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Manif pour Tous du 2 février 2014 (photos)

2 Fév

Veillée dans le calme pour la marche des Veilleurs hier à Nantes

29 Août
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Photo des veilleurs nantais (FB)

Malgré la présence d’une petite centaine de militants d’extrême-gauche à la fois pro-ZAD et pro-LGBT, les violences qu’une trentaine d’entre eux ont exercé sur les Veilleurs à Couëron le 27 août ne se sont pas reproduites. Ces violences, dont nous livrons le récit, ont ému nombre de Bretons et d’opposants à l’aéroport, qui se demandent si de telles méthodes inqualifiables ne risquent pas de discréditer toute la lutte anti-aéroport, un mouvement qui se veut avant tout pacifique, démocratique et ouvert au dialogue.

Une quarantaine de CRS tenaient les militants d’extrême-gauche à l’écart de près de 400 veilleurs (200 d’après la police) qui ont ainsi pu veiller en paix devant l’ancienne chambre des Comptes de Bretagne, qui est maintenant la Préfecture. Comme prévu, les veilleurs marcheurs, qui étaient une vingtaine hier à Couëron, ont été rejoints à Nantes par un grand nombre de personnes, qui ont participé ensemble à une veillée sur le thème de l’écologie. Le philosophe Olivier Rey y a, entre autres, pris la parole. Gaultier Bès, de la marche des veilleurs, nous précise que « beaucoup de gens découvraient les veilleurs, et de nombreux badauds se sont arrêtés comme chaque soir pour écouter les textes et les prises de parole libres, malgré la poignée de fanatiques qui prétendaient museler notre liberté d’expression démocratique. »

Photo des veilleurs nantais

Photo des veilleurs nantais

Désormais, la marche des Veilleurs fait un bond en avant vers Paris : elle sera à Sartrouville ce soir, à Bondy demain et à Paris samedi. La préfecture s’est déjà opposée  à leur marche parisienne, prétextant qu’elle n’a pas fait l’objet d’une déclaration. Les veilleurs ont répondu que ce n’était pas une manifestation et qu’ils n’avaient pas besoin d’une autorisation pour lire des textes et se réunir dans la rue.

BreizhJournal a rencontré la marche des Veilleurs à Couëron

28 Août
La marche des Veilleurs au bivouac

La marche des Veilleurs au bivouac

19h10. Après avoir ratissé Couëron en tous sens, y compris jusque la halle Tréfimétaux où devaient être les veilleurs depuis deux bonnes heures, les voilà enfin qui débouchent dans le centre-ville. C’est donc à l’ombre d’un bar accolé à une boulangerie, un peu au-dessus de  l’église, que nous rencontrons la marche des Veilleurs. Vingt-cinq marcheurs de tous âges, d’une jeune enfant de dix-huit mois à un gars de soixante ans, qui conduit aussi la voiture porte-sacs et ambulances du groupe.

Une partie d’entre eux marchent depuis Rochefort. Sans vraiment rencontrer de réactions hostiles. Marianne, qui a rejoint la marche à Pornic, note beaucoup d’indifférents. « Des gens qui nous prennent pour des doux rêveurs parce qu’on veut redonner la parole aux citoyens. Ce qui en dit long sur l’état de démocratie du pays ». Des sourires aussi, des mains tendues. Spontanément, des gens qui mettent à disposition leurs logements, ou un repas, sur le passage de la marche. La bonté et le sens de l’accueil des Bretons ne sont pas qu’un cliché pour guide touristique bon marché.

Chaque soir, la marche s’arrête dans une ville, pour bivouaquer et veiller en lisant, chantant, discutant et réfléchissant sur un thème donné, par exemple l’éthique et la loi à Couëron ou l’écologie à Nantes. Une veillée se prépare, explique Marianne. « Nous choisissons chaque soir un chef d’orchestre différent, qui établit une trame, choisit les textes qui doivent permettre une progression de la réflexion. Et après chacun intervient en fonction de ses compétences. On a une personne qui chante bien, moi, j’ai une formation philosophique donc je fais les distinctions entre notions, et ainsi de suite ». Le but ? Réfléchir en toute ouverture d’esprit, en collégialité et de façon horizontale. Contrairement aux apparences,  y a une réelle filiation entre les Indignés et les Veilleurs, et deux des membres du groupe de la Marche des Veilleurs viennent de l’extrême-gauche, des milieux alternatifs et des Indignés.

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Préparation studieuse d’une veillée

A Lyon, les veilleurs avaient ainsi donné la parole à un SDF, à une fille des Indignés ou même à des lesbiennes, pour qu’ils fassent connaître leurs point de vue et leurs conditions de vie et de lutte. Les Veilleurs, qui se sont lancés depuis cinq mois, ont réussi à essaimer dans deux cent villes françaises malgré un quasi-total silence médiatique. Le succès d’un mouvement jeune – mais qui associe tous les âges –, pacifique et réfléchi. « Nous sommes ouverts à toute personne qui vient pour dialoguer », explique l’une des marcheuses. C’est pourquoi les veilleurs regrettent de n’avoir pu aller dans la ZAD. Sans doute, l’hostilité nette d’une minorité de zadistes qui font aussi le coup de poing pour le compte des LGBT et des antifas était un argument suffisant pour que par prudence, tout le monde y refuse la présence des veilleurs.

Les Veilleurs n’ont pas abandonné leur idée de réfléchir sur l’écologie, à Nantes. Le cœur de la capitale bretonne est distant de 22 kilomètres de l’emplacement de l’ex-future aérogare, aux Domaines, à Notre-Dame des Landes. D’autant plus que « le gouvernement a tout abandonné », explique Marianne. « Sauf trois projets phares : le TGV Lyon-Turin, l’aéroport de Notre-Dame des Landes et la loi Taubira ». Qui ont entre eux un autre lien que d’être insufflés par l’équipe d’Ayrault. « On ne peut décemment s’opposer à la manipulation des végétaux et être favorable à celle des embryons et des cellules humaines », poursuit-elle, fustigeant l’incohérence idéologique de certaines personnes d’extrême-gauche qui arrivent à être pour la PMA et contre les OGM.

Finalement, ce soir, les veilleurs se sont installés devant la mairie, l’emplacement initial, devant la grande halle de l’ex-Tréfimétaux, étant encombré par des barrières de chantier. La commune, qui a fini par surmonter la disparition en 1988 de son entreprise phare, dont une grande partie de l’emprise est encore occupée par des entreprises, achève la transformation de plusieurs bâtiments historiques en médiathèque.

Et c’est sur cette place que les Veilleurs ont été littéralement attaqués par une délégation de militants d’extrême-gauche qui se réclamaient à la fois de la ZAD et de LGBT. Une vraie milice qui n’a pas hésité à charger dans le tas, nécessitant l’arrivée de renforts de gendarmerie vers 21h30, qui ont permis la poursuite et l’achèvement de la veillée. Demain soir, les Veilleurs seront à Nantes, devant la Préfecture, Cours des 50 otages. Un communiqué sur un site où s’expriment les militants d’extrême-gauche annonce un rassemblement de protestation (20h au Bouffay) contre cette « veillée puante » organisée par un « mouvement homo/lesbophobe […]  qui continue à propager une idéologie dangereuse » afin de « ne pas leur laisser l’espace ». Pas de doute, les signataires de cet appel se placent vraiment dans le camp de la réflexion, de l’ouverture d’esprit et de la tolérance. Ou pas ?

 

Les Veilleurs dénoncent une attaque violente et démente

BreizhJournal a pu joindre les veilleurs attaqués, qui marchent actuellement d’un bon pas dans la Basse-Loire vers Nantes. Gauthier nous explique la scène de violence de la veille : « le but de ces militants, qui sont venus avec un tracteur John Deere tout neuf qui portait des baffles, était de nous interdire de prendre la parole sur la place publique. Une fois qu’ils l’ont ordonné par la parole, ils se sont mis à la violence. Nous avons essayé d’engager le dialogue avec eux ». Peine perdue, « les rares moments où un semblant de dialogue s’instaurait, c’était immédiatement de l’insulte, du ‘‘ta gueule sale homophobe’’, bref, une violence étrange ». Pourquoi étrange ? « Parce qu’il est curieux que pour des gens qui se disent anarchistes, ils nous traitent d’homophobes et de délinquants, donc se placent du côté de la la loi et du gouvernement – qui pourtant construit l’aéroport auquel ils s’opposent – et demandent ( !) à la gendarmerie de nous évacuer de la place ».

Les veilleurs dénoncent donc une attaque « démente et très violente », au cours de laquelle « un zadiste a fait tomber une baffle sur un veilleur », heureusement sans dommage. « Lorsque je suis intervenu pour le calmer », continue Gauthier, « j’ai pris des coups au visage. A un moment, il y avait cinq contre-manifestants qui tombaient à bras raccourcis sur Axel », le cofondateur des Veilleurs, qui est dans le groupe. « Il y a eu un IPhone brisé en morceaux, des lunettes arrachées et piétinées avec rage, du grand n’importe quoi ». Bref, les Veilleurs se sont faits tabasser en règle, sans rendre les coups que leurs donnaient ces bien peu pacifiques contre-manifestants.

