Archive | novembre, 2012

Doux cède une filiale à Quimper

30 Nov

La SA Pierre Doux, située à Quimper et partie du groupe volailler Doux a été reprise à la barre du tribunal de commerce par Bretagne Viande Distribution. L’entreprise voisine du site de Doux rachète le site et garde ses 17 salariés pour 1.4 millions d’€.

sa pierre douxL’unité sera transformée en usine de fabrication de steaks hachés. Bretagne Viande Distribution réalise un chiffre d’affaire de 60 millions d’€/an. Deux autres offres de TSLGM de  Carnicas Industries ont été refusées pour le site. A noter que Doux a récemment perdu un hangar industriel et ses poulets à Saint-Nolff suite à un incendie accidentel, le préjudice est estimé à 230.000 €.

L’UDI de Borloo capte 1% de l’UMP

30 Nov

Alors que les conséquences des élections UMP continuent à diviser le parti, dont les modérés – tant fillonnistes que copéistes s’efforcent d’éviter la scission définitive – les partis tant à droite (FN) qu’à gauche (UDI) de l’UMP font recette.

L’UMP comptait au moment des élections internes 324 945 adhérents à jour de cotisation, d’après la commission de contrôle desdites élections (Cocoe). Parmi ces adhérents, un tiers à peine sont vraiment actifs, et c’est dans leurs rangs – notamment parmi des militants de la base excédés de constater combien les élites parisiennes du parti sont loin de leurs préoccupations – que se recrutent les transfuges.

UDIHier nous vous relations les difficultés des sections locales à connaître le nombre d’adhésions causées par le feuilleton UMP. En effet, on peut adhérer à l’UDI en rejoignant l’une des formations politiques qui forment cette confédération de partis, ou directement via Internet. Ce qui donne une pléthore de flux, plus ou moins centralisés au niveau national, avec un temps de retard.

De source confidentielle, au sein des instances nationales de l’UDI, on nous confie que, depuis le début de la crise à l’UMP, il y a eu « 7000 adhésions directes, dont 2500 à 3000 proviennent de l’UMP ». Soit environ 1% des effectifs du parti. Des informations en décalage avec le discours officiel des responsables du parti, qui déclarent enregistrer près de 1000 adhésions par jour; ce discours apparaît pour notre source motivé par des considérations stratégiques : « c’est le moment où jamais pour l’UDI de s’engouffrer dans la brèche ouverte par le fouillis inextricable de la situation de l’UMP« .

Néanmoins, la question qui intéresse les responsables politiques locaux de l’UDI n’est pas tant de connaître le nombre de militants que de savoir si les nouveaux adhérents militeront vraiment. Du reste, l’organisation fébrile des municipales en 2014, avec des listes qui se constituent un peu partout sur le territoire, permettra de le savoir rapidement.

La lutte ne s’essouffle pas pour Notre-Dame des Landes

29 Nov

Les deux journées qui viennent de s’écouler ont été plutôt calmes à Notre-Dame des Landes. Si on exclut l’incendie de la grande à foin du Rosier, qui était tout ce qui restait de la ferme. Celle-ci, incendiée par des inconnus, a complètement brûlé. Mais c’est hors de Notre-Dame des Landes que le combat bat son plein.

Au Rosier, un curieux incendie et pas de pompiers

Grange du Rosier en feu – photo ZAD

Le site de la ZAD publie un récit de l’incendie, que nous reproduisons « Avec un groupe, ils n’étaient pas loin et ont entendu une explosion, ils se sont alors dirigé vers le Rosier et ont vu que la grange étaient en feu, L. insiste pour rappeler qu’il n’y a pas de relais d’électricité là-bas et que le terrain est pratiquement inondé. Une fois arrivés, ils décident d’appeler les pompiers. Après 2 heures et demie 10 fourgons de gendarmes mobiles se pointent et ceux-ci descendent en trombe, s’avançant à toute vitesse sur les 7 personnes qui ont décidé de rester jusqu’au bout. Haineux, matraques à la main, les gendarmes mobiles forment rapidement un cercle autour de la grange, bloquent le passage et agressent verbalement les personnes sur place. Celles-ci sont tout à fait paniquées. (…) Après un moment de grosse tension, les GM se calment enfin et tentent de comprendre ce qui se passe. les personnes présentes expliquent qu’elles n’ont pu que constater à leur arrivée que la grange était en feu. (…) Personne n’a vu de camions de pompiers. »

L’incendie s’est déclaré vers minuit dans cette grange louée à un agriculteur. Près de 260 roundballers ont été détruits. Une enquête a été ouverte. Une barricade a pris feu près de la grange mais l’humidité a empêché l’incendie de prospérer. Humidité qui est finalement la principale alliée des occupants de la ZAD, qui se préparent à y passer l’hiver. Le projet de l’aéroport, qui est actuellement un PPP (partenariat public privé), deviendrait-il un PPH (passera pas l’hiver) ? Seul l’avenir nous le dira.

 

Légal : un opposant condamné à de la prison ferme

Un opposant à l’aéroport, qui aurait lancé une masse retenue par une laisse sur un gendarme déguisé en manifestant, a été condamné à dix mois de prison dont cinq avec sursis mercredi, rapporte Politis. Deux autres opposants ont été condamnés à six et deux mois de prisons avec sursis pour violences sur des membres des forces de l’ordre, port prohibé d’une arme blanche, rébellion et participation à un attroupement armé.

Politique : Notre-Dame des Landes, un « caprice de féodal » pour Marine le Pen

Le leader du Front National persiste et signe. Une semaine et demie après s’être déclarée « du côté » des opposants, elle envoie un SCUD à Ayrault sur le même sujet, en traitant le projet de « caprice » du Premier Ministre « grand féodal qui veut laisser sa trace dans l’Histoire ». Inspirée par Proudhon, peut-être, Marine ? L’un des premiers penseurs du socialisme avait déclaré que « Un homme qui travaille à assurer sa dynastie, qui bâtit pour l’éternité, est moins à craindre que des parvenus pressés de s’enrichir et de signaler leur passage par quelque action d’éclat ». Pendant ce temps là, la cote de Jean-Marc Ayrault s’effondre (-42% chez les sympathisants du front de Gauche, -4% pour l’ensemble des sondés) et celui-ci hâte la nomination de la « commission de dialogue » dont les membres seront connus à la fin de la semaine.

 

Soutien :  des Camille à la pelle et une marche prévue depuis Nice

Le collectif de soutien à la lutte contre l’aéroport organise une marche depuis Nice. Ele partira le 8 décembre et devrait arriver à Nantes début février. De son côté, le collectif Haute-Garonne contre l’aéroport, qui s’est doté d’une page Facebook a fait une réunion d’information le 28 octobre qui a attiré une « centaine de personnes ». A Vannes, une manifestation de soutien – une parmi d’autres ce week-end – est prévue à 18 h 30 devant la Préfecture.

Pendant ce temps là, les Irréductibles du pays de Morlaix ont lancé une opération originale. En soutien aux membres de la ZAD, qui entre eux s’appellent Camille – prénom tant masculin que féminin – pour brouiller les pistes de la police, ils appellent les soutiens internet de la lutte à rajouter Camille à leur nom sur Facebook. Le groupe, lancé il y a quelques jours  compte déjà plus de 1.100 membres.

 

Vinci : le planning travaux qui sème le trouble

Le concessionnaire de l’aéroport lui, ne perd pas de temps. Il vient de publier son planning. Soit, fin 2012, les espèces à sauvegarder commenceront à être transférées. Les travaux de l’échangeur avec la quatre-voies Nantes-Rennes commenceront début 2013, début février, le diagnostic archéologique commencera, sur deux périodes de six mois – sur la zone du futur aéroport, parce que pour le barreau routier, les sondages archéologiques sont déjà en cours à l’est de la   ZAD. A l’automne 2013, la commission scientifique chargée de valider les propositions de la commission de compensation écologique devrait se réunir, et si elle valide, les travaux de terrassement pourraient débuter dans la foulée. Le premier parpaing ne sera pas, en tout état de cause, posé avant début 2014.

