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BreizhJournal a rencontré la marche des Veilleurs à Couëron

28 Août
La marche des Veilleurs au bivouac

La marche des Veilleurs au bivouac

19h10. Après avoir ratissé Couëron en tous sens, y compris jusque la halle Tréfimétaux où devaient être les veilleurs depuis deux bonnes heures, les voilà enfin qui débouchent dans le centre-ville. C’est donc à l’ombre d’un bar accolé à une boulangerie, un peu au-dessus de  l’église, que nous rencontrons la marche des Veilleurs. Vingt-cinq marcheurs de tous âges, d’une jeune enfant de dix-huit mois à un gars de soixante ans, qui conduit aussi la voiture porte-sacs et ambulances du groupe.

Une partie d’entre eux marchent depuis Rochefort. Sans vraiment rencontrer de réactions hostiles. Marianne, qui a rejoint la marche à Pornic, note beaucoup d’indifférents. « Des gens qui nous prennent pour des doux rêveurs parce qu’on veut redonner la parole aux citoyens. Ce qui en dit long sur l’état de démocratie du pays ». Des sourires aussi, des mains tendues. Spontanément, des gens qui mettent à disposition leurs logements, ou un repas, sur le passage de la marche. La bonté et le sens de l’accueil des Bretons ne sont pas qu’un cliché pour guide touristique bon marché.

Chaque soir, la marche s’arrête dans une ville, pour bivouaquer et veiller en lisant, chantant, discutant et réfléchissant sur un thème donné, par exemple l’éthique et la loi à Couëron ou l’écologie à Nantes. Une veillée se prépare, explique Marianne. « Nous choisissons chaque soir un chef d’orchestre différent, qui établit une trame, choisit les textes qui doivent permettre une progression de la réflexion. Et après chacun intervient en fonction de ses compétences. On a une personne qui chante bien, moi, j’ai une formation philosophique donc je fais les distinctions entre notions, et ainsi de suite ». Le but ? Réfléchir en toute ouverture d’esprit, en collégialité et de façon horizontale. Contrairement aux apparences,  y a une réelle filiation entre les Indignés et les Veilleurs, et deux des membres du groupe de la Marche des Veilleurs viennent de l’extrême-gauche, des milieux alternatifs et des Indignés.

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Préparation studieuse d’une veillée

A Lyon, les veilleurs avaient ainsi donné la parole à un SDF, à une fille des Indignés ou même à des lesbiennes, pour qu’ils fassent connaître leurs point de vue et leurs conditions de vie et de lutte. Les Veilleurs, qui se sont lancés depuis cinq mois, ont réussi à essaimer dans deux cent villes françaises malgré un quasi-total silence médiatique. Le succès d’un mouvement jeune – mais qui associe tous les âges –, pacifique et réfléchi. « Nous sommes ouverts à toute personne qui vient pour dialoguer », explique l’une des marcheuses. C’est pourquoi les veilleurs regrettent de n’avoir pu aller dans la ZAD. Sans doute, l’hostilité nette d’une minorité de zadistes qui font aussi le coup de poing pour le compte des LGBT et des antifas était un argument suffisant pour que par prudence, tout le monde y refuse la présence des veilleurs.

Les Veilleurs n’ont pas abandonné leur idée de réfléchir sur l’écologie, à Nantes. Le cœur de la capitale bretonne est distant de 22 kilomètres de l’emplacement de l’ex-future aérogare, aux Domaines, à Notre-Dame des Landes. D’autant plus que « le gouvernement a tout abandonné », explique Marianne. « Sauf trois projets phares : le TGV Lyon-Turin, l’aéroport de Notre-Dame des Landes et la loi Taubira ». Qui ont entre eux un autre lien que d’être insufflés par l’équipe d’Ayrault. « On ne peut décemment s’opposer à la manipulation des végétaux et être favorable à celle des embryons et des cellules humaines », poursuit-elle, fustigeant l’incohérence idéologique de certaines personnes d’extrême-gauche qui arrivent à être pour la PMA et contre les OGM.

