Notre-Dame des Landes pendant la deuxième guerre mondiale

1 Oct
Vestiges de l'avion allemand

Vestiges de l’avion allemand

La dernière fois, nous avions parlé du village de la Gérauderie, qui abrite un intéressant et originel ensemble historique composé d’une fermette de 1833 (datée), d’une ferme de 1776 (datée aussi) et d’une croix celtique de 1925. Dans le hameau se trouvent d’autres témoins d’une période historique plus agitée pour Notre-Dame des Landes et la Bretagne.

Sur une pile de bûches l’on peut voir quelques pièces de zinc tordues et mangées par la corrosion. Ce sont les derniers vestiges d’un avion allemand qui s’est écrasé dans un champ, au nord du hameau, non loin des maisons de Ker-Marie sur la route de Grandchamp à Notre-Dame des Landes. Dans la même cour, un autre vestige de l’aéronautique se fond dans le paysage : ce sont des grilles de clôture à mailles carrées. Elles avaient une toute autre destination.

Lorsque Notre-Dame des Landes a été libérée, elle est devenue la base arrière des troupes américaines qui tenaient le front de la Poche de Saint-Nazaire aux côtés de dizaines de milliers de FFI. Le front serpentait entre Fay de Bretagne et Bouvron, puis entre Fay et Malville. Une pièce d’artillerie avait été installée derrière la halle marchandises de la gare, là où se trouve l’actuelle déchetterie. Il y avait des troupes américaines dans un hangar – maintenant disparu – situé alors auprès de la poste, dans le bourg, mais aussi à Breilvin, un peu plus au nord. Les américains y avaient installé un camp de toile dans un verger, ainsi qu’un hôpital militaire.

Cette grille formait le revêtement de piste de l'aérodrome provisoire américain de la Rolandière (1944/45)

Cette grille formait le revêtement de piste de l’aérodrome provisoire américain de la Rolandière (1944/45)

Enfin, à la Rolandière sur l’actuelle RD81, presque sous les sapins qui abritent la Châtaigne, les américains avaient fait un petit aérodrome sur cinq hectares pour accueillir un avion servant aux reconnaissances préalables aux bombardements, sur la ligne de front de la Poche et le no man’s land. Les empochés qui savaient ces bombardements parfaitement inutiles sur le plan militaire et très destructeurs (*) appelaient cet avion (souvent un Piper) le « mouchard ». Un autre aérodrome du même genre avait été aménagé sur une prairie en pente devant la ferme du château de la Groulais à Blain. Comme le sol était – et est resté – très boueux, les américains ont déroulé des grilles en solide maille de fer carrée afin de faire une piste temporaire un tant soit peu plane. Après la guerre, ces grilles ont été récupérées et l’une d’elle sert de clôture à la Gérauderie. Le souvenir de l’aérodrome quant à lui s’est éteint, jusqu’à ce que le Conseil Général de Loire-Atlantique, fervent soutien du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, ne s’en serve pour tenter de justifier la « vocation » de Notre-Dame des Landes d’accueillir un aéroport soi-disant « inscrit dans l’Histoire », provoquant un certain émoi local.

Gare de Notre-Dame des Landes. La pièce d'artillerie US était à droite des voies.

Gare de Notre-Dame des Landes. La pièce d’artillerie US était à droite des voies.

(*) A titre d’aperçu rapide. D’août 1944 à mai 1945, 80.000 obus sont tombés sur la commune de Guenrouët, dont 35.000 sur le bourg. Le bourg de Bouvron a été pilonné, en novembre 1944 déjà plus rien n’y était habitable du Calvaire jusqu’à l’église. Les églises de Guenrouët, Notre-Dame de Grâce et Bouvron  (côté poche) ont été démolies par les bombes le clocher de Saint-Gildas décapité par une salve d’obus, celles de Rieux et de Saint-Omer de Blain dynamitées par les Allemands. Des hameaux complets ont été quasiment rasés (Fession en Saint-Omer de Blain) ou systématiquement pilonnés (la Cavelais, en Bouvron). Les vitraux de l’église de Guenrouët, relevée à l’identique après la gare, témoignent des quatre lieux de culte provisoires établis dans la campagne de Guenrouët pendant la guerre, pour suppléer à l’église, inutilisable depuis que le 7 décembre 1944, le clocher soit tombé en s’abattant sur les voûtes. Pour achever ce tableau hâtif, Plessé a payé un lourd tribut à la Poche : la chapelle Saint-Clair qui servait de poste d’observation et de tir a été abattue par des obus tirés depuis la Poche et le château de Carheil brûlé suite à un incendie déclenché par des tirs allemands.

Addendum 5/1/2013 : Un lecteur originaire de Notre-Dame des Landes nous fait remarquer qu’il y avait aussi une batterie de canons américains entre le Moulin de Rohanne et Saint-Antoine. C’est maintenant au beau milieu de la ZAD, au carrefour entre le Chemin de Suez et la RD81, sur le sommet du plateau. Ces canons tiraient jusqu’à Bouvron et Saint-Omer de Blain.

Article précédent : le hameau remarquable de la Gérauderie

2 Réponses to “Notre-Dame des Landes pendant la deuxième guerre mondiale”

  1. gui février 22, 2014 à 2:39 #

    moi j’habite fay de bretagne sur la route de malville et j’ai retrouvé des douilles américaine dans un bois près de chez moi

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  1. Patrimoine de Notre-Dame des Landes : la croix des Quatre paroisses | Breizh Journal - avril 8, 2014

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