Pendant ce temps là, les gendarmes, qui n’étaient que trois dans une camionnette vers 19 heures, puis cinq au début de la veillée, regardaient sans intervenir. Puis un renfort terrifiant de… sept gardes-mobiles est arrivé avec une heure de retard. Il y a pourtant des régiments de GM cantonnés autour de la ZAD, claironnait Ayrault en hiver. A croire qu’ils faisaient tous un méchoui quelque part dans le bocage breton. « On a un peu l’impression qu’on nous a laissé nous faire tabasser » explique Gauthier, « alors qu’on est en lien tous les jours avec le SDIG concernant les deux contre-manifs de Nantes [le 28 aout] et de Couëron » dont ils connaissaient l’existence. Les couëronnais sont sortis pour s’interposer calmement entre les veilleurs et les contre-manifestants déchaînés, tandis que les forces de gendarmerie finissaient par se décider à faire leur devoir. Pour ce soir, Cours des 50 Otages, les veilleurs ne changent rien, bien que les mêmes zadistes ont prévu de venir les empêcher une fois de plus de veiller et de réfléchir… en paix : « s’il faut qu’on fasse la veillée dans les mêmes conditions que hier, on la fera. C’est à la police de faire son travail, nous on pense que la place publique est à tout le monde ».

150 personnes manifestent deux fois dans la journée du 26 juin contre le mariage pour tous à Nantes

28 Juin

NS-2013-6-26Le mouvement contre le mariage gay et la société vers laquelle il conduit (homoparentalité, PMA, GPA…) ne s’essouffle pas dans la capitale bretonne. Ainsi, 150 personnes environ ont accueilli Vincent Peillon devant la Cité des Congrès entre 14 et 15h, puis se sont retrouvées le soir pour manifester devant le monument aux martyrs nantais, au bout du cours des 50 otages près de la Préfecture.

Une quinzaine d’antifas étaient venus lors de la manifestation du soir, qui était vouée au soutien de Nicolas Busse et du maire de Mésanger (qui refuse de marier des couples homosexuels), et étaient tenus à l’écart des manifestants par un dispositif policier peu important. Il ne s’est guère étoffé que, lorsque vers 21h 15, les manifestants ont voulu aller derrière la Préfecture en criant des slogans contre la dictature socialiste et qu’ils se sont fait arrêter par la police municipale guidée par les agents de la DCRI. Dans les prochains jours, trois autres ministres venant à Nantes  doivent être accueillis par les manifestants qui se préparent ainsi à un « marathon de manifestation » qui devrait les mettre en train pour l’été.

Les Croquants en représentation.

Les Croquants en représentation.

A partir de 20h30, les représentants des mères veilleuses, puis de la LMPT44 ont pris la parole pour présenter les activités de l’été (Tour et Plage pour tous). Puis les Croquants nantais sont entrés en scène, en affichant une banderole pour Nicolas Busse – le jeune activiste anti-mariage gay condamné à deux mois ferme d’emprisonnement pour sa participation à un rassemblement interdit par les autorités – et en se livrant à une petite pièce de théâtre, avec l’un d’eux déguisé en bagnard, un autre en avocat, et ainsi de suite. La soirée s’est prolongée avec les Veilleurs Nantais. Aucun débordement n’a été à signaler.

Béatrice Bourges explique le Printemps Français à Orléans

14 Juin

Tout Breton qu’il est, BreizhJournal a ses attaches au cœur de la France, et c’est donc en terre connue à Orléans que votre dévoué serviteur assistait à la conférence de Mme Bourges, égérie du Printemps Français – ce grand mouvement de contestation anti-pouvoir et contre la société libérale et libertaire issue de la loi Taubira qui est né de la Manif pour Tous, et notamment de la conquête des Champs le 24 mars. Voici le compte-rendu des idées-forces de cette conférence. Nous privilégierons la chronologie ; à la fin, des questions étaient posées par les auditeurs. Près de deux cent personnes ont assisté dans une salle Laurentia blindée à la conférence, de 20h30 à 23h30. Adélaïde Pouchol rythmait la rencontre par des questions posées à Béatrice Bourges.

Une salle comble

Une salle comble

La première question qui lui a été logiquement posée, c’est de faire le bilan de « huit mois de lutte pied à pied dans le gaz lacrymogène et la joie ». Béatrice Bourges a dit qu’elle n’était pas étonnée de l’issue – c’est-à-dire du fait que le gouvernement ait tenu bon. Engagée depuis huit ans dans la défense de la famille, elle a vu le coup venir encore l’an dernier lorsque Luc Châtel, ministre de Sarkozy, a essayé d’introduire la théorie du gender en SVT au lycée. Seulement pour elle, le bilan est somme toute positif : « les masques sont tombés, et en même temps, nous nous levons, nous nous organisons, nous sommes fiers et enfin nous osons l’ouvrir. » La France bien élevée, la France qui paie ses impôts, la France qui ne dit jamais – ou quasi – de gros mots, ce peuple silencieux et résigné s’est tout à coup levé, comme ce père de famille qui s’est trouvé en première ligne le 26 mai. Pourquoi ? Parce que « ce qui est en train de se passer [la loi Taubira et son monde] est tellement énorme que notre civilisation est en danger de mort. Je n’hésite pas à dire que nous sommes dans une guerre de civilisation, et donc il n’y a pas de répit ».

Une guerre portée par des jeunes dont l’imagination créative et non-violente n’a pas de limites ; une guerre surtout que Béatrice Bourges a « la certitude inébranlable de gagner. Valls n’en dort plus la nuit, c’est très bien, il faut continuer à l’empêcher de dormir. Nous tenons le bon bout, nous allons gagner ». C’est pourquoi chacun doit continuer à harceler le pouvoir, pendant l’été, puis à la rentrée qui sera chaude – pour le budget et la théorie du gender. D’ici là, chacun a l’intention de participer à l’Histoire en marche. Depuis la conquête des Champs le 24 mars, une flamme de résistance nouvelle s’est allumée ; chacun de ceux qui ont résisté et participé à la guerre pourra dire « j’y étais, j’ai participé au renversement de l’Histoire, j’ai défendu ma civilisation ».

Béatrice Bourges et Adélaïde Pochol (de g à d)

Béatrice Bourges et Adélaïde Pochol (de g à d)

Laquelle ? Une civilisation qui avant tout se recompose avant tout autour de valeurs, entraînant la redéfinition du paysage politique autour de deux blocs : d’un côté les partisans d’une société où l’Homme soit au centre – mais ait des limites imposées par le Créateur ou un Etre Suprême, de quelque nature qu’il soit ; de l’autre les libéraux libertaires, favorables à la dérégulation totale des acquis sociaux et historiques ainsi qu’à l’asservissement de l’humain à sa fiction, bref, au moyen le plus rapide de parvenir à la dictature. D’un côté les défenseurs de la nature, de l’autre ceux de l’homo novus qui se suffirait à lui-même, gouverné par la tyrannie d’une raison légaliste, et par conséquent déconnecté de la réalité. Cette recomposition radicale aura raison selon Béatrice Bourges, des partis où sont présents les deux opinions – comme l’UMP et le FN. Philippe Lecoq, leader du FN orléanais assistait à la conférence, s’est quelque peu étranglé mais n’a pipé mot « afin de ne pas transformer la conf’ en réunion politique ». Cependant, la politique entre deux chaises du FN – ou plutôt, depuis la placardisation ou l’exclusion des partisans de Gollnisch, du Rassemblement Bleu Marine – laisse quelque peu mal à l’aise y compris dans ses propres rangs.

Interrogée sur les moyens de la résistance, Béatrice Bourges a appelé à une « résistance non-violente, contestataire et transgressive ». Fustigeant « l’inversion totale des valeurs » d’un gouvernement qui appelle violente une résistance pacifique et passe sous silence la violence d’une partie de ses forces de l’ordre (lire ici ), elle rappelle que la résistance est légitime : « ce sont eux qui transgressent la loi naturelle et mettent en place une loi illégitime qui ne doit pas être appliquée. On a le droit de s’opposer » Et même le devoir « la résistance n’est pas une option, c’est un devoir pour les générations futures. » Et plus le pouvoir et ses affidés – extrême-gauche, activistes LGBT, Femen – sont violents, « plus sereins et non-violents nous devons être, car c’est ainsi qu’on va gagner ». Le caractère bourgeonnant du Printemps Français, avec ses divers mouvements – Génération Garde à vue (Lille), Enfants des Terreaux (Lyon), Antigones, Prisonniers politiques, Hommen…  est pour Béatrice Bourges une force irrésistible, qui rend le gouvernement éperdu face à « ces champignons qui sortent de partout ». Se fondant sur la doctrine sociale de l’Eglise, elle appelle sur le plus long terme les catholiques à s’engager dans les milieux associatifs, syndicaux : « les LGBT ont gagné parce qu’ils se sont infiltrés partout, nous on doit faire de même, et en attendant le gouvernement doit s’habituer à nous voir partout ».

Le Printemps Français, en schéma, c'est simple.

Le Printemps Français, en schéma, c’est simple.

