du documentaire : « Open Pit » Documentaire sur les mines de Cajamarca – Pérou (Durée 1h12 en anglais et espagnol).

La Manif pour Tous a conquis les Champs Elysées

25 Mar

La mobilisation contre le mariage homosexuel a réussi ses deux paris : être plus que la dernière fois – 1 million 400 000 personnes au moins – et prendre les Champs Elysées. Malgré l’arrêté liberticide d’un tribunal administratif à la solde d’un Etat bien peu démocratique. BreizhJournal était aux premières loges, au cœur du mouvement, et vous relate sa Manif pour Tous.

13h09 : Sur l’esplanade de la Défense, trois jeunes filles de Meaux, en brassard jaune du service d’accueil volontaire de la Manif pour Tous, chantent un cantique. Des petits groupes, des familles, s’écoulent à petits flots sur Paris. Un drapeau de l’Anjou passe, là une pancarte du Gâtinais. Bertrand, chef de secteur – responsable de plusieurs équipes d’accueil et de direction – commente, juché sur un dé en béton « le rendez-vous, normalement, c’était 14h. Mais ce qui me surprend, c’est que les gens se mobilisent depuis hyper-tôt, et n’arrêtent pas de s’écouler vers Paris depuis midi. ».

« Qu’on nous écoute enfin »

Porte Maillot - Les Bretons à l'assaut de Paris

Porte Maillot – Les Bretons à l’assaut de Paris

13 h 17 : Au ras du pont de Neuilly, vidé de ses voitures, Sabine, de Lille, Marcelle, de Lyon et Léa d’Aix déjeunent sur le pouce. Trois femmes, trois générations, trois visions de la France représentées dans la manifestation. Une France qui ne se résigne pas à « ce qu’on abatte la nature, que l’on ignore la démocratie, la volonté du peuple ». Une France qui n’hésite pas à faire des centaines de kilomètres pour faire entendre sa voix, « même si l’on commence à en avoir marre », remarque Léa. D’Aix à Paris, ce n’est pas la porte à côté. Un TGV double rame est parti de la cité provençale ce matin. Rempli de manifestants.

13 h 30 : du monde il y a, sous le tunnel de la RN13 après le pont de Neuilly ! Et d’un même élan, ces manifestants du Gers et de la Seine-et-Marne s’écrient, « Hollande, ta loi, on en veut pas ». Sifflets et cornes de brumes font trembler l’air du tunnel. Croix occitanes et drapeaux bleu-blanc-rouge en tête, c’est tout un peuple révolté qui se jette sur Paris. Une affiche scotchée aux arrêts de bus prévient les habitants de Neuilly que « la circulation peut être impossible entre le nord et le sud de la ville » à cause de la manifestation. Ce qui ne les changera pas de la RN13.

Basques et Bretons côte à côte avenue de la Grande Armée

Basques et Bretons côte à côte avenue de la Grande Armée

13 h 44 : Porte Maillot. Bienvenue dans Paris. On croise la banderole de l’Aveyron, qui explique la filiation papa+maman en moutons. En marchant d’un bon pas, nous rejoignons les Bretons, en traversant en biais la place. Ici, le Morbihan. Là, le Finistère, grand Kroaz Du en tête. Hérissés d’hermines, costarmoricains et nantais mêlés défilent, bras dessus, bras dessous et à grand bruit. L’Ille et Vilaine est quelque part, criant, « Du boulot, pas de mariage homo ». M. de Kersabiec, maire honoraire de Saint-Brieuc de Mauron et deuxième vice-président du conseil général du Morbihan, est dans les rangs, avec une adjointe de Plouharnel. Le Morbihan a envoyé des dizaines de cars et participé au remplissage d’un TGV complet parti ce matin de Nantes, pour l’ensemble de la Bretagne.

14 h 01 : Un régiment de Basques. Bérets, drapeaux, et là les lions de Normandie. Bannières des monts du Lyonnais, des paroisses, des pays. La Grande Armée de ses visages, de ses identités diverses, déferle dans Paris. Une bouteille de rouge à la main, Laëtitia et Jacques, de Lisieux, sont venus avec un groupe d’amis, pour « marquer [leur] volonté déterminée d’être entendus. Si le 17, le 18 novembre, si le 13 janvier, là haut ils sont restés sourds, cette fois ils en auront les oreilles cassées. Il paraît que le peuple est atone, qu’il se fout de tout ? Et s’ils l’écoutaient un peu ?! »

14 h 25 : L’on se masse au bout du bout de la manifestation, près du podium, au coin de la rue de Presbourg et de l’avenue de la Grande Armée. Sans empiéter sur la petite rue veillée par la carcasse roussie de l’Arc, un restaurant-club institution du Paris nocturne qui a flambé. Au podium, les intervenants se succèdent. Les élus affluent, écharpes au vent. Les juges et les avocats se forment en carré.

A la conquête de l’Etoile

La percée vers l'Etoile. Le drapeau Breton n'a cessé d'être à l'avant du mouvement, guidant la poussée.

La percée vers l’Etoile. Le drapeau Breton n’a cessé d’être à l’avant du mouvement, guidant la poussée.

14 h 45 : ça commence à pousser. Un petit pack de Bretons et de Normands déterminés commence à avancer. Derrière, le flot tendu de la manifestation appuie leur élan. Du bout de l’avenue de la Grande Armée au pont de Neuilly, quatre mille mètres d’avenues noires de monde. Et ça afflue, encore et encore. Qui osera dire qu’ils sont 300.000 ? Luc, de Dinard, s’exclame « J’en ai fait des manifs. C’est la première où les gens ne l’ouvrent pas pour défendre leur pomme, leurs intérêts. C’est génial. » Son drapeau Breton, perché sur une hampe, nous servira de phare. Pour l’instant, le pack avance de 5 mètres, repoussant le cordon du service d’ordre de la manifestation pour tous. Il prend pied sur la rue, et est peu à peu renvoyé à sa position initiale. Un Périgourdin et quelques Bretons rejoignent la formation.