Jusque là, rien d’anormal – quoique on pourrait accuser Vinci de vendre la peau de l’ours Breton avant de l’avoir abattu. Soit. Mais on lit « le mois de janvier verra le défrichement de la forêt de Rohanne et d’une grande partie de la zone qui sera couverte par les pistes ou les bâtiments ».  De deux choses l’une : soit le planning a été établi avant l’annonce de trois ministres de retarder le défrichement de six mois  soit cette promesse gouvernementale a été annulée en douce. Ce qui ne manquera pas de plaire sur place.

Le feuilleton des élections UMP divise la droite Bretonne

29 Nov

Isabelle le Callenec, député de Vitré, fait école.  Avec elle, le député-maire de Guérande Christophe Priou, rejoint le groupe dissident créé à l’Assemblée Nationale par François Fillon et nommé le Rassemblement UMP.

Joint par BreizhJournal, il a refusé de commenter à chaud le feuilleton des élections internes. Cependant, fidèle soutien de François Fillon, il se prononce pour « rendre la parole aux militants » et pour « qu’un nouveau vote soit organisé rapidement » afin d’en finir avec le déchirement du parti. Il déclare aussi que sa réserve « n’enlève rien à [sa] détermination et à [ses] convictions. »

A ce jour, le groupe des députés soutenant Fillon, le Rassemblement UMP, compte 71 membres, et les députés ni copéistes, ni fillonistes emmenés par Nathalie Kosciusko Morizet veulent créer un groupe des non-alignés, où ils seraient 72.  Des députés excèdés ont lancé un appel contre les scissions du groupe UMP à l’Assemblée Nationale.

Arrêter les « 30 excités de Paris » : quand les fédérations de Franche-Comté haussent le ton

Une fois n’est pas coutume, on entend les comtois. Trois fédérations départementales, celles du Territoire de Belfort, du Doubs et de Jura, emmené par le député du territoire de Belfort Damien Meslot, proche de Xavier Bertrand et donc fillonniste, sifflent la fin de partie « Il y a 30 excités à Paris, devenus complètement fous,  qui prennent en otage les 330.000 adhérents qui aimeraient que l’on sorte de cette situation», résume le député « excédé ». Les trois fédérations appellent à un nouveau vote. Pendant ce temps là, les cotes de popularité des deux acteurs de l’élection, devenue pour le réalisateur Luc Besson « la comédie la plus drôle de l’année » dévissent parmi les sympathisants de droite : de 16% pour Fillon à 56%, de 15% pour Copé à 34%.

En Bretagne, sept ténors de l’UMP, combien de divisions ?

En Bretagne, des dernières législatives ont réchappé sept députés de droite dont trois de l’UMP. Marc le Fur dans la 3e circonscription des Côtes d’Armor, dernier député UMP de Basse-Bretagne. Isabelle le Callennec qui a pris la succession de Pierre Méhaignerie, maire de Vitré, dans la 5e circonscription d’Ille-et-Vilaine. Et Christophe Priou, député maire de la 7e circonscription de Loire-Atlantique, seul et ultime député de droite dans le département le plus peuplé de Bretagne.

Dans le Morbihan, Philippe le Ray, là aussi dernier député de droite, a ravi  la circonscription à Michel Grall. Apparenté UMP, le député refuse de faire son choix bien qu’il a été sollicité par l’UDI. En Ille-et-Vilaine, Gilles Lurton est devenu député après avoir battu le candidat officiellement investi par l’UMP. Soutenu par François Fillon dans sa campagne, il renvoie l’ascenseur en adhérant au groupe qu’il a créé à l’Assemblée, Rassemblement UMP, comme nous apprend sa fiche. Il n’était jusqu’alors qu’apparenté à l’UMP. Pour compléter le compte, il y a Thierry Benoît, à Fougères, qui fait partie de l’UDI.

Isabelle le Callenec et Christophe Priou ont, comme nous l’avons vu, rejoint aussi ce groupe-ci. De son côté, Marc le Fur, partisan de Copé, reste fidèle à la légitimité du parti mais a cosigné un appel avec des fillonistes pour éviter la division interne à l’UMP. Enfin, l’ancien député et toujours maire de Vitré, Pierre Méhaignerie, a franchi le pas le premier en passant à l’UDI.

Transfuges à l’UDI et au FN : un chiffrage local difficile

Le parti de Borloo enregistre 6.000 nouveaux adhérents en une semaine, la majorité d’entre eux provient de l’UMP. De source interne, « le parti est débordé, les ex-membres de l’UMP adhérent le jour, la nuit, c’est fou. » Plusieurs députés apparentés UMP ou encartés UMP seraient en passe de rejoindre le parti de Borloo. De source interne à l’une des composantes qui formeront à terme l’UDI de Loire-Atlantique « nous enregistrons bien une augmentation des adhésions, mais nous sommes bien en peine de dire si elles proviennent ou non de l’UMP ». La faute à l’existence de deux supports pour adhérer : soit directement en ligne à l’UDI, soit auprès de l’un des sept partis qui la forme, l’adhésion à ce parti (par exemple à l’Alliance Centriste) emportant aussi l’adhésion à l’UDI. En Loire-Atlantique,  l’UDI restera neutre et ne troublera donc pas la volonté d’union affichée des – derniers de mohicans – élus UMP du cru qui eux aussi ont décidé de ne pas entrer dans le panier de crabes parisien. Pour l’heure il n’y a pas d’élu de l’UMP de Loire-Atlantique qui a décidé de migrer à l’UDI, contrairement à ce qui se passe en Vendée (un élu du parti radical et une conseillère régionale ont rejoint l’UDI), dans le Maine et l’Anjou. Du côté du FN en Bretagne, on nous confirme de source confidentielle « une augmentation légère, mais très légère » des adhésions par rapport à la normale dans ces départements, notamment « provenant d’adhérents de base du parti excédés ».

Alcatel supprime 281 emplois en Bretagne

29 Nov

Ce matin à Vélizy, siège français d’Alcatel Lucent, la direction a annoncé les chiffres des suppressions d’emplois par sites. Le plan social a été – un peu – diminué, passant de 996 à 934 postes supprimés, soit 16% des effectifs.

En Bretagne, le site d’Orvault perdra 122 postes (soit 23% de ses effectifs), celui de Rennes 20 postes (16%) et celui de Lannion 139 (16%). Soit 281 suppressions de postes.

Hors de Bretagne, le site de Vélizy perd 362 emplois (17% de l’effectif), Villarceaux 171 (12%), Ormes, près d’Orléans, 53 (16%), Toulouse 16 (11%), Sophia-Antipolis 19 sur 22 (86%) et Eu 28 (9%). Le site de Sophia-Antipolis était une ancienne start-up nommée OpenPlug fondée en 2002, rachetée par Alcatel-Lucent en 2010.

Les suppressions d’emploi concernent en majorité les fonctions commerciales (143 postes) et administratives, ainsi que les services client (239 postes). La Recherche et développement représente 1/3 du plan social. Les syndicats ont qualifié ce plan de « catastrophe sociale, humaine et industrielle pour les salariés en France et en Europe » et appelé la direction à « trouver d’autres solutions » et à « écouter les salariés ». Un nouveau conflit social est très près d’éclater.

L’intersyndicale estime que ce plan « risque de précipiter une baisse du chiffre d’affaire qui justifiera un plan social suivant. La seule solution serait de passer d’une logique purement comptable à une logique qui associerait les salariés aux prises de décision, parce que eux seuls savent où sont les améliorations possibles« . Une logique que la direction d’Alcatel-Lucent se refuse de commenter.