Ni femme providentielle, ni solution politique miraculeuse, Béatrice Bourges privilégie – comme elle nous l’avait confié sur BreizhJournal  au lendemain du 26 mai – la continuation de la résistance individuelle, par « chacun là où il se trouve ». Pour l’heure, l’urgence est « de tracer le sillon ; c’est le sillon des convictions, c’est le sillon des formations, c’est le sillon de la pédagogie dans une France disloquée par les communautarismes ». Au-delà, Mme Bourges qui avoue avoir « la France dans les tripes » appelle à « changer de système », et déclare qu’en ce qui la concerne, elle « refuse d’alimenter le système de Châtel » et donc de suivre la tentative de récupération politique de la Manif pour Tous par l’UMP – ou d’autres.

Revenant sur certaines réactions de spectateurs outragés que les Hommen aient perturbé la finale de Roland-Garros, attirant sur eux l’attention des médias internationaux, notamment de la BBC et de The Independant, Mme Bourges pointe là encore l’inversion et la déperdition des valeurs : « ce sont les mêmes qui n’ont rien trouvé à redire lorsque les Femen ont profané Notre-Dame », si bien que l’on peut se poser la question de savoir ce qui est vraiment sacré pour eux : Roland-Garros ou la cathédrale de Paris ? Le Printemps Français vise, lui, à retrouver ces valeurs, et surtout, à trancher avec la pratique d’une génération sacrifiée qui a mis au rebut, avec et après 68, ses liens sociaux et les communautés traditionnelles qui la liaient, jusqu’à se retrouver libre, mais sans filet et de fait plus asservie. Caractère apolitique, transversalité et transmission intergénérationnelle sont les trois piliers du Printemps Français : pour les représenter, Béatrice esquisse une croix que nous représentons ci-contre. La conférence s’achève, laissant place à des questions et propositions diverses, en bon ordre.

(BreizhJournal) Comment faire pour porter le Printemps Français en province et en Loire-Atlantique, en profitant des vacances ? Béatrice Bourges reconnaît que l’été offre l’occasion d’un immense brassage, et lance l’idée d’un signe de reconnaissance – à inventer – pour que les tenants du Printemps se reconnaissent entre eux sur leurs lieux de vacance, ou entre vacanciers et autochtones, et montent des actions dans la chaleur de l’été, notamment en direction des lieux de vacance des dirigeants ou des tenants du gender, dont une partie vient se reposer dans les cinq départements Bretons ; dans la salle germe l’idée de flashmobs sur les plages. Ajoutons à cela que le Tour de France vient en Bretagne entre le 8 et le 11 juillet, avec une étape au départ de Saint-Gildas des Bois. Pendant la Révolution, les patriotes avaient adopté la cocarde tricolore et les chouans ou les royalistes la cocarde blanche. Trouvera-t-elle un renouveau en 2013 à l’occasion de ce Printemps Français qui prend, dans une Haute-Bretagne surchauffée, l’aspect d’une nouvelle et salutaire chouannerie ? L’avenir nous le dira.

Libéralisme à rebours. Un intervenant qui mentionne la doctrine sociale de l’Eglise constate qu’il est « amusant de constater que les socialistes veulent s’opposer au libéralisme économique et sont libéraux en matière de société dont ils déstructurent l’organisation ». Enfin, ce serait amusant si ce n’était pas si grave.

Hommen, Dolmen… et donc Amen. Une orléanaise d’une paroisse de la ville propose de créer pour les « jeunes et moins jeunes qui ne pourraient pas manifester » le mouvement des Amen, « A comme adoration » qui consacrerait un temps d’adoration quotidienne au Salut de la France et de ceux qui résistent pour elle. Pour rappel les Hommen sont l’antidote aux Femen, et les Dolmen sont les hommes trop corpulents ou qui n’ont pas d’abdominaux aussi bien moulés que les précédents. Ces derniers ont d’ailleurs été cordialement invités par plusieurs participants à venir s’aligner à Carnac.

Vu de Pologne. Une intervenante franco-polonaise, chaudement applaudie à plusieurs reprises, tient à exposer la situation en Pologne, dominée par un « gouvernement libéral-libertaire » qui, non content de brader les ressources naturelles aux majors occidentales qui exploitent le gaz de schiste, engage le pays dans la marche forcée vers le gender – inclus dans une réforme fourre-tout de l’Education – et le mariage gay. Fait aggravant, explique la dame, « la Pologne a rejoint l’Europe en 2004 et l’on a largement expliqué aux Polonais qu’ils étaient périmés, catholiques, réacs, et que les Occidentaux savaient mieux ce qu’il fallait faire à leur place ». Bref, la Pologne, qui s’achemine vers une éducation sexuelle précoce à l’allemande – avec propagande de la contraception et du gender dès six ans, suit avec grande attention les événements français, d’autant plus que le pays soumis à la rigueur et aux diktats des compagnies étrangères d’extraction de gaz de schiste est prêt à exploser.

Et l’argent ? Béatrice Bourges annonce qu’un fond de dotation a été créé pour soutenir les vingt-cinq avocats groupés dans le Collectif des avocats contre la répression policière  qui se relaient nuit et jour – enfin, surtout la nuit – pour assister et défendre les militants du Printemps Français mis en garde à vue ou jugés. Ils les assistent gratuitement mais sont guettés par l’épuisement et les frais structurels. Pour aider, l’on peut donc faire un chèque à l’association « Les quatre saisons », au 13 boulevard Masséna à Paris.

26 mai : un père tranquille en première ligne

10 Juin

La manifestation pour tous du 26 mai s’est achevée par des heurts sur la place des Invalides  entre manifestants, policiers en civil chargés de provoquer les forces de l’ordre et forces de l’ordre (CRS et gendarmes mobiles). Nous avons retrouvé un manifestant qui était au cœur des affrontements. Il met en cause le rôle des policiers en civil et en explicite l’utilité pour le pouvoir de François Hollande qui ne recule devant aucun moyen pour discréditer les manifestations contre le projet de loi Taubira.

Louis d’Yvoz nous raconte sa soirée du 26 mai, nous livrons son témoignage in extenso. Les notes signalées ainsi [1] sont de nous, tout comme les photos de l’article. Pour plus de précisions : lire aussi notre récit de la manifestation et consulter le photo-reportage de Fikmonskov sur son blog.

 

 

Le 26 mai, des CRS et des policiers en civil au beau milieu des manifestants, vers 21h

Le 26 mai, des CRS et des policiers en civil au beau milieu des manifestants, vers 21h

« Je suis arrivé à 17 heures à la manifestation à Austerlitz, j’ai pris le métro pour retrouver des amis à la Motte Picquet, je les ai rejoints place Vauban, face à l’église des Invalides. Je suis venu pour exprimer mon désaccord avec la loi Taubira et la vision de la société qu’elle emporte (PMA, GPA…) ainsi que pour réclamer son abrogation. Cependant, j’étais dans l’esprit de quelqu’un de déterminé à manifester son désaccord, y compris par la violence s’il y est contraint.

L’étincelle qui alluma le feu fut l’attitude provocatrice des policiers en civil. Il y en avait de trois sortes. Des gens habillés de couleurs sombres avec casques de motard et matraques. D’autres d’apparence très patibulaire – avec oreillettes et brassard police – qui servaient à isoler et exfiltrer les manifestants les plus dangereux. Et enfin des policiers lookés, avec T-shirts et sweats arborant des runes, des marteaux de Thor, et autres insignes ou marques privilégiées par les jeunes d’extrême-droite. Ces derniers ont passé toute leur après-midi à discuter avec le service d’ordre de la manif à l’angle des rues de Constantine et de l’Université [1].

J’ignore comment les choses ont commencé. Cependant, dès après le début des affrontements, ces policiers lookés ont disparu et ont laissé le champ libre à leurs collègues en uniforme ou en civil. Vers 19h, 19h30, des mouvements de foule se font sur l’esplanade. Des pétards, des fumigènes sont lancés. Nous entendons vers 20h15 que des veilleurs ont été empêchés d’accéder à l’esplanade.

Voilà un CRS en civil, tenant son casque à la main, et baissant la tête dès qu'il a vu l'appareil. Il vient d'y avoir une charge au gaz.

Voilà un CRS en civil, tenant son casque à la main, et baissant la tête dès qu’il a vu l’appareil. Il vient d’y avoir une charge au gaz.

Une trentaine de CRS en civil casqués s’avance vers 21 heures et rentre au cœur de la manifestation pour essayer d’exfiltrer et d’arrêter une dizaine de manifestants. Ils les matraquent au sol [2]. Une contre-offensive spontanée se fait dans la foule : l’on ramasse des grilles qui protégeaient la sono du rassemblement et nous nous retrouvons à trois à nous saisir d’une grille et à ‘en servir comme bouclier pour charger les forces de l’ordre. Le but ? Repousser les CRS – qui eux sont armés, casqués et bien protégés – et les faire lâcher leurs proies dont plusieurs mineurs. On a fait reculer les CRS. Lorsque je suis arrivé au contact, l’un d’eux m’a gazé à bout portant, pendant cinq à six secondes. C’est terriblement long, quand on se fait gazer à bout portant.

Je suis asthmatique, je ne pouvais plus respirer, j’étais aveuglé. D’autres manifestants m’ont – tout aussi spontanément – ramené en arrière et aspergé de sérum physiologique. Après quoi j’ai participé à une dizaine de charges, dont la plupart ont fait long feu. Durant l’une d’elle, j’ai pris un projectile de flashball dans la cuisse. Je m’étonne de ne pas avoir été arrêté. J’avais un train à prendre, aussi suis-je parti avant le grand coup de filet [3]. Ma sortie a en fait été très étrange, puisque je suis parti par la rue de Grenelle en saluant les CRS, en leur lançant ‘‘ce n’est pas contre vous’’, et je les ai entendu répondre avec un air résigné et fataliste ‘‘on le sait bien, et nous non plus’’.