15h00 : Le service d’ordre de la manif recule, jusqu’à la barrière. Le carreau de la rue de Presbourg est conquis. Et ça pousse, un élan, un cri « aux Champs ! aux Champs ! aux Champs ! ». Quelques CRS installent deux rangs de barricades, se postent. Tonfa, matraques, tenue anti-émeute. Lions et hermines côte à côte se préparent au combat.

15h 08 : A l’attaque ! Renversant les barricades, la petite formation s’élance, culbutant en vrac deux rangs de ganivelles, six CRS, puis d’autres policiers au débouché de la place de l’Etoile. Sidération dans les rangs des forces de l’ordre. Le trafic n’est même pas interrompu sur le rond-point de l’Etoile. L’appel d’air ramène d’autres manifestants, un élan jeune, blond, plutôt bourgeois. Quelques coups de matraques tombent. Rien pour briser l’élan, l’Etoile est prise, la tête de la manifestation est auprès de l’Arc, rapidement entouré de barricades par les forces de l’ordre. Sans violence, les manifestants s’écoulent autour et se placent face aux Champs. Camions de gendarmes mobiles et de CRS ardennais se rétablissent au-devant de l’avenue. Barrières, boucliers, cuirasses. Il est 15h 12.

Prendre pied sur les Champs

Hollande a réussi l'inimaginable : mettre les bourgeois dans la rue.

Hollande a réussi l’inimaginable : mettre les bourgeois dans la rue.

15 h 15 : L’Etoile se remplit peu à peu. Que des jeunes. Quelques mère-grand aussi, des familles, des poussettes. La manifestation est là, la soupape de sécurité ouverte à droite profite à tout le monde. Encore une minute, et il y aura assez de monde pour soutenir un élan nouveau. Le drapeau Breton est là, à gauche, puis à droite. Vlan ! nouvel élan, gendarmes débordés, barrières renversées et tournées, la manif darde sa tête de pont sur les Champs, envahit l’avenue Marceau, l’avenue de Friedland. Les Champs, les Champs, exultent les jeunes, et crient plus fort, toujours plus fort sous le ciel de Paris, vers les fenêtres de Flamby « Hollande, dictateur ! Hollande, démission ! »

15h20 : Là devant, il y a un os. Camions de CRS, barrières anti-émeutes, policiers déterminés à barrer les Champs. Ils en ont reçu l’ordre : sauver la face, coûte que coûte. Le Gwen ha Du attaque seul la grille, voici la Bretagne déterminée à passer. Pas de péages chez nous, pas de barrières devant nous. Une percée nouvelle se forme. L’on est aspiré dedans, devant à gauche. Les gardes mobiles écrasent les manifestants, les forcent au repli, tapent dans le tas sans ménagement. Les coups de tonfa tombent comme à Gravelotte. Et la lacrymo, le poivre. Une bombe, en pleine face. On ne passera pas. Ils ont gazé des bébés, des enfants, des jeunes.

Après les gaz

Après les gaz

Mais la nuée à peine dissipée laisse apparaître une vision sidérante : des bourgeois à l’assaut de grilles, de l’Etat policier. Des jeunes filles en foulard Hermés et sac Lancel, venues en voisines, qui crient « à bas Hollande, libérons les Champs ! » et tentent une nouvelle percée avec la détermination d’un agriculteur morlaisien en colère.  Ce ne sont plus les Champs, mais la bande de Gaza. Les vols de pavés en moins. Deux soixante-huitards se disent « ça me rappelle ma jeunesse ». Clang, boum, un coup de matraque chacun. Mourad, un jeune homme venu du Blanc-Mesnil, se tord par terre de douleur, du gaz plein les yeux. Marie-Liesse, de Suresnes, le panse avec ses amies. Gonzague rejoint l’avant-garde en coup de vent, confiant « on va pousser peu à peu, on va passer, ils n’ont pas le choix », dit-il. Une pensée, alors que des milliers de personnes font du début des Champs le nouveau point d’appui de la manif : on descendra les Champs Elysées. Coûte que coûte. Devant les grilles, ce n’est pas cent, ni deux cent personnes. Nous sommes une dizaine de mille. Entre le début des Champs et toutes les voies avoisinantes.

Et l’on a fait les Champs

16h00 Devant les policiers et leurs grilles, les percées et les vagues de gaz se multiplient. Fixées là, les forces de l’ordre en oublient les rues adjacentes. Pas tout à fait cependant. Un demi-millier de personnes s’engouffre à gauche, puis à droite rue Houssaye. Une marée de jeunes, qui bute sur l’arrière du dispositif policier. Gaz, gaz ! La rue retentit de cris. Ils chargent, tapent, bloquent. D’autres CRS viennent se placer derrière. Souricière. Dans la rue il y a les « 300 membres de l’extrême-droite » fantasmés par M. Valls. En fait ils ne sont pas même quinze. Cinq du GUD Lyon, un identitaire, une dizaine de Jeunes Nationalistes et Renouveau Français mêlés. Et cinq cent autres jeunes, entre deux cordons de CRS qui les prennent en étau. Nouvelle charge sur deux fronts, les manifestants sont pris entre deux feux, ça tape de partout, mais les forces de l’ordre finissent par être contraintes au repli de part et d’autre. Une jeune fille gémit à terre. Un caméraman italien déjà bien gazé sauve de justesse son outillage de l’affrontement. « Nos deux unités et demi tiendront », annonce un CRS dans son talkie. « Gaz, dernier recours », en crie un autre. Faux, ce sera le tout premier. Et souvent sans aucune utilité. Il y aura plusieurs dizaines de blessés et de gazés à cause de la réponse disproportionnée des policiers.

