Camille et Geneviève : trois questions pour une fugue à NDDL

2 Jan

La difficile récupération samedi dernier de Camille Lauran, l’adolescente qui a fugué du Puy-en-Velay (Haute-Loire) pour venir à Notre-Dame des Landes avec une amie, par son père, a soulevé un nuage de questions qui sont venues s’ajouter à celles posées par l’affaire.

Beaucoup, à Notre-Dame des Landes et ailleurs, estiment qu’il y a d’épaisses zones d’ombre dans l’affaire des fugueuses du Puy en Velay. Trois éléments en particulier posent question. Quel a été le rôle de certains opposants qui auraient agressé la famille de Camille Lauran ? Comment expliquer l’extraordinaire discrétion de la justice? Quelle est la communication faite, en arrière-plan, par l’Etat?  Avec en ligne de mire le sort de l’autre jeune fille fugueuse, Geneviève, et l’exploitation que chacun des protagonistes, pouvoir et opposants, peut faire de l’affaire sur l’ensemble du conflit.

Michel Lauran : « Nous avons été bien accueillis sur la ZAD»

20611_378131638943500_535140273_nLe samedi vers 13h, Camille appelle ses parents depuis Notre-Dame des Landes. Ceux-ci lâchent tout et rejoignent Notre-Dame des Landes. « Sur le moment, c’était comme une excitation intérieure. Elle nous a appelés, donc on a pensé qu’elle voulait qu’on vienne la voir.  Cela faisait un mois qu’on ne les avait plus vue, on n’avait plus de nouvelle depuis leur passage à Toulouse. Bref, on a tout lâché et on est partis. », nous confie Michel Lauran, le père. Après six heures de route, les parents accompagnés de l’un de leurs fils débarquent à Notre-Dame des Landes, d’où de jeunes filles les guident vers le point d’accueil de la ZAD, le camp Hors-Contrôle. Là, l’accueil a plutôt été cordial, voire même chaleureux. « On a discuté avec des gens qui étaient prêts à la discussion, qui nous ont expliqué ce qu’était leur lutte, ce que voulait dire ‘‘Hors contrôle’’, le fonctionnement de la ZAD, leurs idées. Dans l’ensemble, on a été bien accueillis ». Camille vivait avec Geneviève sur le campement Hors Contrôle, dans une yourte.

Difficile de comprendre comment, à un moment, ça a déraillé. Toujours est-il que lorsque la famille décide d’emmener Camille dans sa voiture, des personnes cagoulées s’y opposent avec violence. « Ils n’ont même pas pris le temps de discuter. Ils y sont allés de manière violente, et puis c’est tout. Il y a des gestes qu’ils n’avaient pas le droit de faire et qu’ils ont fait, et cagoulés en plus, ce qui me met en hargne », explique Michel Lauran. Celui-ci, qui ne souhaite pas en dire plus pour le moment sur les conditions de l’accrochage, réussit à s’en extirper et rentre vers le Puy-en-Velay. La suite est connue : Camille et ses proches sont entendus par le SRPJ de Clermont-Ferrand, auprès duquel le père dépose plainte contre X pour coups et blessures volontaires. Cette plainte a depuis été transmise au TGI de Saint-Nazaire, territorialement compétent. Les investigations se poursuivent à ce jour pour déterminer les responsables. Les coups ont visé le père, la mère et le frère de Camille ; des jours d’ITT leur ont été prescrits après examens médicaux ordonnés par la justice. Nous n’en saurons pas plus, hormis que la mère de Camille semble avoir été plus touchée que les deux autres membres de la famille, parce que les opposants « n’ont pas fait que lever la main sur elle », déclare Michel Lauran, outré.

Par ailleurs, Michel Lauran nous confie que sa voiture a été touchée par un jet de projectile – à priori une pierre – qui est « passée à deux doigts de briser la vitre arrière et de blesser du monde dans la voiture ». Elle a rebondi sur la carrosserie, à laquelle elle a causé des dégâts importants. Raison pour laquelle il ne retirera pas sa plainte pour violences volontaires, même s’il doute que les coupables soient un jour retrouvés. C’est l’assurance auto qui commande. L’expert se prononcera demain sur le montant du préjudice.

