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NDDL : Etranges provocations à l’est de la ZAD ce week-end

13 Mai

SHAR_6340_215_2D’étranges provocations ont tendu à nouveau la situation à l’est de la ZAD alors même que le devenir du projet d’aéroport apparaît chaque jour de plus en plus hypothétique.

Le 9 mai, une série d’événements curieux a eu lieu le long de la RD281 : déversement de déchets sur la route par un camion-benne, incendie d’une barricade, puis d’une cabane et d’une voiture, toujours sur le même axe. Ces incendies, qui ne manquent pas de rappeler ceux d’octobre 2013  sont attribués par certains à des « provocateurs policiers ». Ils pourraient aussi être l’oeuvre d’une délinquance locale en mal de divertissements. Ou d’habitants excédés par certains zadistes.

Le lendemain, le site du CLCA (lutteaeroportnddl) qui semble être celui des zadistes, mais qui ne l’est pas – et d’ailleurs n’a aucun lien avec les représentants officiels du mouvement anti-aéroport – a appelé à occuper la ferme de la Grée soi-disant vide à partir de 20h le samedi 10 mai. Cette ferme est située au sud de la ZAD, en limite de celle-ci, près de la Chébrerie et d’autres lieux occupés par les zadistes.

Cette ferme a été ouverte et une fête aurait été organisée dedans. Mais il y a un problème : elle est toujours habitée. Son propriétaire a refusé de vendre et était parti en vacances. Dominique Fresneau, au coeur e la lutte paysanne, nous précise d’ailleurs qu’en « dehors de la réoccupation de Saint-Jean du Tertre, il n’y a pas d’autres projets d’occupations de fermes pour le moment. Tous les autres appels sont l’oeuvre d’hurluberlus ». Il ajoute que le CLCA « a déjà appelé par le passé à occuper des fermes qui étaient habitées et dont les propriétaires avaient refusé de vendre au département et à Vinci ». Ce qui cause maintenant un véritable imbroglio autour de cette ferme en limite de la ZAD. L’action lancée par le CLCA – un petit groupe basé dans une ferme à Rezé, risque aussi de faire monter le ras-le-bol des habitants de Notre-Dame des Landes et de Vigneux contre les zadistes.

Sur le média de la gauche alternative et libertaire Indymedia, un habitant de la ZAD a commenté cet appel à l’occupation qui y était relayé en le condamnant : « appeler à l’occupation de la ferme et des terres d’un agriculteur qui refuse de collaborer avec AGO/VINCI relève plus de l’opération policière que d’un acte de résistance. » Fustigeant la « nullité stratégique et politique » du CLCA, il en précise la face cachée « relais massif de fausses rumeurs d’intervention policière, accusation infondées d’infiltrations, détournement de dons qui leur parviennent via leur site internet et dont personne ne voit jamais la couleur dans le mouvement (si ce n’est le versement de sommes liquides à quelques individus bien choisis), tentatives de sans cesse attiser les divisions dans le mouvement, ouverture bidon comme celle de la Grée. »

Bref, il conclut : « nous ne le répéterons jamais assez : le CLCA n’est ni une source fiable, ni un acteur de la lutte, c’est un micro-groupuscule de pseudos radicaux qui n’a même pas besoin d’être infiltré pour servir les intérêts de la préf et d’AGO, un pitoyable ramassis d’idiots utiles ». Et pourtant beaucoup s’y sont laissé prendre.

Inflation de la Fonction Publique Territoriale : la CCEG épinglée

28 Déc

ag-publicLa CCEG – ou communauté de communes d’Erdre et Gesvres – qui regroupe à peu près toutes les communes riveraines du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes – a été épinglée par la Chambre régionale des Comptes, relève le média indépendant Breizh Info, qui fait l’inventaire des remontrances adressées par l’institution aux communes du département.

Ainsi, relève la Chambre régionale des comptes, « les charges de personnel, qui absorbent 17,6 % des crédits de fonctionnement, soit 2,3 M€ en 2011, ont été multipliées par deux depuis 2006 ». Cette inflation est cependant due au transfert des charges des communes vers l’intercommunalité et à l’accroissement des compétences des services de la CCEG. Cependant, il est probable que l’on aurait pu éviter le « doublement des effectifs » qu’enregistre l’institution. Ces charges restent cela dit en-dessous de la moyenne nationale – tirée par les grandes villes – car elles ne s’établissent qu’à 43€/habitant contre 67 au plan national.

D’autres villes ou collectivités se voient reprocher des évolutions plus graves. Ainsi de Pornichet : recours quasi systématique à des recrutements externes pendant les premières années de l’actuelle mandature municipale, embauche de contractuels plutôt que de fonctionnaires, ou encore une gestion qui laisse la bride sur le cou aux dits fonctionnaires puisque les arrêts maladie ont cru d’un tiers sur la mandature et les arrêts pour accidents du travail ont quasiment quadruplé. Les communes de Guérande, de la Turballe et de La Baule, ainsi que l’intercommunalité Sud-Estuaire (Saint-Brévin) sont aussi citées.

Un autre recours contre l’aéroport rejeté : l’abus de pouvoir est toujours au pouvoir

22 Oct
L'ombre des CRS plane à nouveau sur la ZAD.

L’ombre des CRS plane à nouveau sur la ZAD.

Le 17 octobre, le Conseil d’Etat a rejeté le recours du Collectif des élus qui doutent de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CéDPA) contre le projet d’aéroport, en balayant d’un tournemain l’ensemble des moyens légaux invoqués, qui auraient fait mouche s’il s’agissait d’un autre projet que ce transfert d’aéroport, lubie du Premier Ministre et Calvaire de son gouvernement.

Le Conseil d’Etat a rejeté et donc empêché la transmission au Conseil Constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) fondée sur la conformité des mécanismes de contrôle de la DUP à la déclaration des Droits de l’Homme. Selon l’instance, cette QPC n’est pas nouvelle et ne présente pas de « caractère sérieux » justifiant de sa transmission au Conseil Constitutionnel. Par ailleurs l’instance a aussi rejetté l’ensemble des moyens légaux de recours contre la DUP, notant par exemple, au sujet de l’évolution du prix du pétrole et de la sous-évaluation des enjeux environnementaux du projet « De tels éléments ne révèlent pas, par eux-mêmes, un changement des circonstances de fait de nature à priver le projet de son caractère d’utilité publique ».

L’opération d’expulsion sur la ZAD aurait lieu cet hiver

En donnant ainsi un blanc-seing à Vinci, le Conseil d’Etat s’essuie aussi les pieds sur les réserves formulées par la très sérieuse commission scientifique en avril, réserves auxquelles ni l’Etat, ni Vinci n’a répondu. En revanche, tout porte à croire que les autorités veulent accélerer le mouvement. L’arrêté de déplacement des espèces naturelles protégées devrait être pris début novembre, celui au titre de la Loi sur l’eau va suivre. Les notifications d’expulsion vont aussi bon train : le 15 octobre à la Gaîté et la Châtaigne, ainsi qu’à Bellevue en ce qui concerne la seconde série d’occupants. La ferme avait réussi pour l’heure à échapper aux expulsions par la mise en œuvre de toute une série d’artifices juridiques. Le 5 novembre, le juge des expropriations passera pour l’ensemble des terrains concernés par l’élargissement des routes (notamment sur la route de Notre-Dame des Landes à Grandchamp) et les jugements suivront le lendemain. Un jugement d’expulsion devrait être rendu pour la maison du Moulin de Rohanne  (carrefour de la Saulce) le 21 novembre.

Tout porte à croire que les expulsions auront lieu dès la fin de l’année. Pour des raisons liées à la reproduction des espèces naturelles, elles ne peuvent avoir lieu après février. Par ailleurs, si les travaux ne commencent pas au printemps, il faudra pour le pouvoir renégocier la concession qui pose comme date butoir la mise en service de l’aéroport au 1er janvier 2018 au plus tard ; cela impliquerait notamment de payer à Vinci près de 80 millions d’euros, une dépense impossible à contracter par ces temps de rigueur budgétaire. C’est donc entre novembre et la mars que la ZAD devra être la plus vigilante. Il est fort possible que le pouvoir lui souhaite l’anniversaire de l’opération César – l’invasion armée de l’année dernière – en remettant le couvert avec un mois de retard.

Qu’est-ce qui explique cette mansuétude du droit par rapport à l’aéroport ?

Les barricades refleuriront-elles sur la ZAD en cette fin d'année?

Les barricades refleuriront-elles sur la ZAD en cette fin d’année?

A Notre-Dame des Landes la mansuétud du droit s’accompagne de la mise délibérée de la justice au service de l’Etat, par exemple par des ordonnances entachées de nullité ou abusives, comme une très récente  qui interdit tout semis de céréales pendant trois mois sur la ZAD, y compris sur les terres non encore expropriées ou tenues par des baux ruraux. Tout cela donne une image déplorable de la justice française, digne sur ce sujet d’une république bananière, et oblige à s’interroger sur la viabilité de la séparation des pouvoirs en France.

Comme nous l’écrivions l’année dernière lorsque nous suivions en direct l’opération César, l’abus de pouvoir est au pouvoir en ce qui concerne le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. En effet, le principal promoteur du projet, c’est le Premier Ministre, qui est aussi le supérieur hiérarchique du ministre de la Justice, qui dirige les administrations – et le pouvoir judiciaire –  censés contrôler voire empêcher les débordements du pouvoir exécutif dans la mise en œuvre de l’aéroport.  Dans ces conditions, l’indépendance de la justice devient une chimère et cela met en évidence toutes les limites de la démocratie française, surtout par rapport à un territoire – la Bretagne – dont la population n’a jamais accepté de se faire abattre par l’Etat central, que ce soit en 1793, 1871, 1940 ou maintenant.