Pique-nique gersois sur les Champs

Pique-nique gersois sur les Champs

16h30. Nous nous dépêtrons difficilement du piège, après une demi-heure de pressions policières en tous sens, là et ailleurs. Au milieu de tout cela, Paris continue à vivre, mais au ralenti, suspendu aux nuées de gaz, aux cris, aux mouvements et contre-mouvements. Remonter la rue Lord Byron, doubler des gardes mobiles sidérés. Replonger sur les Champs rue Balzac. Là, c’est grand ouvert. Passés par la droite, par les rues Vernet, Gallilée, Bassano, les manifestants ont largué en chantant les policiers et atteint les Champs. Victoire, victoire, et redoublement de slogans et d’appels, alors que la plus belle avenue du monde se remplit peu à peu de manifestants. Le drapeau Breton est devant, avec d’autres. Ils sont maintenant des milliers à plonger vers le cœur de Paris. A nous, la Ville.

16 h 52 : Une bande de gersois, de garonnais, montalbanais et autres basques pique-niquent au beau milieu des Champs. Apéro pinard, saucisson, comté. Drapeau de la manif perché dans une bouteille, scène champêtre en pleine manif. « Quand on s’est installés, il y avait encore personne, que des camions de CRS en parking », explique Eloi, de Capdenac. « On l’a fait juste pour marquer le coup, comme quoi on était sur les Champs ». Après huit heures de train, voilà qui faisait du bien. Et la manif les a rattrapés, la vague populaire qui descend maintenant d’un bon pas vers les Tuileries. Dans leurs camions, les rares CRS qui y sont encore, regardent, impuissants, la marée humaine.

17h 44 : Jean-Jacques vient en famille du Pays de Retz, dont le drapeau est au-dessus de son sac à dos. En bas des Champs, il se dit « heureux, mais heureux ! ». On vient d’annoncer les chiffres. 1.4 Millions selon les organisateurs. Mais ils ne peuvent avoir tout le monde. Ils ont commencé à compter au moment où la percée se faisait, décisive, vers l’Etoile. 300.000 selon la police. Sur un portable brandi par une jeune fille tourangelle, une photo de la manifestation, un message « 300.000 pour les flics. Mais LOL ».

Les Champs Elysées bien remplis près du rond-point Marcel Dassault. Oui, la manif y est allée.

Les Champs Elysées bien remplis près du rond-point Marcel Dassault. Oui, la manif y est allée.

18h28 : La manif se masse devant un barrage de CRS, au rond-point Marcel Dassault. Les forces de l’ordre sont nerveuses. Hollandouille S.A.R.L, c’est à 100 m à gauche en bas du carrefour. Il entend les cris depuis l’Elysée, le cri de la foi du peuple jeune, qui refuse de se laisser démonter par une loi – chiffon rouge, une loi inutile et non prioritaire qui se voudrait même supérieure à la raison, à l’ordre naturel des choses. Charge, percée, gaz, gaz, gaz. La Marseillaise chantée entre chaque élan, d’une voix, d’un peuple qui ne fait qu’une génération. Inès, de Lyon, vindicative, repart à la charge « les gens n’en ont pas assez de se faire gazer. Les Champs sont à nous. On y est par la volonté du peuple, on sortira virés par les chars ! ». C’est déjà la sixième ou la septième fois que votre dévoué serviteur est se fait gazer. On contournera, peu importe. A droite. Marignan, Montaigne. Marie-France de Lantivy, jointe par téléphone, est toujours à Porte Maillot, avec nombre de manifestants de Loire-Atlantique. C’est noir de monde de la Défense au rond-point Dassault. « La Loire-Atlantique a envoyé l’équivalent de trois A380 à la manif, en bus et trains, plus les covoiturages et les gens venus par eux-mêmes. L’affluence, c’est très bien, la percée sur les Champs, personnellement, je trouve aussi, et ce qui est sensationnel, c’est la qualité des intervenants du meeting ». Qui continue paisiblement, bien que la manifestation s’écoule maintenant librement sur les Champs, libres de policiers, qui se sont repositionnés au niveau de l’Arc de Triomphe, sans empêcher les manifestants de gagner l’avenue par des chemins de traverse.

La manif peu avant 19h

La manif peu avant 19h

18h58 : Salut, ça gaze ? Barrage contourné. Des manifestants partout, s’éparpillent au revers des policiers. Dispersion ? Oui et non. Il y aura des gens sur les Champs jusqu’à neuf heures du soir. Des cars régionaux partout, une grande vague de mécontentement et d’attachement à la raison se propage dans Paris. Du bonheur aussi, beaucoup. La conscience d’un travail conséquent accompli. D’une première peut-être : Hollande a réussi à mettre les bourges et les cathos dans la rue, ce que personne n’avait réussi avant lui depuis près de trois quarts de siècle. Et à recommencer encore, s’il le fallait. Jusqu’à ce qu’il recule. Jusqu’à ce qu’il parte. Illégitime, il doit quitter la scène. Qui a dit que la France n’avait plus d’avenir ? Il était aujourd’hui dans les rues de Paris. On peut avoir à nouveau foi en la France, foi en la jeunesse, foi en leur résolution et leur courage. Vive la France !