Tableau des suppressions d’effectifs détaillées

Heurts et malheurs du dialogue à Notre-Dame des Landes

28 Nov

L’insurrection de Notre-Dame des Landes commence à être un véritable problème pour le gouvernement, qui hésite sur la route à suivre, et souffle le chaud et le froid quand au devenir du projet. Pour l’heure, celui-ci est illégal  et la dernière opération visant à enlever de vive force les barricades s’est soldée par des voies de fait et des blessés multiples du côté des opposants à l’aéroport. Une certaine mauvaise conscience de la part des décideurs politiques pèse sur le projet. Jusqu’à l’empêcher de décoller?

 

Des précisions quant aux blessés : le médecin écrit à la Prefecture

Opération du 23/11 – photo ZAD

Le médecin qui est intervenu sur le site de la ZAD a écrit à la Préfecture afin de la pousser à modérer l’usage de la force lors des interventions des forces de l’ordre sur le site.  Elle cite une longue liste de blessés et d’atteintes : « 11 blessures par flashball touchant : le thorax pour 2 personnes avec un doute sur une lésion hépatique, la joue et la lèvre supérieure pour 1 personne avec probable lésion dentaire ou maxillaire, le genou pour 2 personnes, des doigts pour 2 personnes, la cuisse pour 2 personnes, les côtes pour 1 personnes avec doute sur fracture de côtes, le poignet pour 1 personne, 3 traumatismes de genoux, 2 traumatismes de poignets, 1 plaie tympanique, 1 choqué par gaz, 1 plaie de crâne suturée par 2 points et 1 plaie au crâne suturée par quinze points » et six blessures par explosion de grenade assourdissante dont elle insiste sur la « gravité » à cause des débris qui « pénètrent profondément dans les chairs risquant de léser des artères, nerfs ou organes vitaux. Nous avons retiré des débris de 0,5 à 1 cm de diamètre, d’aspect métallique ou plastique très rigide et coupant ». Elle confirme par ailleurs ce que nous relations dans notre édition du 24 novembre, c’est-à-dire qu’une ambulance de pompiers qui est intervenue sur la ZAD a été sciemment retardée par les gendarmes sur la RD81.

 

Des heurts sporadiques sur la ZAD

Plus que jamais, la Zone d’Aménagement Différé, emprise du projet aéroportuaire, mérite son nom bis de Zone A Défendre. Des heurts sporadiques s’y poursuivent depuis dimanche, sur diverses barricades. Officiellement, les forces de l’ordre sont là pour les enlever et rétablir l’ordre tout en occupant le terrain. De leur côté, les opposants font repousser inlassablement de nouvelles barricades, protégent les camions de matériel saisis de temps à autre par les policiers et les divers chantiers de reconstruction – notamment au village de la Châteigneraie (la   Chat Teigne), à l’ouest du Bois de Rohanne.

Lundi, une dizaine de gendarmes se sont déguisés en opposants avant de s’approcher d’une barricade sur la RD 281 et d’enfiler le brassard « gendarmes » juste avant l’intervention. Résultat : une barricade prise, trois personnes arrêtées et plusieurs blessés. Dans la matinée, les forces de l’ordre protégeaient les camions qui évacuaient les gravats de la maison-ferme du Rosier, ainsi que le chantier de fouilles archéologiques préventives à l’est de la ZAD, près du village de Chanais. Dans l’après-midi, les policiers ont pris plusieurs des barricades du Far Ouest et empilé leurs matériaux dans des bennes avant de les emmener.

La reconstruction continue – photo ZAD

Mardi, à 7 h 15, la barricade à l’est de la Châteigneraie (au hameau de Saint-Antoine) est enflammée par les opposants, les policiers sont juste devant. L’on apprend qu’Aéroports du Grand Ouest (AGO), le constructeur et l’exploitant du projet d’aéroport, a déposé plainte contre les constructions à la Châteigneraie, au motif qu’elles sont illégales au vu du Code de l’Urbanisme. Le jugement en référé se tiendra le 4 décembre. Vers 11 h 00, les policiers se déploient le long de la RD81. A 14 h00, la préfecture appelle des proches de la coordination pour les prévenir que les forces de l’ordre viennent, non pas pour s’attaquer à la Châteigneraie, mais pour enlever des barricades autour du Rosier. A 15 h 00, une cinquantaine de policiers se déploient dans le Bois de Rohanne tout proche, pour vérifier où et comment reconstruit-on dans ce coin. Résultat des courses, à 15 h 30, les policiers attaquent la barricade du chemin du Suez, puis d’autres au Rosier, qui tiennent jusqu’à 18 h 20 puis cèdent ; les opposants se barricadent plus en retrait. A 19 h 40, il y a une forte présence policière au sud et à l’est de la Châteignerie (Bois de Rohanne, chemin de Suez, RD81, Rosier) mais les policiers finissent par lever le camp assez rapidement.

Mercredi, journée plus calme. Vers midi 20, un camion chargé de matériel de construction pour les chantiers de réoccupation est bloqué, les policiers marquent leur présence tout au long de la RD81, de la Vacherie au carrefour de la Saulce. Ils ont amené une pelleteuse pour le cas où des barricades fermeraient la route, ce qui n’était pas le cas. Matériel et policiers se rembarquent direction Vigneux à 18 h 15. Pendant ce temps là, partout où a eu lieu l’affrontement hier, de nouvelles barricades, plus fortes, plus solides, plus nombreuses, se construisent. Aucune journée n’est perdue pour la lutte.

 

Gendarme démissionnaire : rumeur ou vérité ?

Lundi, sur le site de la ZAD, on pouvait lire « un flic a collé un autocollant NON a l’aéroport avant de démissionner, un humain s’est rappelle qu il etait avant tout humain ! ». En fait, il s’agit d’une photo prise par une zadiste et republiée par Rennes TV qui a lancé la rumeur. Elle représente un gendarme qui a collé sur sa tenue anti-émeute le badge « non à l’aéroport, et qui charge. Nous avons joint le groupement de gendarmerie de Loire-Atlantique : aucune démission n’a été constatée ces derniers jours, pour quelque raison que ce soit, dans les rangs des gendarmes du département tout au moins.

 

Le Grand Ouest se démasque

Certains militants Bretons étaient favorables à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, au motif que la Bretagne (unie) avait besoin d’un aéroport international. Et ce bien qu’elle en ait déjà deux : Rennes, et Nantes. Maintenant, les illégalités et voies de fait multiples, tant du projet que de sa mise en œuvre, les font réfléchir à deux fois. Tout comme les prises de parole des « élus du Grand Ouest » vent debout contre la « poignée d’opposants » qui risque de mettre en péril le projet fondateur de leur chimère. Après avoir déclaré que « l’avenir de la Région n’est pas dans des cabanes », Jacques Auxiette, président de la région Pays de La Loire, joint sa voix à celle d’autres mandarins socialistes de Bretagne administrative, du Poitou, du Maine et d’ailleurs pour empêcher que Notre-Dame des Landes devienne le « Larzac de l’ouest ».

 

Un dialogue encore possible ?

Le feuilleton des élections de l’UMP et celui de Notre-Dame des Landes ont au moins deux points communs : une forte implication du politique et la difficulté d’établir un dialogue. Parce que les avis divergent sur les bases de celui-ci. Du côté de la paroisse Notre-Dame de la Paix sur Isac, dont le centre est Blain et Notre-dame des Landes l’extrémité sud, l’on dénonce la « radicalisation » de la lutte et l’on se pose en médiateur.

