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Crise en Ukraine : le témoignage d’un ukrainien de l’est

18 Mar

1394822347_1073366276-frAlors que la Crimée vient de déclarer par 97% des suffrages sa volonté de rejoindre la Russie, les médias français et occidentaux mainstream continuent de rendre la Russie responsable de la scission ethnique et politique qui se développe en l’Ukraine. Loin des gémonies médiatiques et de la chasse aux sorcières et aux opinions différentes, nous vous présentons le point de vue d’un habitant – russophone – de l’est de l’Ukraine. Les notes entre crochets sont de la traduction, par BreizhJournal. Le reste est brut de décoffrage. A chacun d’en tirer ses conclusions.

Les libéraux russes soutiennent les ukrainiens de l’ouest dans leur droit à l’autodétermination. C’est très bien. En revanche il est bien dommage qu’ils ne soutiennent pas les ukrainiens de l’est pour qu’ils fassent pareil. Et qu’ils ne savent même pas quel est leur avis. Je vais essayer de l’expliquer.

Regardez. Vous vivez à l’est de l’Ukraine. Vous avez 40, 50 ou 60 ans. Peut-être même 30 ou 70. Vous êtes russe. Ce n’est pas une question de sang. Par votre langue, votre culture, votre conscience, vous êtes russe. Vous êtes né en URSS. Vous avez une relation apaisée avec elle. Vous n’êtes pas fan de Staline. Mais il y a d’autres choses. L’enfance. Les vétérans de la guerre. Vous ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain. Vous vivez hors de Russie depuis 20 ans et des brouettes. Mais vous êtes pourtant toujours russe. La conception non-écrite de l’Ukraine en tant que pays s’appuyait sur un équilibre entre l’Orient et l’Occident.

Vous avez toujours trouvé que l’Ukraine de l’ouest était quelque chose d’autre. D’étranger. Vous vivez dans le même pays, mais vous êtes très très différent. De temps à autre ils tabassent les vétérans soviétiques. Cela vous énerve. Parfois ils essaient de faire des défilés de SS. Cela vous rend fou. Là bas ils parlent du héros Bandera [qui a choisi le camp des allemands pendant la guerre]. Vous pensez qu’ils sont malades. Ils créent à partir de rien une conception nationale ukrainienne. Vous trouvez qu’ils sont idiots. Vous devinez qu’ils ne sont pas tous comme ça. Mais « la voix de l’occident » sonne justement ainsi. Leurs autres traits ressemblent aux vôtres. C’est pourquoi vous remarquez justement ça ; leur « particularisme », c’est ça. Vous n’êtes pas saint et votre ire connait aussi son crépuscule.

Il y a quatre ans, vous avez voté pour Ianoukovitch [ex-président déchu et chassé par les révoltés nationalistes à Kiev]. Pas parce que vous l’aimiez. Mais tout simplement parce que Timochenko, c’est la même chose en pire. Vous ne soutenez pas Ianoukovitch. Vous n’aimez pas les corrompus. Mais vous n’avez personne d’autre à qui donner votre voix. Il n’y avait pas d’autre homme politique d’envergure à l’Est [de l’Ukraine].

Vous êtes un homme simple. Vous voulez la paix, la prospérité, de bonnes relations avec la Russie – car elle compte beaucoup pour vous – mais aussi avec l’Europe. Vous n’étiez pas contre l’association avec l’UE. Surtout si elle permettait de ne pas s’éloigner de la Russie. Le plus souvent, vous avez en Russie vos enfants, une partie de votre famille qui y vit ou y travaille, ou vos amis…

La Russie d’aujourd’hui vous plaît plutôt. Il y a là-bas la paix et une prospérité relative, surtout par rapport à la réalité que vous vivez. Toutes ces années, c’est la Russie et elle seule qui soutient l’Ukraine. Le marché du travail est ouvert. Elle a injecté des dizaines de milliards de subsides. Il y a des réductions [allusion au prix du gaz, vendu 30% en dessous du prix du marché], des projets communs, notamment une zone de libre échange [commune à la Biélorussie, au Kazakhstan et à l’Arménie. Il s’agit de l’Union douanière]. Les ukrainiens qui travaillent en Russie sont trois ou cinq millions. Les autres pays ne font pour l’heure que des promesses.

Personne ne vous empêche en Ukraine de parler en russe. Mais il y a de moins en moins d’écoles russes. Pas d’universités russes du tout – dans un pays où le russe est la langue maternelle de 80 % de la population. Un président [Ioutchenko, de 2005 à 2010] traduisait tout en ukrainien. Un autre [Ianoukovitch] ne s’est jamais bougé pour inverser la vapeur. Il y a énormément de rhétorique anti russe, bénigne dans l’ensemble mais qui énerve et attriste beaucoup.

Dans le pays c’est le bordel tout le temps et il y a des élections constamment. Et de la misère. Des voleurs, qui changent de président et continuent à se partager le budget en usant de n’importe quelles paroles et n’importe quelles personnes [pour couvrir leurs actes]. La nouvelle révolution est encore une de leurs idées. Et rien ne prouve qu’ils ont changé au moins un peu.

Vous voulez vivre sans bordel et sans misère. Vous regardez vers la Russie. Vous trouvez que l’ouest du pays ne produit rien, mais ne cesse de dévorer vos impôts. Même si ce n’est pas vraiment la réalité. Mais à l’ouest ils disent souvent qu’ils sont les seuls à être normaux et vrais ukrainiens. Alors que vous êtes soit finis à l’huile de morue, soit idiots, soit des traîtres. Vous vous demandez parfois si vous voulez vraiment être ukrainien.

Après commence le Maïdan [la révolution de février 2014 à Kiev, qui part de l’occupation de la place de l’Indépendance, nommée Maidan Nezalejnosti en ukrainien]. Le Maïdan détrône le pouvoir légitimement élu. Y compris celui pour qui vous avez voté. On ne vous demande pas votre avis. Le Maïdan fait ça les armes à la main. Tout en clamant son pacifisme. Le Maïdan tire sur les siens. Et prétend que c’est le pouvoir [de Ianoukovitch] qui le fait. Le Maïdan est nourri par les oligarques. Les mêmes qui ont poussé en avant Ianoukovitch avant de le lâcher lorsqu’il a commencé à nourrir ses enfants plus qu’eux.

Vous estimez que cette révolte est un arrangement des oligarques avec les nationalistes et les professionnels de la politique. Qu’ils ont bénéficié du soutien en quantité de gens qui veulent que les choses aillent pour le mieux, mais le font avec des moyens malsains et vont dans le mauvais sens.

Le Maïdan ne représente pas toute l’Ukraine. Il ne vous représente pas. Vous aussi vous êtes pour un pouvoir honnête et de bonnes lois. Mais pas avec les forces de gens entraînés dans des pays bien connus [en UE et aux USA] avec des opinions notoires [allusion aux ultranationalistes néonazis des partis « Batkivschina » et « Oudar »]. Les croix gammées sur leurs épaules et ce qu’ils clament sur la guerre avec la Russie ne vous laisse aucun choix à leur égard. Et surtout, vous refusez d’être gouvernés par les oligarques pour leur plus grand profit. Vous les connaissez assez bien.