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Municipales 2014 : Avis de tempête pour le PS en Bretagne

22 Mar

Les services du Premier Ministre viennent de prendre connaissance d’études très confidentielles dressées pour évaluer les chances de survie des candidats PS et gauche aux municipales. Si, partout en France, le premier ennemi de la gauche… c’est la gauche au pouvoir, la Bretagne sur ses cinq départements est particulièrement remontée. Avis de tempête en terre rose.

Il n'en reste pas moins que tous les problèmes dont se plaignent les Bretons ont la même origine : Paris.

Il n’en reste pas moins que tous les problèmes dont se plaignent les Bretons ont la même origine : Paris.

Qu’est-ce qui énerve les Bretons ? Dans l’ouest et le nord, la hausse des matières premières et la crise subséquente des industries agroalimentaires. A l’est et au sud, le passage en force du gouvernement à Notre-Dame des Landes et l’ouverture aux homosexuels du mariage voire de l’adoption. Partout : la hausse du chômage qui touche un territoire jusqu’alors épargné, la façon brouillonne de conduire les affaires du gouvernement, les hausses à la fois dérisoires – par leur utilité – et confiscatoires de la fiscalité directe et indirecte. Les études sont formelles : nombre de villes peuvent basculer aux municipales et la Bretagne peut se colorer à nouveau en bleu, à l’ouest et à l’est.L’on constate au passage que le bilinguisme Breton et la Charte des Langues régionales n’intéressent pas les Bretons. Encore une fois, les diverses formations politiques bretonnes semblent à côté de la plaque en défendant des intérêts très minoritaires – à peine partagés par l’ensemble des brittophones soit 5 à 10% de la population. Ce manque de réalisme a déjà perdu les partis Bretons lors des législatives  et risque de frapper à nouveau en 2014. Il est bien connu cependant qu’en période de crise surtout, « ventre affamé n’a point d’oreilles », mais il reste encore impensable que les formations nationalistes Bretonnes se penchent sur le sort, par exemple, des ouvriers ABRF de Châteaubriant  ou sur la crise de l’agroalimentaire, pour écouter les Bretons et proposer des solutions à leurs maux.

Si bien que finalement, Ayrault peut dormir sur ses deux oreilles. Même si les travaux à Notre-Dame des Landes sont abandonnés avant les municipales, 2014, c’est dans un peu moins d’un an (le 9 et le 16 mars), d’ici là, le gouvernement peut espérer que l’extraordinaire élan lancé par l’opposition au projet se sera calmé, notamment du fait de l’hétérogénéité des divers opposants. De plus, au niveau national, l’UMP est paralysé par ses soucis financiers et la guérilla qui démotive les troupes locales divisées entre fillonistes et copéistes alors que les seconds verrouillent peu à peu le parti. L’UDI, de son côté, fait une tambouille politicienne assez trouble au lieu de s’élancer dans la campagne, et pourrait abandonner au passage son objectif – encore réalisable – de devenir le premier parti de la droite et du centre en allant chasser sur les terres roses depuis longtemps comme le sont la Bretagne et le sud-Ouest.

Un moyen simple de se rendre compte de l’indécision et de l’impréparation de l’opposition : la gauche, dans les villes qu’elle veut conquérir, comme Marseille  ou Orléans a déjà désigné ses candidats, alors même que cinq candidats de l’UMP et de l’UDI tournent autour du pot à Nantes – un seul s’étant pour l’heure déclaré, Loïc Maurice, du CNIP – et qu’il n’y a pas de candidat fédérateur ni ici, ni dans bien d’autres villes comme à Lyon. Bref, 2014 est le moment où jamais pour que la Bretagne, et en premier lieu, sa capitale, Nantes, rebasculent à droite ou au centre. Mais seule la gauche a pris conscience de ce risque et entreprend, déjà, de faire un nouveau « mur de l’Atlantique » pour bétonner ses positions Bretonnes. Il est temps que l’opposition ou ce qui tient lieu d’alternative se réveille.

NDDL : Le Parlement européen se saisit du dossier

20 Mar

Suite à l’audition des pétitions de l’ACIPA, du CédPA (élus doutant de la pertinence de l’aéroport) et de France Nature Environnement, le Parlement européen et la Commission ont accepté se saisir du dossier et demandent au plus tard avant mi-avril des informations complémentaires à la France. Le dossier de l’aéroport vient de devenir européen, officiellement.

Lors de l’audition, l’illégalité du projet vis-à-vis du droit européen a été mise en exergue. 98% de l’emprise de celui-ci est située sur des zones humides, rendant la compensation de celles-ci impossible et mettant en péril les objectifs 2025 du bon état des masses d’eau en Loire et Vilaine, la ZAD étant située à la limite entre les deux grands bassins versants du sud de la Bretagne. A la vérité, le projet d’aéroport est illégal en droit européen depuis cinq ans, en droit français depuis quatre ans.

Présents à l’audience, Françoise Verchère (du CédPA) et Sylvain Fresneau (de l’ACIPA) ont expliqué à la Commission  les dérapages d’un projet d’état, l’occupation policière, l’absence de perspectives économiques du projet, l’impact sur l’environnement et les paysans, « l’urgence » enfin de la situation et le risque de travaux imminents sur place. Le gouvernement français a préféré bouder l’audience, évitant de se faire montrer du doigt au niveau européen alors que le gouvernement traverse de grandes turbulences suite à l’explosion en vol du ministre du budget. Alain Mustière pour l’ACIPRAN a en revanche été présent, ainsi qu’un assez discret directeur de projet de chez Vinci.