Je n’ai pas une apparence physique de costaud. Rien ne me prédestine à aller en première ligne, ni mon physique, ni mon statut social, ni mes responsabilités. Je suis un père tranquille. J’ai trois enfants. Je suis marié, et patron d’une PME. Oui, j’ai une certaine idée de la France. Je suis prêt à perdre tout ce que j’ai pour cette idée, c’est un certain esprit de sacrifice. Je ne suis pas d’extrême-droite, ni militant. La personne qui résume le mieux mon état d’esprit c’est Renaud Camus, ce philosophe de gauche qui défend une certaine idée de la France, celle du savoir-vivre, de l’échange, de l’ouverture sur le monde extérieur. Je suis assez modéré.

Sur la place des Invalides, vers 21h30

Sur l’esplanade des Invalides, vers 21h30

Oui, je pense être dans la majorité silencieuse. Car je suis la France qui se tait, que l’on méprise, dont on bafoue les valeurs, dont on moque les croyances, la France qui paie ses impôts, la France qui tient la porte dans le métro, la France qui ne répond jamais quand on l’insulte. J’ai été ému par les jeunes. Ces jeunes qui ressemblent à ce que seront mes enfants. Emu par leur jeunesse, leur pacifisme, leur sens du sacrifice. Leur détermination m’a fait prendre conscience de ce que je devais faire. Ma réaction a été instinctive. Quand j’ai vu les policiers en civil matraquer ces jeunes même à terre, mon sang n’a fait qu’un tour. Tous ces gens avec lesquels peut-être je n’aurai jamais frayé sont instantanément devenus des frères d’arme, et j’ai été avec eux de toutes les charges.

Ais-je peur de me faire arrêter ? Oui et non. J’ai une famille. J’ai quinze salariés et des clients et je serai très ennuyé s’ils m’identifient. Cependant la noblesse de ce combat vaut largement tous ces risques. Recommencer ? Oui, je n’hésiterai pas. Cette France anonyme que piétine le gouvernement – cette France anonyme, polie et modérée dont je suis – doit maintenant se lever pour montrer au gouvernement qui l’ignore ostensiblement qu’elle existe. Avant tout, je veux dire qu’il y a des gens qui ne sont pas militants, qui n’ont pas d’étiquette politique, qui ont des responsabilités etc. Tout est affaire de responsabilité, de courage et d’amour pour son pays. »

 

 

Notes

 

[1] Précisément là où les troubles ont commencé à partir de 19h30-20h, des jeunes essayant de forcer le barrage policier important établi sur la rue de l’Université, et barrant l’accès à l’Assemblée.

[2] Après la manifestation, les nombreuses photos et vidéos des manifestants – dont une partie a été postée sur les sites d’information et les blogs catholiques (la Table Ronde, le Rouge et le Noir, le salon Beige…) ont montré de nombreux cas de violences policières, ou d’actes délictueux (jets de bouteille, agressions), perpétrés par les policiers – essentiellement des agent en civil ou ces CRS en civil porteurs d’un casque et d’une matraque télescopique. Ainsi sur le Salon Beige, peut-on lire un témoignage d’un manifestant qui a vu des policiers en civil frapper violemment un caméraman ; une vidéo montre des policiers en tenue jetant des bouteilles sur les manifestants ; une autre des policiers en civil qui gazent allégrement des manifestants  avant de rejoindre leurs collègues en tenue ; les photos sur la Table Ronde sont aussi très éloquentes  et montrent notamment un CRS assénant un coup de casque à un manifestant. Enfin un récit publié sur le Rouge et le Noir prouve comment un groupe de policiers en civil a tenté de provoquer un affrontement  entre la manifestation et les forces de l’ordre.

[3] Vers 23h30-minuit, les forces de l’ordre ont encerclé la place et arrêté une grande partie des jeunes qui y étaient encore, pour le simple fait d’y être. Trois cent personnes ont été interpellées, portant à 350 le nombre d’interpellés du 24 au 26 mai. Sur ces personnes, seules sept ont été condamnées, et encore fort légérement. Les autres 343 arrestations ont donc été arbitraires. Elles ont été dénoncées comme telles par une ONG – le centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) et – qui a décidé d’interpeller les Nations-Unies  dans le cadre de leur examen périodique universel, qui permet à l’ONU de passer en revue les actions de chaque Etat dans le domaine des Droits de l’Homme. La République de François Hollande, d’Ayrault, de Valls et de Taubira se retrouve donc dans le même panier que des régimes autoritaires et corrompus tels que ceux qui pèsent sur l’Algérie, l’Iran, le Zimbabwe ou le Congo. Beau tableau d’honneur, vraiment.

Un blog nommé Génération Garde à Vue  (et une page Facebook du même nom) permet de se rendre compte du caractère arbitraire et scandaleux de ces arrestations massives, et d’autres poursuites policières injustifiées qui pèsent sur les manifestants – par exemple s’ils osent porter le sweat de la Manif pour Tous dans les rues de Paris.

Manif pour Tous : l’Ouest envoie 160 cars

25 Mai

160 cars et un TGV bourré de manifestants partiront des départements bretons, bas-normands, d’Anjou, du Maine et de Vendée pour la manif de demain, nous annonce-t-on à l’instant. Soit près de 10.000 personnes qui prendront les transports organisés par les collectifs locaux de la Manif pour Tous depuis les départements de l’ouest de la France, les plus énervés par l’attitude des gouvernements passés à leur encontre et les plus tentés par la convergence de toutes les luttes puisque sortir de cette République, c’est s’en sortir.

Rendez-vous commun : porte Dauphine, pour un cortège dont le tracé rappelle pour beaucoup celui de la manifestation de janvier. De nombreux manifestants auront pensé à se munir d’écharpes, de sérum physiologique ou à défaut de citron pour parer aux effets du gaz lacrymogène. Voici un petit guide de remèdes simples à mettre en œuvre  contre l’arme préférée de Manuel Gaz, notre ministre de l’In-terreur. Le point de rendez-vous est l’esplanade des Invalides, où la dispersion est prévue à 20 heures.

Le pouvoir – qui a organisé ce matin une réunion de crise à l’Elysée où l’ambiance était plus à la peur qu’à l’optimisme (eh oui, Hollande et Ayraultbespierre ont… les boules, qui l’eût cru ?), prévoit 4.500 policiers pour encadrer une manifestation qu’il a officiellement chiffré à 200.000 personnes maximum. Une disproportion qui montre déjà que le chiffrage du gouvernement, comme les précédents, est à mettre direct à la poubelle. Demain, le peuple de France parlera. Un des sondages de ces derniers jours donne plus de 60% de la population française opposée à la loi Taubira et à ses conséquences néfastes pour la filiation et la famille.

Printemps français, réveil Breton

25 Mai

Depuis le début de la contestation contre le mariage homosexuel, l’élan est impulsé depuis les territoires de l’ouest de la France, et notamment la Bretagne. Le 24 mars à Paris, ce sont des Bretons et des Normands  qui chargent sous leurs bannières, bravant l’interdit judiciaire, et mettent la manifestation sur les Champs. Depuis, malgré une forte opposition locale des extrêmes de gauche (Rennes), c’est encore en Bretagne, en Anjou, en Vendée et en Normandie que la contestation s’est le plus rendue locale et énergique, convergeant au passage avec d’autres sujets de mécontentement. Pourquoi le Printemps Français a tellement d’écho là-bas et surtout en Bretagne ? Quelques éléments de réponse dans ces territoires bouillonnants, où le vent du changement souffle d’ouest.

 

L’Ouest de la France, plusieurs espaces

24 mars : les Bretons mettent la manif sur les Champs en chargeant derrière leur drapeau

24 mars : les Bretons mettent la manif sur les Champs en chargeant derrière leur drapeau

Avant tout, le Grand Ouest tel qu’il est envisagé par l’administration centrale parisienne et les médias… parisiens ou inspirés de cette vision centralisatrice, n’existe pas. Pas plus que le Grand Est ou le Midi. Il y a donc, sous la couverture, plusieurs espaces. Se détachent nettement la Bretagne – Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Finistère et Côtes d’Armor – mais aussi l’Anjou (Maine-et-Loire), les cinq départements de la Normandie, ceux de la « Basse-Normandie » sont plus concernés, le Maine – Sarthe et Mayenne – et la Vendée. La Bretagne elle-même se subdivise sans perdre son unité entre Haute-Bretagne – Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique, plus industrielles et urbaines – et Basse-Bretagne (le reste). Cette distinction, on va le voir, a aussi son importance.