Les opposants rejettent la faute sur la famille de Camille

L’ACIPA, association des riverains et paysans opposés à l’aéroport nous explique que « aucun de [ses] militants n’était sur place à ce moment ». Donc elle s’abstient de prendre part dans « ce qui devrait rester un différend familial ».  Du côté de la ZAD, l’on se refuse officiellement à toute communication. Cependant, nous avons réussi à retrouver plusieurs témoins de la scène, soit qu’ils étaient simples badauds, soit qu’ils participaient à l’accrochage. Sous couvert d’anonymat, ils acceptent de témoigner. Tous les noms ont donc été changés. Ainsi, Antoine explique « Camille était prise de force, deux ou trois personnes la tenaient. J’étais sur place, avec d’autres on a pensé qu’elle était emmenée contre sa volonté, d’autant plus qu’elle se débattait. » Ce qui expliquerait une intervention musclée d’opposants, qui pensaient éviter un kidnapping, un coup de force, ou tout simplement la manifestation de la force de l’autorité parentale. Gilles complète « Camille a été poussée de force dans la voiture par son père, qui s’en est pris ensuite aux zadistes pendant que le frère de Camille fermait la porte de la voiture. Puis ils se sont barrés. » Hélène rajoute « c’est Camille elle-même qui a donné des coups de coudes à sa mère ». Toutes versions que le père de Camille balaie d’un revers de main « Je les laisse dire, quand ils en auront assez, ils se fatigueront. Cependant, s’ils pensent que je suis en tort, qu’ils portent plainte, et là on pourra discuter. Qu’ils n’oublient pas cependant que ma fille est mineure, et que je suis parfaitement dans mon droit». C’est ce qui s’appelle justement l’autorité parentale, telle qu’elle est posée par la loi.

Méthodes contestées et fossé idéologique

La résistance peut être nue et désarmée. Ou bien moins bon enfant..

La résistance peut être nue, à visage découvert et désarmée. Ou bien moins bon enfant.

Par delà « l’affaire » Camille et Geneviève, ce sont les méthodes de certains opposants qui posent problème. C’est sous couvert d’anonymat qu’un membre de l’ACIPA nous dit à demi-mot que « tous les opposants ne sont pas blancs comme neige, certes, mais il y en a qui franchement abusent ». Renée, qui habite Vigneux, non loin, se montre plus franche « L’aéroport, on n’en veut pas. Mais ce genre d’agissements, non plus. C’est n’importe quoi. ». De là à déceler une fissure, on en est loin, parce que le front bigarré des opposants s’est uni à mesure que les attaques des forces de l’ordre prenaient de l’ampleur, et si pour certains la présence de jeunes – et moins jeunes – rompus à la lutte avec les forces de l’ordre est un « mal nécessaire », pour d’autres, c’est une providence. « Sans eux, où serions-nous ? Est-ce qu’on parlerait encore de Notre-Dame des Landes ? Ou bien ce serait déjà un ballet de pelleteuses ici ?» nous confie un paysan impacté par le projet.Mais il y a gêne. Une gêne qui s’appuie notamment sur l’apparence cagoulée de certains opposants. Leurs idées, pas tellement. Leur intolérance, voire les méthodes d’intimidations exercées contre les journalistes indépendants sur fond d’hostilité à la « grande presse » gênent aussi, et pas seulement les premiers intéressés. Peu après la publication de l’article qui révélait la présence de Camille sur la ZAD, certains opposants d’extrême-gauche ont déversé des tombereaux d’immondices sur BreizhJournal. Le but était simple, comme nous le révélait un de leurs – pour le moins irrévérencieux – courriels. Nous « « punir » pour un article qui « livrait Camille aux flics ». Cependant, ces procédés et d’autres se retrouvent retournés par le discours du pouvoir – nous y reviendrons – et certains médias plutôt favorables à l’aéroport qui montent en épingle le comportement de certains opposants pour caricaturer toute la lutte.

Le risque est simple : que l’intolérance, voire la bêtise de certains opposants mette en péril toute la lutte. Une situation résumée par le père de Camille, rompu dans son expérience professionnelle aux situations difficiles « Nous avons été accueillis par des gens très bien, nous avons pu discuter. Globalement, comme dans toute lutte, il ya 80% de gens intelligents, 5% qui ne savent pas trop pourquoi ils sont là, mais ils sont dans la lutte, et 15% de cons. Dont une partie qui n’est là que pour casser du flic. Et ceux-là, s’ils ne se calment pas rapidement, ils vont ruiner tout le mouvement et discréditer la lutte ». Une impression qui est aussi partagée par un nombre croissant d’habitants des communes alentour, qui ne livrent leurs impressions qu’en murmurant, tant le dossier Notre-Dame des Landes reste un chaudron qui bout dans les boues de Loire-Atlantique. Sur la ZAD, certains militants conscients du problème essaient d’écarter les opposants les plus déterminés à découdre. Julien, zadiste croisé à Nantes un jour d’action de la ZAD en centre-ville, explique « il y a des afflux et des départs tous les jours. Ces derniers temps, on fait ce que l’on peut – avec plus ou moins de succès – pour que les gens qui ne sont là que pour casser du keuf dégagent. Ce n’est pas notre lutte. »