Le gouvernement a proposé une commission de dialogue, avec comme préalable posé par Ayrault le « gel de toutes les constructions illégales sur le site » en l’échange de l’arrêt des interventions policières. La coordination des opposants répond que c’est impossible, et se déclare prête à « libérer les routes » (actuellement, la RD281 et divers chemins sont barricadés par des opposants)  en demandant comme préalable à toute négociation que les forces de l’ordre quittent la ZAD. Solution politiquement impossible pour le pouvoir qui aurait l’impression de cèder à la rue et à l’illégalité apparente, mais qui pourrait bientôt s’imposer tant le dossier Notre-Dame des Landes devient un boulet pour le gouvernement Ayrault.

Localement, le Modem et le PCF Vendée ont appelé à un « moratoire » sur le projet. Au plan national, l’UDI a appelé il y a trois jours le PS et le gouvernement à abandonner le projet dans sa forme actuelle et à lancer une médiation, tandis que Marine le Pen s’est déclarée il y a une semaine « du côté » des opposants.  Le PS, lui, s’accroche mordicus. Frédéric Espagnac, l’un de ses deux porte-paroles, à déclaré que « le projet se fera dans tous les cas de figure ». De quoi mettre un avis de tempête sur le frêle espoir de dialogue.

De son côté, la coordination des opposants maintient la pression. Elle tient le terrain, et peut s’appuyer sur la Coordination paysanne, qui relaie la lutte dans toutes les campagnes de France et de Bretagne. Comme naguère le Larzac ou la réforme de la PAC ; Notre-Dame des Landes est un sujet qui fait parler dans les chaumières, et attire les tracteurs dans d’interminables opérations escargot. La mobilisation en ligne se poursuit. Alors que le groupe Facebook contre l’aéroport a dépassé maintenant les 22.000 membres (il en comptait 8.000 le 16 octobre), une pétition en ligne a été déposée et compte plus de 11.000 signataires.

 

Notre-Dame des Landes : à Tours, on y croit vraiment

L’aéroport Tours Val de Loire croit tellement à la possibilité d’un nouvel « aéroport international » à Nantes qu’il vient d’achever de grands travaux de rénovation, comme nous l’apprend la Nouvelle République du jour. Qui donc, si Nantes se dote d’un aéroport international voire interstellaire, ira prendre l’avion de Tours et pour aller où, si toutes les grandes destinations internationales seront trustées par Notre-Dame des Landes ? Ce n’est sans doute pas pour assurer des vols vers le (très vide) aéroport d’Angers, Nantes, Rennes et Paris que la SNC-Lavallin, gestionnaire de l’aéroport, vient de dépenser 1.5 millions d’€ pour étendre les salles d’arrivée, rénover l’aérogare et les salles d’embarquement, aménager un espace restauration aux normes. L’aéroport a accueilli en 2012 160.000 passagers, contre 123.137 en 2010. Le gestionnaire met la barre à 230.000 dans un horizon de cinq ans. Un chiffre inatteignable si Notre-Dame des Landes est mis en place. Mais à Tours, on y croit vraiment, à l’aéroport international du « Grand Ouest ».

Isabelle le Callennec fidèle à Fillon et à l’UMP

28 Nov

Isabelle le Callennec, député de Vitré et de la 5e circonscription d’Ille-et-Vilaine, reste pour l’instant à l’UMP mais affirme sa fidélité à François Fillon. Elle ne suit pas pour l’heure le choix du maire de Vitré,  Pierre Méhaignerie, qui a rejoint l’UDI, le parti de Borloo.

Avec 67 autres députés UMP, elle a adhéré au groupe séparé de Fillon à l’Assemblée, nommé Rassemblement UMP. Ce groupe est censé être « provisoire », le temps de ramener le calme dans les instances du parti et d’organiser un nouveau vote. « nous souhaitons redonner la parole aux adhérents de l’UMP et proposons un nouveau vote dans un délai raisonnable de 3 mois ; sous le contrôle d’une commission indépendante », telle est la volonté des parlementaires UMP partisans de Fillon.

Dans la cinquième circonscription d’Ille-et-Vilaine, parmi les adhérents de l’UMP, François Fillon a obtenu 73% des voix et la motion « la droite sociale » de Laurent Wauquiez, numéro 2 sur la liste de Fillon, 51%. Chaque jour amenant sa nouvelle péripétie dans le feuilleton des élections internes de l’UMP, Mme Callennec nous confie qu’elle tiendra « compte des remarques des adhérents et des habitants de la circonscription » avant de prendre une décision définitive quant à son avenir politique.

La Loire-Atlantique tempère la hausse du chômage breton

27 Nov

Le chômage continue à augmenter en Bretagne,  mais près de trois fois moins vite qu’en septembre. En octobre, le nombre de chômeurs de catégorie A n’a en effet augmenté « que » de 1.16%, contre 3.39% sur le mois précédent.

La Bretagne compte maintenant 189870 chômeurs de catégorie A (aucune activité). Le chômage y augmente depuis neuf mois consécutifs, la dernière embellie passagère ayant eu lieu en janvier 2012.  C’est essentiellement la bonne tenue de la Loire-Atlantique qui sauve la mise. En octobre, le Morbihan a 900 chômeurs de plus (+3%), l’Ille-et-Vilaine 537 (+1.3%), les Côtes d’Armor 349 (+1.5%), le Finistère 306 (+0.8%) et la Loire-Atlantique…97 (+0.017%). Sur un an, les quatre départements de la Bretagne administrative enregistrent 15% de chômeurs en plus, tandis que la Loire-Atlantique n’a que 11% de chômeurs supplémentaires.

Les départements limitrophes de la Bretagne s’en sortent aussi honorablement. La Vendée enregistre ce mois-ci une hausse de 1.2% de son taux de chômage, le Maine-et-Loire une baisse de 1.4% (500 de moins). La Vendée gagne 12.8% de chômeurs sur l’année, contre 11.1% pour le Maine-et-Loire. Plus éprouvée, la Mayenne enregistre ce mois-ci 97 chômeurs de plus, soit une hausse de 1.0% et de 19.6% sur un an. Dans la Manche, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du centre et sud de la Manche évoque une année « difficile » pour les bassins d’emplois  mais variable selon l’éloignement de la Bretagne. Ainsi, le bassin d’emploi d’Avranches n’enregistre que 5.5% de chômeurs en plus sur un an, celui de Granville encore moins, contre 11.3% dans le bassin de Saint-Lô et 10% dans celui de Coutances.

En France, plus de 45.000 chômeurs nouveaux ont fait leur apparition dans les statistiques en octobre 2012, portant le chômage à un niveau inégalé depuis le printemps 1998. Il y a désormais 3 103 000 chômeurs France métropolitaine, et 3 350 000 en intégrant les DOM-TOM. Les licenciements économiques sont en forte augmentation sur le mois (+12.7%) et aucune accalmie de la hausse n’est à prévoir avant mi voire fin 2013.

Quand les forces de l’ordre brigandent à Notre-Dame des Landes

26 Nov

A Notre-Dame des Landes, l’on peut douter si la France est un état de droit. Ainsi, nous avons les preuves – et elles sont accablantes – qu’il arrive aux forces de l’ordre qui y interviennent de s’y comporter comme des brigands, et pas qu’une seule fois. Mais depuis trois ans, dans le silence complet – complice ? – des autorités.

L’information sur ce qui est la plus grande révolte populaire en France est systématiquement biaisée par l’agence de presse d’état – l’AFP – et la « grande presse », quand ses journalistes ne font pas pression sur les opposants ou leurs représentants.  Il y a même une agression du vigile aux allures de provocation barbouzarde : imprécision des faits, information cadenassée par les forces de l’ordre  et même revendication tout de même très suspecte. Sans oublier des illégalités en pagaille, au choix, vis à vis du droit de l’environnement, de l’eau, des espèces naturelles protégées, de l’urbanisme, ou, comme nous allons le voir, du droit pénal.