Et surtout pas en suivant une rhétorique antirusse. Et surtout pas dirigés par les hommes politiques occidentaux, que vous n’aimez pas depuis les temps de l’URSS encore. Mais le problème n’est pas là. Vous connaissez le prix de leurs promesses. Ne serait-ce que grâce à l’Histoire. Quand ils gênaient le pouvoir, soutenaient les insurgés armés et ont estimé que le coup d’état était paisible et légal. Vous suspectez que ces actions ne sont pas motivées par leur aveuglement ou leur générosité, mais par leur seul intérêt.

Et surtout, vous refusez ces hommes politiques. Vous ne pensez pas que Iascheniouk [le nouveau premier ministre ukrainien], Klitcshko [le boxeur leader du parti ultranationaliste Oudar] ou Tiagnibok [juriste de Lvov, ultranationaliste et leader du parti ultranationaliste Svoboda, depuis 2010 se trouve dans le top 10 mondial  des antisémites, selon le centre Simon-Wiesenthal] sont des gens qui prennent vraiment les décisions, car vous n’êtes pas con. Ce sont des marionnettes et vous le savez.

Comment vous aurez aimé que ça se passe ? Vous voudriez des lois qui s’appliqueraient également à tous. Du respect pour les deux avis sur la question. L’absence de rhétorique dirigée vers quelque bouc émissaire que ce soit. Des élections et non des émeutes. Vous auriez aimé qu’en Ukraine – à condition que l’on conserve les frontières actuelles – tout le monde arrêtera à jamais de penser que c’est le pays des ukrainiens au sens où on l’entend en Galicie [région ultra-nationaliste à l’ouest de l’Ukraine, comme celle de Lviv. Ses habitants ont soutenu en masse le IIIe Reich et il y a eu une légion SS de Galicie sur le Front de l’Est, composée quasi-exclusivement de nationalistes ukrainiens].

Vous ne savez pas quoi penser du renversement de Ianoukovitch. Il était mauvais. Ceux-là ne sont pas mieux. Leurs méthodes sont dégoûtantes. Et maintenant ils commencent à faire des projets de loi. Supprimer le statut particulier du russe [quasi-langue d’Etat]. Changer les noms des rues pour honorer leurs « héros » [des nationalistes, souvent d’anciens officiers SS]. Aller non seulement vers l’UE, mais aussi vers l’OTAN. Interdire le parti communiste et le Parti des Régions [celui de Ianoukovitch, qui est accessoirement le plus grand parti politique de la population russophone]. Supprimer le délit d’apologie du fascisme. Condamner l’occupation soviétique de l’Ukraine. Interdire les chaînes de télévision russe (c’est fait).

Une grande part de tout cela n’est que des mots. Mais vous les entendez. Maintenant, leurs actes. Des députés battus comme plâtre près de la Rada [la Chambre]. Des gens inculpés pour des crimes sont relâchés sans être jugés. La Cour Constitutionnelle est dispersée. Le « gouvernement » et le « président » sont désignés sans aucun respect de la légalité. Les maisons des opposants politiques sont brûlées. Le pillage fleurit. Tout ça n’a pas été fait par les hommes politiques, bien sûr. Cela a été commis par les diables qu’ils ont lâché, ces diables dont les forces leur ont permis de renverser Ianoukovitch. 

Sur le Maïdan, il y a beaucoup de gens différents. Nombre d’entre eux sont dignes et honnêtes. Mais dans les conditions où vous place toute cette hystérie, même votre colère contre l’ancien pouvoir se calme. Vous n’êtes ni saint, ni génie, ni expert en analyse. Alors que le nouveau pouvoir, ce sont justement ces gens qui traitent les russophones de « dégénérés ». Ceux-là même qui disent qu’ils vont « les pendre après ». Qui parlent d’une croisade contre la Russie. « Votre » nouveau pouvoir, certes, pas ses plus hauts dignitaires, parle de guerre avec votre Patrie, sans guillemets.

Peut-être, avez-vous une chance de faire votre protestation pacifique ? Peut-être, on vous a donné le droit de faire un référendum, créer une autonomie ? Peut-être, le « gouvernement » essaie d’être équilibré et vous écouter ? Pas du tout.

Ils refusent tout compromis. Il n’y aura pas de referendum. Vos leaders sont embastillés [notamment le gouverneur populaire de Donetsk, Pavel Goubarev, élu par la population révoltée contre le nouveau gouverneur, un oligarque envoyé par Kiev ; il a été arrêté par des miliciens loyaux au nouveau gouvernement et est en prison pour au moins deux mois]. Vous ne voulez pas vous-même suivre la logique jusqu’au bout. Il y aura beaucoup de sang versé. Vous êtes quelqu’un de normal, vous avez une famille. Vous n’allez pas au Anti-Maïdan [une révolte opposée au nouveau gouvernement de Kiev] bien que vous les soutenez, et c’est pourquoi il n’est pas aussi populeux qu’il aurait pu l’être. A la place de lutter, vous êtes en dépression.

Vous regardez vers la Crimée. Et vous êtes joyeux. Là-bas les gens ne veulent pas vivre avec ce Kiev là. C’est une bonne raison de revenir en Russie [dont la presqu’île a été séparée en 1954, pour être donnée à l’Ukraine]. Ils sont décidés, là-bas. Et ils ont le soutien de l’armée russe. Ils feront un référendum et feront partie de la Russie. Ce n’est pas le paradis sur terre. Mais ils s’y sentent chez eux.

Il n’est pas compliqué pour vous d’imaginer ce qui vous attend. Il n’y aura ni autonomie, ni référendum, ni prise en compte de votre avis. Vos leaders sont déjà arrêtés et le seront encore à l’avenir. Vous ne verrez pas le russe enseigné dans les écoles et les facultés. Tout comme le respect de tout ce qui est russe ou soviétique. Ainsi que l’accès à la Russie sans visa.

Vous allez avoir droit aux bases de l’OTAN, semeur réputé de démocratie. Vous êtes pour la démocratie, mais vous n’êtes pas idiot, vous savez reconnaître la pratique par rapport à la théorie. Vous allez avoir droit au culte de Bandera et à la suppression des défilés du 9 mai (déjà fait). Vous êtes sûr qu’en comparaison avec tout cela Ianoukovitch va très bientôt sembler super-démocrate. Et aussi super-honnête. Vous allez avoir droit à la réduction des retraites et au doublement des loyers. Vous allez pouvoir oublier la prospérité dans votre vie. Votre industrie [les régions de l’est sont l’Ukraine utile : industrielle et minière] sera louée à très vil prix et à un taux usuraire [allusion aux prêts du FMI et de l’UE, dont la contrepartie est la privatisation des géants industriels ukrainiens par les compagnies européennes].

Voici le plus important. Vous allez avoir droit à la sensation que vous êtes étranger dans votre pays. Votre langue, votre relation avec le passé, vos préférences politiques, votre avis sur votre Patrie – tout cela sera étranger.

Et maintenant devinez si vous soutenez l’entrée de l’armée russe à l’est de l’Ukraine.

 

PS : L’autre parti a aussi sa vérité. Et j’aimerai la voir quelque part dans son entièreté. Je vous prie de partager ce message. Ou un message semblable. Je le demande surtout à ceux dont l’avis sur la question diffère. Et je promets de reposter un texte semblable mais qui va dans l’autre sens. Pour que nous puissions mieux nous comprendre. La paix et la compréhension mutuelle en politique sont probablement impossibles maintenant. Mais c’est encore possible dans les cerveaux. Ils sont plus importants. Et nous devons tout faire pour nous comprendre et sauver la paix. Merci pour votre attention.