Force est de constater que, malgré (ou à cause de) toutes les sorties plus ou moins violentes du ministre de la Justice sur des sujets finalement secondaires, comme la qualification de la pensée véhiculée par le FN, l’attention est détournée des sujets vraiment importants. Notamment le fait que, depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, la justice est complètement mise de côté par le bras armé de l’Etat. Finalement, les seuls résultats pour la lutte seront atteints sur le terrain, par la maîtrise de celui-ci, et non par le droit. Un tel constat est indigne d’un état de droit, indigne de la France, indigne de la Bretagne. Mais c’est la réalité de Notre-Dame des Landes en cette fin d’octobre 2013.

Addendum : BreizhJournal fête son premier anniversaire, ayant été lancé le 22 octobre 2012. Bonne lecture à tous et à bientôt sur nos lignes !

Dernière minute : la ferme de Bellevue est expulsable, selon une décision de la Cour d’Appel de Rennes qui a demandé la libération immédiate de la ferme, à peine de 50 € par jour d’astreinte.

Fronde citoyenne contre une carrière de trop à Quilly

6 Oct

La fronde s’organise contre un nouveau projet de carrière à Quilly, au centre de la Loire-Atlantique. Nouveau, il ne l’est pas tellement. Le demandeur, Guintoli, s’était vu refuser une autorisation d’exploiter à cet endroit en 1999, il récidive à la fin de l’été, ayant continué en douce les études préalables. L’étude économique justifiant la carrière fait… deux pages. C’est la plaquette de présentation par Vinci de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Et comme le projet d’aéroport, le dossier de Guintoli est tout au moins aussi bâclé. Ce qui provoque les foudres des riverains, déjà très proches de deux autres carrières, et qui n’en peuvent plus.

Pour l’heure, c’est un champ vaguement rectangulaire, orienté est-ouest, situé au beau milieu des landes à la limite des communes de Quilly et de Bouvron. En 1999, la SAS Guintoli, dont le CA atteint 388.326.600 € en 2012, et qui fait partie du groupe NGE dont le CA dépasse 1.3 milliards d’euros en 2012, dépose une demande d’ouverture de carrière de 12 hectares à cet endroit. Le champ se trouve juste au-dessus d’un affleurement de gneiss. Les riverains se mobilisent, la mairie de Quilly se prononce contre, la préfecture refuse en 2001 l’ouverture de la carrière – tandis qu’elle autorise en revanche l’extension de celle, déjà en cours d’exploitation, du Grand Betz, située à moins d’un kilomètre de là. En 2005, le refus de la préfecture est annulé à la barre des tribunaux pour vice de forme. L’histoire s’achève. Du moins c’est que ce que pensent les riverains.

Rock the bocage

C'est ici qu'est prévu le projet de carrière

C’est ici qu’est prévu le projet de carrière

Mais voici qu’à la fin de l’été 2012 s’ouvre sans crier gare une enquête publique pour une carrière de 12 hectares pour une durée de 15 ans, et l’installation d’une station de concassage-criblage mobile. Il y aura aussi sur place une centrale à béton et une centrale à bitume mobiles. L’exploitation se fera à ciel ouvert, et comme le précise le dossier, « les matériaux seront extraits à l’explosif et déblayés à l’aide de pelles mécaniques ». Les riverains devront donc s’attendre à des tirs de mine et au bruit des pelleteuses, sans oublier l’entêtant klaxon de recul des camions et autres engins. La production totale est estimée à 4 480 000 T ; le gisement a entre 15 et 25 mètres d’épaisseur. Les matériaux seront évacués par la RD3 (axe Plessé-Savenay) et la RD43 (axe Quilly-Malville) ; le croisement des deux axes se trouve entre les maisons du hameau des Quatre Chemins et ne permet guère, pour l’heure, le passage et le croisement des camions. On y reviendra. Entre 320.000 et 600.000 T par an pourraient être ainsi extraites à destination des chantiers de Loire-Atlantique et des départements voisins. Voici pour les données brutes du projet. L’enquête publique s’achève le 11 octobre, les registres sont en mairie de Quilly et le commissaire enquêteur y sera encore présent le 11 octobre de 13h30 à 16h30.

Combien de personnes concernées ? 350 ou des milliers ?

Les distances entre le projet de carrière et les hameaux alentour. Celles de Guintoli et les distances réelles (cliquez pour agrandir)

Les distances entre le projet de carrière et les hameaux alentour. Celles de Guintoli et les distances réelles (cliquez pour agrandir)

Sur le résumé non technique du projet, un tableau résume la « prise en compte de l’environnement ». C’est là que plusieurs paramètres clochent. D’abord, la population : « moins de 350 personnes à moins d’un kilomètre du projet. Maisons les plus proches à environ 70 m. » Ce n’est pas faux – à part que la ferme de Malabry, qui se trouve juste en face de la carrière sur la RD43, se trouve à 50 m et non 70 du projet, mais passons – cependant, le bruit n’impactera pas seulement les habitants à 1 km alentour. C’est d’ailleurs ce qui fait bondir les riverains qui s’opposent à cette « carrière de trop ».

Dans les parages, il existe déjà une carrière, celle du Grand Betz, qui est à peine à 500 m du projet de Beausoleil. Et on peut aussi entendre le bruit de fond de la carrière de Barel, située à 3.5 km. Les riverains dénoncent une concentration de carrières et une dispersion des acteurs. Dans un cercle de 25 km autour de Beausoleil, on trouve en effet neuf carrières de roche massive : Barel (Landais/Socalo), Campbon (Socac – Charier/Pigeon), Betz à Quilly (idem), Casson (Baglione), Petit-Mars (Eurovia-Vinci), Donges (Charier), Sainte-Anne de Campbon (Lafarge), Herbignac (Charier), Missillac (GSM). Pour toutes ces carrières, l’on autorise à extraire 7.8 millions de tonnes par an, mais seules 3.8 sont réellement extraites et vendues. Il y a donc clairement surproduction. Pour rappel, le refus de création de la carrière en 1999 était du à une « capacité de production de matériaux jugée suffisante localement pour répondre aux besoins du marché à cette époque ». C’est toujours le cas.

Le dossier indique que les vibrations causées par les tirs de mines ne porteraient de façon notable qu’à 170 mètres. Une estimation qui paraît bien faible, étant donné, disent les riverains, « qu’à la Sicotais, distante de 3 km de la carrière de Barel, la maison tremble lors des tirs de mines »; et ce sans compter le bruit, qui lui aussi porte plus loin que 170 mètres. En y ajoutant la foreuse et la centrale à béton, qui dépassent les 110 décibels à 20 mètres, il y aura un important bruit de fond. Il pourrait s’entendre à plusieurs kilomètres aux alentours, et, poussé par les vents dominants du sud-sud-ouest, concernera donc des hameaux situés sur la section de commune de Saint-Omer de Blain et sur le territoire communal de Bouvron, lieux-dits dont les habitants, rappelons-le, supportent déjà tant bien que mal le bruit des carrières de granulats de Barel et du Grand Betz dont le dossier de demande de Guintoli ne pipe mot.

Le dossier comporte un élément inquiétant : quid de la protection contre les projections de roche si le tir rate ? « Le tout venant sera abattu par des tirs de mines. Le risque d’un tir raté (avec projections) n’est pas négligeable. Les conséquences pourront être sérieuses (retombées de blocs jusqu’à plusieurs centaines de mètres, blessures ou mort d’un employé, dégâts sur les infrastructures et les habitations riveraines ». Quelques pages plus loin, on lit que ce risque a « une très faible probabilité d’occurrence ». Le hic, c’est que dans un cercle de 500 m autour de la carrière se trouvent plusieurs maisons de la Douettée, les hameaux de Grand Betz, de Malabry et des Quatre Chemins, une section de la départementale 3, axe qui supporte une circulation assez dense, notamment de camions, et la RD43 moins passante. Si l’on peut barrer les routes pendant les tirs de mine, que conseiller aux habitants ? Déménager ? Comment alors les dédommager de la perte de valeur de leurs biens ?

Quilly : mairie pauvre cherche moyens

Contexte géologique (cliquez pour agrandir)

L’affleurement de gneiss est en orange (cliquez pour agrandir)

Dans le dossier, au début de l’étude d’impact, l’on trouve une phrase qui pose question, sachant que le projet n’a toujours pas été voté ni soumis aux conseillers municipaux : « Depuis [1999] Guintoli a fait évoluer son projet, afin de pouvoir le représenter avec l’assentiment de la commune ». Qu’est-ce que cela veut dire ?

Les évolutions sont listées juste en-dessous. Entre 1999 et 2011, la durée de la demande a été divisée par deux, de 30 à 15 ans, et celle d’exploitation est passée de 25 à 14 ans ; l’extraction elle-même a aussi été divisée par deux, de 3.200.000 à 1.792.000 T. Comme il est peu probable que les estimations de 1999 aient été fausses, il est fort possible qu’une fois la carrière installée, l’exploitant puisse bénéficier d’extensions. Il n’y a plus que deux fronts d’exploitation au lieu de trois et l’installation fixe de traitement qui devait être installée a disparu au profit d’une mobile.

