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Manif pour Tous du 2 février 2014 (photos)

2 Fév

Nantes : bientôt un nouveau élan pour l’église neuve de la Fraternité Saint-Pie X

13 Jan
L'actuelle église des traditionnalistes

L’actuelle église de la FSSPX

Sur le site de l’actuel prieuré de la Fraternité Saint-Pie X, presque en face de l’église Saint-Félix de Nantes, dans l’ancien quartier Barbin, se trouve une chapelle aménagée dans une ancienne usine de chaussures reconvertie. Elle est flanquée d’un petit clocher. On vient à cette chapelle de tout le département, et même de localités plus éloignées. Pleine comme un œuf, elle est appelée à être remplacée.

En 2012, c’était presque fait. L’abbé de la Rocque avait préparé un projet qui pour des tradis… détonnait par son modernisme. Une église aux formes classiques, mais résolument anti-classiques. Grande nef, collatéraux, flèche… en ferronnerie du fait des règles d’urbanisme, chœur hémi-circulaire… et une rosace atypique en façade où plusieurs baies en losange s’intégraient dans une mandorle rayonnante des temps nouveaux.

Le projet de 2012

Le projet de 2012

Mais voilà. Le permis de construire déposé en mars a été refusé alors par la mairie de Nantes. En cause ? Le choix de reconstruire l’église au coeur de l’ilôt, en laissant derrière une bande de 4 mètres pour établir un parking et devant de quoi permettre aux fidèles d’y accéder. Tout l’espace disponible de ce terrain pentu devait être utilisé, d’où l’abattage de la maison qui servait alors de bureaux aux prêtres et des constructions préfabriquées qui accueillent les activités paroissiales. Selon les règles d’urbanisme de la mairie, l’église doit être alignée sur la rue. Ce qui n’est pas pour arranger les fidèles… ni la paroisse dont les sorties de messe se retrouveraient très perturbées.

Entre temps, le prieuré a changé de supérieur, et la Frat’ a acquis le grand domaine de la Placelière, une ancienne maison de convalescence située à Château-Thébaud, où elle s’appuie déjà sur une école hors contrat et un couvent, les sœurs du Rafflay. Onze hectares, 4200 m² de bâtiment, et beaucoup de travaux pour ce qui est depuis septembre 2013 un collège catholique hors contrat. Ce qui explique qu’il n’y ait plus eu de nouvelles de ce projet d’église neuve.

 

Un nouveau projet à l’été 2014

La seule église dédiée à Saint-Emilien qui existe dans le diocèse de Nantes : dans le village du même nom près de Blain.

La seule église dédiée à Saint-Emilien qui existe dans le diocèse de Nantes : dans le village du même nom près de Blain.

Le nouveau supérieur, le père Gaudray, s’apprête à présenter une nouvelle demande de permis de construire en juin 2014. « Le style ne sera pas le même », nous confie-t-il. « Celui du projet initial, trop moderne, ne faisait pas l’unanimité ». La nouvelle église devrait s’inspirer des styles architecturaux qui existent dans le Pays Nantais. « En revanche, elle sera bien dédiée à Saint Emilien », un évêque nantais tué en 725 par les Arabes alors qu’il se battait avec son armée pour libérer la ville d’Autun qu’ils assiégeaient. Très connu en Bourgogne où il est enterré à saint-Emiland, il n’a vu son culte réintroduit dans son diocèse d’origine qu’à la faveur de la création d’une nouvelle paroisse à l’Eraudière, près de Blain, en 1861. C’est aujourd’hui le village de Saint-Emilien de Blain. Son culte est retourné à l’oubli depuis le concile Vatican II et c’est pourquoi les catholiques traditionalistes veulent rendre hommage à cet évêque combattant en lui dédiant leur église. Ils devraient la construire entièrement avec leurs fonds et l’aide de leurs paroissiens.

La destruction de l’église de Gesté en vidéo

1 Jan

P1020802Cet été et cet automne, nous avions couvert le drame d’un petit village angevin : celui de Gesté dont la mairie a détruit l’église du XIXe siècle, prétendument pour la reconstruire, et ce après l’avoir laissée abandonnée et sans entretien pendant près de deux décennies. Nous avions retracé l’ambiance étrange de ce village plombé par le mensonge municipal et la soumission de ses habitants, la justice soumise aux démolisseurs comme elle est ailleurs soumise aux bétonneurs, la presse locale qui faisait le service après-vente de la mairie, l’Etat qui s’en fichait totalement et traitait le dossier par-dessus la jambe , les objets du culte abandonnés dans les décombres et nous étions là pour voir les dernières heures de l’église  lorsque la pelleteuse emmenait avec elle le souvenir du Gesté d’antan.

Noël Stassinet, du Souvenir Chouan de Bretagne, que nous ne remercierons jamais assez pour son soutien, était là aussi pendant ces heures terribles qui voyaient une municipalité unie dans le mensonge assassiner froidement le témoignage le plus solide de la Foi au coeur d’un petit village français. De ses heures passées sur place à filmer la démolition, il a fait un petit film de 14 minutes, comme un dernier hommage à cette église abattue en 2013 par la bêtise de quelques hommes.

Il y a aujourd’hui d’autres villages comme Gesté, où les églises sont laissées à l’abandon et demain une municipalité qui préfère passer l’argent public pour construire des ronds-points ou acheter des pots de fleurs dira aussi aux habitants : « rien à faire, l’église s’écroule », alors qu’elle survit aux pires tempêtes, aux guerres et aux fléaux. Il y a d’autres villages qui, une fois leur clocher abattu, disparaîtront du paysage, où n’y seront gravés que par une construction sans âme – un château d’eau, la tour de séchage de la caserne des pompiers ou une cheminée d’usine. Puissent ceux qui regarderont cette vidéo se rappeler de leurs églises : elles tiendront encore des siècles, si l’on veille sur elle, si on les entretient et si on empêche quelques « parvenus de la démocratie » de se faire une vaine gloire en les abattant.

1914-18 : faute de vétérans, commémorons l’esprit de combat

11 Nov
Vitrail de guerre : les poilus dans une tranchée

Vitrail de guerre : les poilus dans une tranchée

Edito. L’on parle beaucoup d’Histoire et de commémoration en ce jour anniversaire d’armistice, mais à quoi bon s’il n’est plus de vétérans, et que le pouvoir n’use des célébrations que comme d’un triste masque des réalités économiques ? A l’heure où 75% des français s’estiment non concernés par le 11 novembre et que l’Elysée tweete que le 4 août 2014 « François Hollande va célébrer l’entrée en guerre aux côtés du président de l’Allemagne », laissant présager d’un méga-chahut avec gaz moutarde et obus à volonté, que commémorer et à quoi bon ?