Source : Blog VKontakte de Sergueï Gourkine

 

Texte d’origine en russe

Прекрасно, что русские либералы поддерживают западных украинцев в их праве на самоопределение. Очень жалко, что русские либералы не поддерживают в том же праве восточных украинцев. И даже не знают, в чем состоит их позиция. Я попробую объяснить.

Вот смотрите. Живете вы в Восточной Украине. Лет вам, скажем, 40, или 50, или 60. Может быть, даже 30 или 70. Вы русский. Дело не в крови. По языку, культуре, самосознанию – русский. Вы родились в Советском Союзе. Вы относитесь к нему спокойно. Вы не фанат Сталина. Но есть какие-то другие вещи. Детство. Ветераны войны. Вы не осуждаете все скопом. Вы живете вне России уже 20 с фигом лет. Но вы не сделались нерусским. Неписанная концепция страны Украины была в балансе между восточным и западным.
Вы всегда воспринимали западную Украину как что-то чуть другое. Отдельное. Вы живете в одной стране, но вы очень и очень разные. Они там время от времени бьют советских ветеранов. Вас это раздражает. Они там время от времени порываются провести парады СС. Вас это бесит. Они там говорят про Бандеру-героя. Вы считаете их больными. Они создают на пустом месте концепцию украинскости. Считают, что украинцы круты потому, что они украинцы. Вы считаете их идиотами. Вы догадываетесь, что они не все такие. Но «голос запада» звучит именно так. Остальное у вас похоже. Поэтому бросается в глаза именно это. Их « особость » получается в этом. Вы не святой. В вашем гневе тоже заходит солнце.

Четыре года назад вы голосовали за Януковича. Не потому, что он вам нравится. А потому, что Тимошенко – это то же самое, только хуже. Вы не поддерживаете Януковича. Вы не любите коррупционеров. Но больше вам голосовать не за кого. Ни одного внятного политика на востоке больше не было.

Вы простой человек. Вы хотите мира, достатка, хороших отношений в первую очередь с Россией, потому что она особая для вас, но также и с Европой. Вы не были против ассоциации с ЕС. Особенно если бы она позволяла не отдаляться от России. Скорее всего у вас в России дети, или родственники, или кто-то там работает, или друзья, и т.п.
Современная Россия вам скорее нравится. Мир и относительный достаток, особенно на вашем фоне, там есть. Все эти годы Украину поддерживает именно Россия и только Россия. Рынок труда открыт. Прямой помощи на десятки миллиардов. Скидки, совместные проекты, в основном открытый товарный рынок. Работающих там – не то три, не то пять миллионов. Остальные пока только обещают.

Никто не мешает вам на Украине говорить по-русски. Но русских школ с каждым годом все меньше. Русских вузов нет совсем. В стране, где для 80% населения родной язык – русский. Один президент переводил все на украинский. Другой так и не почесался сделать ничего обратного. Очень много антирусской риторики, которая в общем безвредна, но очень расстраивает и раздражает.
В стране непрерывный бардак и непрерывные выборы. И бедность. Воры, которые меняют президентов и продолжают осваивать бюджет при любой риторике и при любых персоналиях. Новый протест снова затеян ими. И ни из чего не следует, что они как-то изменились.
Вы хотите жить без бардака и без бедности. Вы смотрите на Россию. Вы считаете, что запад страны ничего не производит, только съедает ваши налоги. Хотя вообще-то это не совсем так. Но на западе часто говорят, что только они – нормальные и настоящие украинцы. А вы – либо недоделанные, либо дураки, либо предатели. Вы иногда задумываетесь о том, а хотите ли вы быть украинцем.
Потом начинается майдан. Майдан свергает законно избранную власть. В том числе и вами избранную. Вас – не спрашивает. Майдан делает это с оружием в руках. И врет, что делает это без оружия. Майдан стреляет по своим. И врет, что это делают власти. Майдан кормили олигархи. Те же, что выдвинули Януковича, а потом, когда тот стал кормить своих детей больше, чем их, задвинули обратно.

Вы считаете, что это сговор олигархов с националистами и политиканами при количественной поддержки людей, которые хотят как лучше, но пользуются дурными средствами и идут в ложном направлении.
Майдан не представляет всю Украину. Он не представляет вас. Вы тоже за честную власть и хорошие законы. Но только не силами подготовленных в известных странах боевиков с известными убеждениями. Свастики на их плечах и слова о войне с Россией в их устах не составляют вашему к ним отношению никакого выбора. И только не под руководством и во благо олигархов. Вы их хорошо знаете.

И только не под антирусскую риторику. И только не под руководством западных политиков. Вы их еще с советских пор недолюбливаете. Но дело не в этом. Вы знаете цену их словам. Даже по этой самой истории. Когда они мешали власти, поддерживали боевиков и сочли мирным и законным силовой антиконституционный переворот. Вы подозреваете, что они делают это не вследствие своей слепоты или прекраснодушия, а вследствие своей заинтересованности.
И не с этими политиканами. Вы не считаете Яценюка, Кличко или Тягнибока принимающими решения, потому что вы не дурак. Они – марионетки, и вы это знаете.

Вы бы как хотели? Законы, равные для всех. Уважение к обеим сторонам вопроса. Отсутствие античьейбытонибыло риторики. Выборы, а не восстание. Вы бы хотели, чтобы на Украине, при условии сохранения нынешних границ, все раз и навсегда перестали считать, что здесь живут только украинцы в галичинском смысле этого слова.

Свержение Януковича вы встречаете с недоумением. Тот был плох. Эти не лучше. И методы отвратительны. А теперь они начинают вносить законопроекты. Отменить особый статус русского языка. Переименовать улицы в имена своих «героев». Двигаться уже не только к ЕС, а к НАТО. Запретить компартию и партию регионов. Отменить ответственность за оправдание фашизма. Осудить советскую оккупацию Украины. Запретить российское телевидение (отчасти уже).

Многое из этого – слова, да. Но вы слышите эти слова. Теперь дела. Депутатов избивают возле рады. Обвиненных в преступлениях выпускают без суда. Конституционный суд разгоняют. «Правительство» и «президента» назначают без всяких признаков законности. Дома политических оппонентов сжигают. Мародерство цветет всеми цветами. Не все из этого делали политики, конечно. Это делали те бесы, которых они выпустили, те бесы, чьими силами они свергали Януковича.

На майдане много разных людей. Много достойных и честных. Но в условиях этой истерики и в вашем гневе заходит солнце. Вы не святой, не гений и не аналитик.

А новые власти – это те самые, что называют русскоязычных « дегенератами ». Те самые, которые говорят, что «вешать их мы будем потом». Те самые, что говорили о походе на Россию. «Ваши» новые власти, пусть и не в самых высших чинах, говорят о войне с вашей без кавычек Родиной.
Может быть, у вас был шанс на свой мирный протест? Может быть, вам дали право провести референдум, создать автономию? Может быть, «правительство» старается быть сбалансированным и слушать вас? Как бы не так.

На компромисс они идти не хотят. Референдума не будет. Ваших лидеров задерживают. Идти до конца не хотите вы сами. Будет много крови. Вы нормальный человек, у вас есть семья. Вы на антимайдан не ходите, хотя сочувствуете, и поэтому он не так велик, как мог бы. Вместо борьбы у вас депрессия.