A la sortie de l’audition, Sandrine Bélier, député européen EELV, juriste de l’environnement et membre de la Commission des Pétitions, a réagi : « Les débats ont clairement démontré que l’Etat français ne peut continuer dans cette voie au risque de méconnaître manifestement et volontairement le droit européen qu’il a pourtant transposé en droit français » avec les Grenelle de l’Environnement en 2009 et 2011. « Le débat n’est plus franco-français, il est maintenant très officiellement européen ! Pour une fois que nous pouvons agir en amont d’un projet destructeur, les parlementaires européens seront a la hauteur de leur responsabilité. » Ainsi, les Bretons seront protégés par le droit européen. Bonne nouvelle, car depuis le début des opérations policières il y a plus de six mois, les dérapages d’une justice bien peu indépendante  s’accumulent, et actuellement, deux communes de Bretagne supportent depuis près de quatre mois un blocus totalement illégal. Toutes les demandes de contrôle judiciaire de celui-ci ont été rejetées ou ne sont pas examinées. Les habitants et opposants au projet de Notre-Dame des Landes sont sans doute trop Bretons pour avoir droit au droit français.

A l’issue de l’audience, la présidente de la commission des pétitions a déclaré que des directives européennes importantes ont été violées et a demandé des compléments d’information au gouvernement français afin de réexaminer le dossier. La commission se montrera particulièrement vigilante afin d’empêcher que la France ne demande des délais et ne profite de ce temps pour passer en force et créer une situation irréversible à Notre-Dame des Landes. Une mission européenne pourra être par la suite envoyée sur place à la fois sur la ZAD et sur le site de l’aéroport nantais actuel.

220px-Sandrine_BELIER,_EELVJointe par BreizhJournal, Sandrine Bélier apporte quelques précisions sur l’importance de l’audience d’aujourd’hui. « Il y a un mois, le 19 février, la commission des pétitions avait reçu les parties pour un premier échange et signifié ses doutes quant à la légalité du projet. Maintenant, c’est une audience officielle qui permet de montrer la volonté de faire face aux potentielles violations du droit de l’Union Européenne ». Elle rappelle la France à ses devoirs : « les textes que l’Etat refuse d’appliquer pour Notre-Dame des Landes, ses représentants les ont négocié à Bruxelles. La France est un acteur majeur de l’UE, elle bénéficie des aides, de la PAC, etc. mais elle a aussi des devoirs envers les autres pays. La France ne peut pas choisir au coup par coup d’appliquer ses engagements selon si ça l’arrange ou pas ».  C’est donc un appel à la cohérence qui est adressé à l’Etat. De son côté, l’Europe garantit la transparence des débats, et la plus grande ouverture possible de ses institutions. C’est pourquoi, précise Sandrine Bélier, « la pétition des défenseurs du projet [l’ACIPRAN] a été acceptée, bien qu’ils ne soulevaient absolument aucun moyen de droit européen, afin de mettre toutes les cartes sur table et d’avoir le meilleur éclairage possible des enjeux citoyens et juridiques ».

L’Europe sera vigilante en cas de passage en force

Barricade sur la ZAD - Chemin de Suez, fin février 2013

Barricade sur la ZAD – Chemin de Suez, fin février 2013

Beaucoup de gens s’inquiètent, sur la ZAD et autour, d’une probable reprise des hostilités et d’un passage en force de Vinci, de l’Etat et consorts début avril Cette impression est renforcée par la conjonction des échéances : la commission d’enquête rend son rapport fin mars, le sort juridique de Bellevue devrait être scellé une nouvelle fois le 26 mars et celui de la Chat Teigne le 28. Ces inquiétudes ne sont pas partagées par Sandrine Bélier, en effet « nous entrons dans la période printanière de reproduction des batraciens. Il n’y a pas encore eu d’autorisation liée à la loi sur l’eau, ni d’autorisations pour transporter ailleurs les espèces, par conséquent il est difficile d’imaginer que des travaux – mêmes des ‘‘fouilles’’ – commenceraient alors que rien n’autorise un tel impact sur les espèces naturelles ».

Cependant, si l’Etat préférait le passage en force à la réponse aux interrogations européennes, « nous serons très vigilants et déterminés. Nous ferons tout pour que le Parlement mette en demeure la France d’arrêter immédiatement ses travaux, en prenant au besoin une position politique. « L’Europe a été saisie par les citoyens. L’Europe ne peut pas attendre, on réagira immédiatement pour rappeler à la France qu’elle fait partie de l’UE et doit donc respecter ses engagements ».

Une sortie par le haut pour le gouvernement français ?

A-__xCKCIAASoqhIl apparaît de plus en plus clairement aux populations Bretonnes que seule l’Europe pourra mettre fin de façon pérenne et pacifique au projet d’aéroport, et rappeler l’Etat à ses obligations, alors même que les contrepouvoirs – principalement la justice et une grande partie de la presse – ont préféré surtout être une chambre d’enregistrement de la volonté de l’Etat  et de Vinci. Voilà qui prouve que si la France sort de l’Europe comme certains « qui critiquent l’Europe bien qu’ils en bouffent », comme le fait remarquer Sandrine Bélier, le veulent,  il n’y aura plus de possibilité d’arrêter les dérapages liés aux projets d’Etats menés d’une façon aussi peu favorable à la démocratie et à la volonté citoyenne que l’est le projet d’aéroport.