Faute de vétérans, l’on peut retenir l’esprit et les faits historiques. Une guerre terrible, inutilement rallongée par la sénilité des généraux qui le précédèrent. Une guerre qui plaça la République dans l’impasse : la dictature ou la défaite, pendant que Caillaux et Malvy, deux ministres du gouvernement d’alors, trafiquaient ouvertement avec l’ennemi. Ils ont été jugés pour ça en 1917 par la Haute-Cour, ce qui ne les pas empêché de rebondir après guerre et continuer, en bradant les acquis de Versailles et de Locarno, à servir plus l’intérêt de l’Allemagne que ceux du pays qui les a propulsés au pouvoir. Une guerre qui mit en exergue des personnalités contradictoires. Clemenceau. Père la Victoire certes, qui mit fin aux trahisons internes en 1917 mais refusa aussi la paix séparée de l’Autriche-Hongrie, qui aurait acculé l’Allemagne à rendre les armes, un an plus tôt. Pétain. Sauveur du front, mais qui se laissa déborder en maints endroits par Gamelin et autres Nivelle, généraux inadaptés, salonnards et inconscients.

Du fait de ces généraux qui n’étaient pas à leur place au commandement, comme en 1870 et plus tard en 1940, la France recula. Et quand elle fut enterrée dans ses tranchées, entre quatre murs de boue et de pluie, elle fut décimée. Les peuples minoritaires que la République n’a jamais su souffrir furent mis en avant, transformés en chair à canon. La Lozère – vieilles terres rebelles que sont les Cévennes – ne s’en est jamais relevée. La Corse est restée meurtrie. La Bretagne, sanguinolente, a gardé la blessure dans sa mémoire blessée.

La commémoration aujourd’hui encore place la République devant ses contradictions historiques et montre au peuple – un peuple dont la révolte est rouge sang de Bretagne – son passé sanglant ; les crimes dont la République jacobine s’est faite coupable ou complice, et qu’elle refuse de reconnaître. Ainsi, ce rapport très prudent, qui refuse toute réhabilitation publique des fusillés pour l’exemple. Même de ceux qui, trop rapidement convaincus d’insoumission ou pris au hasard, sont vraiment morts pour rien. Pour la sénilité des généraux, pour la gloriole des sous-off’’, les successeurs de ceux qui « couraient dès qu’ils entendaient gronder au loin le canon des pruscos », écrivait Jules Onnée en décrivant les faits d’armes de la Légion Bretonne, un corps de francs-tireurs qui jamais n’a refusé le combat contre les prussiens, et les a toujours chassés.

Aujourd’hui encore, la République refuse de reconnaître ce que la parole des Poilus a rendu public ; aujourd’hui encore, elle refuse d’accorder à la mémoire nationale que des Bretons et des Corses, majoritairement paysans donc embrigadés dans l’infanterie, furent systématiquement mis en première ligne parce que eux tenaient, quelle que soit l’intensité du bombardement qui chutait sur eux. Aujourd’hui encore elle refuse de réhabiliter ceux d’entre nos ancêtres qui sont morts pour rien, dont l’honneur a été sali en pure perte. Comme ces Bretons qui ne comprenaient pas un traitre mot de français, ou ce Corse à demi-fou tués pour l’exemple, au bon vouloir de leurs officiers. Comme ces tirailleurs tunisiens décimés pour le même futile caprice.

Alors que commémorer ? Le sacrifice de nos aînés, certes. Mais les alignements de noms écrits en petits caractères dans sur les monuments aux morts religieux – toute la hauteur du transept de Guéméné-Penfao – ou civils traduit la mesure de la contribution bretonne. Plus important. La guerre de 1914-18 illustre encore une fois le très ancien proverbe déjà employé pendant la Guerre de Cent Ans, alors même que la Bretagne était encore libre, mais que bien des Bretons étaient engagés aux côtés du Roi de France pour bouter hors les anglais du continent. Formigny 1451. Victoire bretonne qui libéra la France des Anglais.

« Le sang des hermines teinte les bannières de lys ».

A chaque fois qu’un Français défaille, qu’il se laisse couler, depuis plus de six siècles, bien avant même, un Breton se lève pour prendre sa place et faire son devoir. A force, cela fait un héritage terrible de bravoure, de douleur et de morts ; les Bretons ont ainsi tissé de génération en génération les plus belles pages de l’Histoire de France. Maintenant que le ras-le-bol attise le combat pour l’indépendance, que les moyens de la France ne sont plus que fantomatiques, que le rayonnement français – le dernier argument vraiment susceptible de retenir la Bretagne – a vraiment décliné, c’est notre Histoire qui place devant nous ce legs encombrant, qui nous oblige aujourd’hui encore à nous battre là où les Français seraient tentés de se laisser tuer.

Que commémorer, donc ? L’esprit de combat. Celui qui a porté nos aînés. Qui les a fait survivre dans l’enfer de boue, celui qui les a poussés à l’assaut des crêtes désolées et labourées d’obus d’Artois en Champagne. L’esprit de combat. Celui a poussé la génération suivante à résister, à former l’armature de la France libre, à faire la guerre à l’occupant par tous les moyens. Celui qui a poussé les paysans bretons à entrer en lutte et arracher les routes gratuites, l’université de Brest et la mise en eau profonde du port de Roscoff. Tout cela, ils l’ont obtenu, mais ils l’ont surtout construit de leurs deniers et de leurs mains.

Aujourd’hui, c’est à nouveau l’heure du combat pour les Bretons. Contre le déclin, pour l’avenir et l’emploi. En finir avec le pandémonium du monde politique français. Avec les guillotines de l’écotaxe et les boîtes à flash qui mitraillent sur les routes et dépouillent la Bretagne. La guerre est à nouveau chez nous, mais elle requiert l’esprit de combat, le courage, la passion et l’acharnement tout à la fois. En avant pour la der des der… avant la libération. Elle n’a jamais été si proche.

La Gérauderie, un hameau remarquable de Notre-Dame des Landes

27 Sep

Après une longue interruption commandée par l’actualité brûlante, nous reprenons notre série sur le patrimoine remarquable de Notre-Dame des Landes, tant que le loup – casqué et pourvu de matraques et de gazeuses –  n’y est pas. Le livre de Marie-Ange Lebreton, Des pierres sur la lande, qui liste le patrimoine intéressant de la commune, indique qu’une croix celtique, la seule de la commune, se trouve à l’Ecobut.