A la diversité des espaces répond celles des peuples – ici, la diversité intérieure de la France a encore de beaux jours devant elle. La culture bretonne, sauvegardée et même réveillée depuis les années 1970, a repris de la vigueur à mesure que la culture française tombait en désuétude, plombée par les mythes propagés par son propre gouvernement et à la mode anti-française héritée de 1968. Surtout, elle est ici synonyme de résistance, et les douleurs liées aux « interdit de parler Breton et de cracher par terre » sont encore vives. La foi unit les territoires – réveil du catholicisme dans la Haute-Bretagne et le Morbihan, force de la tradition catholique et celtique en basse-Bretagne, en Normandie, dans le Maine et en Vendée, fort arrière-pays catholique et toujours déterminé à défendre sa foi menacée. Par ailleurs, si ces divers peuples et territoires ont été par la voie des fortunes de l’Histoire, dressés souvent les uns contre les autres, ils partagent aussi des élans historiques et sociaux communs.

 

 

Territoires éveillés aux injustices et aux luttes

Massacre des Lucs sur Boulogne (Vendée)

Massacre des Lucs sur Boulogne (Vendée)

Si ailleurs, la République peut signifier libération et « liberté – égalité – fraternité », dans l’ouest de la France, plus qu’ailleurs, République rime avec curés assassinés, colonnes infernales et brimades culturelles ou linguistiques… puis nucléaire ou aéroport de Notre-Dame des Landes. Cette filiation républicaine dans l’injustice et l’imposition de projets –  souvent des choix de société – révoltants a fait des territoires de l’Ouest de la France des endroits réveillés au sentiment d’injustice et en lutte plus ou moins perpétuelle contre les abus du pouvoir central ou de ses relais – notables ou élus.

Premier élan historique commun : les chouanneries. Celles-ci s’étendent en vague de feu à travers toute la Bretagne, une grande partie de la Normandie, le bas Poitou (Vendée et Deux-Sèvres), le Maine et l’Anjou. On a beaucoup dit que les Chouans défendaient Dieu et le Roi ; mais le cœur de leur lutte, c’était surtout la défense de leurs territoires, de leurs familles et de leurs droits contre l’arbitraire du pouvoir républicain et jacobin. Lutte inégale, lutte héroïque, de Savenay au Mans et de Galerne à Cholet, les chouanneries ont donné naissance à un élan historique glorieux dont le souvenir s’est traduit dans les reconstructions du XIXe, les lieux-dits – ainsi de ceux nommés Mortrais, Mortrie ou Galerne – et les croix ou calvaires. En Loire-Atlantique, la croix dite des Vendéens au bourg de Savenay ou celle qui se trouve devant le château de Bruc en Guémené-Penfao rend hommage à ces ancêtres souvent anonymes, héros d’une histoire sanglante et glorieuse, dont la noble révolte a embrasé la France et donné aux peuples de l’Ouest de la France un inconscient historique où la lutte est devenue un possible, et une juste alternative lorsque le pouvoir jacobin dépasse les limites de l’acceptable.

Les années ont passé, les peuples et territoires de l’ouest de la France se sont fondus sous la bannière républicaine et française, mais l’inconscient historique, plus fort qu’ailleurs, continue de parler. Des projets qui passeraient ailleurs en France, comptant sur le suivisme et l’esprit moutonnier des populations, bloquent ici. Et au contraire, suscitent le rejet et la lutte. Deux exemples récents s’il n’en est de la profonde aversion des gens de l’ouest – et surtout des Bretons – contre l’injustice et l’avenir qu’on leur impose depuis Paris : la ligne THT et l’aéroport de Notre-Dame des Landes.

Appel à saboter le chantier de la THT Cotentin-Maine

Appel à saboter le chantier de la THT Cotentin-Maine

Le chantier de la ligne à très haute tension Cotentin-Maine fut loin d’être sans tensions pour RTE. Longue de 163 km à partir de Saint-Sébastien-de-Raids (Manche) dans le sud du Cotentin jusqu’à Beaulieu-sur-Oudon (Mayenne), cette ligne électrique supportée par 414 pylônes, aura selon RTE coûté au total 343 millions d’euros. Elle traverse 64 communes dans quatre départements (Basse-Normandie, Maine, Haute-Bretagne).  RTE et l’Etat sont passés sur le ventre des communes, la très grande majorité des recours et des arrêtés municipaux contre la ligne ont été cassés ou rejetés. A Chefresne, l’oppression a été particulièrement violente : la commune avait interdit les travaux en invoquant la Charte de l’Environnement (à valeur constitutionnelle), et avait été suivie par 45 communes sur les 64 traversées par la ligne. Fortes pressions contre les agriculteurs, mairies achetées par des subventions distribuées avec RTE – près de 100 millions d’€, un tiers du budget de la ligne, oppression des forces de l’ordre sont le quotidien  des habitants de la Manche proches de la ligne. A Chefresne même, le maire opposant à la ligne avait été placé en garde à vue, et les policiers qui voulaient déloger les habitants opposés au projet et installés sur le lieu du chantier ont utilisé des grenades assourdissantes. Bilan : 25 blessés. La ligne est passée, mais la Manche est en colère d’observer ses paysages en ruine, et d’être la poubelle nucléaire et électrique de l’Ouest de la France.

Un autre projet n’est pas passé sur le ventre des Bretons, mais après de lourds combats et de nombreuses illégalités commises par les pouvoirs publics sur place ; l’Europe et l’avis des scientifiques ont fini par sauver cette zone humide du cœur de la Loire-Atlantique, en Bretagne. Il s’agit de l’aéroport Notre-Dame des Landes (NDDL), le projet chéri du Premier Ministre Ayrault. L’abus de pouvoir est au pouvoir. Le 16 octobre 2012 les forces de l’ordre lancent l’opération César  pour déloger les habitants de la ZAD – l’aire prévue pour l’aéroport. Contre toute attente, l’opération s’enlise. Face à 1500 policiers surdéterminés et très armés, les zadistes résistent et mettent tant le terrain que le temps (pourri) à leur profit. Les bombes de gaz lacrymo et les grenades assourdissantes pleuvent sur le bocage, les blessés s’accumulent, mais la résistance paie : Notre-Dame des Landes ne tombe pas, et avec l’aide des paysans du cru, les résistants défont la nuit l’ouvrage abattu par les policiers le jour et tissent sans cesse leur réseau de barricades et de cabanes.

NDDL assiégée par les gendarmes mobiles et les CRS le 31 octobre 2012

NDDL assiégée par les gendarmes mobiles et les CRS le 31 octobre 2012

Début novembre, le pouvoir part de NDDL dans l’espoir de faire oublier son monumental raté. Il est bien aidé par les médias mainstream. C’est le black-out médiatique total. Pendant la première semaine des affrontements, seuls quelques uns couvrent les événements. Votre dévoué serviteur dans le Flochington Post puis BreizhJournal, Mediapart, Le Monde trois jours après en même temps que Reporterre, la radio Paris et Banlieues et RennesTV, 7 Seizh (qui se borne à recopier la chronique des événements tenus par les zadistes) et le Télégramme à la fin de la semaine. Mais le tumulte de Notre-Dame des Landes déferle sur le monde quand même, les Bretons s’engagent. Chansons, comités de soutien – près de 200 essaimeront dans toute la France, péages et permanences PS bloquées, Notre-Dame des Landes réveille la Bretagne et la paysannerie  et le jour, on peut voir de nombreuses voitures immatriculées de tous les départements bretons sur la ZAD. La lutte fait écho à une autre, enfouie mais non oubliée – celle des Bretons contre le nucléaire. Plogoff, bien sûr, mais aussi 30 ans de combat contre les projets nucléaires  imposés par l’Etat à l’ouest de Nantes, au Pellerin et au Carnet. A l’époque, 89 comités de soutien avaient essaimé dans toute la France et l’Etat avait essayé d’acheter les communes à coups de millions sans parvenir à canaliser l’indignation des citoyens.

En novembre, il y aura d’autres affrontements. A la fin des fins, le 24 novembre, suite à une opération d’expulsion illégale et de nombreux blessés, les forces de l’ordre se font éjecter de la ZAD par les paysans  et une manifestation spontanée de 8000 personnes assiège la préfecture, de nombreux drapeaux Bretons flottent sur Nantes. C’est là que le gouvernement annonce que les travaux de défrichage seront repoussés de six mois, le vent commence à tourner pour NDDL. Mas le retrait progressif des forces de l’ordre, puis l’enterrement du projet par les scientifiques et l’intervention européenne  ne peuvent faire oublier les nombreuses étrangetés.

medium_presseDans le désordre, pratiques journalistiques pour le moins bizarres   des médias dominants (Ouest-France et l’AFP), notamment autour de  l’agression du vigile, forces de l’ordre qui se conduisent comme des troupes en pays occupé, dégradant les biens et le matériel  des habitants, mais aussi dénis de justice. Au sujet du blocus préfectoral opéré sur deux communes de la ZAD depuis début décembre  par exemple. En décembre, la justice fait encore mieux : se mettant au service des matraques (ah, l’indépendance des magistrats !) elle délivre une ordonnance d’expulsion pour la Châtaigne, un lieu symbolique de la lutte, ce village de cabanes construit à partir de la manifestation de réoccupation du 17 novembre sur un terrain au cœur d’un imbroglio judiciaire. Seul problème : l’ordonnance est juridiquement nulle  et deux fois en plus. Cela mériterait un affichage sur le « mur des cons« , n’est-ce pas? Enfin, lorsque les scientifiques mettent un coup d’arrêt au projet d’aéroport  et que le Comité national de protection de la nature (CNPN) chargé de délivrer les autorisations d’atteinte aux zones humide et de transfert des espèces naturelles protégées, refuse de valider la poursuite des travaux,  là encore, les médias dominants se font très discrets et refusent de faire connaître la nouvelle. Si bien qu’une partie de la population ignore que le projet d’aéroport est complètement dans les choux. Pourquoi cette pudeur journalistique ? Parce que le rapport des experts met en lumière le fait le plus dérangeant : le projet d’aéroport est illégal depuis cinq ans en droit européen et quatre en droit français. Ainsi le gouvernement, de nombreux élus (PS et UMP principalement), Ouest-France, l’AFP, Libération, Le Figaro, les institutions de la police et de la justice, et quelques tribunaux ont tous participé à un délit voire un crime contre l’environnement. A une tentative tout au moins, dument préméditée. Comme si l’Etat soutenait le vol ou le viol.