Finalement, ce soir, les veilleurs se sont installés devant la mairie, l’emplacement initial, devant la grande halle de l’ex-Tréfimétaux, étant encombré par des barrières de chantier. La commune, qui a fini par surmonter la disparition en 1988 de son entreprise phare, dont une grande partie de l’emprise est encore occupée par des entreprises, achève la transformation de plusieurs bâtiments historiques en médiathèque.

Et c’est sur cette place que les Veilleurs ont été littéralement attaqués par une délégation de militants d’extrême-gauche qui se réclamaient à la fois de la ZAD et de LGBT. Une vraie milice qui n’a pas hésité à charger dans le tas, nécessitant l’arrivée de renforts de gendarmerie vers 21h30, qui ont permis la poursuite et l’achèvement de la veillée. Demain soir, les Veilleurs seront à Nantes, devant la Préfecture, Cours des 50 otages. Un communiqué sur un site où s’expriment les militants d’extrême-gauche annonce un rassemblement de protestation (20h au Bouffay) contre cette « veillée puante » organisée par un « mouvement homo/lesbophobe […]  qui continue à propager une idéologie dangereuse » afin de « ne pas leur laisser l’espace ». Pas de doute, les signataires de cet appel se placent vraiment dans le camp de la réflexion, de l’ouverture d’esprit et de la tolérance. Ou pas ?

 

Les Veilleurs dénoncent une attaque violente et démente

BreizhJournal a pu joindre les veilleurs attaqués, qui marchent actuellement d’un bon pas dans la Basse-Loire vers Nantes. Gauthier nous explique la scène de violence de la veille : « le but de ces militants, qui sont venus avec un tracteur John Deere tout neuf qui portait des baffles, était de nous interdire de prendre la parole sur la place publique. Une fois qu’ils l’ont ordonné par la parole, ils se sont mis à la violence. Nous avons essayé d’engager le dialogue avec eux ». Peine perdue, « les rares moments où un semblant de dialogue s’instaurait, c’était immédiatement de l’insulte, du ‘‘ta gueule sale homophobe’’, bref, une violence étrange ». Pourquoi étrange ? « Parce qu’il est curieux que pour des gens qui se disent anarchistes, ils nous traitent d’homophobes et de délinquants, donc se placent du côté de la la loi et du gouvernement – qui pourtant construit l’aéroport auquel ils s’opposent – et demandent ( !) à la gendarmerie de nous évacuer de la place ».

Les veilleurs dénoncent donc une attaque « démente et très violente », au cours de laquelle « un zadiste a fait tomber une baffle sur un veilleur », heureusement sans dommage. « Lorsque je suis intervenu pour le calmer », continue Gauthier, « j’ai pris des coups au visage. A un moment, il y avait cinq contre-manifestants qui tombaient à bras raccourcis sur Axel », le cofondateur des Veilleurs, qui est dans le groupe. « Il y a eu un IPhone brisé en morceaux, des lunettes arrachées et piétinées avec rage, du grand n’importe quoi ». Bref, les Veilleurs se sont faits tabasser en règle, sans rendre les coups que leurs donnaient ces bien peu pacifiques contre-manifestants.

Pendant ce temps là, les gendarmes, qui n’étaient que trois dans une camionnette vers 19 heures, puis cinq au début de la veillée, regardaient sans intervenir. Puis un renfort terrifiant de… sept gardes-mobiles est arrivé avec une heure de retard. Il y a pourtant des régiments de GM cantonnés autour de la ZAD, claironnait Ayrault en hiver. A croire qu’ils faisaient tous un méchoui quelque part dans le bocage breton. « On a un peu l’impression qu’on nous a laissé nous faire tabasser » explique Gauthier, « alors qu’on est en lien tous les jours avec le SDIG concernant les deux contre-manifs de Nantes [le 28 aout] et de Couëron » dont ils connaissaient l’existence. Les couëronnais sont sortis pour s’interposer calmement entre les veilleurs et les contre-manifestants déchaînés, tandis que les forces de gendarmerie finissaient par se décider à faire leur devoir. Pour ce soir, Cours des 50 Otages, les veilleurs ne changent rien, bien que les mêmes zadistes ont prévu de venir les empêcher une fois de plus de veiller et de réfléchir… en paix : « s’il faut qu’on fasse la veillée dans les mêmes conditions que hier, on la fera. C’est à la police de faire son travail, nous on pense que la place publique est à tout le monde ».