En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Lorsque l’on vient de la route de Grandchamp à Notre-Dame, par l’Ascension, l’on voit l’Ecobut au croisement, mais il faut pousser jusqu’au bout de l’étroite rue formée par le hameau pour arriver jusque une antique mare, presque jamais sèche, dominée par un chêne sous l’ombre duquel s’abritent la croix et une maison. C’est non point l’Ecobut mais la Gérauderie. En passant, le nom du premier hameau indique qu’un bois a été ici défriché par le feu ; il existe un autre hameau appelé de même non loin, à la sortie de la forêt de la Joue en Fay de Bretagne, avant Mérimont.

La croix

La croix

Une croix qui témoigne du renouveau spirituel breton du début du XXe siècle

La croix a été érigée en 1925 par Jeanne Hénot. Elle est bénie lors de la procession des Rogations, le 19 mai 1925 et porte une plaque libellée « Inaugurée par la famille Hénot-Fourage ». Dégagée des broussailles et restaurée voilà trente ans, elle porte fièrement sa couronne sobre et belle, d’esprit Feiz ha Breiz, Foi et Bretagne. De façon étrange, elle n’est en effet pas une croix pattée curviligne, comme bien d’autres l’ont été sur la commune. Nous reparlerons ultérieurement de ce dernier modèle de croix aux diverses et imperceptibles variantes qui a essaimé tant à Notre-Dame que dans les paroisses voisines de Fay et de Vigneux, et même jusqu’à Blain.

Peut-être cette belle croix de la Gérauderie tirait-elle déjà son inspiration du renouveau spirituel et culturel breton, dont le Bleun Brug de l’abbé Perrot, béni par le pape en 1920 fut le plus grand étendard, mais qui connut bien d’autres floraisons dans de nombreuses paroisses de l’ensemble de la Bretagne, comme la reconstruction au début des années 1920 à Sainte-Anne sur Brivet, à moins de 30 km de Notre-Dame des Landes, de la chapelle Sainte-Anne   qui préfigure le style Seiz Breur se fondant l’architecture celtique régénérée par l’inspiration nouvelle des Arts Décoratifs.

Deux maisons remarquables

La ferme de 1776

La ferme de 1776

Mais il faut encore persévérer, et pousser les solides barrières de cour de gare – récupérées sur la ligne Blain – Nantes (de Beslé à la Chapelle sur Erdre) qui passait non loin – et aller voir de plus près les maisons du hameau. Derrière la barrière se trouvent deux petites maisonnettes. L’une d’elle a un appentis moitié torchis, moitié parpaings à son pignon. Sous son autre pignon, une pierre calcaire porte à demi-effacés, mais profondément gravés, les chiffres de l’an 1833.

La maison de 1833

La maison de 1833

Mais c’est surtout derrière la croix qu’il faut aller. Vers cette ferme dont les toits s’adoucissent de coyaux, un artifice usé du temps où les gouttières n’étaient point connues pour faire glisser l’eau comme sur un toboggan et la propulser loin des murs qu’elle risquait de dégrader par de disgracieuses coulures. Construite en plusieurs fois, elle a une partie occidentale plus basse et aveugle côté nord, un appentis contre celle-ci, et à l’est un corps plus important, percé de trois lucarnes chiens-assis sur le midi et de quelques ouvertures sur le côté nord. La porte de ce côté a ses coins saillants abattus, la fenêtre, au-dessus, sommée d’une poutre, a un bel appui formé d’une dalle de schiste. Sur un bloc de tuffeau un peu à gauche de celle-ci, l’on peut lire une écriture soignée et juste « BATIE PAR PIERRE BRETESCHE ANNEE 1776 ». La date est flanquée de petites roues tracées au compas, deux à gauche, une grande à droite.

Cette ferme est un touchant témoignage des trésors semés par l’Histoire qui se trouvent dans tous les coins de la commune de Notre-Dame des Landes, ouverts à tous ceux qui voudraient prendre du temps pour les découvrir. Nous n’en avons pas fini pourtant avec les plaisants témoignages du passé de la commune qui sont conservés dans ce hameau. Ils formeront la trame du prochain volet, sur la guerre de 1939-45 à Notre-Dame des Landes.

Sur la ferme de 1776 à la Gérauderie, côté nord

Sur la ferme de 1776 à la Gérauderie, côté nord

Article précédent : la maison noble de la Forestrie

Le Calvaire de Notre-Dame des Landes et la croix huguenote

8 Sep
Le grand Calvaire

Le grand Calvaire

Notre-Dame des Landes avant Notre-Dame des Landes. Nous continuons notre série sur le patrimoine de Notre-Dame des Landes datant d’avant la création de la paroisse vers 1845. Nous tirerons pour l’essentiel nos informations du livre de Marie-Ange Lebreton, Des pierres sur la lande (2001).

A la sortie du bourg, sur la route de la Pâquelais, se trouve une minoterie et un imposant calvaire, pareil à ceux qui trônent encore à la sortie de quelques villages de Loire-Atlantique pareillement fondés ou sensiblement développés au XIXe comme Saint-Omer de Blain ou Notre-Dame de Grâce. Ce calvaire là, qui fait l’angle des routes de la Pâquelais (de Nantes) et de Grandchamp, a été construit suite à la Mission de 1903. Des embarras dans les travaux ont freiné son achèvement, et il n’a été inauguré qu’en 1908. Les deux côtés du monument sont curieusement en pierres différentes, car d’un côté elles viennent de Vigneux de Bretagne (carrières du Buron et du Maroc) et de l’autre côté d’Héric.

A la construction du calvaire, l’on scelle à l’arrière, contre un jardin, une très ancienne croix qui affecte la forme d’une croix de Lorraine en granit. Cette croix est connue sous le nom de « croix huguenote ». Elle était jadis située à cet endroit même, qui se trouvait entre les villages de l’Epine et de la Primaudière, qui préexistaient au bourg actuel, construit sur des landes nues et communes. La Primaudière se trouve un peu au sud-ouest de l’actuel bourg, tandis que l’Epine est un gros hameau à 1 km au sud. Ce dernier constituait avant la création de la paroisse de Notre-Dame des Landes une des neuf frairies de Fay et était entouré de landes.

La croix huguenote ou Croix Perroche

La croix huguenote ou Croix Perroche

Le curé Bidet, fondateur de la paroisse, relate la fondation de cette croix : « Au temps des guerres de Religion, en Bretagne, les habitants de l’Epine conduisaient au point du jour leurs bestiaux sur la lande de la Primaudière, lorsqu’ils aperçurent le cadavre d’un chevalier (…) qui avait succombé la veille au soir.  Les habitants de l’Epine, ne trouvant sur lui aucune marque de religion, en référèrent à leur curé, de Fay, qui leur conseilla, en attendant qu’on découvrit à quel parti il appartenait, de l’enterrer dans le lieu même avec ses armes, et d’élever sur sa tombe une croix de pierre. Ce qu’ils firent. »

Les pierres dont furent faites croix et tombe viennent d’une carrière un peu au sud du bourg de Vigneux que les habitants appellaient « Roche ». La croix fut ainsi nommée « de pierre Roche », puis par contraction « Perroche ». Il apparut plus tard que le mort était un huguenot de la bande d’un certain Lancelot, qui tenait alors le Croisic, soit au XVIe siècle encore, soit au commencement du XVIIe.