Si on lit entre les lignes, on y voit des €. Une carrière, surtout qui dit employer « une dizaine de personnes » (il n’y aura pas de création d’emplois, seulement de la mobilité interne au sein de Guintoli ou de NGE), ce sont des taxes. Perçues par divers échelons du mille-feuille administratif français. La taxe sur les installations polluantes ou classées. La TIPP sur les carburants. La TVA. Mais encore la CFE, la cotisation foncière des entreprises perçue au profit des communes et des communautés de communes. Et c’est là que l’on arrive au nœud du problème. Il se trouve que Quilly (1280 habitants) est une commune pauvre au sein d’une communauté de communes plutôt riche, Loire et Sillon. Pas de nœud de communication routier et ferroviaire, comme la ville-centre, Savenay. Pas de grande zone industrielle bien placée, comme Malville, Prinquiau ou la Chapelle-Launay. Pas de marais et de potentiel touristique à valoriser, comme le font Bouée et Lavau fortifiées par l’entraide entre les deux bourgs. Pas de laiterie, comme à Campbon. A l’écart des grands axes, isolée dans son océan bocager, dénuée d’entreprises de quelque importance, Quilly est une commune peu riche – selon les standards du département – qui doit améliorer ses ressources. Ne serait-ce que pour ravaler son église et s’offrir des équipements publics permettant d’attirer de nouveaux habitants et de faire vivre le bourg.

Pour cela, il existe deux types d’expédients. Planter des éoliennes et laisser s’implanter des carrières. La commune étant dans le zonage favorable, un projet éolien est déjà en cours, aux limites entre Quilly et Guenrouët. A raison de plusieurs dizaines de milliers d’€ de CFE par an et par éolienne, c’est un bon placement même s’il ne produit pas beaucoup d’électricité et mite les paysages. Et donc, voici la carrière, qui rapporterait de l’argent à la communauté de communes tout en ne causant pas de nuisances à Savenay et aux communes les plus riches. Quilly, c’est loin. Officieusement, elle permettrait à la commune de faire meilleure figure alors que la communauté de communes va amplement financer le nouveau gymnase prévu dans le bourg. Seulement, les installations de traitement, pour le concassage et les centrales à béton et à bitume, sont mobiles, or, les revenus taxables sont moindres que si elles étaient fixes.

Quelques centaines d’habitants qui ne veulent pas payer pour tous

Panonceau mis en place par les riverains "Tirs de mines en projet" sur le pourtour du site

Panonceau mis en place par les riverains « Tirs de mines en projet » sur le pourtour du site

Les riverains sont amers : « on est quelques centaines de cons qui allons payer pour tous » mais refusent de se laisser abattre. Une pétition circule contre la carrière et a déjà recueilli plusieurs centaines de signatures. Beausoleil étant à la limite des communes de Bouvron et de Quilly, une trentaine de hameaux bouvronnais sont concernés, dont celui de Quéhillac – voisin du château du même nom classé Monument Historique – et un important groupement d’habitations autour de la Maugendrais sont les plus gros. Ce qui représente tout à coup près d’un millier de riverains potentiels, pas du tout emballés par le projet de carrière. La commune de Bouvron vient d’apporter son soutien à leur contestation, en votant contre le projet début septembre. Elle a aussi invité ses habitants à aller remplir le registre d’enquête en mairie de Quilly.

Les contestataires peuvent s’appuyer sur un facteur déterminant. La jeunesse. « Les hameaux autour de la Douettée ont vu leur population se renouveler de 60 à 75% en dix ans », précisent-ils. Les longères qui jadis tombaient en ruine, sous les ronces, ont presque toutes été rachetées, restaurées et pour certaines même étendues. Des jeunes sont venus des grandes villes ou d’ailleurs, chassés par la hausse des loyers ou attirés par les emplois de Loire-Atlantique. « Ce sont souvent des jeunes couples, avec des enfants, et qui n’ont guère envie de voir leur environnement calme bousculé par le bruit, les camions et la poussière, ce n’est pas possible pour des enfants, ça », explique une riveraine. Des activités ont germé sur place, des fermes reprises, tandis qu’un noyau dur d’anciens – ou de personnes nées sur place puis revenues au pays ensuite – continue à transmettre savoirs, mémoire et traditions.

Une justification économique hâtive et peu convaincante

La carte des "projets d'infrastructure" en Loire-Atlantique, selon la CCI. Carte bonne pour le musée.

La carte des « projets d’infrastructure » en Loire-Atlantique, selon la CCI. Sa place est au musée.

Autre facteur – assez impromptu – qui les aide : la liaison que Guintoli établit entre son projet et l’aéroport de Notre-Dame des Landes. L’étude économique de la carrière, c’est la plaquette de l’aéroport. Tout est dit comme si le projet n’avait plus aucun obstacle sur sa route, ce qui est loin d’être le cas, tant sur le plan du droit que sur le plan humain. Ce projet est à nouveau mentionné dans l’étude d’impact : « le projet structurant de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Localisé très proche [sic] de la carrière Guintoli, ce chantier très important démarrera en 2014 pour se prolonger sur plusieurs années. Il nécessitera d’énormes quantités de matériaux de tout venant mais aussi de matériaux de qualité pour les bétons et les enrobés ». Seulement, l’aéroport ne nécessitera « que » 1.740.000 T de granulats par an sur deux ans. Largement dans les capacités de production du département, puisque pour les seules carrières situées à 25 km autour de Beausoleil, rappelons que seules 3.8 des 7.8 millions de tonnes autorisées par an sont extraites et vendues. Et comme Vinci a l’habitude de faire travailler ses filiales en priorité, la carrière de Petit-Mars (groupe Eurovia) sera prioritaire pour fournir le chantier.

Le dossier de Guintoli comporte aussi une carte des projets d’infrastructures éditée par la CCI de Nantes-Saint-Nazaire. Il mentionne la ligne tram-train (dont le ballast est déjà posé, et n’a donc plus besoin de fournisseur) et l’extension vers Notre-Dame des Landes remise aux calendes grecques. Mais aussi la réouverture de la ligne Saint-Nazaire (Montoir) – Pontchâteau par la Brière, qui n’est même plus prévue, d’autant plus que les rails doivent franchir la 2×2 voies (RN171). Il y a encore la « liaison structurante » de Bouvron à Saint-Philbert de Grandlieu par Ancenis, qui elle aussi est en train de disparaître des tablettes, ne serait-ce qu’à cause de l’opposition très ferme des populations à ce « second périphérique nantais ». La carte datant un peu, l’extension du port de Saint-Nazaire à Donges-est est portée dessus. Le projet a été définitivement enterré en 2009  après des années de bataille juridique. Rien que cela en dit long sur le sérieux des justifications économiques du projet.

Un dossier mal ficelé pour un projet bâclé

Le croisement des 4 Chemins. Sur le schéma de Guintoli, sur carte et dans la réalité (cliquez pour agrandir)

Le croisement des 4 Chemins. Sur le schéma de Guintoli, sur carte et dans la réalité (cliquez pour agrandir)

Ce qui est plus inquiétant, ce sont les lacunes et les incertitudes qui planent dans le dossier, où certaines informations trahissent un sérieux manque de prise en compte de certains risques par Guintoli. Des informations sont aussi mensongères, des plans mal faits. « Tout est faussé de la part de Guintoli. Les tonnages, les distances, les plans ». Les informations sur les tonnages extraits et la consommation du département sont contradictoires. Les plans sont parfois inexacts. Ainsi, pour déterminer la distance entre les plus proches maisons et la carrière, les mesures ont été faites depuis le milieu des hameaux et non les maisons les plus proches de la carrière. Ce qui permet d’indiquer la Douettée à 600 m du projet, et non à 500 comme elle l’est. Sur le schéma figurant à la page 147 de l’étude d’impact, le croisement de la RD43 et de la RD3 est indiqué peu avant le hameau des Quatre Chemins. La carte et la réalité sont formelles : les deux axes se croisent au milieu des maisons, l’angle entre eux permet difficilement les manœuvres de camions.

Rien dans le dossier non plus sur la capacité de la RD43 de supporter une circulation dense de camions. Dommage : dès après Malabry, plusieurs tournants raides conjugués à l’étroitesse de la chaussée empêchent un tracteur et une voiture de se croiser sans que la dernière ne doive s’arrêter et mordre sur le fossé. Or, l’élargissement de la chaussée ne peut se faire sans mordre sur le périmètre classé MH du château de Quéhillac, puis sur le hameau de la Sicotais. Et rien n’est dit sur le risque – tout à fait prévisible – qu’un conducteur perde le contrôle de son véhicule dans le tournant de la Sicotais et débouche, pleine gomme, dans le village-rue de Quéhillac situé juste après.

L’avis de l’autorité environnementale, quoique positif, signale d’autres lacunes : « l’état initial ne mentionne que très indirectement la carrière existante sur le site immédiatement voisin du Petit Betz. Le dossier aurait du à minima comporter quelques éléments sur son fonctionnement (…) et le cumul des impacts ». Et ce d’autant plus que si l’exploitation était en veille, depuis l’officialisation du projet, elle a repris, avec son cortège de tirs de mines et autres norias de camions. Le hameau des Quatre Chemins sera littéralement pris en sandwich entre les deux carrières, si l’autorisation d’exploiter Beausoleil est accordée. Un peu plus loin dans l’avis, on peut lire « le chapitre consacré à la justification du choix du projet développe surtout l’intérêt du gisement dans une logique économique d’exploitation […] Les éléments relatifs à l’environnement sont très succincts. On ne trouve pas de descriptions d’alternatives qui auraient été examinées ou de justifications de choix techniques qui sont simplement présentés comme la norme ». En clair : le dossier est bâclé, et c’est officiellement reconnu.