Вы смотрите на Крым. И радуетесь. Там люди не хотят жить с таким Киевом. Хороший повод вернуться в Россию. Они там решительные. И у них есть поддержка русской армии. Они проведут референдум и будут частью России. Не то чтобы Россия – рай на земле. Но она – своя.

Вам несложно представить, что вас ждет дальше. Ни автономии, ни референдума, ни учета вашего мнения не будет. Ваших лидеров уже задерживают и дальше будут задерживать. Русского языка в школах и вузах вам не видать как своих ушей. Уважительного отношения к русскому и советскому тоже. Заодно и безвизового въезда в Россию.
Вас ждут базы НАТО, знаменитого сеятеля демократии. Вы за демократию, но вы не дурак, отличать теорию от практики вы умеете. Вас ждет героизация бандеры и отмена парадов 9 мая (уже). Вы уверены, что на фоне этих Янукович уже очень скоро покажется демократичнейшим. А заодно и честнейшим. Вас ждет урезание пенсий и двукратный рост квартплаты. О благосостоянии в пределах вашей жизни можно забыть. Ваша промышленность будет сдана по очень низкой цене и под очень высокий процент.

И главное. Вас ждет ощущение, что вы в своей стране чужой. Ваш язык, ваше отношение к прошлому, ваши политические предпочтения, ваше отношение к вашей Родине – все это будет чужим.

А теперь угадайте с одного раза, поддерживаете ли вы ввод русской армии на восток Украины.

p.s. У другой стороны тоже есть своя правда. И я хочу ее где-нибудь увидеть в цельном виде. Я прошу перепостить этот текст. Или аналогичный. Особенно тех, чья позиция отличается. И я обещаю перепостить аналогичный текст с обратным знаком. Чтобы мы лучше понимали друг друга. Мир и понимание в политике уже, пожалуй, невозможны. Зато возможны в головах. А головы важнее. И мы должны сделать все, чтобы друг друга понять и сохранить мир. Спасибо за внимание.
Источник: блог Вконтакте Сергея Гуркина

 

Le plus gros navire poseur de cailloux au monde en réparations à Brest

18 Sep

shipphotosimonstevinLe 11 septembre, un grand navire est venu aux chantiers Damen de Brest pour remplacer un propulseur Schottel. Il s’agit ni plus ni moins que du Simon Stevin, le plus gros poseur de cailloux au monde avec son sistership Joseph Plateau. Tous deux appartiennent et sont exploités par le groupe Jan De Nul. Ce navire de 191 m de long, large de 44, et de 35 930 tonnes de port en lourd, est capable de déposer 33 500 tonnes de pierres, à raison de 2000 par jour jusqu’à 2 000 m de fond, afin de protéger les câbles sous-marins posés au fond. Le navire est reparti de Brest le 17 septembre. Il est actuellement en mer du Nord.

Photo Hervé Cozanet

Photo Hervé Cozanet

Kickstarter : un Twitter crypté contre la surveillance et la censure

26 Août

la révolution pacifique blog libre

https://www.paypal.com/cgi-bin/webscr?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=KZF8RWHUB7NZS

http://www.lematin.ch/high-tech/web/twitter-crypte-surveillance-censure/story/26869349

FINANCEMENT COLLABORATIF

Mélange de Facebook et de Twitter, la plate-forme Trsst recherche des fonds sur le site Kickstarter. Elle promet d’offrir des communications cryptées et sécurisées.

 

 

Trsst est basé sur l’échange peer-to-peer entre les membres du réseau. Les communications peuvent contourner les blocages étatiques.

Trsst est basé sur l’échange peer-to-peer entre les membres du réseau. Les communications peuvent contourner les blocages étatiques.
Image: DR

 

Les révélations sur la surveillance du Net par la NSA n’en finissent pas de faire des vagues. Suite au scandale, nombre d’internautes ont pris conscience de la vulnérabilité des échanges électroniques. L’électrochoc sera-t-il assez puissant pour faire changer durablement les mentalités?

La résistance contre le flicage d’Internet s’organise. Notamment sur le site de financement collaboratif Kickstarter, où vient d’être lancé le projet Trsst. Pour voir le jour, ce réseau social sécurisé espère collecter 48’000 dollars d’ici au 13 septembre.

Mélange de Twitter et de Facebook, il permettra de publier des informations, échanger des messages, suivre des «amis» mais…

Voir l’article original 169 mots de plus

Polynésie : l’ONU sanctionne le déclin de la France

18 Mai

Ce matin, la « grande presse » française bouillonne. L’ONU s’est permise de mettre la Polynésie dans la liste des territoires à décoloniser, la France a immédiatement réagi en dénonçant « l’ingérence » et l’irrespect du choix électoral des Polynésiens – en faveur de Flosse, opposé à l’auto-détermination. Mais au-delà de l’écume des réactions politiques et journalistiques – diffusées par l’agence de presse d’Etat, l’AFP – l’affaire polynésienne marque la fin d’une époque. Autopsie d’un déclin éclair.

La France traitée comme elle traite les faibles

superdupondLa décision de l’ONU renverse les tables. D’habitude, c’est la France qui, depuis le conseil de sécurité ou de son piédestal de « pays des droits de l’Homme », se permet des ingérences caractérisées, théorisant la guerre humanitaire pour s’immiscer sans ménagement dans les affaires serbes, libyennes ou maliennes, sans égard ni pour la volonté de ces peuples, ni pour les règles basiques du droit international. En revanche, elle est d’une extrême discrétion pour les ratés, sinon les dérapages des Etats-Unis ou des Anglais envers leurs propres minorités, et, depuis le déclin de son économie, envers ceux des pays du Golfe, de la Russie ou de la Chine. La politique qui domine est brutale : c’est celle du pur rapport de force, de puissant à faible, de seigneur à vassal, de libre à dominé. C’est pourquoi la décision de l’ONU est si douloureuse : la France se retrouve confrontée à ses manquements, bref, traitée comme une partie faible, comme un pays du tiers monde auquel on ne pardonnera plus aucun faux pas. Une « puissance de taille moyenne » forcée de se soumettre ou de se démettre face au gouvernement mondial.

Un cas exprime tout l’odieux de la relation de la France et des peuples qu’elle prétend aider, sous couvert d’humanitarisme, de francophonie ou de solidarité : le Mali (et plus largement les pays sous l’ombrelle française, ceux qui subissent les affres de la Françafrique). Dernièrement, le gouvernement qui a donné l’ordre d’une intervention à l’étranger tant coûteuse (près de 2 millions d’€ par jour) que sans grand intérêt tant pour la France que le Mali, est allé jusqu’à annoncer de son propre chef la date des prochaines élections générales dans le pays, se substituant aux organismes et instances maliennes théoriquement chargées de le faire. La France traite donc le Mali comme le 102e département français. Au mépris de la volonté du peuple malien – ou plutôt de ses diverses composantes – qui ne se sont pas « décolonisées » il y a un demi-siècle pour se retrouver dans cet état. Ce traitement se retrouve dans d’autres pays où des dirigeants corrompus, affairistes et dictateurs sont artificiellement maintenus par la France (Tchad, Sénégal…) ou défaits (Côte d’Ivoire) pour permettre à quelques grandes entreprises – c’est-à-dire aux proches des gouvernements français successifs) de piller des marchés captifs.