A la construction du Calvaire en ce lieu même, la vieille Croix Perroche fut alors scellée à l’arrière. Elle veille maintenant sur un jardin aménagé dans l’angle des deux routes, derrière le Calvaire. Ce dernier connut deux rénovations : en 1933, le bois de la croix a été changé et le calvaire rénové inauguré lors de la Mission, le 26 novembre de cette année. Puis, après la guerre, toute la partie arrière fut refaite en béton et inaugurée le 25 décembre 1953. Les noms des donateurs qui se cotisèrent pour la restauration furent déposés à l’intérieur du Christ.

 

Article précédent : la croix double de la Piclotais

 

Gesté : voici la pierre d’autel trouvée dans les décombres

3 Sep

Certains, au sein du bourg de Gesté comme ailleurs ont cru bon de remettre en cause la réalité de la découverte d’une pierre d’autel le dimanche de la saint Louis dans les gravats de l’église. Nous étions aujourd’hui 3 septembre à nouveau toute la journée dans l’infortuné village de l’Anjou qui voit périr son église en ce moment même où un village bien plus petit, mais Breton, fait le choix franc et massif de sauver la sienne. Nous avons pu voir et photographier ces objets qui ont effectivement été récupérés le 25 août et sont depuis entreposés dans un bureau de la mairie. Nous vous présentons la photo de la pierre d’autel et une des bourses trouvées. La bourse est un linge liturgique formant une poche carrée de toile cartonnée. La mairie a l’intention de les transmettre à la paroisse de Beaupréau.

Négligence de la paroisse ?

Bourse trouvée dans les gravats de l'église le 25 août

Bourse trouvée dans les gravats de l’église le 25 août

La découverte de ces objets consacrés met en cause la diligence de la paroisse – et de l’évêché censé contrôler sa conduite et sa piété – à avoir fait les démarches nécessaires et respecté les bonnes formes pour vider l’église de ses objets religieux et les mettre en sûreté. Déjà, aucune cérémonie de désacralisation n’a eu lieu ; celle-ci sert à rendre à l’usage profane des lieux de culte catholique. Comme la mairie a pris soin de récupérer – et d’entreposer dans ses locaux – une grande partie du mobilier cultuel de l’église, il est possible que la pierre d’autel, qui faisait probablement partie d’un des autels en bois de l’une des trois chapelles latérales, ait été récupérée lorsque ces autels furent supprimés et oubliée ensuite jusqu’à ce que la pelleteuse atteigne l’endroit où elle était abandonnée.

Georges Remeau, le premier adjoint au maire nous explique : « au début du mandat [en 2008] il y avait un immense volume d’objets sacerdotaux dans l’église pourtant déjà fermée. On a vu les gens de la paroisse, pour leur dire que tout ça allait pourrir par cause d’humidité, et les inviter à s’en charger, ce qui a visiblement été fait mais imparfaitement ». Il ne lui paraît pas impossible au passage que Gesté ait accueilli les vêtements et linges sacerdotaux – très nombreux à être utilisés avant le concile Vatican II – de l’église du Fief-Sauvin, quand celle-ci fut vidée pour être rasée vers 1997 ; alors, le Fief-Sauvin et Gesté étaient déjà réunis dans une même paroisse, où toutes les messes étaient post-conciliaires et la plupart des vêtements sacerdotaux n’étaient plus utilisés.

Il existe des ensembles complets de linges et vêtements sacerdotaux qui s’assemblent tant par la similitude de leur décoration que leur couleur, spécifique au type de messe ou au temps liturgique de l’année. Parmi les objets récupérés le 25 août, l’on distingue trois ensembles différents ; il y a quatre manipules (les bandes richement ornées que le prêtre se met sur l’avant bras gauche), deux sont de motifs identiques, deux autres sont dépareillées. De toute évidence, l’état des pièces ainsi que leur caractère disparate montre que le tri a été fait par des personnes qui n’en connaissaient pas le caractère consacré et n’en avaient plus l’usage, le seul critère de choix étant l’usure apparente des pièces ou de leur doublure. Néanmoins, il n’est rien d’irréparable dans ces beaux objets sacerdotaux, témoins de temps pas tout à fait révolus puisque les paroisses où se dit la messe tridentine – plus nombreuses chaque jour – en ont un croissant et impérieux besoin.

A la paroisse : il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre

Ces derniers jours, la paroisse s’était réfugiée dans le plus complet déni, plutôt que d’avouer ses erreurs passées. C’est ainsi qu’une bénévole de la paroisse – dont nous tairons le nom et le prénom – nous avouait encore quelques heures avant que nous puissions voir lesdits objets qu’il lui semblait « tout à fait impossible que des objets du culte aient pu être laissés dans l’église ». Et pourtant le 20 juin encore, dans une sacristie qui semblait avoir été vidée à la va-vite, des feuilles éparses jonchaient le sol, des placards n’étaient pas vides et les pots de cendres pour 1991 et 2002 avaient été laissés en place. Après la démolition d’aujourd’hui, bien que le godet de la pelle ait proprement haché menu les meubles de la sacristie, nous avons pu récupérer le petit pot plastique des cendres 2002 qui, roulant dans les gravats, est resté intact, ne perdant que son étiquette. Que la paroisse l’ait conservé est plus idiot que sacrilège : ces Cendres doivent être dispersées immédiatement après le mercredi des Cendres, car elles ont quand même été bénies mais elles ne serviront plus. C’est encore une preuve de la méconnaissance profonde des nécessités du culte par ceux-là mêmes qui sont censés l’assurer.

Peut-être l’aveuglement volontaire des bénévoles paroissiaux peut-il s’expliquer par l’étrange vision de la piété de l’équipe des prêtres de la paroisse, ou l’ascendant que le curé parrain de la démolition de l’église de Gesté peut encore exercer, bien qu’il soit déjà parti vers sa nouvelle affectation. Toujours est-il que ces objets sont sauvés, mais que nous regretterons que les formes du plus élementaire respect du patrimoine et de la Foi n’aient été respectées : il n’aurait pas coûté plus cher de démonter tous les vitraux et le Christ monumental, plutôt que de broyer les premiers inutilement dans le godet de la pelleteuse – sauf trois, dont deux déjà restitués aux descendants de leurs donateurs – et de descendre le second comme une palette de légumes, au bout du bras d’une nacelle.