une Bretagne réunie qui dit non à l'aéroport

une Bretagne réunie qui dit non à l’aéroport

Mais le mal est fait. Secteur du plus grand maillage des comités de soutien, l’ouest de la France s’est réveillé et si ses habitants ne soutiennent pas toujours la lutte, du moins sont-ils au courant qu’un peuple de boue a fait flancher le gouvernement de là-bas, loin, à Paris. Et que les gendarmes mobiles ont du reculer, vaincu par la détermination des Bretons et par leur temps. C’est l’exemple d’un peuple debout qu’ils reprennent, lorsqu’ils font assaut d’inventivité et d’actions coup de poing pour montrer leur opposition ferme à la loi Taubira, qui pour le coup passe sur le ventre à une société entière. L’ouest de la France compte ainsi des plus départements les plus actifs contre le « mariage pour tous », qui désorganise complètement le droit de la famille et de la filiation en France. La Manche, la Loire-Atlantique ou l’Ille-et-Vilaine rivalisent ainsi d’activisme. Plus généralement, la Haute-Bretagne (35, 44) suivie du Morbihan, où s’est réveillé le catholicisme Breton, et l’ouest intérieur, du Maine à la Vendée en passant par la Basse-Normandie où il y a en plus des élus opposés à la loi comme Philippe Gosselin. Avec le seul député de droite de Basse-Bretagne Marc le Fur, il est à la pointe du combat déterminé des gens de l’ouest contre la loi. Pourquoi une telle résurgence de la chouannerie ? Peut-être parce que ce sont avant tout des régions seules qui se retrouvent ensemble pour lutter, éveillées à la contestation sociale et à l’union par des refus contre de grands projets qu’on a trop vite catalogué « à gauche » ou « alter-mondialiste » voire « anarchiste » quand ils étaient surtout les manifestations de volonté du peuple, de la majorité qui en avait assez d’être silencieuse.

 

Des régions seules face à la crise, mais solidaires

la_lutte_continueDepuis six ans, la crise s’acharne sur l’ouest de la France. Cœur économique et culturel de ces territoires, les deux départements de Haute-Bretagne résistent, mais à quel prix ? Plusieurs milliers de postes supprimés à Chartres de Bretagne (PSA), dans la sous-traitance, les chantiers de Saint-Nazaire sauvés de justesse (et pour de bon) après avoir été dans un pétrin inconnu depuis les années 30  par son ampleur. S’ajoutent à cela le krach d’une partie de Doux en Basse-Bretagne (Morbihan, Finistère, Côtes d’Armor), l’entreprise ayant du affronter en plus l’hostilité du pouvoir politique républicain et de ses relais (médias et syndicats) attitrés et subventionnés (1 milliard d’€ par an pour la presse, quatre pour les syndicats). Hors de Bretagne, ce n’est guère mieux. Dans une France qui perd maintenant une usine par jour alors qu’elle en perdait une tous les trois jours en 2005, les territoires de l’Ouest sont soumis à rude épreuve et craquent peu à peu. Ecrasées d’impôts imposés par Paris, piégées sous l’avalanche législative et normative, ou la boulimie d’arrêtés de ministres qui se savent sur un siège éjectable et qui ne savent plus quoi faire pour montrer leur existence, les entreprises n’en peuvent plus, d’autant plus que le pouvoir ne les aide pas. Les subventions, c’est pour les territoires qui votent bien. Une petite ville comme Bessé-sur-Braye, aux confins du Maine, du Dunois et du Vendômois, témoigne du malaise. Quatre entreprises y ont fermé ces derniers mois, une centaine d’emplois ont été rayés de la carte dans ce centre industriel isolé. De plus en plus de bourgades deviennent de nouveaux Vierzon. Face au désastre économique dont le pouvoir central parisien porte une part importante de responsabilité, il reste encore la solidarité.

Ainsi en Bretagne, AMAP, jardins et garages solidaires prospèrent. La plus grosse SCOP (société ouvrière participative) de France produit des tuyaux à Périers, en Manche. En Loire-Atlantique, sur 221 communes, il y a 108 AMAP, et le covoiturage ne s’est jamais aussi bien porté qu’en Bretagne. Notre génération est l’aboutissement d’une précédente qui a sacrifié sur l’autel d’une modernité imposée la plupart des liens sociaux traditionnels – famille, paroisse, communauté villageoise, de quartier ou de peuple – qui structuraient la société et lui donnaient de la résistance contre la crise. En Bretagne où ces liens sont moins distendus et mieux conservés qu’ailleurs, la solidarité devient une nouvelle société, débarrassée du désenchantement post-moderne.

Et de proche en proche, ce modèle social rajeuni où la Bretagne sacrifie à son destin historique – slalomer depuis cinq siècles entre les édits français et depuis 225 ans entre les coups de matraques républicains – se propage vers des départements reconnus comme plus calmes et plus suivistes. Mais à tous ces gens là, la crise avait encore laissé leur famille. La loi Taubira l’abat, et propulse contre leur vouloir un changement de civilisation profond porteur de plus de dangers que de libertés nouvelles. Avec l’adoption et le mariage homosexuels, c’est le modèle de la famille naturelle qui est définitivement mis en péril, avec une mortifère déconnexion entre la loi des hommes et la vérité naturelle. Avec la PMA et la GPA, les femmes pourront vendre leurs enfants à autrui, le commerce d’humains sera autorisé et le ventre des femmes pauvres sera un bien de commerce à disposition des bobos de Paris, des Pierre Bergé et d’autres qui achèteront des bébés comme d’autres des pommes au marché.

L’action des comités locaux – enfin départementaux – d’opposants répond au besoin d’expression solidaire particulièrement fort des habitants de l’ouest de la France. Ensemble, ils découragent les ministres de venir dans les départements – comme Najat Vallaud Belkacem  à Nantes ou Benoît Hamon en Manche (qui annule les 3/4 de son déplacement à la dernière minute dans l’espoir de leur échapper), ensemble ils se font gazer parfois en pleine gare  ou ridiculisent les forces de l’ordre en Sarthe; et partout, leur action collective met en lumière la déconnexion entre la majorité des élus républicains et le peuple. Injustifiable devant les grands projets, ce grand écart entre les notables de la politique, le nouveau pourcent de super-privilégiés, et les 99% du reste du peuple devient intolérable dans un tel changement social, impulsé par une élite super-minoritaire et très lointaine qui loin de faire aspirer à l’élévation par la condition ou par le savoir, pousse à l’abîme. La saine révolte contre la tyrannie du néant fonde cette nouvelle chouannerie que connaissent les territoires maintenant bouillonnants de l’ouest de la France et qui de proche en proche se propage vers des départements reconnus pour leur calme, comme le Loiret ou le Loir-et-Cher.

 

Pourquoi le pouvoir perdra ?

Le comité de soutien creusois contre l'aéroport dit non à Ayrault et ses projets inutiles

Le comité de soutien creusois contre l’aéroport dit non à Ayrault et ses projets inutiles

Face au succès populaire de la Manif pour Tous ou du Printemps Français, le pouvoir menacé met en œuvre les mêmes moyens que contres les opposants à Notre-Dame des Landes. Dictature légale, avec l’interdiction proposée du Printemps Français (il sera difficile de mettre aux arrêts un site internet, une mailing list et quelques communiqués), justice aux ordres qui interdit les Champs Elysées à la manifestation du 24 mars. Police chargée de faire subir les affres de la garde à vue et du gaz lacrymo à des curés, des familles  et des manifestants pacifiques. CRS qui molestent des jeunes désarmés qui veillent en chantant et en priant. Trucage bête et méchant des photos de la manifestation du 24 mars  pour justifier les chiffres ridiculement bas annoncés dès avant la manifestation par le ministère de l’Intérieur. Sans oublier les amalgames et les non-dits d’une presse aux ordres, qui fait à l’égard de la Manif pour Tous et du Printemps Français la même censure légale que celle qui était dirigée contre les zadistes, en passant sous silence les voies de fait des forces de l’ordre et du pouvoir, ou en relayant avec connivence et complaisance les informations distillées par le pouvoir et ses barbouzes. Entre déni et coups de matraque, la république des ripoux applique les mêmes moyens qui ont fait faillite contre les opposants de Notre-Dame des Landes ou du nucléaire. Et ce sont les Bretons, habitués aux luttes sociales et à la tyrannie légale d’une République qui a justement commencé à être illégitime et sanglante sur leur terre, qui déminent et désarment ces derniers soubresauts d’un régime à l’agonie. Le pouvoir perdra tout simplement parce que le peuple en a marre, et que les Bretons en ont plus que marre.

bretagne-anti-sarkoPourquoi ils en ont plus qu’assez ? Déjà parce que ça fait six ans que le pouvoir central ne s’occupe des Bretons que pour les insulter ou les accabler d’impôts. Les « cons » que ne voulait pas voir Sarkozy et les « kystes » juste bons à avaler l’Ayraultport et dire merci, ce sont les mêmes. Insultés parce qu’ils ont un avis diffèrent. La liberté, l’égalité et le droit français ne s’appliquent pas à eux, parce qu’ils pensent différemment, ils sont donc des citoyens de seconde zone pour le pouvoir parisien. La Bretagne s’est livrée à la gauche mais est en train de basculer, sans pouvoir cependant trouver d’alternative. Elle n’a pas la fibre extrémiste – de gauche ou de droite, ses indépendantistes n’ont jamais su lui parler ni se structurer efficacement  et la droite y défraie plus la chronique par son incapacité politique notoire  ou ses petits arrangements entre amis  que par ses propositions politiques.

