Nantes : l’orgue Notre-Dame de Bon Port à bout de souffle

27 Fév

L’orgue de l’une des églises les plus connues de Nantes arrive au bout du rouleau. L’église Notre-Dame de Bon Port, qui se dresse au milieu de l’ancien quartier du Sanitat à l’extrême-ouest du secteur sauvegardé et du centre-ville, est l’une des dernières églises néo-classiques à coupole de France et la dernière de Nantes. Son dôme rayé a orné des générations de gravures et de cartes postales sur fond de grues, et maintenant des embouteillages du quai de la Fosse.

Façade face à la Loire

Façade face à la Loire

Réalisée par les architectes Séheult et Chenantais, elle avait suscité en son temps l’opposition tenace de Viollet-le-Duc et de ses disciples, qui, avec l’église Saint-Nicolas (1844-1858) créent le style néo-gothique qui essaime par la suite dans toute la Bretagne et la France. Pour la petite histoire, l’église porte aussi le patronage de Saint-Louis, imposé à sa reconstruction par le maire d’alors, en échange de ses subsides. En effet, l’actuelle église remplace une précédente, créée au début du XIXe pour les quartiers nouvellement urbanisés du port. Les orgues sont une œuvre du facteur nantais Louis Debierre. Victimes d’un manque d’entretien patent, malgré des efforts de reprise en main ces dernières années, les grandes orgues ont besoin de travaux d’urgence. Une association s’est constituée pour défendre sa restauration et organiser des concerts destinés à la financer. L’orgue est utilisé pour de nombreux concerts et pour les concours d’entrée et les diplômes de fin de cycle des conservatoires de Nantes et de Cholet. Il a une vocation pédagogique et musicale majeure.

L'orgue de l'église Saint-Louis - ND de Bon Port

L’orgue de l’église Saint-Louis – ND de Bon Port

L’orgue est un des chefs d’œuvre de la facture d’orgue du XIXe siècle. Après la désaffection des orgues classiques, il marque le premier retour d’un orgue néo-classique aux jeux de mutation faisant entendre des harmoniques caractéristiques des instruments de XVIIe et XVIIIe siècles. La partie instrumentale de l’orgue est classée au titre des monuments historiques depuis le 11 décembre 1975[]. Il comporte trois claviers manuels (grand orgue, grand chœur, récit)[], un pédalier à l’allemande[] de 30 notes et 45 jeux ou timbres faisant sonner 4 000 tuyaux. Originaire de la paroisse, Louis Debierre décide que cet orgue – inauguré le 19 mars 1891 – sera un instrument d’avant-garde, chef d’œuvre de son art. Il met en place une transmission des notes électrique, après un premier orgue ainsi fait installé au théâtre Graslin en 1890, une transmission des jeux électropneumatique, installe deux boîtes expressives et des jeux de mixture. Grâce à la qualité du travail de Debierre, seules deux restaurations d’envergure ont été nécessaires, en 1929 et 1981, qui n’ont heureusement pas altéré la qualité de l’instrument.

La ville de Nantes, propriétaire de l’église, a mandaté une étude préalable qui servira de support à des travaux de restauration. Des efforts ont été entrepris par ses services pour classer l’entièreté de l’orgue au titre des Monuments Historiques. Après l’orgue, un nouveau chantier est à venir pour l’église : la toiture, peu entretenue. La rénovation du tambour – l’assise en pierre du dôme – a déjà été faite en 1992 et celle de l’archange de la coupole en 2004-2005.

2 Réponses to “Nantes : l’orgue Notre-Dame de Bon Port à bout de souffle”

  1. Thierry Kruger février 27, 2013 à 4:17 #

    Je peux être un mécréant, j’a-do-re l’orgue. Assisté à un concert de J.-S. Bach et de compositeurs du XXe s. et même peut-être un du XXIe s. (chrétiens pour la plupart) pour orgues à la cathédrale d’Angers circa 2011, des morceaux courts et HORS NORME, donc créatifs. Cet art est donc VIVANT et des curés intelligents savent apprécier en connaisseurs. Alors qu’on le répare donc et fasse venir des partitions du XXe siècle pour que l’exthase du BEAU touche les COEURS. Le public nantais sera agréablement surpris, l’orgue aura prouvé ses capacités question son et tout sera bien ainsi 🙂

    Nota : Dans un requiem je préfère les deux paroxysmes : le ‘die irae’ et le ‘lacrimosa’. C’est l’effet que me fait l’actualité décortiquée par de BONs journalistes comme toi.

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