Pierre d'autel revêtue de son sceau épiscopal de cire rouge - Gesté

Pierre d’autel revêtue de son sceau épiscopal de cire rouge – Gesté

L’église de Gesté entamée par les démolisseurs

31 Août

l'égliseLe maire de Gesté espérait détruire le chœur de l’église en trois jours. Mais, pour un « monument en péril », elle résiste bien et les démolisseurs en auront pour une semaine de plus au moins. Par ailleurs, dimanche 25 août, des opposants à la démolition ont découvert dans les gravats une pierre d’autel et des objets sacerdotaux dans l’église. Cela fait pourtant des mois que le clergé (évêché d’Angers et curé de Beaupréau, favorables à la démolition) clame que l’église a été vidée de ses objets sacrés.

Les démolisseurs s’attaquent au chœur néogothique de l’église avec une griffe qui porte jusqu’à 40 mètres de hauteur. Une flèche placée sur le côté déploie un écran qui est censé éviter les projections de pierre ; malgré cela, des débris ont giclé assez loin sur la place de la mairie. La société OCCAMAT qui assure la démolition est donc obligée de ralentir encore la cadence et de démolir avec prudence sur les côtés sud et est du chœur, car l’église est entourée d’habitations qui sont situées à moins de dix mètres d’elle.

Le chantier a été arrêté toute la journée de vendredi. Il devrait reprendre au début de la semaine prochaine. Les démolisseurs s’apprêtent à démolir d’abord les parties hautes du chœur, puis ensuite le bas, avec une grue de plus faible portée, donc moins chère à transporter et à louer. La démolition revient à moins de 200.000 € pour la commune (193.500), parce que les pierres de l’église ne seront pas emmenées par la société, mais seront prises par les agriculteurs pour l’empierrement des chemins. La belle église de Gesté finira sa vie sous les roues des tracteurs.

Ce qui a surpris les démolisseurs comme les badauds, c’est la solidité de l’église. Noël Stassinet, du souvenir chouan de Bretagne, présent toute la dernière semaine de juillet sur place, se souvient notamment « quand la pelleteuse a soulevé tout d’un coup tout le toit du transept, et qu’elle l’a emmené, le mur en bout de transept a vacillé plusieurs fois, et s’est redressé. » C’est une construction élastique, qui tient les chocs. « De même, quand une des quatre ogives d’une croisée a été retirée par la pelle, la croisée a tenu. Ils ont enlevé un autre arc, la croisée tient toujours. Ils coupent pour la pause de midi, la croisée ne bouge pas ». Bref, ce n’est pas une maison en parpaings, c’est une église, construite à une époque où on savait le faire, et qui paraît quand même bien en état pour un monument que la mairie disait en péril. La même mairie disait qu’il y avait de la mérule (un champignon responsable de la destruction des bois) dans la charpente : aucune pièce infectée n’a été trouvée.

 

Des objets religieux trouvés dans les gravats et dans la sacristie

démolPlus scandaleux encore. Alors que ça fait des mois que le maire, Jean-Pierre Léger, et le curé de la paroisse, Pierre Pouplard, clament que l’église a été vidée de ses objets religieux et sacerdotaux, une découverte soudaine a remis en cause leurs paroles. Pourtant, nous avons relevé en juin que de nombreux objets avaient été sauvés de l’église (devant d’autel, plaques des monuments aux morts, statuaire, tables de communion, chemin de croix…) et entreposés dans les ateliers municipaux tandis que les aubes et autres vêtements sacerdotaux auraient été repris par la paroisse.

Et pourtant. Le dimanche 25 août, le souvenir chouan de Bretagne organisait un pique-nique pour rendre hommage à l’église qui allait être détruite. Ce pique-nique a réuni douze personnes, bien qu’il a été interdit par la gendarmerie de Beaupréau suivant l’avis du maire de Gesté. Les participants sont allés voir l’église et ont longuement discuté avec le vigile, catholique et excédé par le sacrilège en cours. Ils sont entrés sur le chantier, et parmi les gravats, les membres de l’association Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois (MVPG, opposée à la destruction de l’église) qui les accompagnaient ont trouvé une pierre d’autel dans les gravats, encore revêtue du sceau de cire rouge de l’évêché. Dans la sacristie, il y avait aussi encore des aubes et des étoles dans les placards, ainsi que des manipules, une bourse et un plateau de communion. Ils ont sorti l’ensemble de ces objets. Le vigile a refusé que cela sorte du site, et a tout empilé dans un carton qu’il a porté dans la salle municipale toute proche. Lundi, ces objets ont été remis à la municipalité.

Celle-ci, plutôt que d’avouer – pour une fois – ses torts a fait comme d’habitude, c’est-à-dire qu’elle s’est enferrée dans le mensonge en profitant des colonnes complaisantes du Courrier de l’Ouest. Elle a notamment accusé l’association MVPG et les participants au pique-nique « d’effraction de la crypte », accusation étrange sinon grotesque puisqu’il n’y a rien à briser, la crypte comme tout le reste étant ouverte à tous les vents. A des élus de son canton, le maire a aussi dit que l’association MVPG aurait volé ces objets sacerdotaux antérieurement (par exemple en décembre quand l’église était ouverte à tous les vents pendant un mois) pour les remettre maintenant. Le 20 juin, lorsque nous étions rentrés dans l’église pour photographier ce qui allait être démoli, la sacristie n’était pas vide, loin de là, on trouvait sur les étagères des pots étiquetés « cendres 1992 », certains placards étaient remplis, d’autres vidés, des feuilles traînaient un peu partout et il semblait que l’église avait été abandonnée dans la précipitation, comme un lieu touché par une catastrophe naturelle. Tout cela montre que l’évêché d’Angers et la paroisse ont tous deux participé à un sacrilège : la destruction d’une église qui n’a pas été déconsacrée.

Veillée dans le calme pour la marche des Veilleurs hier à Nantes

29 Août
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Photo des veilleurs nantais (FB)

Malgré la présence d’une petite centaine de militants d’extrême-gauche à la fois pro-ZAD et pro-LGBT, les violences qu’une trentaine d’entre eux ont exercé sur les Veilleurs à Couëron le 27 août ne se sont pas reproduites. Ces violences, dont nous livrons le récit, ont ému nombre de Bretons et d’opposants à l’aéroport, qui se demandent si de telles méthodes inqualifiables ne risquent pas de discréditer toute la lutte anti-aéroport, un mouvement qui se veut avant tout pacifique, démocratique et ouvert au dialogue.