Les Bretons n’ont pas non plus le recours au FN pour canaliser leur colère – ce n’est pas dans leurs habitudes, et le fait que le FN soit devenu un grand parti laïc dirigé par des gens qui font tout ce qu’ils peuvent pour faire oublier leur extraction bretonne choque leur inconscient historique, religieux et communautaire, qui, comme nous l’avons dit, est bien plus important et moins refoulé qu’ailleurs. Ces peuples de l’ouest très pro-européens, qui ont imposé Maastricht à la France en 1992 et voté massivement pour la Constitution Européenne en 2005 ne se retrouvent pas dans le repli dirigé contre l’Europe et impulsé en sous-main par un pouvoir parisien affolé de perdre son contrôle sur le pays.

Sans compter que la Haute-Bretagne – et même d’ailleurs les villes du reste du territoire Breton supportent comme elles peuvent une explosion de l’immigration – qui augmente deux fois plus vite  qu’en France sur les dix dernières années. Un changement social d’importance qui là encore se fait dans le déni des élus socialistes, quand ils ne l’encouragent pas, vu que les « cités » votent bien. Bref, la Bretagne qui affronte seule la crise n’a plus envie d’être raisonnable, tant le ras-le-bol est criant. Le réveil social et politique de ses habitants – d’origine ou nouveaux – rejoint un réveil de la pensée politique et une nécessaire convergence des luttes.

Mais les amalgames et les silences arrangeants de la « grande presse » subventionnée par l’Etat sont de plus en plus battus en brèche par les médias du Printemps Français, comme la Table Ronde, Nouvel Arbitre  ou le Rouge et le Noir.  Ainsi que des blogs de réinformation comme celui de Fikmonskov. Les deux derniers font d’ailleurs souffler une rafraîchissante brise d’ouest sur l’information française : le blog de Fik est de la Manche tandis que le Rouge et le Noir est impulsé depuis Vannes. S’y ajoute le très actif blog franco-breton des veilleurs de l’aube, Gedourion ar Mintin  lui aussi implanté dans le Morbihan et qui participe à la reconstruction d’une pensée bretonne et catholique nouvelle et autonome.

Pourquoi la Bretagne est tellement en pointe dans la ré-information ? Sans doute aussi parce que cette région hyper-connectée, mieux formée  et plus résistante aux méthodes scolaires catastrophiques telles que la méthode globale, véritable entreprise d’abrutissement massif du peuple, ne s’accommode pas de la médiocrité et de l’information prémâchée pour des citoyens élevés en batterie comme des poulets. En revanche, les Bretons se retrouvent très bien dans une lutte qui fonctionne beaucoup par les réseaux sociaux et les SMS, et qui doit à cette hyper-connexion une part non négligeable de son succès. Comme d’ailleurs la mobilisation contre l’aéroport. A partir du moment où les paysans et les zadistes pouvaient faire venir près de 1000 personnes devant les policiers en deux heures chrono, cette rapidité de mobilisation faisait de l’Ayraultport un Ayraultflop. Si bien que les pouvoirs publics auraient récemment tenté de pirater en masse des comptes Facebook  de militants de tous horizons… mais surtout Bretons et parisiens.

 

La nécessaire convergence des luttes

resistLes Bretons s’ébrouent, et ce réveil séculaire forme une nouvelle et nécessaire convergence des luttes et des mécontentements. Loin des anathèmes des idéologues ou des politiques, qui prétendent réduire la Manif pour Tous et le Printemps Français à quelques extrémistes, ce qui est aussi ridicule que de résumer l’ensemble de l’Empire Romain à Néron ou Caligula. Les anarchistes autonomes ou les extrêmes de gauche ultra-minoritaires à Notre-Dame des Landes bien qu’ils fassent beaucoup de foin ont beau fulminer contre les « fachos », à l’unisson de Valls, des activistes LGBT ou d’Ayraultbespierre, ils ne peuvent empêcher la réalité. Le 24 mars, dans le petit groupe de Bretons et de Normands  qui, courant derrière de grands Gwen ha Du, ont mis la manif sur les Champs, il y avait à mes côtés des agriculteurs du centre du Morbihan qui pensaient très, très fort à Notre-Dame des Landes pendant qu’ils chargeaient.

Pour l’heure, les indépendantistes Bretons politiques sont dans la même attitude que les socialistes français : le déni. C’est à la mesure de leurs plus grands points communs : l’obsolescence. Et finalement, l’insignifiance. Il est pourtant grand temps de réinventer une pensée bretonne enfin en phase avec son peuple et avec son histoire. Cela arrivera sans doute bien plus vite que l’on peut le penser. Pendant ce temps, le Printemps Français dispose de points d’appuis importants dans les deux capitales Bretonnes. Pourquoi ? Tout simplement parce que de tous les Français, les Bretons sont le plus attachés à l’idée France, à la diversité intérieure de la France éternelle, celle d’avant la République – et qui lui survit tant bien que mal – celle qui parle plusieurs langues et brille de mille facettes et de ses dizaines de peuples et de cultures intérieures, mais qui est capable de porter au monde une voix différente et sensée. Ce vieux pays si fatigué des guerres, mais capable des plus belles fulgurances. Les Bretons partagent plus de cinq siècles d’histoire commune avec la France, et que de glorieux élans communs depuis qu’à Orléans, Guyenne et à Formigny, des troupes bretonnes ont aidé les français à bouter hors les anglais !

Le Printemps Français, c’est aussi le réveil d’une France que l’on croyait abrutie et oubliée. Ce sont des peuples en marche derrière leurs drapeaux, symboles de leurs diverses identités au vent, unies derrière un commun faisceau de volontés : un pays, la France. Une multitude d’identités sur lesquelles la République avait tiré un trait, se confondant, se substituant à la France dans la propagande scolaire. Le Printemps Français rappelle avec force que la France, c’est bien plus que la République, et qu’il y a là une chance historique d’en finir avec la négation des peuples français. Depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes, les « faits divers »  nantais (pères sur les grues, lutte contre l’aéroport, chômeurs qui s’immolent) traduisent le mal-être puissant d’un peuple las d’être ignoré et qui interpelle le pays tout entier. Dimanche, cette convergence en cours de formation sera à Paris, parce que même si la France a changé en 225 ans, une chose n’a toujours pas changé : les Révolutions se font toujours à Paris. Et c’est là-bas que, conformément à leur Histoire, les Bretons seront encore, derrière leurs bannières, à la pointe de la lutte. Parce que plus que tout le monde, ils ne lâcheront rien. Parce que, surtout, le 24 mars, il s’est passé quelque chose d’étrange et d’exceptionnel. Sur les Champs, au milieu des nuées de gaz lacrymo, une flamme de résistance s’est levée, et celle-ci ne doit pas s’éteindre, elle ne s’éteindra jamais.

La Manif pour Tous appelle à une manifestation ce dimanche à Rennes

4 Mai

La contestation contre le mariage et l’adoption homosexuelle se régionalise – sans doute pour s’éviter de partager Paris avec les troupes de Mélenchon se dimanche et surtout pour maintenir sous pression le gouvernement qui manque de forces de l’ordre pour protéger les lieux de pouvoir partout sur le territoire national.

Paris le 24 mars 2013 : les Bretons prêts à se lancer à la conquête des Champs

Paris le 24 mars 2013 : les Bretons prêts à se lancer à la conquête des Champs

La manifestation régionale de « la province Ouest » sera à Rennes. Elle devrait être assez populeuse – les terroirs de loin les plus investis dans la lutte sont la Bretagne, l’Anjou, la Manche, le Maine, le Perche et la Vendée; ce sont encore des Bretons et des Normands, essentiellement issus de l’intérieur de la Basse Normandie, que l’on retrouve en pointe le 24 mars lors de la conquête des Champs par la manif pour tous. La présence de Tugdual Derville (Parti Chrétien démocrate / Alliance Vita), du député costarmoricain Marc le Fur (UMP copéiste), du sénateur vendéen Bruno Retailleau (UMP filloniste), du député manchois Philippe Gosselin (UMP copéiste), un catholique pratiquant en pointe contre le projet de loi  et de Christine Boutin (PCD) en invités d’honneur est annoncée.