En revanche, le fait que l’Europe se mêle du projet du fait de ses illégalités flagrantes et de « l’impérieuse nécessité de tout remettre à plat, parce que les décisions prises il y a 10 ou 30 ans ne prennent pas en compte les enjeux environnementaux apparus depuis» permet à l’Etat de mettre l’abandon du projet sur le dos de l’Europe « si l’Etat enterre le projet en disant, c’est la faute à Bruxelles, je l’assume, et c’est une solution de sortie politique honorable que je suis fière d’offrir sur un plateau d’argent au gouvernement », clame Sandrine Bélier. « Je suis née en 1973. Je fais partie de la génération qui n’a connu que la crise ; que des décideurs, quels qu’ils soient, incapables de trouver des solutions et de proposer un nouveau modèle. En 2012, il y avait un slogan, ‘‘Le Changement c’est maintenant’’ : je l’attends. Nous irons jusqu’au bout ».

Pourquoi la Préfecture de Paris a-t-elle interdit les Champs à la Manif pour tous ?

19 Mar
Des jeunes manifestants de Nantes en janvier à Paris

Des jeunes manifestants de Nantes en janvier à Paris

Hier, dans la soirée, la nouvelle tombe après des jours de rumeurs. La manif pour tous, ce grand rassemblement qui devrait être le point d’orgue de la mobilisation contre le mariage gay, ce ne sera pas sur les Champs. Ni sur l’Etoile, la Concorde ou les Invalides. Mais pourquoi ? Et nombre de gens ont accusé la Préfecture de Paris, et à travers elle le gouvernement, d’entrave à la démocratie.

Assaillie d’appels, de récriminations, de plaintes, la Préfecture de Paris s’est fendue d’un long communiqué pour se justifier  et n’exclut pas de donner d’autres explications encore. Le préfet y rejette l’entière responsabilité du flou dans lequel réside encore le parcours de la manifestation sur la détermination de ses organisateurs à descendre les Champs, volonté qu’ils ont affichée dès le 20 février. « Dès le 22 février », répond la Préfecture, « le préfetde police a écrit aux organisateurs de cette manifestation pour les informer de l’impossibilité, pour des raisons impérieuses d’ordre public, de se rassembler sur ce secteur. » Raison ? « La proximité géographique de plusieurs institutions sensibles », Louvre, Elysée, Matignon etc. « fortiori dans le cadre du niveau rouge renforcé ». La sécurité, donc. Mais aussi le fait que les commerces de l’avenue ouvrent le dimanche, que l’avenue est noire de monde et que les rues alentour ne sont pas configurées pour l’encadrement de la manifestation.

La préfecture indique avoir échangé avec les organisateurs le 8 et le 12 mars, ceux-ci sont restés mordicus attachés aux Champs, malgré des propositions de parcours alternatifs qui leur auraient été faites. Par conséquent, « tout en restant ouverte au dialogue », la Préfecture – et par elle, le pouvoir – interdit aux organisateurs de descendre les Champs.

Un référé-liberté a été déposé immédiatement suite à la parution de l’arrêté et devrait être jugé dans les 48 heures ; l’on saura alors si l’arrêté préfectoral est une immense gaffe d’un pouvoir qui se sent fragilisé par la mobilisation populaire ou alors une décision juridiquement défendable et qui ressort de l’Etat de droit. Cependant, l’on a le droit de s’interroger sur les motivations de l’arrêté. Déjà, les arguments liés à la configuration des lieux sont quelque peu spécieux : veut-on éviter aux touristes faisant leurs emplettes une image de la France toujours en train de manifester et mécontente de son gouvernement ? Une vision que les partisans du projet de loi estiment être « contraire aux valeurs d’égalité de la France » ?  Peut-on estimer que les rues larges et bien tracées qui voisinent les Champs sont moins bien configurées à l’encadrement d’une manifestation que les étroites ruelles autour de la Porte Maillot qui étaient littéralement bourrées de monde le 13 janvier ?

Pour ce qui est du plan Vigipirate rouge, pas mieux : si l’on pousse la logique jusqu’au bout, toute manifestation passant près d’une institution publique sensible, hôtel de région, mairie ou préfecture, par exemple, pourrait être interdite. Une pente dangereuse, que le juge devra peser, et qui pourrait conduire à interdire des manifestations contre, mettons, l’aéroport de Notre-Dame des Landes dans la ville de Nantes, de peur des terroristes-paysans sur leurs tracteurs dans la ville du Premier-Ministre. Ou comment faire basculer une démocratie vers une sorte de néo-bonapartisme, sans la taille, la stature ni la gloire.

Enfin, l’arrêté ne nous apprend rien quant au voisinage des Champs. A part peut-être que ni Hollande, ni Ayrault ne veulent entendre sous leurs fenêtres « Hollande, ta loi, on en veut pas », « Hollande, du boulot, pas de mariage homo », ou encore « Ayrault, ta réforme, si tu savais… ». Mais, au vu des trajets des manifestations de novembre et de janvier, les mêmes n’étaient pas gênés de faire passer les manifestants sous les fenêtres de leurs petits camarades du PS (le 18 novembre), et de divers autres lieux « sensibles ». Puisqu’à notre connaissance il n’existe pas de pratique stable et ancienne d’interdire systématiquement les Champs aux manifestations, demain, le ministre de l’Education qui a un mal fou à fourguer sa réforme aux collectivités locales et aux professeurs, pourra interdire à ces derniers de manifester sous ses fenêtres, promues « lieu sensible »… pour ses oreilles. On croit rêver.