Des mesures de bruit de l’environnement carabinées

Schéma d'exploitation envisagé (cliquez pour agrandir)

Schéma d’exploitation envisagé (cliquez pour agrandir)

Et pour ce qui est de bâclé, le meilleur est à venir avec les mesures de bruit sur place. Elles ont été réalisées par GeopPlus Environnement sur la matinée et le début d’après-midi du 19 novembre 2008, presque cinq ans, donc, avant le dépôt de la demande d’autorisation. Et là seulement, à raison d’une demi-heure par site choisi : aux quatre coins du champ où se trouverait la carrière, au croisement des Quatre Chemins, devant la maison de Beauséjour, à Villée et à Malabry (ce dernier site un peu décalé par rapport à la ferme, située au niveau du premier site de mesures). Les fiches portent la transcription de la bande sonore, avec un petit commentaire ajouté a posteriori pour expliquer les pics sonores. Curieusement, ce devait être la journée d’un meeting aérien. Militaire de préférence. Pas moins de six avions enregistrés : « avion à réaction » (9h37, Malabry), « avion » (9h52, idem), « avion » (chemin de Beauséjour, 11h05), « passage de deux avions à réaction » (11h43 et 11h55, Beauséjour), « avion » (13h39, Villée). L’on comprendra que le système mis en place permet d’écrire n’importe quoi pour justifier les mesures. En l’absence des bandes sonores – qui ne sont pas disponibles, si cependant elles ne sont pas effacées depuis longtemps – ces mesures et leurs « justifications » n’ont rien de sérieux.

En examinant de plus près les feuilles, d’autres faits indiquent qu’elles ont été bâclées, sinon faites exprès pour relever le volume de bruit de fond le plus élevé possible. Ainsi, des « discussions de riverains » à près de 75 décibels, sur le premier site de mesure, au coin sud-est de la carrière sur la RD43, devant la ferme de Malabry (9h08-9h12). Visiblement, ils ont du parler très près d’un micro ou il était très sensible. Sur le second site, un chemin creux à une centaine de mètres de Malabry, un bruit très aigu peu après 10 h (71 décibels) se détache d’une moyenne autour de 43 décibels, malgré le « passage de 7 voitures sur la RD43 » et reste sans explication ; en revanche, « l’avion à réaction » et « l’avion » enregistrés ne dépassent pas les 50 décibels ; c’est curieux. Au site suivant, en bordure de RD43, les 9 voitures enregistrées titillent les 85 décibels.  On retrouve des « discussions » de riverains pour le moins bruyantes – presque autant que les voitures, 75 et 80 décibels contre 83 décibels au plus pour les véhicules – à 10h30 et 10h40 sur le 7e site, le croisement routier des Quatre Chemins. Et le clou est pour le site n°8 (Villée). On trouve d’abord un « passage de tracteur » à 45 décibels (13h30), alors que deux autres avaient été mesurés à 90 décibels sur les sites n°3 et 7. Une « fermeture de porte d’habitation » vers 13h35 atteint les 60 décibels. Dispute ? Un « bruit d’assainissement » fait autant de bruit que « l’avion » qui serait passé juste après (13h39) et que la « camionnette la Poste » vers 13h48. Et enfin un vélo arrive à 50 décibels (13h49). Il devait être rouillé et grinçant, vraiment, ou doté d’un moteur d’avion.

Un professionnel du secteur, que nous joignons, nous fait ce commentaire sous couvert d’anonymat : « c’est du foutage de gueule intégral. Pour arriver à une estimation réelle du bruit de fond, il faut plusieurs mesures, sur plusieurs jours et des périodes plus allongées, et évidemment avec plus de sérieux. Mais tout cela coûte cher. Puis visiblement, le but était de relever le bruit de fond le plus haut possible ». Cependant, tout cela est parfaitement légal, si cela respecte les prescriptions de la norme NF S 31-010, consultable gratuitement dans les locaux de la délégation régionale d’AFNOR. Et si les opposants veulent contredire ces mesures, il faudra qu’ils viennent avec la contre-expertise en main. Résultat, les mesures relèvent un bruit moyen de 66.2 décibels dans les alentours. Conclusion digne des Shadoks « le bruit lié à l’activité de la carrière ne sera pas une source de gêne supplémentaire pour les riverains ». Pour Guintoli, cela justifie la mise en place de merlons de « protection acoustique » de…2 mètres. La hauteur d’un talus. Inutile de dire que ces merlons – quand bien même ils sont chiffrés à 900.000 €, soit la plus grosse part de l’investissement dans la carrière (979.500 €) – ne protégeront les riverains de rien. Même doublés d’une haie vive comme Guintoli le prévoit dans son dossier.

Informations absentes ou lacunaires, schémas et mesures bâclés, absence d’étude économique sérieuse, refus de prise en compte de la non-capacité de la RD43 à supporter le passage et le croisement des camions, ou encore des risques de bruits et de projections de matériaux. C’est peu dire que le dossier de demande d’ouverture de carrière au lieu-dit Beauséjour à Quilly inquiète. Dans ces conditions, l’autorisation d’ouverture d’une carrière là-bas – ou le vote favorable d’une mairie riveraine – reviendrait à donner un blanc-seing à la mise en danger volontaire des riverains et des usagers des routes RD3 et RD43. Ces cailloux dont abonde le département en valent-ils la peine ?

Succès pour l’opération Sème ta ZAD à Notre-Dame des Landes

5 Oct

aff1tc27.09.2013impr-5e8d7Depuis ce matin, près de 300 personnes sèment sans relâche céréales et arbres sur 24 hectares de terres en friche au coeur de la ZAD, aux Planchettes. Ces terres appartiennent à Vinci et sont situées sur l’emplacement prévu pour une piste de l’ex-futur aéroport nantais. L’opération est commune à la ZAD, au collectif d’organisations paysannes opposées au projet d’aéroport COPAIN et l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport).

Les TGI de Nantes et de Saint-Nazaire ont délivré deux ordonnances interdisant à « quiconque de mettre en culture ou de procéder à quelque plantation que ce soit sur les parcelles situées dans la zone d’aménagement différée (Zad)« , ordonnances d’ailleurs très probablement illégales car toutes les parcelles de la ZAD n’appartiennent pas à Vinci (près de 300 hectares ne sont pas expropriés) et elles troublent donc le droit de tout propriétaire (ou de tout teneur de bail agricole) de jouir de sa propriété ou de son bail. Cependant, la force publique ne s’est pas risquée sur la ZAD.

L’agriculteur Cyril Bouligand, membre de la Confédération Paysanne et du collectif COPAIN44 indique que « l’on sème un mélange céralier :  triticale, épeautre, seigle et avoine » et que « près d’un kilomètre de haies ont été plantées ». Une parcelle fait en effet 19 hectares et a été recoupée en plusieurs plus petites. Pour l’heure, c’est la seule opération de ce genre à l’ordre du jour, mais divers chantiers ont lieu ailleurs sur la ZAD, notamment au Moulin de Rohanne (près de la Saulce) où la maison est en cours de rénovation. Pendant ce temps, des gendarmes mobiles se sont installés dans un hôtel de Treillières, et d’autres logent à Ancenis. Mais s’ils viennent à Notre-Dame des Landes pour s’attaquer aux champs remis en culture, les opposants à l’aéroport disent d’une même voix : « on les défendra ».

Notre-Dame des Landes pendant la deuxième guerre mondiale

1 Oct
Vestiges de l'avion allemand

Vestiges de l’avion allemand

La dernière fois, nous avions parlé du village de la Gérauderie, qui abrite un intéressant et originel ensemble historique composé d’une fermette de 1833 (datée), d’une ferme de 1776 (datée aussi) et d’une croix celtique de 1925. Dans le hameau se trouvent d’autres témoins d’une période historique plus agitée pour Notre-Dame des Landes et la Bretagne.

Sur une pile de bûches l’on peut voir quelques pièces de zinc tordues et mangées par la corrosion. Ce sont les derniers vestiges d’un avion allemand qui s’est écrasé dans un champ, au nord du hameau, non loin des maisons de Ker-Marie sur la route de Grandchamp à Notre-Dame des Landes. Dans la même cour, un autre vestige de l’aéronautique se fond dans le paysage : ce sont des grilles de clôture à mailles carrées. Elles avaient une toute autre destination.

Lorsque Notre-Dame des Landes a été libérée, elle est devenue la base arrière des troupes américaines qui tenaient le front de la Poche de Saint-Nazaire aux côtés de dizaines de milliers de FFI. Le front serpentait entre Fay de Bretagne et Bouvron, puis entre Fay et Malville. Une pièce d’artillerie avait été installée derrière la halle marchandises de la gare, là où se trouve l’actuelle déchetterie. Il y avait des troupes américaines dans un hangar – maintenant disparu – situé alors auprès de la poste, dans le bourg, mais aussi à Breilvin, un peu plus au nord. Les américains y avaient installé un camp de toile dans un verger, ainsi qu’un hôpital militaire.

Cette grille formait le revêtement de piste de l'aérodrome provisoire américain de la Rolandière (1944/45)

Cette grille formait le revêtement de piste de l’aérodrome provisoire américain de la Rolandière (1944/45)

Enfin, à la Rolandière sur l’actuelle RD81, presque sous les sapins qui abritent la Châtaigne, les américains avaient fait un petit aérodrome sur cinq hectares pour accueillir un avion servant aux reconnaissances préalables aux bombardements, sur la ligne de front de la Poche et le no man’s land. Les empochés qui savaient ces bombardements parfaitement inutiles sur le plan militaire et très destructeurs (*) appelaient cet avion (souvent un Piper) le « mouchard ». Un autre aérodrome du même genre avait été aménagé sur une prairie en pente devant la ferme du château de la Groulais à Blain. Comme le sol était – et est resté – très boueux, les américains ont déroulé des grilles en solide maille de fer carrée afin de faire une piste temporaire un tant soit peu plane. Après la guerre, ces grilles ont été récupérées et l’une d’elle sert de clôture à la Gérauderie. Le souvenir de l’aérodrome quant à lui s’est éteint, jusqu’à ce que le Conseil Général de Loire-Atlantique, fervent soutien du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, ne s’en serve pour tenter de justifier la « vocation » de Notre-Dame des Landes d’accueillir un aéroport soi-disant « inscrit dans l’Histoire », provoquant un certain émoi local.