 

1963-2013 : La fin d’une époque

Bref, la décision de l’ONU n’apparaît pas comme une injustice, bien au contraire. Nous nous étonnons seulement de la mansuétude des institutions internationales jusqu’alors envers un pays en phase de déclin grave et accéléré, plongé dans une crise tous azimuts. La décision de l’ONU apparaît comme un coup de tonnerre. Elle n’est cependant qu’un retour à l’ordre des choses. Comme le rappelle dans le compte-rendu officiel  le représentant des Iles Salomon, « la Polynésie française avait été inscrite en 1946 sur la liste des Nations Unies, en même temps que la Nouvelle-Calédonie, mais en avait « curieusement » disparu en 1963, et ce, sans l’aval de l’Assemblée générale ». 1963, comme c’est curieux. Trois ans après le premier essai nucléaire française (13 février 1960), un an après l’indépendance de l’Algérie, et surtout au moment même où De Gaulle, débarrassé de ce qu’il appelait le « boulet algérien » qui l’obligeait à des sujétions et limitait ses marges de manœuvres, lance le cœur de sa politique d’indépendance nationale : refus de soumission à l’un ou l’autre des blocs, main tendue à l’URSS, force de dissuasion nucléaire indépendante, retrait progressif de l’OTAN, construction d’un bloc de pays obligés, tant par le lien de la langue que ceux de l’argent. 1963, c’est l’époque de la consolidation de la Françafrique et de la bombe nucléaire, deux atouts qui encore près d’un demi-siècle après constituent les deux raisons pour lesquelles les Etats-Unis ménagent la France, comme le révèle la fuite des télégrammes diplomatiques fin 2010. Quatre ans plus tard, les puissants pardonneront l’ingérence caractérisée de la France dans les affaires canadiennes, le « vive le Québec libre ! » lancé par de Gaulle, tout simplement parce que la France aura gagné sa place parmi les forts, ceux qui ont droit de fouler les autres et à qui tout est permis. Les seigneurs du monde.

Si en un demi-siècle les atouts majeurs de la France n’ont pas bougé, le monde a lui évolué, et la France qui stagnait a de fait reculé. La décision de l’ONU sanctionne surtout la rapidité du déclin : livrée depuis six ans à des gouvernements qui ont mis fin à l’indépendance nationale de la politique étrangère française et qui ont privé son armée des moyens d’agir, la France ne fait plus partie des puissants, ni par son économie, ni par son destin national, ni par ses forces. Sarkozy l’Américain a eu cinq ans pour ramener la France sous l’égide du commandement intégré de l’OTAN et purger l’armée tant du superflu que de l’indispensable. Alors que les avions et les chars français coûtent des milliards pour une efficacité toute relative, les drones – l’arme aéroportée du futur – viennent d’Israël ou des Etats-Unis et leurs technologies restent verrouillées par ces deux pays, leur donnant de fait la possibilité de garder des backdoors pour utiliser les données collectées à leurs fins personnelles; c’est par ce genre de pratiques que les forces israéliennes ont obtenu une très bonne cartographie d’une partie de la frontière iranienne par des engins vendus à un pays tiers. Alors que l’armée française est noyée dans la guerre des chefs et la bureaucratie, il n’est pas rare que les soldats doivent dépenser leur solde personnelle pour acheter dans les surplus militaires du quartier Montparnasse des vêtements ou de l’attirail adapté aux pays chauds et sableux où se passe la majorité des opérations extérieures (OpEx) de l’armée, les modèles de dotation étant notoirement insuffisants.

Chaque troisième balle tirée par un soldat français vient de l’emprunt, est achetée à crédit, gagée sur les richesses nationales; et avec les ratés (retentissants, mais restés assez discrets grâce à la réputée indépendance des médias français) du logiciel central Louvois, l’armée ne peut même pas payer en temps et en heure et convenablement ses soldats. Un tel pays ne peut, s’il n’a pas l’extraordinaire richesse d’un pays continent, être décemment parmi les puissants, sauf s’il a une politique réellement indépendante, et qu’il s’en donne les moyens. Le gouvernement socialiste, qui poursuit passivement les orientations mortifères engagées par Sarkozy, et qui, pressé par l’Europe, s’apprête à supprimer 30 régiments et à vendre notre unique porte-avions au Brésil ou au Qatar, n’est pas capable de cet esprit d’indépendance qui a donné cinquante ans de répit à la France dans la course mondiale, l’illusion de la grandeur. Pour les puissants de ce monde, ceux qui impulsent le prétendu « gouvernement mondial », c’est plié, la France n’est plus une puissance, et au contraire une gêne. L’activité désordonnée de ses gouvernements au sujet de la Syrie, son soutien aux rebelles islamistes, a retardé la cessation des hostilités et le déploiement de casques bleus de plusieurs mois : curieusement, cette donnée est connue partout dans le monde, sauf dans les médias français. Indépendance autiste, quant tu les tiens…

 

L’impérieuse nécessité du regain, ou la question Bretonne

Le représentant des Iles Salomon trace la direction dans laquelle avancera désormais l’ONU : la prochaine résolution concernera la Nouvelle-Calédonie, puis demain ce sera la Corse ou la Bretagne, le Pays Basque ou la Catalogne. Les Bretons auraient tort de s’en réjouir pour autant : certes, les pouvoirs français – auxquels on peut reprocher beaucoup de manquements aux droits de l’Homme  dont ils se prétendent héritiers – auront plus de pression, mais l’Histoire contemporaine montre qu’en pareilles circonstances, c’est toujours plus d’oppression abjecte que la République a fait peser sur ses minorités – perçues comme de dangereuses concurrentes – lorsqu’elle était sous pression de l’étranger.

Mais la récente délibération de l’ONU pose abruptement la question Bretonne : la province la plus attachée à la France – ce patchwork d’identités dont la richesse de la diversité intérieure a préexisté à la République et lui survit tant bien que mal – a-t-elle plus d’avantages que d’inconvénients à rester dans un pays en déclin, voire devenu faible ? Pour l’heure, écrasée d’impôts, elle se voit dénier le droit à avoir le droit français dès que la République lui impose un projet d’Etat – on l’a vu encore avec Notre-Dame des Landes  mais elle est sous la protection d’un pays qui était encore une puissance nucléaire, 2e ZEE mondiale, avec un rayonnement culturel et linguistique très fort, et faisant partie du cercle très fermé de pays auxquels on pardonnait toutes les insolences. Des possibilités que la France a mis des siècles à construire et dix ans de volonté gaullienne à réaliser; ce processus serait aussi très long, voire impossible pour une Bretagne qui aurait gagné son indépendance. Les citoyens Bretons étaient donc de fait plus avantagés – par exemple dans leurs affaires, comme Pinault et Bolloré – s’ils étaient français plutôt que seulement Bretons.