Climat délétère sur Nantes après une série de profanations anticatholiques

8 Juin

Les antifascistes et militants d’extrême-gauche nantais n’entendent pas laisser impunie la mort de Clément Méric, leur jeune camarade de lutte brestois, monté à Paris pour faire ses études et tué le jeudi 6 juin lors d’une bagarre avec des membres du groupe d’extrême-droite « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires » (JNR) en marge d’une vente privée de vêtements d’une marque anglaise affectionnée par les deux extrêmes.

Cathédrale de Nantes

Cathédrale de Nantes

Cependant, bien que Troisième Voie n’est pas spécialement un groupe qui réunisse beaucoup de catholiques, les membres de l’extrême-gauche nantaise – qui n’ont pas un membre des JNR à se mettre sous la dent mais qui sont dans une grande métropole catholique, et l’une des rares villes de France à avoir plus de 100 édifices religieux de culte catholique – ont décidé de s’attaquer à la Foi. Une série de déprédations ont été commises qui ont engendré indignation et colère, et qui font peser un climat très lourd sur la capitale de Bretagne.

L’impudence de ceux qui ont commis ces actes est renforcée par le fait – très dérangeant pour ceux qui croient encore à une possibilité de justice et de procès équitable en France – que le gouvernement a déjà fait le procès avant la justice. Il a engagé la dissolution des JNR du groupe où militaient les cinq personnes impliquées dans la bagarre où le jeune antifa a trouvé la mort ; le ministère de l’Intérieur a beau justifier cette dissolution par des « éléments antérieurs » à la bagarre, elle n’intervient que dans un contexte très politique. On peut difficilement croire qu’avec le renseignement intérieur, le gouvernement ignorait que Troisième Voie tendait vers un « groupe de combat » et donc à tomber sous le coup de la loi du 10 janvier 1936 interdisant les milices privées. De plus « comme d’habitude » pour tous les sujets où le gouvernement veut propulser sa politique en ignorant les oppositions – aéroport de Notre-Dame des Landes, ZAD du Morvan et d’Avignon, Mariage pour Tous, Printemps Français etc. – les médias ont fait des événements une couverture à sens unique tendant à rejeter toute la faute de la mort de l’antifa breton sur les membres des JNR.

Cependant des éléments contradictoires se sont faits jour, déterrés par des journalistes indépendants ou des sites de réinformation proches des milieux catholiques. Ainsi, Clément Méric a été clairement mis en cause  dans des attaques envers une des Manif pour Tous, celle du 17 avril. Fikmonskov, blogueur normand proche du Printemps Français, explique dans un article très fourni  l’implication de l’antifa breton dans des attaques envers la Manif pour Tous et apporte des témoignages selon lesquels ce serait le groupe de militants d’extrême-gauche dans lequel était Méric qui n’a cessé de provoquer les jeunes de Troisième Voie, jusqu’à ce que tout dégénère en bagarre.