Une quarantaine de CRS tenaient les militants d’extrême-gauche à l’écart de près de 400 veilleurs (200 d’après la police) qui ont ainsi pu veiller en paix devant l’ancienne chambre des Comptes de Bretagne, qui est maintenant la Préfecture. Comme prévu, les veilleurs marcheurs, qui étaient une vingtaine hier à Couëron, ont été rejoints à Nantes par un grand nombre de personnes, qui ont participé ensemble à une veillée sur le thème de l’écologie. Le philosophe Olivier Rey y a, entre autres, pris la parole. Gaultier Bès, de la marche des veilleurs, nous précise que « beaucoup de gens découvraient les veilleurs, et de nombreux badauds se sont arrêtés comme chaque soir pour écouter les textes et les prises de parole libres, malgré la poignée de fanatiques qui prétendaient museler notre liberté d’expression démocratique. »

Photo des veilleurs nantais

Photo des veilleurs nantais

Désormais, la marche des Veilleurs fait un bond en avant vers Paris : elle sera à Sartrouville ce soir, à Bondy demain et à Paris samedi. La préfecture s’est déjà opposée  à leur marche parisienne, prétextant qu’elle n’a pas fait l’objet d’une déclaration. Les veilleurs ont répondu que ce n’était pas une manifestation et qu’ils n’avaient pas besoin d’une autorisation pour lire des textes et se réunir dans la rue.

Pique-nique dimanche 25 août contre la démolition de l’église de Gesté

24 Août
le choeur de l'église de Gesté

le choeur de l’église de Gesté

L’association Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois (MVPG), le collectif Saint-Jacques d’Abbeville et le Souvenir Chouan de Bretagne organisent le 25 août – jour de la saint Louis – un pique-nique contre la démolition de l’église de Gesté. Rendez-vous à 12h30 devant l’église (côté mairie). La semaine prochaine devrait être la dernière pour le chœur de l’église, dont les opérations préalables à sa démolition ont commencé cette semaine.

« En septembre, tout sera plat » a promis le maire de Gesté, qui ne veut garder de l’ancienne église que la crypte et le clocher, pour remplacer l’actuelle par une construction moderne en forme d’ellipse, en béton et verre. La manifestation a été autorisée par la gendarmerie de Beaupréau après que ses organisateurs aient promis de ne pas démonter la mairie, dont l’intégration visuelle aux abords de l’église laisse pourtant clairement à désirer

Pour en savoir plus

Reprise de la démolition de l’église de Gesté lundi

17 Août
Voilà ce qui reste encore de l'église de Gesté à ce jour

Voilà ce qui reste encore de l’église de Gesté à ce jour

La mairie de Gesté reprend la démolition de l’église lundi. Après l’arasement du mur pignon de la nef et de la moitié du mur sud de la nef, il reste à abattre le chœur néogothique, construit par l’architecte angevin Teissier dont quatre autres édifices sont classés monuments historiques en Anjou.

Le maire nous avait annoncé en juin que « à la rentrée de septembre, tout sera plat », le chœur et le reste de la nef seront rasés. Ne seront conservés pour le projet de la nouvelle église que le maire espère construire que le clocher et la crypte située sous le chœur, ainsi qu’un pan du mur nord de la nef pour soutenir le clocher. Rien ne s’oppose plus au sacrilège du maire, puisque la justice elle-même a cédé à la force début juillet avec un argument imparable : puisque les travaux de démolition sont déjà engagés, le juge conclut qu’ils sont irréversibles et l’urgence est non de les arrêter, mais de les finir. Les bétonneurs de tous poils apprécieront. Désormais, au lieu de s’embêter à sauvegarder des vieilles pierres, un coup de pelle sera vite arrivé et défendu par la justice qui était censée le condamner. Mais ça, c’était avant. L’association mémoire vivante du patrimoine gestois (MVPG) opposée à la démolition de l’église, envisage de se pourvoir en cassation. Mais l’église sera rasée depuis longtemps quand il lui sera enfin rendu justice.

Presse locale servile, couardise des villageois, mensonges et incompétences de l’Etat , justice peureuse et incapable de remplir sa mission, démolition au cours de l’été, passage en force de la mairie : l’affaire de Gesté est un terrible témoignage de la dérive que connait la France, jusqu’au cœur de son terroir. Le pays des « Droits de l’Homme » n’a jamais été un exemple pour la Bretagne – surtout à l’époque des colonnes infernales et des « interdit de cracher par terre et de parler Breton ». Surtout à l’heure où il s’agit de sauver une autre église Saint-Pierre, celle de Plouagat dont les habitants doivent voter pour accepter ou refuser la restauration.

Mensonge d’Etat autour de l’église de Gesté

18 Juil
le choeur de l'église de Gesté

le choeur de l’église de Gesté

#OpMagouilles. Nous avons longuement couvert l’affaire ahurissante de démolition de l’église de Gesté, et le drame de ce petit village angevin dont la mairie casse l’église en s’appuyant pour l’essentiel sur des éléments matériels détournés ou contraires à la réalité. La SPPEF – Société de Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France –  avait écrit le 20 juin au préfet du Maine et Loire pour s’insurger contre le début des travaux de démolition. Une lettre à l’abîme avait-on cru.

Et puis non, divine surprise. Dans la réponse, datée du 27 juin, le préfet du Maine et Loire François Burdeyron écrit à la SPPEF « il ne s’agit pas d’une démolition d’église. Le clocher, la crypte et le chœur ne seront pas détruits, ce sont les parties les plus emblématiques de ce bâtiment et seront conservés. La nef dont la démolition a été engagée sera reconstruite mais sous un format plus petit ». Curieusement, sur place, la mairie s’en tenait toujours à son projet initial – c’est-à-dire conserver le clocher et la crypte mais raser le chœur – et rien ne semblait confirmer les dires du préfet. Donc, avant même de nous demander comment une nef plus petite pourrait s’accorder à la monumentalité du chœur néogothique, nous nous sommes dévoués et avons demandé à la Préfecture de préciser. Celle-ci nous a courageusement renvoyés à la sous-préfecture de Cholet, chargée d’aplanir le monumental gourage.

Colin Miège, le sous-préfet de Cholet, nous dit en effet « qu’il faut bien reconnaître qu’il y a une erreur dans cette lettre : le chœur en réalité sera détruit et la nef aussi. On reconstruit un nouvel édifice en gardant le clocher et la crypte ». Rien de nouveau sous le soleil, mais la façon dont a été écrite la lettre montre avec quelle désinvolture l’Etat – par le biais du Préfet du Maine-et-Loire traite la destruction de l’église catholique Saint-Pierre de Gesté. Le représentant de l’Etat dans le Maine et Loire se permet même d’entuber au passage la plus ancienne association de protection du patrimoine historique en France (la SPPEF a été fondée en 1901 et est agréée d’utilité publique sans discontinuer depuis 1968). Plus étonnant, la direction de cette association, ne s’est même pas rendu compte qu’elle s’est faite flouer et n’a pas pris la peine de vérifier l’étonnante nouvelle; c’est d’autant plus étonnant que la SPPEF suit le dossier depuis 2006. Cette désinvolture étatique et ce désengagement de la SPPEF sont symptomatiques de la déliquescence intérieure de la France, où tout le monde se fiche de tout et personne hormis les démolisseurs n’a plus aucun repère, ni moral ni sacré, ni même fondé sur le travail bien fait.