Le déclin net du poids de la France sur la scène internationale, l’érosion du français par rapport à l’anglais global ou aux autres langues véhiculaires – espagnol, arabe, russe ou chinois –, la dislocation de la Françafrique du fait de la concurrence acharnée des dollars du Qatar et de la Chine et l’incapacité grandissante de l’élite politique française, incapable d’initiative, d’adaptation et d’indépendance, mène à rien les avantages relatifs que les Bretons pouvaient tirer de leur attachement à la France. Que leur reste-t-il ? Les impôts et l’asservissement tant politique que culturel, social ou économique. C’est pourquoi le regain – au sens d’une reconquête de l’indépendance et de la stature de la France – est une impérieuse nécessité, tant pour la France elle-même que pour les Bretons eux aussi, et ce regain ne passera que par une révolte massive des citoyens contre l’élite politique et sociale qui les pousse à l’abîme. Ce cri du cœur s’appelle de nos jours le Printemps Français, auquel la Bretagne n’est pas indifférente. Nous en parlerons la fois prochaine.

La Bretagne obtient son .bzh

11 Mai

point-bzhUn combat de près de dix ans porté par la Région Bretagne et l’association www.bzh vient d’être remporté : le 10 novembre, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) vient d’accorder l’extension .bzh.

La Bretagne pourra ainsi rivaliser avec la Catalogne, qui dispose déjà de son extension .cat depuis 2005 et les Bretons du monde entier auront ainsi leur extension « nationale ». D’autres demandes ont été déposées par des collectivités territoriales françaises et pourraient être prochainement approuvées : il s’agit du .paris déposé par la mairie de Paris, le .corsica déposé par la Collectivité Territoriale Corse (CTC) et le .alsace par le conseil régional alsacien.

Le projet était porté par l’association http://www.bzh, la région administrative de Bretagne (départements 22, 29, 35 et 56) ainsi que le département de Loire-Atlantique ; des élus de tous bords et de nombreux citoyens Bretons ont épaulé le projet durant toutes ces années de montée en puissance ; près de 20.000 Bretons ont signé en faveur de la création de l’extension. Des retombées importantes sont attendues pour la Bretagne et ses acteurs économiques qui gagneront en visibilité mondiale.

 

pointBZH

NDDL : Semaine de convergence des luttes contre l’aéroport et le gaz de schiste

26 Mar

Avec l’appui des comités locaux de soutien à la lutte contre l’aéroport du Vigan, de la Lozère, du Gard, du Causse Méjean, et de plusieurs associations de lutte contre l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » ou gaz et pétrole de schiste, une semaine de débats et d’information est organisée à la Châtaigne, au cœur du site de l’ex-futur aéroport nantais.

Ce soir, une soirée projection-débat est organisée au cinéma le Katorza à Nantes (3 rue Corneille) où sera présenté le film Promised Land qui décrit le combat d’une communauté rurale face au chamboulement de l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis. (Tarif 6.20€)

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d'eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d’eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

A noter que si l’extraction de gaz de schiste par l’usage de la fracturation hydraulique est interdite en France depuis 2011 et que la recherche de gisements dans le sud de la France risque fort de l’être aussi , la recherche du pétrole de schiste par la même méthode est, elle, permise. Ainsi, des forages ont actuellement lieu à Mairy (Seine-et-Marne)  et à la Ferté sous Jouarre  où population et opposants reprochent le manque de transparence de l’exploitant Hess Oil. Des forages devraient commencer à Château-Thierry (Aisne).Les données autour des réserves connues d’hydrocarbures de schiste restent incertaines et contradictoires. Le même flou artistique règne sur le modèle économique et le caractère durable des impacts sur l’environnement.Les Etats-Unis ont érigé l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » en modèle économique national qui permettrait une nouvelle géopolitique qui s’écarte du Moyen-Orient et d’Israël, l’abondance de gaz et pétrole US rendant inutile la veille stratégique sur les gisements et les routes d’approvisionnement pétrolières. Cependant, des voix s’élèvent dans les milieux économiques pour critiquer ce système et pronostiquent l’effondrement de la « bulle » gaz de schiste d’ici dix-huit à vingt-quatre mois.Par ailleurs, la ruée vers le gaz et le pétrole de schiste favorise, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe qui veulent prendre leur indépendance vis-à-vis du gaz russe, une colonisation économique au profit des majors pétrolières occidentales. Le gouvernement aux abois de l’Ukraine, qui ne prend garde qu’aux élections, noyé dans les « affaires » et la corruption, a ainsi vendu à la découpe les ressources du pays – et son avenir écologique – à trois grandes compagnies américaines. Le même scénario se répète en Pologne et en Lituanie, sans que les citoyens ne soient rééllement informés des risques et des retombées économiques et sociales concrètes.

 

 

bassins-EUProgramme de la semaine

Mercredi 27.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat

Le gaz de schiste c’est quoi ? Il est où le problème ? Présentation des Gaz de schiste, des problèmes environnementaux, sanitaires, sociaux, financiers, liés à son exploitation – échange avec la salle.

Projection du documentaire : « La malédiction des Gaz de schiste » (Durée 1h22 en français).

Jeudi 28.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) :

Soirée présentation – Débat – Projection VINCI est partout, VINCI dégage !

1. La situation en France sur les pétroles et gaz de schiste – C’est VINCI aussi !

En France les forages sont menés par une filiale de VINCI…

2. Énergie, Qui dirige vraiment ? Projection du documentaire : »The Brussels business : (Durée 58mn – Français) hydrocarbures, aéroports et GPII…Qui nous gouverne ? Qui contrôle vraiment l’Union Européenne ? »

Principales compagnies d'extraction en Europe. S'y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Principales compagnies d’extraction en Europe. S’y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Vendredi 29.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Projection – Débat L’Extractivisme ici et ailleursUne ZAD, des ZAD ! Oui à la vie, non aux zones de sacrifices : Même en Bretagne vous êtes concernés !

1. Présentation des projets de mines (4 demandes de permis soutenues dans la région Pays de Loire et Bretagne par A.Montebourg) et du permis de recherche d’hydrocarbures en Mer d’Iroise.

2.A quoi ça ressemble une mine ? Les nouvelles méthodes d’exploitation…les risques sanitaires, l’agriculture. Projection du documentaire argentin « Veladero Barrick » (Durée 13 mn)

Samedi 30.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat Faire Converger des Luttes !

Les exemples de convergence, les outils, la MINGA.

Présentation de l’appel Minga. Retour sur les événements de convergence (Lézan-FAME…).

Exemple des convergences ailleurs (Mexique ANAA – Argentine UAC).

Projection d’un reportage sur l’UAC (Union des Assemblées Citoyennes) (Durée 13 minutes en espagnol sous-titré en français)

pannoDimanche 31.03.2012 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Expo – Soirée Débat – Projection De Cajamarca à la ZAD il n’y a qu’un pas ! Même au Pérou on parle de la ZAD ¡

1. CONGA NO VA ! Les luttes de Cajamarca CONGA – Le barrage Chadin

(Pérou) : Les mines de Yanacocha – le projet 2 (Celendin).

2. De la ZAD à Cajamarca ! L’expertise de nos GM (Gendarmes Mobiles) bien entraînés sur la ZAD, s’exporte à Cajamarca pour le « respect des droits humains fondamentaux » !

3.Encore un lieu de convergence, un petit direct du Forum Social Mondial compte rendu de ce qui s’y ai dit.

4.Projection du documentaire : « Open Pit » Documentaire sur les mines de Cajamarca – Pérou (Durée 1h12 en anglais et espagnol).