Mais nous savons maintenant qu’en plus d’être un projet d’aéroport illégal, l’aéroport est mis en œuvre par des mesures illégales. Où les forces de police se conduisent comme des forces d’occupation en terrain conquis. La position de la Préfecture et du gouvernement, selon laquelle la « légitimité républicaine sera respectée » et « force reste à la loi » est chaque jour plus intenable, puisque ceux qui sont censés appliquer la loi s’en dispensent. La légitimité républicaine exige-t-elle que l’on passe sur le ventre du peuple Breton et de la terre Bretonne de Notre-Dame des Landes ?

Deux tracteurs dégradés gratuitement par les forces de l’ordre

Le 23 novembre, lors de l’attaque de la maison du Rosier par les forces de l’ordre, des tracteurs protégeaient la maison. Deux d’entre eux ont du être déplacés par les forces de l’ordre. Celles-ci (des gardes-mobiles) ont commencé par faire le vide autour de la maison, et emmener les conducteurs plus loin. Certains se sont offerts de déplacer les tracteurs, mais les forces de l’ordre ont fait venir une entreprise de dépannage munie d’une grue.

Vers 12h, les forces de l’ordre ont commencé à déplacer les tracteurs. D’après Michel Tarin, présent sur les lieux, « autour d’eux, il n’y avait que des gardes-mobiles ». Les deux tracteurs appartenaient à Cyril Bouligand, de Fay et à Christian David, de Couëron. Les pneus des tracteurs ont été crevés par les forces de l’ordre, puis « ils les ont démarré et ont roulé avec », relate Cyril Bouligand. « Il a fallu en traîner un, parce qu’il ne parvenait pas à rouler », témoigne Julie(*), occupante de la ZAD. « Quand on les a récupérés à dix-huit heures, les valves des pneus sur mon tracteur ont été coupées à la pince, l’autre tracteur était complétement déjanté », explique Cyril Bouligand, indigné. Grâce à des mécanos sympathisants de la lutte, les tracteurs, ont été sommairement réparés sur place avant d’être emmenés vers des garages des environs. En effet, il se pourrait que les jantes soient détériorées.

Bilan du préjudice ? « deux valves, environ 50 €, et deux heures de travail de garage à 80€ l’une, si la jante n’est pas concernée », pour Cyril. « Je ne sais pas encore, mais on dépasse mille [euros] s’il faut changer la jante », pour Christian. Cyril Bouligand envisage de porter plainte pour le préjudice subi. Christian David aussi « le tracteur est à notre CUMA, donc on va voir en début de semaine et décider en commun si on porte plainte ».

C’est la première fois que les policiers s’attaquent aux tracteurs, hormis celui que Sylvain Fresneau, agriculteur aux Domaines, à Notre-Dame des Landes, avait dirigé contre les gendarmes pour les faire reculer, et dont les vitres avaient été brisées. La solidarité du monde paysan s’exprime à Notre-Dame des Landes par la présence permanente d’environ 50 tracteurs sur la ZAD qui protègent de l’investissement par les forces de l’ordre et de la démolition les maisons-fermes et les lieux occupés. En revanche, l’affaire en révèle d’autres, une suite de témoignages accablants qui témoigne des mauvaises habitudes prises par les forces de l’ordre à Notre-Dame des Landes depuis trois ans.

Trois ans de brigandages policiers à Notre-Dame des Landes

Joint par BreizhJournal, Patrick Lapouze, directeur de cabinet de la Préfecture de Loire-Atlantique, estimait il y a trois semaines que le « comportement des forces de l’ordre » sur la ZAD était « exemplaire » pendant l’assaut du 16 au 3 novembre et que « aucun manquement ne [lui] avait été rapporté ». Peut-être alors il y a eu un petit oubli.

Nous avons reçu de multiples témoignages sur les dérapages des forces de l’ordre envers les biens privés, soit des occupants de la ZAD, soit des sympathisants de leur lutte. En droit, cela s’appelle des dégradations volontaires. Elles sont punies, lorsqu’il n’en résulte qu’un dommage léger, par l’amende prévue pour les contraventions de 5e classe (article R635-1 du code pénal). Sinon, « la destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30000 euros d’amende » (article 323-1 du code pénal), peine qui peut monter jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 € d’amende lorsque la dégradation est commise dans un local d’habitation.

A l’origine, nous relate Rosa (*), occupante sur la ZAD, c’était « la guerre des boutons ». Les ZADistes crèvent les pneus des véhicules de police présents sur la ZAD, ou des véhicules des intervenants, brisent les vitres, barrent les routes. Les forces de l’ordre de sont mis à faire de même, se rendant elles-mêmes justice bien que la loi leur interdise. Porter plainte ? les occupants ne le faisaient pas, et quand certains ont essayé, « les gendarmes nous ont fait clairement comprendre que nos plaintes ne seraient même pas examinées; en gros, c’était à nous de planquer nos vélos », explique Yann (*).

Les faits, eux, sont têtus. D’un côté, la Préfecture défend la légalité, de l’autre côté, les confessions des zadistes dépeignent un pan de territoire où le non-droit est la loi, de la part de ceux-là mêmes qui sont censés faire que force reste à la loi. « Quand les gendarmes ou les gardes-mobiles viennent sur la ZAD, même s’ils ne nous expulsent pas, ils voient une cabane vide, ils cassent un carreau ou rentrent dedans et vident une bombe lacrymogène, comme ça il nous faut aérer trois jours avant de coucher dedans ». Et ça fait « trois ans que ça dure ».  Ces cabanes, ce sont les lieux de vie des occupants, leurs habitations donc. Les voilà réduits de temps à autre à coucher dehors, ou ailleurs, pendant quelques jours. Autre jour, une voiture d’occupant, garée sur un chemin, vide, fenêtre baissée « deux policiers ont mis une bombe lacrymo dedans, résultat, voiture inutilisable pendant une semaine ». Cyril Bouligand nous confirme « le jour de l’assaut sur la maison du Tertre, j’ai de mes yeux vu les policiers s’approcher d’une voiture laissée par des gens de la ZAD, lui crever les pneus et vider une bombe lacrymo dedans ». C’était donc le 3 novembre.

L’acharnement contre tout ce qui appartient aux occupants de la ZAD se transcrit aussi dans les opérations. Sans aucune nécessité, la cabane du sabot a été bombardée pendant des heures à coups de gaz lacrymogène, entre 250 et 300 grenades ont été tirées le soir du 17 octobre. La cabane a tenu, en revanche le jardin potager juste à côté a été complètement saccagé. Le Sabot était la ferme maraîchère de la   ZAD. Le champ de légumes sera en jachère l’année prochaine.

Guerre aux vélos

Les vélos sont particulièrement visés. De nombreux occupants n’ont en effet pas de voiture, et se déplacent en vélos sur les chemins défoncés, ou à pied. « Depuis que je suis là, ça va faire un an et demi, s’il y a une chose que je sais, c’est surtout, surtout de ne pas laisser un vélo trop visible », nous apprend Yvon (*). « J’ai du laisser précipitamment un de mes vélos alors que des policiers accouraient. Ils ont plié les roues au pied, en se marrant ». Au service presse de la ZAD, on nous confirme « ça n’arrête pas. Les vélos ne doivent pas traîner, sur les deux dernières semaines, on est à plus d’une dizaine de dégradations ». Ewen (*), militant écologiste venu de Hollande et « tombé amoureux de la nature magnifique d’ici », nous confirme entre deux « wonderful » avoir perdu un de ses vélos le 3 novembre. Ce jour-là, quatre autres vélos ont été mis hors d’usage par les policiers. Comment cela hors d’usage ? « c’est qu’on n’a plus que quelques pièces récupérables à remettre sur d’autres vélos, le reste c’est direct poubelle », répond Erwan, qui en a gros sur le cœur. Et quand bien même les policiers s’engagent à ne pas toucher les vélos des opposants ? Ils passent outre. Philipp précise « il y a eu un jour un assaut sur le bois de Rohanne. Les militants qui étaient dans le bois ont accepté de faire une concession aux forces de l’ordre en l’échange de quoi les vélos présents dans le périmètre seraient laissés indemnes. Ils ont été mis en pièce avec un soin tout particulier ».