La nouvelle église doit ressembler à cela (esquisse). Le choeur sera bel et bien rasé.

La nouvelle église doit ressembler à cela (esquisse). Le choeur sera bel et bien rasé.

Il y a une seconde monumentale erreur dans cette lettre, visiblement rédigée à la va-vite, puisque le sous-préfet de Cholet avance que « le préfet n’avait visiblement pas les données du dossier, ou ses papiers ». C’est à croire que tout le monde est en congés ou en RTT à la préfecture du Maine-et-Loire, puisqu’il ne s’est trouvé personne pour sortir le dossier et essayer de fignoler un tant soit peu la lettre – officielle – d’un non moins officiel représentant de l’Etat. Sans sourciller, le préfet écrit « un expert mandaté par le tribunal a précisé que la nef est dangereuse et menace ruine. Cela a (…) eu pour conséquence d’obliger le maire à faire évacuer une habitation contigüe à l’église et à reloger la personne qui y habite ».  Cela est bel et bien… faux puisque l’expert a précisé que c’est le chœur néogothique qui menace ruine et l’habitant délogé habitait justement à cinq mètres du chœur, au sud-est de l’église. La nef, rénovée en partie dans les années 1980-1990 est en très bon état, pour ce qu’il en reste. Pour finir sur l’accumulation de mensonges sur l’état de l’église, l’expertise de l’APAVE en 2012 n’a pas conclu à un péril imminent sur l’église et seulement signalé, comme ce fut précisé au tribunal administratif de Nantes le 8 juillet dernier qu’il y avait un contrefort à cercler et deux corniches à réparer sur ledit chœur.

Mais cette fois, le sous-préfet de Cholet s’arc-boute : pour lui « le péril de l’ensemble de l’église n’est pas contesté ». Sauf par deux rapports d’expertise en 2012 et trois autres en 2006-2007. Du coup, il souhaite « que la polémique s’apaise » puisque « au vu de la situation financière de la commune, celle-ci ne pouvait faire autrement que de détruire l’église » et la sous-préfecture lui a « donné des garanties juridiques ». Par conséquent, « les travaux vont se poursuivre, et s’il y a quelque chose à y redire, c’est le juge administratif qui tranchera sur le fond [dans neuf mois au moins] mais trop tard pour l’église ». Rien d’étonnant dans cette calme invitation faite aux élus d’abattre leurs églises et fouler aux pieds les arrêts de cour administrative d’appel : puisqu’un préfet est capable de bâcler une lettre officielle et de la farcir d’erreurs monumentales, pourquoi s’étonner que dans une province particulièrement en crise d’un pays moralement et économiquement failli, un sous-préfet passe la justice par pertes et profits ?

Alors nous nous sommes enhardis et nous avons demandé s’il y aura-t-il une « doctrine Gesté » pour toutes les églises en péril ? A commencer par celle de Drain, face à Ancenis, côté Choletais, église sérieusement fissurée, mal assise sur un coteau instable et viticole ? Bien que le sous-préfet estime que « chaque église est un cas d’espèce » et que « de nombreux critères, tels que la valeur patrimoniale, l’âge, la possibilité de faire des travaux à un coût raisonnable, les capacités financières de la commune » entreront en jeu, force est de constater qu’un tri s’annonce en creux, avec la complicité sinon le soutien des autorités publiques, unies dans le mensonge d’Etat. Dans la France morte de demain, une église du XIXe construite en plusieurs fois, dans une commune pauvre – ou qui se dit telle pour ne pas avoir à réparer l’église – aura nettement moins de chance de survie qu’une église antérieure, ou encore une église du même âge dans une commune pas nécessairement plus riche, mais bretonne.

Un rapport du Sénat estimait en 2007 que 2.800 églises rurales pourraient être en péril dans les prochaines années. Les estimations croisées des associations de défense du patrimoine, de La France des Clochers, de Patrimoine en blog et de l’Observatoire du Patrimoine religieux convergent vers 250 à 300 monuments religieux, dont une bonne moitié d’églises, en péril de ruine ou de démolition. Seules six d’entre elles se trouvent dans les 1491 communes des cinq départements bretons, et aucune n’est menacée de démolition par sa mairie. Qu’est-ce qu’il y a de plus en Bretagne qu’il n’y a pas en Anjou ? Le sens du bien et du mal, tout simplement, peut être.

Gesté : l’association de défense de l’église va se pourvoir en cassation

16 Juil

gesté2Nous avons reçu et publions le communiqué de l’association Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois (MVPG) qui s’oppose à la destruction de l’église par la municipalité.

« L’association mémoire vivante du patrimoine gestois  envisage de se pourvoir en cassation devant le conseil d’état.  C’est une démarche dans la continuité du combat qu’elle mène depuis 2007 contre les destructeurs. Contrairement à ce que l’on veut faire croire, seulement une petite partie de l’église a été démolie : moins de 20% en volume et en surface. Ce début de démolition permet de distinguer le filet de protection installé depuis 1995 : à part les fientes de pigeons et autres volatiles, il n’y a aucune pierre de tombée dedans ! Ce qui est surprenant pour une église que l’on dit en ruines.

Ce pourvoi est aussi une suite logique et morale pour tous nos soutiens locaux, nationaux et internationaux qui ne veulent pas que la triste affaire de Gesté fasse jurisprudence car ce serait un drame pour le patrimoine national et pour ceux qui se battent pour le conserver. L’association s’interroge sur le financement de ce projet et de l’emploi de l’argent public pour la construction d’un lieu de culte ce qui est contraire à la loi de 1905. Il est anormal d’avoir entamé  la démolition sans connaître  le coût réel du projet communal. Il est bon de rappeler que le budget municipal est de 1 350 000€ TTC (prix 2007) pour la démolition, reconstruction, conservation crypte et clocher ainsi que les aménagements extérieurs, ce qui est utopique. »

 