Les manifestants nantais se donnent rendez-vous sur le Leclerc d’Orvault Grand Val d’où ils organiseront un covoiturage et surtout remonteront vers Rennes en cortège. Bien que la loi ait été votée, la mobilisation ne retombe pas, et ce grâce à l’organisation bien huilée de la Manif Pour Tous, notamment en Bretagne ; le journal français classé au centre-gauche Le Monde, réputé proche des cercles du pouvoir consacre un article  à l’organisation du rassemblement rennais.

D’autres manifestations doivent avoir lieu à Toulouse (Guyenne et Gascogne, Cantal, Aude et Limousin), Lyon (Lyonnais, Dauphiné, Savoie, Auvergne, sud-Bourgogne), Montpellier (Languedoc, Catalogne) et Dijon (Bourgogne et Franche-Comté). Celle de Strasbourg avait lieu aujourd’hui et a rassemblé 1.200 personnes dans une région relativement peu mobilisée. Un rassemblement festif et amical devrait être organisé avec les mères veilleuses à partir de 15 h place Vauban et avenue de Breteuil à Paris. Pour Rennes, le rendez-vous est donné pour 15 h sur l’esplanade du Champ de Mars (métro Charles de Gaulle) d’où les manifestants défileront ensuite jusqu’à la place de la Mairie. Les organisateurs ont appelé au calme afin que le défilé se passe dans l’ordre et montre la détermination du peuple à refuser le changement radical de société qui lui a été imposé par les députés PS à Paris. Un sondage récent donne 55% des français opposés à la loi Taubira, un chiffre sans cesse croissant.

2000 personnes à Nantes en vélo contre le mariage gay

17 Fév

Ce samedi 16 février, près de 2.000 personnes (600 selon la police) ont défilé à vélo, trottinette, poussette voire fauteuil roulant pour les plus courageux pour réaffirmer leur détermination à voir retiré le projet de loi Taubira qui ouvre le mariage aux couples de même sexe.

Arrivée de la Velo Pride place Royale. Photo Gilbert ENGELHARDT pour BreizhJournal

Arrivée de la Velo Pride place Royale. Photo Gilbert ENGELHARDT pour BreizhJournal

Le défilé intitulé Vélo Pride, par opposition à la Gay Pride qui rassemble les partisans du mariage gay, comptait de nombreuses familles. Il s’est déroulé dans une ambiance bon enfant, de 15h30 à 17h30, de la place Viarme à la place Royale, en passant par le cours des 50 Otages et la rue d’Orléans.Devant la Préfecture – ancienne Chambre des Comptes de Bretagne – un petit groupe de militants anarchistes a insulté les manifestants de « fachos-cathos », mais a été promptement repoussé par les forces de l’ordre. Les trouble-fête, très déterminés, sont allés au contact des CRS, l’un d’eux, violemment bousculé, est tombé à terre. Pour se dégager et disperser l’attroupement, les CRS ont fait briévement usage de gaz lacrymogène et de lances à eau. Aucun autre trouble n’est à déplorer dans et autour de la manifestation.

Dans les rues de Nantes, les manifestants ont scandé les slogans habituels à l’encontre du président (Hollande, on veut du boulot, pas du mariage homo), du ministre de la Justice (Taubira, ta loi, on n’en veut pas), et Ayrault, beaucoup plus visé dans « sa » ville. Les slogans ont redoublé lorsque le cortège a fait un arrêt devant la mairie, sur la rue de l’Hôtel-de-Ville, artère qui relie la Cathédrale au cours des 50 Otages.

La couverture par les médias locaux tend vers Z’Ayrault

La manifestation occupe toute la chaussée du cours des 50 Otages. Photo Gilbert ENGELHARDT pour BreizhJournal

La manifestation occupe toute la chaussée du cours des 50 Otages. Photo Gilbert ENGELHARDT pour BreizhJournal

Est-ce à cause de ces slogans que la couverture de la manifestation a été inexistante par ce qui tient lieu de presse locale et citoyenne à Nantes ? On savait effectivement la presse française gavée de subventions  dont 15 millions d’€ pour le seul Ouest-France, mais c’est une nouvelle que de la voir frappée de myopie au point de louper « LA » manif du jour en ville.

Manque de chance, le jour de la manifestation, toute la France et tout ce que Nantes comptait de journalistes n’avait d’yeux que pour les deux grues Titan de l’île, la grise et la jaune, où s’étaient retranchés deux pères qui demandaient plus de droits de garde pour leurs enfants. Bon fait-divers croustillant qui permet de remplir les colonnes d’un compte-rendu en live comme pour la « grande info », de fournir un équivalent nantais au scandale des lasagnes au cheval dont les lecteurs commencent à être…gavés. Et même de trouver enfin une utilité à ces grues, devenues le support d’une indignation légitime et nationale.  Mais surtout de permettre à tout ce monde d’intégrer, en rangs par deux, bras dessus, bras dessous, au son du biniou, notre sottisier.

Depuis plusieurs mois, l’actualité d’importance nationale tend à se concentrer à Nantes et en Loire-Atlantique. Devenir des Chantiers de l’Atlantique, Notre-Dame des Landes, le chômeur qui s’est immolé et maintenant les deux pères, chaque info, chaque fait divers marquant interpelle tout un pays sur des problèmes nettement plus concrets et tangibles que ceux dans lesquels semble se réfugier le gouvernement, à savoir la réforme des rythmes scolaires – qui désorganise les collectivités territoriales auxquelles la patate chaude de la mise en œuvre a été refilée –, la guerre au Mali et le mariage gay.

Résultat des courses, fixés sur leurs grues (dont toute la France connaît maintenant l’existence, l’Office du Tourisme  remercie les confrères pour le plan com’ gratuit), les journalistes locaux et nationaux ont zappé l’expression du vœu de 2000 personnes. Deux mille personnes qui n’entendent pas lâcher face à l’enfumage étatique du projet de loi, deux mille personnes que le simulacre de débat à l’Assemblée ne satisfait pas, deux mille personnes qui sont l’avant-garde des millions d’autres en France qui ne souhaitent pas voir abattu le rempart de la famille, indispensable appui d’une société en crise, morale, sociale, politique, économique. Appui sur lequel il est temps de se concentrer pour rebâtir, appui qui est aussi le dernier contre-pouvoir d’un Etat obèse, tatillon, inefficace et à contre-courant des réalités. Dernière barrière qui s’oppose à la volonté de pouvoir absolue de la République, et pour cela haïe par les héritiers spirituels de ceux qui, en 1789, piétinèrent les droits des communautés naturelles, urbaines, de métier et ethniques sous couvert d’égalité, et dans le but unique de supprimer tout ce qui pouvait s’opposer à leur autorité toute neuve. Quatre ans lus tard, la Bretagne – et surtout la Loire-Atlantique – opposait aux parvenus de la démocratie un peuple de piques et de faux. C’est un peuple de bulletins que la Bretagne risque d’opposer dans quatre ans – et même peut-être avant – aux jacobins de 2013, et ils feront autant de mal que les piques de jadis.

Mobilisation en pétitions contre le mariage pour tous à Nantes

13 Fév

Alors que l’Assemblée Nationale a adopté en première lecture le projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe – par 329 voix contre 229 (et 10 abstentions) – la mobilisation reste intacte, notamment dans la capitale Bretonne, où 80 personnes ont bravé les éléments ce samedi pour faire signer des pétitions pour saisir le CESE (Conseil économique, social et environnemental) au sujet du projet de loi. Le « marathon inouï » des 500.000 signatures, objectif que s’étaient fixés les organisateurs de la coordination contre le projet de loi, a été remporté : 3.5 Tonnes de pétitions ont été collectées, soit 636.000 signatures, d’après les organisateurs, et d’autres affluent encore, particulièrement dans l’ensemble de la Bretagne, de l’Anjou, du Maine et du Bas-Poitou. L’objectif de 1 million de signatures d’ici la fin du mois de février a été lancé. Sur la seule ville de Nantes, 1100 pétitions ont été signées le samedi 9 février et 3151 collectées sur tout le week-end. La mobilisation Bretonne reste intacte.

Liberté ? Point. Egalité ? Point.

doue-ha-mem-broUne  manifestation d’opposants au projet de loi prévue le 12 février devant l’Assemblée Nationale a été interdite la veille au soir (le 11 à 21h 30) par la Préfecture de police de Paris. Raison officielle : un préavis de manifester au même endroit déposé – à la dernière minute – par le collectif favorable au projet de loi « Gouines comme un camion ». Cela est bel est bon, mais le préavis de manifester de ce collectif était prévu à plusieurs dizaines de mètres de la manifestation contre le projet de loi et une heure et demie après. La raison officieuse serait plutôt la volonté du pouvoir d’éviter les conséquences incontrôlables d’un chahut devant l’Assemblée Nationale. Pendant ce temps, au pays de la Liberté (de bien-penser seulement) des folles ukrainiennes et russes – autrement appelées Femen – sont venues perpétrer dans la Cathédrale de Paris un désordre pour lequel elles ne risquent (quasiment) rien, et sûrement pas trois ans de colonie pénitentiaire de travail. Liberté, dites-vous ? Selon que vous serez pour ou contre le mariage pour tous, les jugements des  bien-penseurs  vous rendront blanc ou noir.