Gare de Notre-Dame des Landes. La pièce d'artillerie US était à droite des voies.

Gare de Notre-Dame des Landes. La pièce d’artillerie US était à droite des voies.

(*) A titre d’aperçu rapide. D’août 1944 à mai 1945, 80.000 obus sont tombés sur la commune de Guenrouët, dont 35.000 sur le bourg. Le bourg de Bouvron a été pilonné, en novembre 1944 déjà plus rien n’y était habitable du Calvaire jusqu’à l’église. Les églises de Guenrouët, Notre-Dame de Grâce et Bouvron  (côté poche) ont été démolies par les bombes le clocher de Saint-Gildas décapité par une salve d’obus, celles de Rieux et de Saint-Omer de Blain dynamitées par les Allemands. Des hameaux complets ont été quasiment rasés (Fession en Saint-Omer de Blain) ou systématiquement pilonnés (la Cavelais, en Bouvron). Les vitraux de l’église de Guenrouët, relevée à l’identique après la gare, témoignent des quatre lieux de culte provisoires établis dans la campagne de Guenrouët pendant la guerre, pour suppléer à l’église, inutilisable depuis que le 7 décembre 1944, le clocher soit tombé en s’abattant sur les voûtes. Pour achever ce tableau hâtif, Plessé a payé un lourd tribut à la Poche : la chapelle Saint-Clair qui servait de poste d’observation et de tir a été abattue par des obus tirés depuis la Poche et le château de Carheil brûlé suite à un incendie déclenché par des tirs allemands.

Addendum 5/1/2013 : Un lecteur originaire de Notre-Dame des Landes nous fait remarquer qu’il y avait aussi une batterie de canons américains entre le Moulin de Rohanne et Saint-Antoine. C’est maintenant au beau milieu de la ZAD, au carrefour entre le Chemin de Suez et la RD81, sur le sommet du plateau. Ces canons tiraient jusqu’à Bouvron et Saint-Omer de Blain.

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Patrimoine de Notre-Dame des Landes : L’ancienne maison noble de la Forestrie

17 Sep
la cour

la cour

Notre-Dame des Landes avant Notre-Dame des Landes. Nous continuons notre série sur le patrimoine remarquable de Notre-Dame des Landes. Au nord du bourg, lorsqu’on s’écarte sur la route de Héric, à deux kilomètres à peine se trouve le village de la Lande. De là, une route s’écarte et va rejoindre le vieil hameau de la Forestrie. Celui-ci tient son nom de la forêt qui l’enserrait jadis, et dont il reste encore un bois assez important.

Un aveu rendu au roi – à l’occasion d’une succession ou d’une vente probablement – décrit la maison noble de la Forestrie, qui consistait alors « en un corps de logis composé de salle basse, cuisine, cellier, chambre et grenier au-dessus, écurie en bout en un tenant, une métairie au devant composée des logements du métayer et de ses bestiaux entre lesquels logis et métairie il y a une cour close, pourpris [ceint] de jardins, vignes et verger, le tout en un tenant, une avenue au bout, le tout grand domaine contenant 11 journaux », soit 5 hectares et demi. Le bois de haute futaie du Jaunais, « clos et fermé » dépendait aussi de cette maison noble qui se trouvait en Héric jusqu’à la création de la paroisse, puis de la commune de Notre-Dame des Landes.

La Roberdière

La Roberdière

Non loin de la Forestrie, mais plus près de la route d’Héric, se trouve la ferme de la Roberdière dont les formes générales – haut toit adouci par des coyaux au nord et au sud, murs épais, poutres, marque aussi une origine plus ancienne que la plupart des fermes de Notre-Dame des Landes, construites entre 1820 et les trente premières années du XXe siècle. Un Calvaire fait face à la ferme, et une croix érigée par la famille Jacques Guillard s’y trouvait déjà avant 1870.

La maison noble de la Forestrie – qui a l’apparence d’une longère – n’a guère changé. La partie ancienne a conservé ses poutres et niches boisées anciennes, ses pierres saillantes, ses murs de 80 cm d’épaisseur. Cependant, la maison a été étendue de part et d’autre. A l’ouest, trois pierres de tuffeau qui se succèdent les unes au dessus des autres sous le toit rappellent un ancien chaînage. Le logis a été étendu et par la suite, une porte d’écurie a été percée en-dessous, à cheval entre la partie ancienne et l’extension. A l’est, la maison a aussi été étendue de six mètres environ, puis un appentis ajouté du côté de la rue par la suite. Le mur pignon porte la date de 1934 tracée dans du mortier. Derrière, deux soues à cochon ont été bâties avec des pierres de granite et de tuffeau manifestement antérieures ; l’une d’elles porte plusieurs dates dont 1887 ; dans celle-ci, un linteau de granit rappelle l’emplacement d’une ancienne porte, donnant sur le nord du logis, et qui a été maçonnée. Devant, une lucarne du grenier a un chaînage fort ancien en calcaire tuffeau.

Une lucarne moulurée

Une lucarne moulurée

La métairie a été probablement agrandie de la même façon, et forme maintenant une très longue longère. L’ancienne « avenue », maintenant cour qui sépare les deux longères n’a pas toujours été une route d’accès bitumée. Jadis, l’on accédait au hameau par un chemin creux et humide qui passait plus au sud, le « chemin rochu » qui menait à Breilvin, village dont le plan formé d’alignements de longères le long d’un axe assez éloigné de la route trahit une certaine ancienneté. Les écoliers du hameau enlevaient leurs galoches pour passer les fondrières du chemin et tant le postier que le docteur ne venaient guère à la Forestrie, qui finit par être quasiment abandonné dans les années 1980. Alors, en dehors des fermiers qui viennent reprendre la ferme, dont le logis est l’ancienne maison noble, seule une grand-mère vit dans l’ancienne métairie, dans des conditions spartiates. Pas d’eau courante, pas d’électricité, sol en terre battue et eau au puits. Les fermes loin des routes étaient alors délaissées. Mais de ventes en retour à la terre, la Forestrie a connu une sorte de regain. L’avenue qui sépare les deux longères se finit en un large chemin qui lui-même s’achève dans un bois, où l’on voit la douve à demi-comblée, large de cent mètres et encore profonde de trois, qui protégeait le village sur son côté est. Le bois aurait servi de cache pendant la Révolution. A la façon des gendarmes mobiles d’aujourd’hui, les patauds, soldats révolutionnaires autrement appelés Bleus, n’osaient guère en effet s’aventurer dans ce pays fait de landes désertes, coupées de vallées boisées et de halliers. Ce pays qui leur semblait si hostile, il était et il est toujours si accueillant à l’âme rebelle des paysans bretons.

La douve à demi-comblée qui protégeait la maison-forte.

La douve à demi-comblée qui protégeait la maison-forte.

 

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Patrimoine menacé de la ZAD : la fontaine de l’Epine

11 Sep
Fontaine de l'Epine

Fontaine de l’Epine

Notre-Dame des Landes avant Notre-Dame des Landes. Nous continuons notre série sur le patrimoine remarquable de Notre-Dame des Landes. Au village de l’Epine, une route part à droite pour rejoindre le moto-cross du Houssais, sur la ZAD. Peu après la traversée de l’ancienne voie de chemin de fer de la Chapelle sur Erdre à Beslé qui permettait aux Chemins de fer de l’Etat de relier Nantes à Redon au plus court, à cent mètres à gauche, une ornière boueuse sur le côté de la route signale une niche de pierre, comme un puits à ciel ouvert. C’est là une fontaine alimentée par les eaux du bassin versant du Plongeon. Pour une raison inconnue, elle est aussi nommée fontaine du Champ Fou.

Cette fontaine se trouve sur le territoire de la ZAD et est menacée si le projet d’aéroport est mené à son terme. Dans les temps anciens, elle permettait d’assurer aux quarante fermes du village de l’Epine – et des hameaux proches – assez d’eau pour les vaches, mais aussi les locomobiles qui entraînaient les machines agricoles au moment des moissons. Aujourd’hui, cette fontaine qui ne tarit pas l’été sert encore aux usages agricoles.

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Le Calvaire de Notre-Dame des Landes et la croix huguenote

8 Sep
Le grand Calvaire

Le grand Calvaire

Notre-Dame des Landes avant Notre-Dame des Landes. Nous continuons notre série sur le patrimoine de Notre-Dame des Landes datant d’avant la création de la paroisse vers 1845. Nous tirerons pour l’essentiel nos informations du livre de Marie-Ange Lebreton, Des pierres sur la lande (2001).

A la sortie du bourg, sur la route de la Pâquelais, se trouve une minoterie et un imposant calvaire, pareil à ceux qui trônent encore à la sortie de quelques villages de Loire-Atlantique pareillement fondés ou sensiblement développés au XIXe comme Saint-Omer de Blain ou Notre-Dame de Grâce. Ce calvaire là, qui fait l’angle des routes de la Pâquelais (de Nantes) et de Grandchamp, a été construit suite à la Mission de 1903. Des embarras dans les travaux ont freiné son achèvement, et il n’a été inauguré qu’en 1908. Les deux côtés du monument sont curieusement en pierres différentes, car d’un côté elles viennent de Vigneux de Bretagne (carrières du Buron et du Maroc) et de l’autre côté d’Héric.

A la construction du calvaire, l’on scelle à l’arrière, contre un jardin, une très ancienne croix qui affecte la forme d’une croix de Lorraine en granit. Cette croix est connue sous le nom de « croix huguenote ». Elle était jadis située à cet endroit même, qui se trouvait entre les villages de l’Epine et de la Primaudière, qui préexistaient au bourg actuel, construit sur des landes nues et communes. La Primaudière se trouve un peu au sud-ouest de l’actuel bourg, tandis que l’Epine est un gros hameau à 1 km au sud. Ce dernier constituait avant la création de la paroisse de Notre-Dame des Landes une des neuf frairies de Fay et était entouré de landes.