La Préfecture, jointe par BreizhJournal, se refuse à tout commentaire. Force reste à la loi ? A vous de voir. Et si le « kyste » dénoncé par Manuel Valls n’était pas la révolte de la ZAD et des opposants au projet d’aéroport, mais les mauvaises habitudes prises par les policiers et gendarmes qui y interviennent, certains d’être couverts par leurs supérieurs ?

Notes

Nous remercions ceux qui ont eu le courage de témoigner.

(*) Tous les noms des occupants de la ZAD ont été changés.

L’indépendance a le vent en poupe en Catalogne

26 Nov

Arthur Mas, chef du CiU (Convergencia i Unio, centre-droit), n’a pas réussi son pari de gouverner seul en Catalogne, sa formation étant passée de 62 à 50 sièges au Parlement de la Généralité. Mais la gauche indépendantiste est la grande gagnante d’un scrutin qui pousse encore un peu plus la Catalogne vers l’indépendance.

C’est surtout le parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) qui est le grand gagnant du scrutin, passant de 10 à 21 sièges. Le CiU examine actuellement toutes les options possibles d’une coalition de gouvernement pour mettre en place l’auto-détermination catalane. Les socialistes catalans, en fort recul, ont opposé une fin de non-recevoir catégorique aux indépendantistes. ERC ne ferme pas la porte à une entrée au gouvernement, mais sans se montrer particulièrement empressée. Du reste, ERC est en position de force : le numéro deux de CiU, Oriol Pujol, a estimé hier que « le résultat du scrutin [les] plaçait entre les mains de ERC ».

Le gouvernement et les médias espagnols ont pointé l’échec d’Arthur Mas, qui aurait vendu la peau de l’ours avant de l’abattre ; El Pais parle même d’une « raclée ». Cependant, ce sont essentiellement les partis indépendantistes qui ont tiré leur épingle du jeu de l’élection. Alors que bien d’autres régions autonomes espagnoles se sont prononcées pour une recentralisation partielle, le choix du Pays Basque et des Catalans de larguer les amarres n’est pas sans inquiéter l’Espagne, où les élections catalanes trustent depuis des mois les Unes des grands médias. Avec la Catalogne, c’est aussi 6% de la superficie, 16% de la population, 19% du PIB, 24% de la production industrielle et près de 28% des exportations qui s’envolent à tire d’aile.

ERC, dirigée par Oriol Junqueras, nouvel homme fort de la Catalogne, pourrait demander à CiU un « geste fort » : la rupture totale avec le Parti Populaire (PP, conservateurs espagnols, hostiles à l’indépendance catalane) au sein des municipes détenus par le parti. Dans ces derniers, comme dans les conseils de comarques, CiU et PP partagent en effet le pouvoir.

De son côté, Albert Rivera, président de Ciutadans, parti de centre-gauche opposé à l’indépendance, a appelé Arthur Mas à « démissionner dans la dignité ». Son parti a triplé sa représentation, passant de 3 à 9 sièges. Les négociations pour la formation du gouvernement catalan continuent,tandis que le peuple catalan et l’Espagne retiennent leur souffle.

L’éolienne à haut rendement arrive en Bretagne

26 Nov

Le 23 novembre 2012, le parc éolien de Couesmé (56) a été inauguré le 23 novembre en présence de Jean-François Cirelli, Vice-Président Directeur Géneral délégué GDF SUEZ, Henri Ducré, Directeur général adjoint de GDF SUEZ, Claude Midi, Directeur d’Eole Generation et Jérôme Pécresse, Président d’Alstom Renewable Power.

Eole Energie, filiale énergies renouvelables de GDF Suez, a confié à Alstom la conception des éoliennes, et l’exploitation du parc pendant cinq ans. A ce jour, le Groupe a installé plus de 2 300 éoliennes dans plus de 130 parcs éoliens, soit une capacité totale supérieure à 3 200 MW. En France, Alstom Wind France a fourni 20 parcs éoliens, pour plus de 250 MW. Le groupe développe 1250 MW de projets éoliens en France, Belgique et sur le continent africain.

Le parc de Couesmé est équipé de 11 éoliennes terrestres ECO 110 d’une puissance nominale de 3 MW. Il s’agit du premier parc éolien français équipé de ce type de turbine, d’une hauteur de 145 mètres en bout de pale. Ce parc produira l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 37.500 personnes. Ce type d’éoliennes à haut rendement est particulièrement adapté pour les zones urbaines ou urbanisées, où la surface est comptée : par rapport aux parcs existants, la configuration actuelle économise l’implantation de cinq éoliennes. En, revanche, plus hautes, les éoliennes sont plus visibles, ce qui limitera un peu plus les possibilités d’implantation  en covisibilité des monuments Historiques et sur les sites naturels classés. L’énergie éolienne assure actuellement 17% de la production électrique Bretonne  sur l’ensemble des cinq départements.

Très forte participation aux élections en Catalogne

25 Nov

Les élections en Catalogne sont un tournant historique pour ce territoire actuellement sous domination espagnole. L’actuel dirigeant de la Généralité de Catalogne, Arthur Mas, du parti de centre droit CiU, donné pour favori du scrutin, a promis un référendum d’auto-détermination s’il gagnait les élections. Il s’appuie sur un grand consensus populaire : la marche du 11 septembre à Barcelone pour l’indépendance a réuni entre 1.5 et 2 millions de Catalans. De plus, 171 des 947 municipes de Catalogne (soit un peu moins d’un cinquième) se sont déclarés « territoires catalans libres« , indépendants vis à vis de l’Espagne.

A 18 h 00, la participation atteignait 56.24%, supérieure de 8% à la participation aux élections de 2010 à la même heure. La campagne, centrée sur la question de l’auto-détermination de la Catalogne, a été verbalement très violente entre les partisans et les opposants de l’indépendance de la Catalogne, les deux camps se livrant à une surenchère verbale. Des leaders conservateurs (PP) espagnols ont appelé à envoyer l’armée espagnole empêcher la tenue du référendum d’auto-détermination tandis qu’Arthur Mas, président de la collectivité territoriale de Catalogne, en appelait à l’Europe et déclarait que la Garde Nationale protégerait, de vive force s’il le faut, les urnes. Arthur Mas a souligné la « transcendance » de ce 25 novembre et le fait que la « Catalogne [soit] dans le moment le plus décisif de son histoire ». Il a appelé au calme et à « donner un message fort au monde, dans un esprit constructif ». Les résultats seront connus dans la soirée.

Notre-Dame des Landes résiste au déferlement policier

24 Nov

Depuis hier, le pouvoir essaie à nouveau d’enlever la zone projetée pour l’aéroport de vive force. L’ordre est venu de Paris : Ayraultbespierre joue son gouvernement sur l’affaire Notre-Dame des Landes. Signe que les 30 à 40.000 manifestants de samedi ont échaudé les consciences hors de Bretagne.

Hier, près de 2.000 gardes mobiles ont déferlé sur la ZAD pour venir à bout du chantier de construction d’un village, nommé la Châtaignerie à l’ouest du Bois de Rohanne, raser la maison du Rosier, expulsable depuis hier matin, et un autre lieu occupé. A la fin de la journée, seule la maison-ferme du Rosier était par terre avec ses annexes, sauf le hangar à foin encore loué à un paysan et plein de foin. Nous savons maintenant de source sûre que deux tracteurs qui protégeaient la maison ont été sciemment dégradés par des membres des forces de l’ordre.