Pour en savoir plus sur l’affaire de Gesté : lire notre article de fond

Gesté : le sort de l’église sera fixé le 12 juillet

8 Juil
Aujourd’hui, le tribunal administratif de Nantes examinait en son audience la demande de référé-suspension émise par l’association Mémoire Vivante du Patrimoine de Gesté (MVPG) contre la délibération du conseil municipal autorisant la démolition de l’église. En une petite heure, les parties ont été entendues; la maigre assistance était composée de deux journalistes – dont votre humble serviteur, du maire Jean-Pierre Léger accompagné de quatre affidés, et de plusieurs membres de MVPG.
L’argument du péril imminent ne tient pas
L'église est loin d'être aux deux tiers détruite

L’église est loin d’être aux deux tiers détruite

L’association fonde sa demande sur l’inéxécution de la délibération attaquée (du 6 mai 2013), l’urgence à statuer et le doute sérieux sur sa légalité, ainsi que le motif invoqué par la mairie pour détruire l’église, à savoir qu’elle est un péril pour les gestois. L’avocat de MVPG, Me Meschin, s’est attaché à démonter point par point les arguments de la mairie en faveur de la démolition. En n’examinant que les nouvelles pièces – le rapport de l’APAVE et celui de Me Schneider demandé par le tribunal administratif de Nantes, il montre que ce dernier rapport est très « succinct » et « s’appuie en très grande partie sur le rapport de l’APAVE« . Dans celui-ci, il y a quatre degrés d’urgence pour les défauts et fragilités rencontrées. Il précise que « au degré 4, le plus grave, il y a sept observations » parmi lesquelles « un angle droit dans les murs à rejointoyer, une fleur de lys en zinc, une ardoise qui manque, un contrefort à cercler et deux corniches pointées, dont une fissurée« . Or « ce sont sensiblement les mêmes observations que sur les rapports antérieurs » qui ont justifié que la cour administrative d’appel annule en 2011 le permis de démolir de la mairie, fustigeant une « erreur manifeste d’appréciation » de celle-ci quand elle s’est auto-délivrée le permis.

Il poursuit en signalant qu’une partie de la démolition seulement a été effectuée : dans le détail, seule la moitié de la hauteur du mur sud de la nef, le pignon ouest tout entier et la charpente de la nef ont été abattus lors des travaux de démolition qui se sont déroulés tout le 19 juin 2013 et le matin du 20 juin. Posant au passage la question de la pertinence de l’argument du péril imminent invoqué par la mairie : « pourquoi a-t-elle attendu sept mois après le rapport de M. Schneider et 9 mois après le rapport de l’APAVE s’il y avait péril imminent ? « . Encore un moyen de constater que la mairie n’a aucune justification de son côté – elle s’en passe d’ailleurs très bien – y compris quand elle avance que les fonds municipaux ne suffiraient à restaurer l’édifice, ce qui pourtant avait été entamé dans les années 1980 et 1990 puis « stoppé, non pas par volonté budgétaire, mais par la volonté de l’ancien maire« , M. Baron.
Cascade de contre-vérités dans la plaidoirie de l’avocate de la commune
Le filet posé en 2005 n'a jamais reçu de pierres, seulement des fientes et des nids de pigeons. Pas mal pour un édifice en "péril imminent".

Le filet posé en 2005 n’a jamais reçu de pierres, seulement des fientes et des nids de pigeons. Pas mal pour un édifice en « péril imminent ».

De son côté, l’avocate de la mairie a essayé d’empêcher tout parallèle avec la décision de la cour administrative d’appel qui avait invalidé en 2011 le permis de démolir que la municipalité s’était délivrée – et qui se révèle superflu du fait des subtilités locales du droit de l’urbanisme. Avec une pincée de mauvaise foi, elle affirme que « les désordres de l’édifice se sont considérablement agravés depuis 2009« , ce qui est faux, comme l’a précisé l’avocat de MVPG, puis continue en disant que les travaux de démolition sont « irréversibles« , citant un constat d’huissier du 25 juin 2013 qui dit que « deux tiers de l’église est détruit (…) et que tout le mur sud de l’église a été démoli« , ce qui est faux dans les deux cas; les photos du dossier, produites par l’avocat de MVPG, contredisent sévérement ce constat d’huissier pour le moins fantaisiste.

Imperturbable, elle poursuit en déclarant que « le périmètre de sécurité autour de l’église a été élargi, donc le centre-ville est paralysé » : c’est faux encore, puisqu’à la fin des travaux de démolition, la place entre l’église et l’école a été rendue à la circulation, les barrières étant mises à l’emplacement de l’ancien pignon de la nef, quant à la route, et à la place qui sert de parking le long du mur nord de l’église, elles n’ont jamais été interdites à la circulation. Enfin, déclenchant les rires discrets d’une partie de l’assistance – elle clame que « cette décision de démolition-reconstruction est le produit d’une analyse approfondie » de la situation par la mairie.
Le tribunal rendra sa décision en fin de semaine
Le sort de l’église – où des travaux de consolidation du clocher et de la crypte, gardés en état par la municipalité, continuent actuellement – reste en suspens.Le tribunal rendra son ordonnance de référé le vendredi 12 juillet. Une décision est aussi attendue dans les mois qui viennent sur le fond.
Pour en savoir plus sur l’affaire de Gesté : lire notre article de fond

La manifestation du 6 juillet à Gesté annulée

2 Juil
le choeur de l'église

le choeur de l’église

Les passions autour de la destruction illégale de l’église de Gesté par la municipalité, avec la complicité de l’évêché et du curé unis dans la même profanation et le vandalisme officiel, entraînent un climat délétère dans cette petite commune du Choletais. C’est pourquoi nous diffusions un communiqué de l’association Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois qui appelle à ne pas se rendre au chevet de l’église le 6 juillet afin d’éviter que la saine colère des défenseurs de l’église n’aggrave encore le climat dans le village, à deux jours du référé qui doit trancher le destin de l’église au quart détruite.

« Contrairement à ce qui a été publié dans la presse, l’association n’organise pas de manifestation le samedi 6 juillet. La manifestation a été lancée (comme la précédente) sur les réseaux sociaux. Ce n’est donc pas officiellement MVPG qui à la source de celle-ci.
Beaucoup de gens ont été choqués par la manière honteuse, utilisée par le maire et le conseil municipal soutenus par le préfet et le sous-préfet pour arriver à leurs fins. Aussi ne faut-il pas s’étonner du climat « explosif » qui règne sur la commune et les réseaux sociaux. Quelle image de Gesté, les élus donnent-ils à la France ? L’association demande donc aux internautes de ne pas se déplacer samedi pour éviter tout débordement. Elle attend le référé du 8 juillet. De toute manière, elle ira jusqu’au bout
 »

 

Pour en savoir plus sur l’affaire de Gesté : lire notre article qui dévoile tout sur les tenants et les aboutissants du dossier, les protagonistes et leurs arguments ou non-arguments respectifs.

Signer la pétition pour la sauvegarde de l’église