 

La manif pour tous « calme et déterminée »

Du côté des organisateurs, l’on se déclare « consterné » par « ce déni de démocratie qui du reste n’en est qu’un parmi tant d’autres ». Par conséquent, c’est la détermination qui prime : « la manif aura lieu dans un cadre légal, nous sommes engagés dans des pourparlers avec les autorités, nous sommes fermes et clairs, nous ne lâcherons rien, ce dimanche, on sera très nombreux et ce sera une mobilisation franche et massive contre le projet de loi ». Un non qui se lèvera aussi contre ce penchant terrible de la République à faire dérailler et le droit, et la démocratie, quand il s’agit de faire passer au forceps un projet d’Etat. Penchant que les Bretons – que l’on retrouve à la pointe de la mobilisation contre le « mariage pour tous » connaissent très bien. Un certain nombre de leurs compatriotes méridionaux, dans un certain pays Nantais, crapahutent depuis six mois dans la boue d’une certaine ZAD pour faire échec à un monumental déni de droit et de démocratie.

Nouvel appel aux dons pour la chapelle saint Gonéry de Plougrescant

18 Mar

La chapelle saint Gonéry, joyau de l’art gothique Breton situé dans les Côtes d’Armor et bien connu pour sa flèche tordue de 1612 et ses richesses intérieures  s’offre une seconde jeunesse. L’association des amis de la chapelle, qui a déjà apporté 29.000 € aux travaux, ouvre une nouvelle souscription de 3.000 € sur les deux prochains mois.

CHAPELLE1Une première tranche (la plus importante) d’un montant de 435 592 € est fermement décidée, elle sera réalisée sur 2012-2013-2014. Elle comporte deux phases estimées à 225 108 € et 210 484 €. Le montant total des travaux prévus est de 986 722 € TTC (hors imprévus) et le chantier s’étalera sur sept ans. Il est ainsi prévu de remplacer la toiture de la nef, de traiter et renforcer l’ossature qui supporte la voûte lambrissée peinte de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testaments, de refaire l’installation électrique, de nettoyer et rejointoyer les murs tant extérieurs qu’intérieurs, et de restaurer la voûte. Les travaux sont financés pour moitié par la DRAC Bretagne et pour un quart par la région administrative Bretagne. Du fait de l’importance de la restauration, la chapelle sera fermée cet été.

Bouvron : des panneaux contre l’aéroport fleurissent sur la RN171

16 Mar

Ce matin à 10h, malgré un temps gris et pluvieux, le comité blinois de soutien à la lutte contre Notre-Dame des Landes a procédé à la pose de deux panneaux qui proclament des arguments opposés à l’aéroport. Près de 1000 de ces panneaux seront implantés  près des grands axes en Bretagne et en France en prévision de la grande chaîne humaine du 11 mai sur la ZAD.

Cependant, certains estiment que l’opposition à l’aéroport doit rester dans le domaine du tag, ce qui peut néanmoins se faire très efficacement comme en janvier à Toulouse. C’est ainsi que des panneaux nouvellement plantés en Bretagne et ailleurs ont été tour à tour tagués (Nantes-ouest) ou recouverts de bâches fustigeant notamment les talibans verts. Du côté de la coordination chargée de dispatcher les 1000 panneaux fabriqués en un temps record par les comités locaux de Bretagne, on ignore encore « si les gens qui dégradent les panneaux le font juste for the lulz, s’ils sont favorables à l’aéroport ou s’ils sont à la solde de tel ou autre acteur favorable au projet ». Toujours est-il que l’on recommande de « surveiller les panneaux » et de « passer régulièrement s’assurer qu’ils sont intacts ». Ces deux panneaux, installés près du rond-point de la Croix Blanche, sur la RN171 entre Bouvron et Savenay, près de l’ancienne discothèque SIM Sun Way du Palais, sont cependant dans un lieu suffisamment passant pour dissuader les tagueurs de toutes les couleurs.

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Photo du comité de Blain contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes

La consultation sur le schéma régional éolien déraille dans le Morbihan

16 Mar

La consultation publique sur le schéma régional climat air et énergie (SRCAE) et dont le schéma régional éolien (SRE) Breton s’est terminée hier dans l’indifférence générale, avec une participation très insuffisante. Les militants associatifs pointent une trop grande complexité, et cependant une grande célérité dans la tenue de la consultation.

info librePrésidente des amis du patrimoine de Bieuzy (APB), une association située dans le pays de Pontivy et déléguée de la SPPEF  pour le Morbihan, Anne-Marie Robic accuse :  « L’Etat et les élus régionaux semblent ne plus être en phase avec la population ni les réalités de terrain. La consultation trop complexe a écarté la participation du public et des élus. » Dans le Morbihan, l’absentéisme a été particulièrement important. Ainsi, à la sous-préfecture de Pontivy où étaient déposés les registres pour l’arrondissement, une seule personne a noté ses observations ; il s’agit d’Anne-Marie Robic.

A la sous-préfecture de Lorient, il y a eu un problème nettement plus grave, comme l’explique Anne-Marie Robic : « les registres n’étaient pas à la disposition du public vendredi matin ; personne n’avait entendu parler de cette consultation. Mr Ferrec a tenté de joindre des huissiers tous indisponibles. Il nous a alors alertés et nous sommes arrivés à 7 associations en sous-préfecture après 14 heures : le dossier est arrivé à 14 h 20 » Comme si l’on avait tout fait pour empêcher tout citoyen de déposer ses observations… seules les associations ont ce jour là contribué à la consultation publique à Lorient.