La croix huguenote ou Croix Perroche

La croix huguenote ou Croix Perroche

Le curé Bidet, fondateur de la paroisse, relate la fondation de cette croix : « Au temps des guerres de Religion, en Bretagne, les habitants de l’Epine conduisaient au point du jour leurs bestiaux sur la lande de la Primaudière, lorsqu’ils aperçurent le cadavre d’un chevalier (…) qui avait succombé la veille au soir.  Les habitants de l’Epine, ne trouvant sur lui aucune marque de religion, en référèrent à leur curé, de Fay, qui leur conseilla, en attendant qu’on découvrit à quel parti il appartenait, de l’enterrer dans le lieu même avec ses armes, et d’élever sur sa tombe une croix de pierre. Ce qu’ils firent. »

Les pierres dont furent faites croix et tombe viennent d’une carrière un peu au sud du bourg de Vigneux que les habitants appellaient « Roche ». La croix fut ainsi nommée « de pierre Roche », puis par contraction « Perroche ». Il apparut plus tard que le mort était un huguenot de la bande d’un certain Lancelot, qui tenait alors le Croisic, soit au XVIe siècle encore, soit au commencement du XVIIe.

A la construction du Calvaire en ce lieu même, la vieille Croix Perroche fut alors scellée à l’arrière. Elle veille maintenant sur un jardin aménagé dans l’angle des deux routes, derrière le Calvaire. Ce dernier connut deux rénovations : en 1933, le bois de la croix a été changé et le calvaire rénové inauguré lors de la Mission, le 26 novembre de cette année. Puis, après la guerre, toute la partie arrière fut refaite en béton et inaugurée le 25 décembre 1953. Les noms des donateurs qui se cotisèrent pour la restauration furent déposés à l’intérieur du Christ.

 

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Patrimoine de Notre-Dame des Landes : la croix double de la Piclotais

7 Sep

P1010401Notre-Dame des Landes avant Notre-Dame des Landes. Beaucoup de gens croient que Notre-Dame des Landes a été construite au milieu de nulle part vers 1840. En fait, ce n’est pas vrai, en 1845 il y avait déjà 1400 personnes sur le territoire de l’actuelle commune et une partie d’entre elles habitaient des hameaux qui existent depuis le XVIIe siècle, voire avant (la Marchandais, la Héraudais, la Primais, la Forestrie, Foucré, Breilvin…). C’est pourquoi nous allons démarrer une série sur le patrimoine landais avant la création de la paroisse et de la commune de Notre-Dame des Landes. Nous tirerons pour l’essentiel nos informations du livre de Marie-Ange Lebreton, Des pierres sur la lande (2004).

P1010400Lorsqu’on arrive de Fay de Bretagne, la route dépasse le hameau du Bourget et plonge pour passer le ruisseau de l’Arche du Fouan, qui marque la limite occidentale de la commune. Dans la remontée, un chemin boueux s’ouvre à gauche. Au fond, face à une mare aménagée au bord du ruisseau, se voit une croix pattée curviligne, tirée du granit proche de Vigneux. Sur son fut sont portées la date de 1835 et les initiales JG. Son soubassement était jadis de pierres jointoyées à l’argile, quatre bornes marquant aux coins les alentours de la croix, qui regarde Fay de Bretagne.

En 1998, le terrain autour de la croix qui tombait lentement en ruines fut défrichée, et c’est alors que l’on découvrit une croix inconnue jusque ailleurs. Cette petite croix grecque en granit portait la date de 1625, ce qui en faisait la croix la plus ancienne connue jusqu’alors à Notre-Dame des Landes. Lorsque la restauration de la grande croix du XIXe est entreprise par un voisin, des gens se présentent pour racheter la croix de 1625. Pour garder cette croix sur place et décourager les tentations, décision est prise de l’incruster dans le socle de la grande croix. C’est ainsi que si on écarte un peu les hortensias, on peut voir au pied de la croix de 1835 celle qui a été érigée là – ou ailleurs – près de deux siècles auparavant. L’ensemble est inauguré le 3 septembre 1999.

 

Ce week-end Notre-Dame des Landes enterre le projet d’aéroport en musique

31 Juil

affiche-ndl-2013-a4-e93c5Tryo, Bred’Irie, les Ramoneurs de Menhir, Sanseverino, Hamon Martin Quintet… l’affiche a de quoi donner le tournis. Le 3 et le 4 août, l’ACIPA et la coordination de paysans hostiles au projet d’aéroport organisent le traditionnel rassemblement de Notre-Dame des Landes, en Bretagne. Mais il aura d’autant plus d’impact que la ZAD a traversé cet automne et cet hiver six mois d’un hiver rythmé d’affrontements avec les forces de l’ordre et le gouvernement, qui ont perdu le bras de fer avec les paysans et occupants de la zone.

Alors que le bruit d’un probable abandon de l’aéroport commence à fuiter de toutes parts le rassemblement devrait sortir de la torpeur estivale la lutte contre l’aéroport. Pendant deux jours se succéderont rencontres, conférences, informations et concerts autour de la lutte à Notre-Dame des Landes mais aussi des divers grands projets inutiles et imposés (GPII).

Télécharger le programme du festival de l’ACIPA

Le site du rassemblement est lui aussi emblématique. Situé sur un champ oblong, il se trouve non loin du croisement des Ardilières, porte d’entrée de la ZAD au nord qui donne notamment accès à la route RD281 – maintenant célèbre depuis qu’elle a été barrée avec des chicanes par les opposants, « définitivement » fermée par le conseil général de Loire-Atlantique – soutien farouche du projet d’aéroport – et non moins définitivement réouverte par les paysans qui avaient besoin d’accèder à leurs champs.

De son côté, les zadistes ont organisé en marge du rassemblement de l’ACIPA un festival off – intitulé le ZAD’nard déchaîné – dont la programmation laisse largement la place au punk, à l’életro et au rap engagé. Les concerts et spectacles, soutenus par un important sound system, commenceront dès l’après-midi du 2 août et se termineront dimanche 4. Cette manifestation n’a pas été déclarée et le maire de Notre-Dame des Landes a pris un arrêté pour interdire cette réédition estivale du Festizad de cet hiver.  Bien que la gendarmerie de Blain soit chargée de faire appliquer l’arrêté, il est peu probable qu’elle se fourre dans le guêpier et essaie d’évacuer les zadistes, qui ne sont guère plus émus que ça par l’arrêté de l’édile.

Dimanche matin, pour rejoindre le site du festival, un bus cycliste est prévu avec Vélorution Nantes. Il partira du parvis de la cathédrale nantaise à 9h30 et aussi Saint-Herblain devant Decathlon Atlantis à la même heure. L’arrivée sur place est prévue vers 11 heures. Les coordonnées GPS du site du rassemblement sont les suivantes 47.370237,-1.727561 Des parkings ont été prévus largement aux alentours, sur plusieurs parcelles agricoles le long de la RD81, des deux routes qui la relient au bourg de Notre-Dame des Landes (depuis les Ardinières et la Marchandais) et du chemin vicinal qui mène des Ardinières au Chêne des Perrières, et de là au Temple de Bretagne.

 

Programmation du festival off

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Notre-Dame des Landes est-elle née sous le signe de la gabegie ?

15 Mar

Quand l’on cherche sur Internet  des informations sur la commune qui va peut-être accueillir l’ex-futur aéroport de Nantes, on tombe un peu partout sur la nouvelle que sa première église a été démolie pour malversations. A croire que cette paisible bourgade est née sous le signe de la gabegie.

cot-sud-53b5d6Quel rapport entre l’église et la naissance de Notre-Dame des Landes ? A l’origine du monde, enfin de Notre-Dame, il n’y avait rien. Que des landes indivises, entre Fay et Héric, et quelques misérables hameaux, comme Villeneuve, qui dépendaient du château du Gâvre. A l’emplacement même de l’actuel village, une ferme perdue au milieu de nulle part. Jusqu’à ce qu’un curé bâtisseur commence une église en 1846 auprès de cette ferme, autour de laquelle un village s’était peu à peu constitué, et l’inaugure un an après.

Une commune au milieu de nulle part, quel pari fou ! Les communes de Fay et d’Héric ont naturellement été contre l’amputation prévisible de leurs territoires et paroisses, si bien que les habitants de Notre-Dame des Landes se sont débrouillés eux-mêmes, et n’ont jamais demandé un sou de subvention pour construire leur église. C’était l’époque glorieuse où les landes jadis vaines et indivises étaient partagées entre les communes, et des fermes nouvelles, portées par le développement des techniques agricoles, venaient s’installer toujours plus loin dans la lande. C’est l’époque où les étendues blanches et non divisées qui perlaient encore les plans cadastraux Bretons disparaissent peu à peu, tant à Campbon qu’à Guenrouët, à Quilly, Blain ou Héric. C’est l’époque où, sur ce qui fut un désert jaillissent et fleurissent Saint-Emilien de Blain, La Chevallerais, la Grigonnais, Notre-Dame de Grâce et bien d’autres, où la charrue et la hache repoussent toujours plus loin les limites de la frontière intérieure des landes. C’est l’âge où notre pays se couvrait d’églises neuves, pour effacer les stigmates d’une Révolution qui a bien failli réaliser son but, c’est-à-dire abattre la Bretagne.