A l’appel de Sud Solidaires ou des antifas, près de 15 000 personnes ont défilé en France pour commémorer la mort de leur camarade. A Nantes cependant, le premier rassemblement vendredi s’est achevé par la dégradation de la vitrine de la librairie catholique Dobrée, comme le montrent les photos sur le site de Contreinfo.com. Le soir même, un membre du Renouveau Français – un mouvement de droite nationale et catholique – qui était venu nettoyer la vitrine a été arrêté par les forces de l’ordre et retenu quatre heures. Une arrestation arbitraire, une de plus.

info librePlus grave, dans la nuit de vendredi à samedi, des inconnus ont fracturé des portes au bas de la Cathédrale et se sont livrés à diverses dégradations dans le chœur. Des inscriptions d’influences diverses (666, de caractère nazi, un buste de Femen et des petits bonhommes) pour brouiller les pistes ont été faites dans le chœur, défiguré. Deux autels ont été aussi tagués. La cathédrale sera fermée aux visites pendant plusieurs jours, le montant des dégâts reste à évaluer. Le pouvoir a cette fois – avec moins de mollesse que d’ordinaire – condamné cette profanation qui intervient alors que la veille les abords et l’entrée de la cathédrale de Limoges ont été recouverts d’inscriptions anticléricales et antifascistes assimilant notamment le droit canonique à la charia.

Cet après-midi, pour éviter de nouvelles dégradations à l’encontre de la librairie Dobrée, une trentaine de militants nationalistes – jeunes du Renouveau Français, royalistes, identitaires, catholiques militants – se sont rassemblés devant la boutique alors qu’un nouveau rassemblement de l’extrême-gauche avait lieu ailleurs dans Nantes. Rien ne permet d’affirmer que ces dégradations récentes – qui suscitent la colère et l’indignation des nantais – seront les dernières. Les antifascistes et l’extrême-gauche ont trouvé comme slogan et justificatif à leurs déprédations « ni oubli, ni pardon ». Et nombreux sont sur leurs réseaux ainsi que sur leurs Twitter et Facebook les appels haineux à s’en prendre aux catholiques ou aux personnes supposées être d’extrême-droite. Les tondues de la Libération ne sont plus très loin. Cette hystérie de certains militants de gauche, renforcée par l’effet de foule et l’émulation entre villes ou groupuscules ne peut qu’amener une réponse comparable, voire plus agressive, de leurs adversaires politiques et religieux et finalement engendrer un cercle de violence et de peur qui pèse déjà sur Nantes.

Il n’en reste pas moins étonnant de constater combien, depuis l’accession de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault au pouvoir, les Bretons sont de toutes les luttes, combien Nantes se retrouve au cœur des événements ou devient le théâtre de faits divers graves qui interpellent le pays tout entier, des chômeurs immolés aux pères sur leurs grues. Comme s’ils étaient fatigués de la crise perpétuelle – elle dure déjà depuis 2007, sans espoir de rémission – et de la bêtise de l’Etat qui leur tombe dessus sans relâche (impôts, gaz de schiste, aéroport de Notre-Dame des Landes). Comme s’ils en avaient marre que pour bien d’entre eux, le gouvernement piétine leurs convictions religieuses et morales profondes parce qu’il s’est inféodé à des lobbys minoritaires et déconnectés des réalités matérielles du peuple. Comme si ce peuple éveillé à l’injustice et à la lutte, plus connecté que la majeure partie des français, plus ouvert au monde, mais aussi bien plus critique envers ses médias et le gouvernement, n’avait plus aucune envie d’être raisonnable, tant le ras-le-bol est palpable.

Alors le Printemps Français devient certes un réveil Breton, comme nous l’expliquons en détail par ailleurs, mais surtout, il exacerbe les clivages et les cassures d’un peuple bien plus investi dans la vie publique ou commune que le reste des Français. Jusqu’à ce que l’hystérie de certains – pour pleurer leurs morts ou leur lobby – devienne la démesure collective, et que l’on retrouve dans la chronique des événements quotidiens ce grain de folie qui avait germé à Paris, dans Grenoble et le Sud de la France en 1788, et s’était étendu, au gré des ventres vides, en discours et en émeutes, avec la suite que nous connaissons tous. Nantes ou Rennes pourraient-elles être le berceau d’une crise ou d’une évolution majeure ? L’avenir nous le dira, mais la folie est déjà sur ces villes.