Bientôt une ligne aérienne régulière Nantes-Istanbul

7 Mar

turkish-airlinesInfo BreizhJournal. Le conseil d’administration de la compagnie aérienne turque Turkish Airlines aurait validé l’ouverture d’une nouvelle ligne régulière entre Nantes et son hub d’Istanbul. La capitale Bretonne sera ainsi mise en relation directe avec le Proche et le Moyen-Orient, renforçant la dimension inter-continentale de l’aéroport.

Pour rappel, l’aéroport Nantes-Atlantique (NTE), géré par Vinci, a drainé en 2012 3 631 693 passagers, un nombre en hausse de 11.9% par rapport à l’année précédente. La plate-forme nantaise, présentée comme « saturée » par les partisans – essentiellement issus des milieux politiques et économiques nantais – du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes vient à peine d’entrer dans le top 100 des aéroports les plus fréquentés en Europe.

L’annonce de cette nouvelle ligne aérienne devrait intervenir officiellement au printemps. Jusqu’alors la compagnie turque avait proposé des vols Nantes-Ankara pendant les deux mois d’été pour 99 €. L’aéroport mise sur cette liaison régulière pour gagner en attractivité et en fréquentation. Pour cette ligne, la plate-forme de Bordeaux était initialement envisagée, mais celle de Nantes lui a été préférée à cause du dynamisme économique et démographique de la Bretagne et de l’ouest de la France.

Crise des matières premières: temps de cochon pour l’agroalimentaire Breton

16 Fév

Le groupe Gad a perdu l’an dernier 20 millions d’€ pour un CA de 453 millions d’€, en abattant 2.4 millions de porcs par an. Son actionnaire principal, la CECAB, a décidé de le placer sous protection du tribunal de commerce – en demandant un redressement – pour éviter de mettre en péril ses autres activités.

Près de 1630 emplois sont menacés, sur les abattoirs de Lampaul-Guimiliau (Finistère, 850 salariés), de Josselin (Morbihan, 650) et de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 80 salariés), plus 50 salariés au siège, à Saint-Martin des Champs. L’entreprise GAD, qui avait longtemps évité la fermeture d’un site superflu, paie ainsi son tribut à la crise qui touche l’ensemble des filiales agroindustrielles de production et de transformation de viande. Toutes les filières, jusqu’aux canards, sont concernées.

mangona-cochonsL’année prochaine, du fait des mauvaises récoltes, la hausse des céréales et des viandes devrait s’établir entre 10 et 15%. Les dernières estimations de la FAO (ONUAA) tablent sur des récoltes plus élevées que prévu  mais des stocks mondiaux en baisse. De quoi mettre en péril les PME de transformation partout dans le monde, et notamment en Bretagne pour le porc. Les 8 millions de cochons Bretons ont du souci à se faire… mais aussi les 10.000 salariés des PME de transformation de la viande porcine. Une mauvaise nouvelle surtout pour les Côtes d’Armor et le Finistère, qui avec respectivement 2.000 et 1.500 producteurs concentrent près de la moitié des éleveurs porcins Bretons. L’Ille-et-Vilaine en comptant 1.200, le Morbihan 1.100, la Loire-Atlantique 215 pour 261.000 porcs, surtout au nord-est et à l’extrême sud du département. Hors de Bretagne, la Mayenne continue le modèle Breton d’élevage hors-sol, avec 577 élevages et 495.300 porcs.

Après la grande hausse des cours du porc en août/septembre  il y a eu une baisse, plus traditionnelle vers la fin de l’année et en début d’année (résorption des retards de Noël), mais la dernière note du MPB  montre que la hausse se réamorce à nouveau très nettement en Allemagne et Espagne. Hors les fluctuations journalières ou hebdomadaires du marché, la tendance lourde est vers la hausse et la raréfaction – plus ou moins relative selon les aires de production – du porc.

Selon une étude de la Rabobank, la hausse des prix du bœuf et du porc devraient se poursuivre jusqu’en 2014 notamment à cause de la fermeture des petits élevages incapables de s’adapter à l’évolution des normes. Au sein du groupe coopératif breton Cooperl Arc Atlantique on estime « entre 5 % et 10 % la réduction prévisible de la production porcine » à cause de la fermeture de ces élevages. Le Pays de Galles illustre la diminution de la production, qui peut se traduire par un effondrement.  En l’an 2000, il y avait 65.000 porcs dans le pays, il y en a à peine 25.600 aujourd’hui.

 

Bras de fer avec la grande distribution

Exemple, Hénaff a terminé 2012 avec un résultat déficitaire, rapporte le Figaro. L’entreprise est touchée par la hausse des prix du porc. La société, leader Breton et Français des pâtés et rillettes en conserves, basée à Pouldreuzic, a connu son premier déficit depuis plusieurs décennies si le cours du porc reste aussi haut. Début octobre, une remontée de l’offre assurait pour la première fois une baisse du cours du porc Breton  depuis juillet. Cette baisse s’est poursuivie, mais sans revenir à la situation de l’an dernier.

La hausse du porc dépasse le seul marché Breton et est le résultat de la hausse mondiale du prix des céréales, due notamment à de mauvaises conditions climatiques. Les PME de transformation de viande porcine sont prises en étau entre la hausse de la viande – plus  de 100% sur certains produits – et l’impossibilité de répercuter la hausse sur le produit fini sans impacter les marges de la grande distribution et la consommation des clients. Le même problème se pose aussi avec le poulet et le bœuf, et donne actuellement lieu à de laborieuses négociations sous l’égide du ministère de l’Agriculture entre distributeurs et industriels de l’agroalimentaire. La situation de Hénaff risque donc de se propager à d’autres entreprises Bretonnes.

 

Cooperl Arc Atlantique cherche remède dans la diversification

Cooperl Arc Atlantique, leader français et Breton du porc (1.7 milliards d’€ de CA, 4800 salariés) prévoit des difficultés à venir sur le marché et a décidé de profiter de ses réserves financières actuelles pour financer sa diversification. Ainsi, le groupe ferme les implantations les moins rentables, comme l’usine de tranchage de viande de porc congelée située à la Verrie (38 salariés) dont les emplois seront rapatriés à Lamballe. En parallèle, une nouvelle usine de viandes cuisinées sera installée dans cette commune où se trouvait le siège du groupe. Il s’agit de l’ancienne usine Kerguelen  fermée par le groupe Bigard en 2010. Elle comptait alors 80 salariés. Cooperl compte créer 70 emplois avec sa nouvelle usine.

Par ailleurs, Une chaîne de boucheries répondant au doux nom d’Aurélien sera lancées pour compléter le réseau des 80 implantations françaises Marc Munier et Maxi Viandes. Celles-ci seront implantées dans les centres-villes des grandes agglomérations pour compenser le déclin des boucheries de proximité. Les premières devraient voir le jour en Bretagne. Le groupe, dont la majeure partie des ventes se répartit entre les grossistes, les industriels et la grande distribution, réalise 6 à 8% de son chiffre d’affaires avec ses enseignes de boucheries et y voit un solide relais de croissance.

Pour financer ces diverses ouvertures, le groupe prévoit une enveloppe de 30 millions d’€. Une ressource que les PME de la filière n’ont pas. Or, faute de renouvellement de leur business model, certaines seront contraintes à la réduction de leur périmètre, voire à la disparition ou à l’absorption par de plus grosses. La hausse du prix du porc peut aussi recomposer le paysage Breton de l’industrie de transformation locale, constitué d’un tissu de PME et de groupes plus grands issus de l’absorption de plusieurs PME ou anciennes coopératives.