Légalité contestée de l’opération du 23 novembre

Le terrain sur lequel se trouve le village collectif de la Châteignerie (ou de la   Chat Teigne)  est un terrain privé, appartenant à un propriétaire qui a reçu l’arrêté d’expulsion, mais pas l’indemnité de la société AGO, qui ne lui est parvenue qu’à vendredi midi, dans l’urgence. L’opération lancée dans la matinée est donc illégale. Les constructions ont été réalisées avec son accord, le terrain était donc à priori exempt de toute possibilité d’expulsion.

Voici l’arrêté préfectoral  qui a justifié l’intervention sur ce terrain. En substance, le préfet motive l’opération par l’illégalité des constructions en bois d’une superficie au sol supérieure à 20 m². Etant donné que le maire, qui a des pouvoirs de police en la matière, et qui pouvait prendre un arrêté prescrivant leur démolition, n’a rien fait, le préfet se substitue à lui après 24h de silence. A priori irréprochable en droit. Poursuivons. Le préfet estime que la construction de ces maisons « a pour seul objet de compromettre la réalisation du projet d’aéroport » (…) et constitue donc « un trouble manifestement illicite », « l’urgence de faire cesser les travaux dispense l’administration de mettre en œuvre la procédure contradictoire préalable », comme l’y autorise la loi du 12 avril 2000 dans les situations d’urgence.

C’est-à-dire que l’administration préfectorale s’autorise à passer outre l’obligation d’information du citoyen, la motivation factuelle et juridique de sa décision, les moyens que le citoyen a pour la contester. Autrement dit le préfet a dénié au propriétaire concerné et aux occupants des cabanes leur droit juridique le plus élémentaire : celui de se défendre et de savoir pourquoi la décision de détruire a été prise. Le propriétaire ne l’a pas entendu de cette oreille, a fait constater par huissier le matin du 23 novembre l’irruption des forces de l’ordre sur son terrain et a porté plainte.

La ZAD tient toujours

Michel Tarin, « vieux de la vieille » de la lutte anti-aéroport, contacté par BreizhJournal, a compté « 69 fourgons de gardes-mobiles sur la route de Vigneux, au sud de la ZAD », et « autant au nord » à 21 h 50 », soit l’équivalent de 1400 gardes-mobiles sur place. Les gardes-mobiles avaient l’intention de passer la nuit sur place, plusieurs témoins les ont vu « stocker des caisses de grenades assourdissantes dans l’une des cabanes de la Châtaignerie », information qui nous a été confirmée de source policière.  A 22 h 30, il y a encore des tirs tendus de flashball et de grenades lacrymogènes effectués en pleine nuit, à l’aveugle, par les policiers sur des opposants qui tiennent toujours une partie du Bois de Rohanne et ses arbres.

Hors de la ZAD, plusieurs dizaines d’opposants ont occupé de 16 h le 23/11 à deux heures du matin la mairie de Saint-Affrique dans l’Aveyron (sénateur-maire PS), avant d’en être délogés par les CRS. Une trentaine de personnes à Rouen, une cinquantaine à Quimper et à Poitiers, près de 80 à Nîmes – où trois personnes ont été reçues en délégation à la Préfecture – deux cent à Nantes, une centaine à Lille et à Quimper, six tracteurs et cent personnes à Châteaubriand, autant à Angers – sans tracteurs – se sont rassemblés le 23 novembre pour protester contre les expulsions. Aujourd’hui, deux manifestations ont déjà réuni une cinquantaine de personnes chacune à Privas (Ardèche) et à Laval, l’une devant la préfecture, l’autre devant le local PS.  D’autres manifestations ont lieu à Bordeaux, Morlaix ou Grenoble, Brest ou la Rochelle, en solidarité. De nombreux cars et covoiturages partent de divers points de la France et de l’étranger pour soutenir l’effort de la ZAD, qui connait un nouvel afflux de volontaires. Par ailleurs, le syndicat SUD rural aurait rejoint la lutte et a envoyé aux 5.000 fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture un mail pour expliquer ce qui se passe vraiment à Notre-Dame des Landes.

Ce matin, l’information a repris à 8 h 40, avec le bouclage du secteur compris entre la Châtaignière, à l’ouest, la Saulce, au sud, sur la RD81, et la Rolandière au nord. Tous les carrefours routiers entre Vigneux et le Temple de Bretagne sont tenus à 9 h par les forces de l’ordre, quinze fourgons de gardes mobiles barrent le large chemin de Suez. A dix heures, deux pelleteuses et deux manitous entrent dans le Bois de Rohanne, l’une d’elle s’embourbe rapidement, à dix heures 25 les policiers avouent leur lassitude, alors que le bouclage policier s’intensifie. Les carrefours stratégiques des Ardilières (au nord) et du Bois Rignoux, au sud, sont bloqués, l’accès reste possible à pied. Vers onze heures, après avoir chargé au gaz poivre les militants nus qui protégeaient les arbres où se trouvent cabanes et matériels, les policiers commencent à envoyer les grimpeurs à l’assaut des arbres.

Six blessés parmi les opposants à l’aéroport

Voilà comment les militants résistent aux forces de l’ordre. Dénudés et désarmés.

A 11 h 30, une personne est arrêtée par les forces de l’ordre dans le Bois de Rohanne. Un conducteur de machine, noyé par le gaz lacrymogène, refuse de continuer le travail. La barricade dressée pour protéger le chantier de reconstruction, au sud-ouest du bois, résiste. Trois opposants à l’aéroport sont blessés « 2 par tirs de flash ball à la jambe et à la main, et 1 par grenade assourdissante à l’oreille». A 13h, la ZAD annonce quatre arrestations, dont une d’une personne tombée d’une cabane perchée. Il y aurait aussi trois blessés de plus, par tirs tendus de flashball, « touchés à la paupière, au mollet, au foie». A 14h 15, sept cabanes sur les dix de la forêt ont été détruites, la dernière l’est effectivement une heure plus tard. Les policiers contrôlent en apparence le bois, mais il y a quinze militants perchés dans des arbres et plus de 400 au sol. Pendant ce temps, à la Châteignerie (la Chat Teigne), des militants occupent les toits de plusieurs cabanes et ont repris le chantier de reconstruction. Ailleurs, d’autres chantiers continuent, malgré l’important déferlement policier, Notre-Dame des Landes tient toujours.

Les drapeaux Bretons flottent sur Nantes

Manifestation à Nantes – photo de @BuetDan

A 16h00, les dégâts faits à la Châteignerie par les policiers hier sont réparés; à Quimper, le collectif local de soutien appelle à construire partout des cabanes en soutien à Notre-Dame des Landes, « 36.000 communes, 36.000 cabanes« . Les barricades sur le chemin de Suez et dans le Bois de Rohanne résistent, à 17 h 27, les dernières sommations sont faites par les forces de l’ordre aux barricades. Celles-ci continuent à résister, tandis que des riverains et paysans en colère prennent en écharpe les forces de l’ordre le long de la RD81. A partir de 18h00, les gardes-mobiles sont forcés de décrocher, ils se replient en lançant des grenades assourdissantes pour protéger leur retraite. A 19h 10, leur retraite s’achève, il n’y a plus d’explosion à Notre-Dame des Landes. A Nantes, vers 17h00, une manifestation spontanée réunit 8 à 9.000 personnes devant la Préfecture. Nous joignons ses services à 18 h 40, la désorganisation règne, « C’est la panique ici », nous confie un policier de permanence. Au-dehors, à côté des drapeaux de la CNT, « flottaient de nombreux drapeaux Bretons », écrit Le Monde dont le correspondant fait état de quelques jets de projectile et d’une nombreuse affluence qui criait « On a gagné, on a gagné« , et « Ayrault, salaud, l’aéroport, ton électorat n’en veut pas« .  Cette manifestation s’est dispersée vers 20 heures, alors que les policiers commençaient à bloquer Nantes, craignant une situation quasi-insurrectionnelle. Vers 19h00 les ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et des Transports ont annoncé que les travaux de défrichage seront repoussés de six mois, le temps de parfaire les mesures de protection de l’environnement; pendant ce temps-là, les policiers quittent Notre-Dame des Landes. Ce soir, par sa détermination, la ZAD de Notre-Dame des Landes a gagné un premier sursis. Une première victoire au bout de cinq semaines de lutte.