Reste que les récoltes sont mauvaises et les revenus faibles, donc l’église est construite peu à peu. En 1863, elle est achevée malgré les tempêtes et l’absence d’architecte. Ce sont les travaux du clocher qui commencent, toujours sans autre architecte que le curé, l’an suivant ils sont achevés et la bataille pour l’indépendance de Notre-Dame des Landes fait rage. Les communes de Fay et de Héric se rendent peu à peu compte qu’elles ne sauront s’occuper dignement d’une bourgade située à 8 km de Fay et 6 d’Héric, et ce par de mauvais chemins, la RD16 n’existant pas encore. Une bourgade qui aspire à son indépendance, groupée comme un village chouan auprès de son église, à l’abri des taillis et des étendues désertes. La loi se rend elle-même à l’évidence, et le 22 septembre 1871, la commune est érigée, l’on taille au ciseau dans les territoires de Fay et de Héric pour l’instaurer.

En attendant, l’église, fragile et construite de façon à revenir le moins cher possible, se dégrade. En 1877, la jeune commune fait appel à l’architecte nantais Mathurin Fraboulet, qui serait bien tenté de tout mettre par terre et de reconstruire, mais qui le paiera ? Pas les faibles revenus de la commune, en tout cas. Si bien qu’il propose la réfection des transepts et du chœur, et que seuls les premiers seront effectivement reconstruits, et achevés en 1889.  Un demi-siècle passe. En 1930, la foudre abîme la fine flèche, qui doit être réparée. Et en 1937, deux clochers, ceux de Notre-Dame des Landes et de la Pâquelais, sont foudroyés en une nuit. De guerre lasse, les landais abattent leur flèche et la remplacent par un modeste toit en pavillon, choix heureux puisqu’il couvre toujours le clocher de nos jours.

Contrairement à la légende constituée par l’erreur originale d’Infobretagne et répandue par la véritable machine à copier qu’est Internet, Notre-Dame des Landes n’est pas marquée par le sceau d’une gabegie originale. Au contraire, ce bourg est l’œuvre de foi et de volonté de ces fondateurs, qui ont eu à faire concorder la pauvreté de leurs moyens et la richesse de leur inventivité. Des qualités que les Français associent souvent aux Etats-Unis, alors qu’elles sont tout simplement…Bretonnes. Des qualités qui aujourd’hui rendent encore plus difficiles la spoliation des paysans entre Notre-Dame des Landes et Vigneux… puisque bien souvent, ce sont leurs ancêtres directs qui ont fait de landes désertes, boueuses, humides et incultes une terre capable de nourrir les hommes. Ainsi, une histoire locale tissée de foi, de courage et de travail acharné, déterminé et ininterrompu s’oppose, elle aussi, à un certain Ayraultport du Grand Ouest.

Près de 20 000 personnes au festiZAD à Notre-Dame des Landes

6 Jan

Malgré la boue et le temps très humide, des milliers de personnes sont rassemblées depuis le début du week-end pour un festival de musiques punk, reggae et electro sur le site du futur aéroport. La gendarmerie estime l’affluence à 8000 personnes, du côté de la ZAD on table sur « près de 30.000 personnes au plus, et 20 à 22.000 personnes sur le site« . Il reste à cette heure-ci, alors que le festival touche à sa fin, quelques milliers de festivaliers sur la ZAD (les 1600 hectares de l’aire prévue pour le projet d’aéroport) et quelques centaines sur le champ qui accueille les groupes de musique.

Les principaux accès routiers au FestiZAD ont été barrés vendredi par des gendarmes mobiles : il s’agit des carrefours stratégiques des Ardilières, au nord sur la RD81 et du Bois Rignoux, au sud sur la RD281 (tenu par des gendarmes mobiles de Châteauroux). Des barrages de gendarmerie où sont vérifiés l’identité des personnes et leur taux d’alcoolémie sont aussi installés à Fay de Bretagne, et auprès de la  RN165 (sorties de Vigneux, lieu-dit la Gazette près du Temple…). Ces multiples barrages ont freiné l’acheminement d’une partie du matériel et des vivres sur la ZAD, donnant l’occasion à l’AFP d’affirmer – en pure perte puisque les événements ultérieurs allaient lui donner tort – que les autorités auraient réussi à empêcher la tenue du FestiZAD. Dans les faits, ce sont surtout ce qu’un organisateur nous décrit comme  des « conditions climatiques apocalyptiques » qui ont retardé le début du FestiZAD sans entamer la détermination des bénévoles – notamment ceux venus des comités de soutien locaux de Loire-Atlantique, qui ont travaillé sans relâche pendant tout le week-end.

festizadLe site lui-même est un champ de boue, sur lequel des passerelles de bois sont jetées ça et là. Le champ qui accueille les groupes a été choisi à la toute dernière minute : le premier site choisi s’est avéré difficle d’accès, le second a été écarté parce que les organisateurs ont constaté que « l’on risquait de détruire des plantes qu’il fallait protéger », du coup le choix s’est fait pour un champ qui était accessible, mais très boueux. En début de festival il y avait encore un peu d’herbe, puis, à force de crapahutage, la boue a tout envahi… jusqu’aux genoux parfois, donnant l’occasion aux festivaliers de se distraire par des batailles de boue. Le festival lui-même a commencé vendredi soir à 21h, la scène reggae commençant dans la nuit de vendredi à samedi vers 3 h du matin. Samedi vers 11h30, la Préfecture a fini par prendre acte du fait accompli et a ordonné au barrage de gendarmerie des Ardilières, principal point d’accès au FestiZAD,  de laisser passer gens et voitures dans les deux sens sans les contrôler. En revanche, samedi soir, des barrages routiers étaient toujours maintenus à l’est de la ZAD, aux Fosses Noires (RD281) et au niveau de la Bellish, contrôles aisément contournés par les festivaliers, qui passaient par les champs. Certains concerts ont été délocalisés à la Sécherie, lieu à peu près sec. Quelques concerts ont été annulés ou reportés, soit que les groupes ne sont pas venus, soit à cause de l’état du site. Un des groupes qui y a joué a constaté la « présence de milliers de personnes et de robocops [policiers] dépassés par les événements« . Dans l’ensemble, la forte affluence malgré des conditions climatiques très difficiles et les difficultés posées par les barrages de police sonne comme une nouvelle victoire pour les opposants à l’aéroport de Notre-Dame des Landes.

La coordination contre l’aéroport organise le 11 janvier un concert à la Trocardière, à Rezé, où Gilles Servat chantera. Le concert démarrera à 20h. Prix libre à partir de 5€. La première partie du concert sera assurée par une « arme de sistraction massive », le groupe de musique local et militant les Génisses dans le maïs formé par Franck Gratte et Maxime Hupel, à l’initiative d’une compilation de morceaux de groupes engagés, libres de droit, au profit de la lutte de Notre-Dame-des-Landes.

Semaine décisive pour Notre-Dame des Landes

10 Déc

Après la décision du tribunal de Saint-Nazaire de repousser d’une semaine son délibéré sur la propriété du terrain de la Châtaignerie (la Chat Teigne) à l’ouest du Bois de Rohanne, où s’élève le village collectif construit depuis le 17 novembre, tous les regards se portent sur le 11 décembre.

En effet,  le tribunal doit statuer  sur la propriété du terrain – au propriétaire expulsé ou à AGO-Vinci mais aussi sur l’existence ou non de constructions illégales dessus. Une décision très attendue par les protagonistes : dans le « scénario du pire », pour les occupants de la ZAD, si le tribunal décide qu’il y a à la fois des constructions illégales et que le terrain est à AGO, les forces de l’ordre auront le feu vert pour intervenir, afin de faire cesser le trouble à l’ordre public le plus vite possible.

 

Eteindre l’incendie

barricade16-10A Paris, le président Hollande commence à être quelque peu agacé par le dossier Notre-Dame des Landes. Non pas que les manifestations du 8 décembre aient tellement rassemblé que cela – quoiqu’elles laissent planer le spectre de la convergence des luttes écologiques  – puisque les dossiers sensibles (Bures, TGV Lyon-Turin, THT, Fessenheim, EPR Flamanville) ne manquent pas ailleurs qu’en Bretagne, mais surtout parce que les dérapages policiers à Notre-Dame des Landes  et les nombreux blessés civils qu’occasionnent les opérations font désordre sur le plan de la politique intérieure. Hollande a donc recommandé à ses ministres « d’éteindre l’incendie » de Notre-Dame des Landes. Le seul problème, c’est qu’en envoyant les forces de l’ordre, il risque de l’alimenter mieux qu’en y déversant un Canadair d’essence.

 

Trois nouveaux arrêtés

Photos ZAD - copyleft

Photos ZAD – copyleft

En attendant la décision du tribunal, que la Préfecture et l’aménageur (AGO) espèrent favorable à leurs desseins, les forces de l’ordre se préparent. Et, pour suppléer aux arrêtés pris le 30 novembre et qui arrivaient à échéance aujourd’hui, de nouveaux ont été pris du 7 au 17 décembre. Ils interdisent le transport de « tout carburant » et de « tous produit explosif, inflammable, feux d’artifice » sur les deux communes de Vigneux et Notre-Dame des Landes et remplacent les arrêtés précédents dont ils prolongent les effets.

Nouveauté : un troisième arrêté interdisant le transport de matériaux sur certaines voies a été pris. La semaine dernière, les gendarmes, qui constataient que les constructions battaient leur plein, avaient inventé un « arrêté fantôme » pour stopper les camions puis s’étaient réfugiés derrière une réquisition d’un juge demandée pour l’occasion. Donc, « sauf nécessité professionnelle dûment justifiée », le transport des matériaux est interdit sur les routes suivantes : RD81 entre les Ardilières et la commune de Vigneux (carrefour de la Saulce), voie communale 1 (NDDL) des Perrières aux Ardilières, voie communale 11 (NDDL) du Chêne des Perrières à la Boistière, voie communale 5 (Vigneux) de la Boistière à Vigneux.

