Demain, le clocher de Saint-Gildas des Bois sur fond d’éoliennes ?

22 Jan

La Communauté de Communes du Pays de Pontchâteau – Saint Gildas des Bois a défini un périmètre de Zone de Développement Éolien entièrement situé sur les deux communes de Sévérac et Guenrouët) et représentant une surface de 122 hectares. Un projet d’implantation de quatre éoliennes de 2 MW chacune a été prévu entre le Rocher à la Vache, sur Sévérac, et le Cougou, sur Guenrouët. La production annuelle estimée est de 20 000 Mégawatts heure, soit l’équivalent de la consommation électrique hors chauffage de 8 000 foyers. Le permis de construire des quatre éoliennes a été délivré en novembre 2011, est détenu par la société « sites à watt développement ». Le conseil municipal de Blain doit rendre un avis consultatif sur la question jeudi.

Les 4 éoliennes seront implantées ainsi deux autour du site mégalithique et de la chapelle du Rocher à la Vache, deux face au Cougou. Résultat : le clocher de Saint-Gildas des Bois risque d’être encadré par les éoliennes, et on le verra ainsi depuis toutes les routes qui rejoignent le bourg par le sud (RD773, RD2, RD17) et de la voie ferrée.

Plan du parc éolien prévu

« Pas de covisibilité » pour les porteurs du projet

Etude de covisibilité revue et corrigée. En jaune, les points qui ont servi de base aux études paysagères du porteur du projet. En rouge, une partie des points d'où le clocher sera visible sur fond d'éoliennes.

Etude de covisibilité revue et corrigée. En jaune, les points qui ont servi de base aux études paysagères du porteur du projet. En rouge, une partie des points d’où le clocher sera visible sur fond d’éoliennes.

L’association qui porte le projet, Eoliennes en Pays de Vilaine, a produit des études paysagères qui écartent le risque de covisibilité, un ressaut se trouvant entre le parc et Saint-Gildas, mais, les pales de 40 m chacune devant être perchées à 100 m de haut, cette colline qui se trouve entre le Rocher à la Vache et Saint-Gildas risque d’être vraiment petite. Par ailleurs, le clocher de Sévérac sera, comme en convient l’association, encadré par les éoliennes, comme la chapelle du Cougou. Le projet est développé dans  le cadre de la transition énergétique, « nous voulons développer l’éolien partout, par les associations, les riverains et les collectivités. Le parc va d’ailleurs financer un salarié qui travaillera sur les économies d’énergies possibles, parce qu’on ne peut pas d’un côté économiser de l’énergie fossile, et de l’autre continuer à gaspiller ».La Commission des Sites de Loire-Atlantique s’est penchée sur le projet et n’a rien trouvé à redire, ni l’ABF (Architecte des bâtiments de France) d’ailleurs. Mais l’ABF n’a rien trouvé à redire, aussi, contre ce bâtiment qui jure un peu, dans la cour du château d’Ancenis. La Commission des Sites a seulement demander à déplacer une éoliennes (E4 sur le plan) vers le nord-ouest, pour qu’elle soit moins proche du Rocher à la Vache – qui n’en restera pas moins encadré par deux éoliennes.

Cependant, l’on nous a transmis ces études. Or, les points qui ont servi de base aux mesures sont tous dans l’axe au sud du clocher, au ras du bourg et de la voie ferrée. Là où les éléments de premier plan – maison, arbres – abondent. L’étude déduit triomphalement qu’il n’y a pas de risque. Cela dit, les points d’où le clocher apparaîtra clairement flanqué d’éoliennes ne sont pas entrés dans l’étude. C’est, par exemple, la RD17 vers Notre-Dame de Grâce, d’où l’on aperçoit, au niveau du tournant vers le nord que cette route prend face au moulin du Landas, le clocher de Saint-Gildas des Bois qui domine – seul pour l’instant – le paysage, et qui sera, demain, encadré par des éoliennes sans que les collines dites buttes de Brenugat qui s’élèvent un peu au-dessus des landes de Fontenelles ne parviennent à masquer celles-ci. Inutile de dire que depuis le moulin du Bolhet, à quatre km de Saint-Gildas, on verra très bien les éoliennes près du clocher. Mais c’est un point haut, le Bolhet. On les verra aussi de la RD773, en s’éloignant un peu du bourg. Au lieu-dit Gourap, pile poil à l’entrée du bourg, par exemple. Et des hameaux environnants. Autant d’habitants qui auront le droit au nouveau paysage : un clocher rescapé de la guerre encadré par des éoliennes.

Deux visions du paysage en conflit

Le développement des parcs éoliens – dont un projet est prévu à Issé (Beaumonts) et un autre près de la forêt de Domnesche (Saint-Aubin) dépasse les périmètres classiques de protection des monuments (100 et 500 m, pour peu qu’ils soient inscrits ou classés) puisque l’impact d’une éolienne s’étend au paysage et touche tous les monuments, qu’ils soient ou non protégés.

Certes, les paysages sont altérés par des lignes à haute tension, des bâtiments en tôle, des lignes téléphoniques, des caténaires et une multitude d’éléments dispersés qui, pris individuellement, jurent, mais qu’on ne remarque même plus à force de les voir. Mais ils ne se perchent pas à 100 ou 150 m de haut, hors pales ! « Le paysage évolue sans cesse », estiment les porteurs du projet. Certes, mais un département particulier comme l’est la Loire-Atlantique, dont le relief peu marqué est ponctué par des vallons doux, la moindre éolienne plantée sur un point haut – habituellement une lande, soit la croupe d’un vallon – se voit à une dizaine de km à la ronde. Comme se voient les éoliennes de Bâtine, près Campbon, ou de Soudan, ou de Derval. Dans un département comme l’est la Loire-Atlantique, une « petite éolienne » de 2MW – hauteur de mat 100 m, grandeur de la pale 41 à 46 m – s’impose au paysage au détriment du relief naturel et des éléments paysagers marquants – moulins, châteaux, chapelles et clochers – reflets de notre Histoire tumultueuse et persévérante néanmoins.

La Loire-Atlantique, comme le reste de la Bretagne, est un département qui a la chance de ne pas avoir de centrale nucléaire, et qui a refusé le danger nucléaire avec vigueur et détermination. Résultat, la Bretagne historique est peut-être la seule région de France dont l’éolien représente 17% de la production électrique  (en 2011), part qui ne cesse de monter. Mais est-ce que cela suffit-il à justifier pour autant que l’on plante des éoliennes partout, jusque et y compris en forêtJosselin) et que l’on altère durablement nos paysages ? A chaque citoyen, à chaque élu, à chaque « responsable », de juger en son âme et conscience. Pas en fonction du tiroir-caisse. Le nucléaire rapporte aussi son « salaire de la peur », lui.

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