Quand les gendarmes bloquent l’accès aux pompiers

Rien que sur la journée d’aujourd’hui, les occupants de la ZAD dénombrent « une dizaine de blessés« , d’après l’équipe médicale. Ce qui va « des personnes qui ont pris des éclats de grenades, dont une près de l’oeil, et d’autres des impacts, dont une au thorax« . Les ZADistes ont fait ce qu’ils ne font qu’en dernière extrémité, c’est à dire quand leur équipe médicale ne suffit pas à l’ouvrage, appeler une ambulance pour évacuer vers les urgences leur blessé grave, qu’ils ont amené à la Vach’rie (les Domaines).  Les pompiers sont venus depuis le sud, et ont été bloqués par les gendarmes sur la RD81 entre la Saulce et la Rolandière, à 300 m. Et ils ont mis une demi-heure à faire ces pauvres 300 mètres. Pour évacuer un blessé dans un état grave. L’on se demande parfois si Notre-Dame des Landes est encore en France, dans un état de droit, ou si c’est vraiment une « guerre » que le pouvoir mène contre les Bretons et contre leur environnement, contre cette Bretagne méridionale qui a fait l’affront de chouanner contre la République, les centrales nucléaires (deux en vingt ans, de 1976 à 1996) et maintenant contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Mais même si le sursis accordé au défrichement n’est que relatif, et n’est pas encore un sursis accordé à Notre-Dame des Landes, il témoigne de l’intense hésitation du gouvernement devant l’immense mobilisation contre le projet d’aéroport. Contre Notre-Dame des Landes, ce soir à Nantes où les drapeaux qui représentent un avion barré de rouge et les hermines sont maîtres de Nantes, une nation se lève à nouveau : la Bretagne.

Un monument de la Renaissance Bretonne à Pontchâteau

24 Nov

Trente-sept ans de Pays de Loire ne peuvent abolir 1500 ans de Bretagne. Ainsi, si vous venez à passer par Pontchâteau, allez voir dans le centre-ville les trois maisons du XVIe siècle qui ont survécu, même altérées, aux révolutionnaires et aux bombardements. Elles se trouvent tout près de la gare, et l’une d’entre a gardé sa porte d’origine ainsi qu’une petite croisée sous son pignon surélevé.

Cette maison abritait milieu du XXe siècle un magasin de mobylettes. Un volet en fer a été installé dans sa porte, mais étrangement, celle-ci n’a pas été déposée pour être remplacée par une ouverture plus vaste et plus moderne. Si bien que l’on peut admirer un élément classique de l’architecture Bretonne de la Renaissance, à savoir une accolade à choux en granit, similaire à celles qui ornent les monuments tant civils que religieux de Basse-Bretagne, par exemple ce château des Côtes d’Armor. D’habitude, ces accolades à choux se trouvent surtout sur les monuments religieux, qui ont le plus souvent été conservés jusqu’à nous, alors que les châteaux ont été détruits à la Révolution, surtout en Haute-Bretagne chouanne.

Nouvelle opération d’expulsions à Notre-Dame des Landes

23 Nov

Depuis plusieurs jours, l’information avait suinté des vieux murs de la Préfecture. La fin de la semaine verrait moins de journalistes sur la ZAD et plus de policiers. L’occasion aussi pour les forces de l’ordre de ne pas s’avouer perdants face à l’extraordinaire mobilisation contre le projet illégal d’aéroport.

Destructions sur la ZAD – photo ZAD

A 7 h ce matin, il y avait donc des policiers devant la maison du Rosier, expulsable depuis deux jours et dans le Bois de Rohanne où des nouvelles cabanes poussent chaque jour. A 10 heures, ils sont toujours au même endroit, sans avoir avancé d’un pouce. Ils ne peuvent expulser au chantier, situé à l’ouest du Bois de Rohanne, mais emmènent le matériel. A midi, pas de grands changements, les policiers s’agglomérent tant dans le bois qu’autour de la maison du Rosier qui se trouve juste au sud du bois de Rohanne, près de la D81, autour de laquelle des barricades ont poussé et sont défendues. Des tirs de grenades assourdissantes sont effectués par les forces de l’ordre dans le Bois de Rohanne.

A 14 h, les opposants reprennent la maison de la Châtaignière, qu’ils avaient perdu vers dix heures. Des militants montent sur le toit, la situation se tend vers 15 h 30 alors que des pelleteuses amenées par les forces de l’ordre travaillent tout autour. Au Rosier, il y a un attroupement serré, paysans, opposants et occupants, qui empêchent les forces de l’ordre d’avancer. Néanmoins à 16 h 26, les murs de cette maison commencent à être démolis. A l’heure où nous écrivons, la situation reste tendue à la Châtaignière, où des tirs de grenades lacrymogène se font entendre. Des militants sont sur et dans la maison, encerclée par les forces de l’ordre. Des arbres ont été tronçonnés sur la ZAD par les forces de l’ordre. Dans le bois de Rohanne, il y a une forte concentration de policiers par terre et des militants dans les arbres où ils ont rebâti des cabanes. A 17h, les policiers commencent à quitter le bois de Rohanne alors que la nuit tombe doucement. Un quart d’heure avant, une déflagration assez forte a secoué le bois, son origine reste inconnue, peut-être un tir de plusieurs grenades assourdissantes.

Les opérations policières se concentrent alors sur la maison-ferme du Rosier et sur les alentours de la Châtaignière. A 18 h 30, la démolition de la maison du Rosier est achevée. C’est à dire que les forces de l’ordre auront patiné toute la journée sur la ZAD dans la grisaille pour démolir une seule maison et faire une razzia de matériel, c’est peu. La ZAD rapprte à 18h42 « les flics se sont amuser de crever les pneus de deux tracteurs, ils ont coupé la valve et roulé avec« . Vers 19h, la pelleteuse est bloquée par les militants et paysans qui ont rallié la Châtaignière, où les démolitions ne reprennent qu’une heure plus tard, une fois que les forces de l’ordre ont refoulé tout le monde.

Entre temps, en solidarité, 500 personnes se sont rassemblées à Paris, et la mairie de Saint-Affrique (Aveyron, maire PS) est occupée depuis 16 h 30. Dix gendarmes et les occupants sont actuellement bouclés dans ce Fort Chabrol du Rouergue.

Curieuse vision de la légalité à Notre-Dame des Landes. La légalité apparente – celle du pouvoir – met en oeuvre un projet illégal qui est celui de Notre-Dame des Landes, non conforme au droit de l’environnement et de l’eau. La légalité apparente – celle des forces de l’ordre, commettrait des actes de dégradation, perquisitionne chez un militant (hier) pour un mail que ce dernier aurait envoyé, et – bien que la Préfecture le démente – semble faire prendre aux militants qui s’opposent à son action des risques disproportionnés avec les actions desdits militants et les buts assignés aux forces de l’ordre. A contre-front, les occupants – illégaux le plus souvent – des parcelles défendent la légalité, puisqu’ils s’opposent à un projet illégal mis en oeuvre par des moyens qui franchissent (trop) souvent la ligne jaune.

Complément : l’arrêté prefectoral justifiant l’intervention de la journée, notamment sur le chantier où sept bâtiments en bois ont été construits la semaine dernière (lieu-dit la Lande de Rohanne, où la Châtaigneraie)