 

« Nous couvrons notre action »

Du côté de la Préfecture, l’on se refuse évidemment à commenter le calendrier des opérations. Mais des gradés de gendarmerie, engagés dans l’opération, se montrent plus prolixes.  Ces arrêtés permettent aux forces de l’ordre de « geler la construction de nouveaux points de fixation sur zone, autant que possible » et « limiter l’exposition des personnels » chargés du maintien de l’ordre. « Nous couvrons notre action », abonde un autre, pour lequel ces arrêtés n’auraient pas été pris s’ils ne se justifiaient pas par l’imminence d’une opération.

Si et seulement si la justice statue en ce sens.  Mais dans les rangs, l’on ne se fait aucune illusion « les barrages ne suffisent pas, les matériaux passent de partout. Même si l’on bloque toute la zone, ils feraient des tunnels comme à Gaza », commente un gendarme-mobile sous couvert d’anonymat. C’est aussi ce que constatent les journalistes présents sur place. C’est que « tenir 1600 hectares de terrain, c’est hors de la portée des forces de l’ordre », explique-t-on du côté des syndicats policiers ; « vider, on sait faire, tenir, non. Rien ne les empêchera de revenir dès que l’on repart, ou construire ailleurs pendant qu’on vide ici. On n’en voit pas la fin ». Pour se tenir au courant des évolutions de la zone, des nouvelles constructions et des protections qui sont faites, les forces de l’ordre comptent plus sur les rondes faites quotidiennement, au « contact » de la ZAD, les tournées de l’hélicoptère et les « autres sources« , à la fois gendarmes infiltrés, agents de la DCRI et… « certains de vos confrères« . Pas sûr que cela améliore tellement l’image des journalistes sur la ZAD.

Opération du 23/11 - photo Anaïs Denaux

Opération du 23/11 – photo Anaïs Denaux

Nous n’aurons qu’une confidence sur le calendrier : soit c’est maintenant, soit « la période des fêtes de fin d’année rendra très difficile, sinon impossible, la mobilisation du personnel policier requis ». En effet, nombre de gendarmes-mobiles et de CRS viennent de loin (Saran, la Rochelle, Pau, Sancerre, La Rochelle, Tours…) et seront nécessaires pour assurer la sécurité des villes au moment des fêtes et des chaudes nuits de fin d’année. Par conséquent, soit l’opération se fait avant le 17 décembre, soit elle est remise au mois de janvier, après les fêtes et la trêve des confiseurs.

Ce n’est en effet pas rien que de « vider »Notre-Dame des Landes : il faut mobiliser 2.200 policiers et assurer la logistique derrière : le casernement de Nantes est plein à craquer, des unités seront hébergées à Rennes, Vannes et Saint-Brieuc, et dans divers hôtels commis pour cela, parfois depuis des semaines (Campanile, Etap Hotel, WestHotel) à Saint-Herblain, Treillières, Carquefou et la Chapelle sur Erdre. Les récriminations des syndicats sur le manque de logistique ont été entendues : l’administration de la zone de défense Ouest a pris un long arrêté le 3 décembre  où elle fixe les responsabilités et les chaînes hiérarchiques de prise de décision en matière de logistique et de paiement, pour les coûts et les transports liés aux déplacements, dont la « mission Notre-Dame des Landes ».

 

Des recours ont été posés

Contre les arrêtés pris le 7 décembre, des recours ont été déposés par l’ACIPA et un paysan. Nous avons eu des nouvelles du référé suspension déposé au tribunal administratif contre l’arrêté du 30 novembre interdisant le transport de « tout carburant » sur le site : « le juge a un mois pour statuer dans le cas d’un référé-suspension », nous explique le juriste Dorian Piette, « il a décidé en l’espèce qu’il n’y avait pas urgence à statuer. C’est légal, mais cela s’approche du déni de justice, d’autant plus que cela joue dans le sens de la préfecture ». Espérons qu’il ne fera pas de même contre les recours qui viennent d’être faits.

 

NDDL : Grand succès de la manifestation de réoccupation

17 Nov

A partir du bourg Breton de Notre-Dame des Landes, une marée d’hommes et de tracteurs a déferlé sur le site prévu pour le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. Les organisateurs estiment l’affluence à 40.000 manifestants et 500 tracteurs. La préfecture estime l’affluence à 13.500 personnes. José Bové, interrogé dans le cortège par une journaliste de l’AFP, estime l’affluence à « peut-être 20.000 ou 30.000 personnes ». A 16h, le chiffre de 38.000 manifestants et de 400 tracteurs semble correspondre le plus à la réalité du terrain.

A 15h00, deux maisons sont en cours de reconstruction sur la ZAD

Point d’orgue de la mobilisation pour la défense de la ZAD qui dure depuis un mois, la manifestation contribue à hisser aujourd’hui Notre-Dame des Landes au sommet de l’actualité nationale, à égalité avec les manifestations contre le mariage gay. L’affluence à Notre-Dame des Landes dépasse toutes les attentes : les policiers tablaient hier sur « 8 à 10.000 manifestants« . Incontestablement, la contestation contre l’aéroport s’impose comme un sujet national, comme une grande lutte.La manifestation n’a pas été interdite par les forces de l’ordre, qui ne devraient pas non plus intervenir pendant son déroulement, sauf si des débordements ont lieu. Toutefois, ce matin à 9h, le péage de Corzé sur l’A11 et l’A85 a vu l’établissement d’un barrage de gendarmerie. Les forces de l’ordre fouillaient les bagages et les cars.

De nombreuses manifestations ont lieu aujourd’hui ailleurs en France en solidarité avec Notre-Dame des Landes. Ainsi, un rassemblement a lieu à Belin-Beliet, en Gironde, à 11h, un autre à Bordeaux (15h), un à 13 h 30 à Boulogne-sur-Mer, une manifestation à Limoges (14 h 30), un rassemblement à Lille (15 h), un à Perpignan (16 h, place de Catalogne), un à Digne (10 h 30), une manifestation décalée  pro-Vin$$i à Nice (10 h), un autre rassemblement à Reims (14 h place Stalingrad), un la même heure à Rouen (14 h, gare), une manifestation à Châlon (10 h), un à Mâcon même heure, un à Clermont-Ferrand (63) à 11h et un dernier à Montpellier (14h).

Photo tweetée par @greenpeacefr – la manifestation à 14h

De nombreux tracteurs chargés de matériel continuent à arriver sur place. Deux maisons en bois ont été mises en chantier au cœur de la   ZAD, près du Bois de Rohanne. Dans la manifestation sont présents des parlementaires et des élus Verts, mais aussi le leader du Parti de Gauche Mélenchon. Le succès de la manifestation risque de fragiliser un peu plus le gouvernement. L’un des deux ministres écologistes, Pascal Confin, a confié à Mediapart qu’il « serait allé à la manifestation, s’ [il] n’était au gouvernement ». Au conseil régional des Pays de Loire, la majorité serait en train de voler en éclats à cause de l’aéroport.

Sur place, les manifestations crient leur détermination. De la manifestation, Jean-Vincent Placé, sénateur EELV, a appelé Hollande à « écouter la mobilisation ». Pour José Bové, il s’agit d’une « journée historique, une date qui va marquer ». Slogans et appels se succèdent sur la campagne Bretonne qui n’a jamais vu autant de monde de toute son histoire. Une expression peut les résumer tous « on est tous ensemble, on va se battre, on va gagner ». Les discours se succèdent et sont retransmis en direct sur la radio 107.7FM (AutorouteFM), que les manifestants détournent depuis un mois.

La manif en direct depuis la radio de la ZAD

Mélenchon a fustigé le projet « absurde » de l’aéroport. La manifestation s’est déroulée sans incidents et donc sans intervention des forces de l’ordre. Toutefois, une opposante interviewée par France3 aurait tenu des propos « irresponsables » selon la Préfecture, car elle aurait appelé à commettre des sabotages. La Préfecturea annoncé la fin de la manifestation à la nuit tombée, alors que celle-ci ne faisait que commencer puisque elle devait se poursuivre la nuit. Par ailleurs, comme on peut le lire sur le site des opposants la reconstruction ne fait que commencer puisque « De nombreuses autres cabanes amenées lors de la journée seront montées dans les jours qui viennent. »

Un communiqué de presse a été fait par la coordination d’organisation de la manifestation à la fin de la journée. « La taille du cortège était telle que lorsque les premiers sont arrivés sur le lieu de la reconstruction, après 5 km de joyeux défilé, de nombreuses personnes attendaient encore de pouvoir partir du bourg de Notre-Dame-des-Landes ! Ce sont aussi 400 tracteurs, des batucadas et orchestres, des armées de clowns, des centaines de drapeaux arborant un avion barré, et 1001 slogans et pancartes qui ont traversé le bocage.

Tout l’après-midi, toutes et tous se sont activé-e-s autour de la construction d’une salle collective, d’une cuisine, de blocs sanitaires et de plusieurs autres installations à l’heure actuelle bien avancées.  » Des élus locaux  – et moins locaux, comme Auxiette – socialistes y ont répondu à leur façon, se posant en défenseurs d’un projet de « développement » du territoire et de « refus du déclin« . Comme si la Loire-Atlantique, qui, avec ou sans aéroport devrait voir sa population passer de 1.3 à 1.7 million d’habitants en vingt ans, était un territoire en déclin.

Addendum : Ce samedi de contestation se dédouble avec le succès de la manifestation pour tous de Nantes. De source policière, il y a actuellement 9.000 personnes sur le cours Saint-Pierre rassemblées contre le projet de loi sur le mariage homosexuel.