Derrière son image écologique, l’éolien cache des dessous financiers peu reluisants et de lourds enjeux industriels. Le schéma régional éolien des quatre départements de la Bretagne administrative ouvre la possibilité d’implanter des éoliennes dans 92% des communes du territoire. Lors de son élaboration, la consultation des communes avait été particulièrement bâclée, déjà, les communes étant consultées par mail – et là seulement – en plein été. Nombre d’entre elles n’avaient donc pu répondre et transmettre leur opposition ou leur assentiment au schéma éolien. En partie illégal, notamment vis-à-vis de la loi Littoral, il est contesté devant les tribunaux. Une question reste ouverte : à qui profite-t-il de laisser le citoyen ignorant des consultations sur la « transition énergétique » et les enjeux de l’éolien ?

Notre-Dame des Landes est-elle née sous le signe de la gabegie ?

15 Mar

Quand l’on cherche sur Internet  des informations sur la commune qui va peut-être accueillir l’ex-futur aéroport de Nantes, on tombe un peu partout sur la nouvelle que sa première église a été démolie pour malversations. A croire que cette paisible bourgade est née sous le signe de la gabegie.

cot-sud-53b5d6Quel rapport entre l’église et la naissance de Notre-Dame des Landes ? A l’origine du monde, enfin de Notre-Dame, il n’y avait rien. Que des landes indivises, entre Fay et Héric, et quelques misérables hameaux, comme Villeneuve, qui dépendaient du château du Gâvre. A l’emplacement même de l’actuel village, une ferme perdue au milieu de nulle part. Jusqu’à ce qu’un curé bâtisseur commence une église en 1846 auprès de cette ferme, autour de laquelle un village s’était peu à peu constitué, et l’inaugure un an après.

Une commune au milieu de nulle part, quel pari fou ! Les communes de Fay et d’Héric ont naturellement été contre l’amputation prévisible de leurs territoires et paroisses, si bien que les habitants de Notre-Dame des Landes se sont débrouillés eux-mêmes, et n’ont jamais demandé un sou de subvention pour construire leur église. C’était l’époque glorieuse où les landes jadis vaines et indivises étaient partagées entre les communes, et des fermes nouvelles, portées par le développement des techniques agricoles, venaient s’installer toujours plus loin dans la lande. C’est l’époque où les étendues blanches et non divisées qui perlaient encore les plans cadastraux Bretons disparaissent peu à peu, tant à Campbon qu’à Guenrouët, à Quilly, Blain ou Héric. C’est l’époque où, sur ce qui fut un désert jaillissent et fleurissent Saint-Emilien de Blain, La Chevallerais, la Grigonnais, Notre-Dame de Grâce et bien d’autres, où la charrue et la hache repoussent toujours plus loin les limites de la frontière intérieure des landes. C’est l’âge où notre pays se couvrait d’églises neuves, pour effacer les stigmates d’une Révolution qui a bien failli réaliser son but, c’est-à-dire abattre la Bretagne.

Reste que les récoltes sont mauvaises et les revenus faibles, donc l’église est construite peu à peu. En 1863, elle est achevée malgré les tempêtes et l’absence d’architecte. Ce sont les travaux du clocher qui commencent, toujours sans autre architecte que le curé, l’an suivant ils sont achevés et la bataille pour l’indépendance de Notre-Dame des Landes fait rage. Les communes de Fay et de Héric se rendent peu à peu compte qu’elles ne sauront s’occuper dignement d’une bourgade située à 8 km de Fay et 6 d’Héric, et ce par de mauvais chemins, la RD16 n’existant pas encore. Une bourgade qui aspire à son indépendance, groupée comme un village chouan auprès de son église, à l’abri des taillis et des étendues désertes. La loi se rend elle-même à l’évidence, et le 22 septembre 1871, la commune est érigée, l’on taille au ciseau dans les territoires de Fay et de Héric pour l’instaurer.

En attendant, l’église, fragile et construite de façon à revenir le moins cher possible, se dégrade. En 1877, la jeune commune fait appel à l’architecte nantais Mathurin Fraboulet, qui serait bien tenté de tout mettre par terre et de reconstruire, mais qui le paiera ? Pas les faibles revenus de la commune, en tout cas. Si bien qu’il propose la réfection des transepts et du chœur, et que seuls les premiers seront effectivement reconstruits, et achevés en 1889.  Un demi-siècle passe. En 1930, la foudre abîme la fine flèche, qui doit être réparée. Et en 1937, deux clochers, ceux de Notre-Dame des Landes et de la Pâquelais, sont foudroyés en une nuit. De guerre lasse, les landais abattent leur flèche et la remplacent par un modeste toit en pavillon, choix heureux puisqu’il couvre toujours le clocher de nos jours.

Contrairement à la légende constituée par l’erreur originale d’Infobretagne et répandue par la véritable machine à copier qu’est Internet, Notre-Dame des Landes n’est pas marquée par le sceau d’une gabegie originale. Au contraire, ce bourg est l’œuvre de foi et de volonté de ces fondateurs, qui ont eu à faire concorder la pauvreté de leurs moyens et la richesse de leur inventivité. Des qualités que les Français associent souvent aux Etats-Unis, alors qu’elles sont tout simplement…Bretonnes. Des qualités qui aujourd’hui rendent encore plus difficiles la spoliation des paysans entre Notre-Dame des Landes et Vigneux… puisque bien souvent, ce sont leurs ancêtres directs qui ont fait de landes désertes, boueuses, humides et incultes une terre capable de nourrir les hommes. Ainsi, une histoire locale tissée de foi, de courage et de travail acharné, déterminé et ininterrompu s’oppose, elle aussi, à un certain Ayraultport du Grand Ouest.