 

Scandale des lasagnes : la filière viande remise en question ?

Hors de Bretagne, certaines entreprises ont essayé de contourner les contraintes en trichant sur la qualité de la viande où en mélangeant de la viande moins chère (avariée ou chevaline) à la viande bovine. Cela a donné lieu à un scandale européen, qui a touché la France, la Grande-Bretagne , la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne et maintenant la Norvège. Mettant en lumière les dessous peu ragoutants de la production de viande  et obligeant à repenser entièrement la production de viande. Il est inévitable qu’à l’issue de ce scandale et des enquêtes qui en découleront, il y aura une réglementation encore plus stricte et tatillonne qui empêchera de tailler dans les coûts au détriment de la qualité… donc le prix de la viande va encore monter pour tous les acteurs du marché, de l’abattoir au client.

 

Echapper aux céréales : un espoir scientifique aux Pays-Bas ?

Avec leur modèle d’agriculture extensive, leurs 12 millions de cochons et leurs 4 millions de vaches, les Pays-Bas sont aussi touchés de plein fouet par la crise des subsistances. En revanche, sur les prés du pays, il y a toujours plein d’herbe. Que l’on peut donner aux vaches, mais pas aux cochons. Pour l’instant.

Car une société de recherche néerlandaise, Nizo Food Research, basée à Ede, a isolé dans l’herbe une enzyme nommée la RuBisCo. La société dispose de la technologie nécessaire pour isoler les protéines de l’herbe et les utiliser dans des soupes ou des desserts. Elle cherche maintenant à les agglutiner  pour pouvoir produire des « steaks d’herbe». Pour l’heure, l’être humain et le cochon ne peuvent consommer d’herbe, car leur système digestif ne peut décomposer correctement les fibres végétales et tirer parti des acides aminés que l’herbe comporte. Plusieurs d’entre eux ne peuvent être fabriqués par l’Homme… l’herbe les contient tous. Pour faire de l’homme un herbivore, les scientifiques ont broyé de grandes quantités d’herbe, et commencent à agglomérer les protéines récupérées.

La composition en acides aminés de la RuBisCo est meilleure que celle de la protéine de maïs et aussi bonne que celle de la protéine de soja.  Ce qui pourrait permettre aux Pays-Bas, si les expériences arrivent à bon terme, de devenir auto-suffisants pour l’alimentation de leurs porcs et de se passer du soja, importé du Brésil, et dont la monoculture se fait au détriment des forêts tropicales. Mais aussi d’épargner aux exploitants agricoles et à la filière de transformation des Pays-Bas l’évolution à la hausse des prix du soja et des coûts qu’elle entraîne. Une évolution qui ouvrirait un nouvel horizon en Bretagne aussi.

cours-porc-fev2013

Les Juifs désormais minoritaires en Israël

5 Nov

favicon-rootTerre promise. Les fondateurs de l’Etat d’Israël en 1948 verraient dans une récente statistique éditée par le Bureau central des Statistiques et relayée par Ha’Aretz, un retour aux sources, lorsque des milliers de Juifs débarquaient sur une terre où ils étaient ultra-minoritaires.

Ils s’engageaient alors dans une lutte qui ne connaîtrait ni paix ni trêve et ne se solderait que par l’éviction de l’un des deux protagonistes. Soit les Palestiniens seraient rayés de la carte, soit ce serait aux Juifs de se rembarquer. Un absolu de la lutte, champ de mines opaque aux occidentaux, puisque aux nationalismes s’enchevêtrent des revendications religieuses, qui se nourrissent du sentiment national et vice-versa. Israël-Palestine, ce n’est pas seulement le nationalisme israélien contre le nationalisme palestinien, conflit pouvant être tranché par un jugement de Salomon et le partage d’Israël en deux selon la ligne Verte ou toute autre démarcation. Absolu de la lutte où la lutte se poursuit tant à coups de SCUD que par les ventres.

C’est aussi, et surtout, un conflit entre deux religions qui aspirent à une domination publique et absolue. Cette dimension du conflit empêche toute paix, un jour en Palestine. Elle ne donne pas prise aussi aux discours – notamment des médiateurs occidentaux – fondés sur l’application de la société libérale et détachée de la religion. Puisque c’est justement sur elles que se fondent les légitimités des protagonistes, et sur elles que se fonde l’appui psychologique et moral des humains engagés dans une guerre sans fin.

L’absolu de la lutte est hermétique aux Occidentaux, moins que par exemple aux Russes (Tchétchénie, Ingouchie, Daguestan). Pourtant, ils l’ont connu. Dans la force des guerres de Religion, en France, qui se sont soldées par la disparition quasi-totale des Protestants, puis leur retour en force dans les valises de la République, et en fin de compte, plus d’un siècle après, par l’éviction de l’espace public de la religion catholique (loi de 1905). Mais aussi par l’antagonisme russo-polonais, ou, beaucoup plus proche, par la lutte des irlandais catholiques contre l’Anglais protestant.

Et c’est là tout l’intérêt de la statistique récente sortie par l’Etat d’Israël. Actuellement, 12 millions d’habitants vivent sous l’autorité israélienne, dans le Grand Israël (incluant les territoires palestiniens). Parmi eux, il y a 5.9 millions de Juifs… et 6.1 millions de palestiniens. Par conséquent, non seulement les Juifs sont minoritaires sur le territoire de ce qui est censé constituer leur point d’ancrage, leur Terre promise, mais encore, l’Etat démocratique israélien (en théorie) est un territoire où s’exerce la tyrannie d’une minorité.

En Irlande du Nord, le recensement est décennal, et fondé sur la religion. Notamment parce que l’absolu de la lutte (catholique contre réformés) se mêle du conflit nord-irlandais. Et là encore, tout le monde attend avec fébrilité les données du recensement 2011. Parce qu’il est censé annoncer que, pour la première fois, les catholiques sont majoritaires en Irlande du Nord. Alors que justement l’Irlande du Nord a été fondée à partir des six comtés (des neuf de la province d’Ulster) où les protestants étaient majoritaires et ne souhaitaient absolument pas rejoindre une République d’Irlande très catholique.

Une des caractéristiques des conflits où intervient l’absolu de la lutte, avec sa permanence transgénérationnelle, est la mauvaise acceptation de tout discours de paix. Celui-ci est immanquablement perçu comme un affaiblissement, comme un renoncement non seulement religieux, mais aussi national et familial, une trahison à l’encontre de son peuple et d’une lutte acceptée comme un nécessaire fardeau et une solide fierté. Il est intéressant de constater qu’en Irlande du Nord, où sévit depuis des années un discours de « paix » apparente, les extrémistes des deux bords n’ont jamais abandonné leur méfiance à son égard… et que, plus l’emprise démographique des catholiques se renforce, plus prospèrent les appels à un Ulster réduit aux quatre comtés bastions des protestants, ou à un rattachement – pour l’heure hypothèse très marginale – à l’Ecosse.  Parce que l’absolu de la lutte est une lutte à mort, une lutte jusqu’au bout, les protestants d’Ulster comme les Juifs d’Israël sont dos au mur, rejetés à la mer s’ils échouent à s’imposer. Pour eux, s’immobiliser c’est décroître. Heureux sont ceux qui sont persuadés d’une paix, un jour, en Palestine ou en Ulster.