Les opérations policières sur le site, loin de semer la zizanie parmi les opposants, les soudent, comme le rappelle ironiquement cette pancarte - photo Anaïs Denaux

Les opérations policières sur le site, loin de semer la zizanie parmi les opposants, les soudent, comme le rappelle ironiquement cette pancarte – photo Anaïs Denaux

Sur la ZAD, bien que le sujet reste tabou, certains s’interrogent sur la poursuite de la présence de Geneviève Euvrard, l’autre fugueuse du Puy. En effet, nombre d’opposants « historiques » craignent la sur-médiatisation qu’elle cause, source d’accusations larvées en toute sorte et pensent que son départ suffira à dégonfler l’affaire. Ce que nous confirme le père de Camille « si dans les jours qui viennent, Geneviève rentre, je pense que je vais retirer mes plaintes et l’affaire sera close. Les médias passeront rapidement à autre chose. »L’ACIPA, qui ne dénoncera pas sa présence, tient à nous faire savoir par la voix de son porte-parole Julien Durand que « si sa famille le demande en [les]contactant, nous communiquerons à Geneviève que ce serait bien qu’elle les contacte ou les rejoigne. Nous sommes là pour faire relais.». C’est là que le fossé idéologique se creuse avec la ZAD. Celle-ci s’est refermée autour de Geneviève, et les « zadistes », ces militants apolitiques, libertaires ou alter-mondialistes venus de partout lutter pour que la « Zone à défendre » devienne une « zone d’autonomie définitive » la protègent ardemment, arqueboutés sur sa liberté de consentement et le fait que sa démarche soit le fruit de sa volonté. Certains opposants remettent en cause notamment le fait même de l’autorité parentale, qu’un blog proche des militants libertaires présents sur la ZAD qualifie de « supercherie ».  Pour eux, la ZAD n’a pas à réclamer le départ de Geneviève.L’un d’eux, qui se fait appeler Camille, nous résume la position de ses camarades de lutte « elle est là par sa volonté, elle y reste jusqu’à ce qu’elle veut partir. Nous ne la retenons pas parmi nous, elle est totalement libre. » La question s’est réglée d’elle même : sa mère l’a récupérée cet après-midi sur la ZAD et elle est rentrée ce soir au Puy-en-Velay. Il balaie au passage les critiques faites aux opposants pour leurs méthodes : « nous, nous ne sommes pas là pour casser du flic, mais il y a clairement un rapport de force et nous entendons ne pas être balayés. Le préalable à toute négociation, c’est que les flics dégagent  et que cesse la militarisation de la ZAD». Ce que bon nombre de français ne savent pas, c’est que la mise en place de la « commission de dialogue » qui semble quelque peu illusoire sur place  a été arrachée après des assauts policiers d’une extrême violence – la ZAD a dénoncé près d’une centaine de blessés en deux jours –  impossible à cacher ni aux médias, ni à l’opinion. Par ailleurs, depuis trois ans, les forces de l’ordre s’attaquent régulièrement aux biens des habitants de la ZAD  Dans un perpétuel jeu du chat et de la souris, où normalement les forces de l’ordre ne peuvent commettre des actes illégaux et sont donc en infériorité, celles-ci sont passées du côté de l’ombre pour maintenir le rapport de force de leur côté. Et soutenir une tactique d’usure.

Les méthodes de la justice en question

« Une question me taraude », nous explique Michel Lauran, le père de Camille : « pourquoi la justice s’est dérobée à sa responsabilité ? » Juridiquement, il y a en effet un hiatus. L’article 371-3 du Code Civil pose que « l’enfant ne peut, sans permission des père et mère, quitter la maison familiale» et permet aux parents, dans les cas où cela se produit (fugue), de solliciter le concours de la force publique pour que l’enfant réintègre de gré ou de force spon domicile. C’était donc bien à la justice d’aller chercher les enfants à Notre-Dame des Landes. Une évidence pour le père, qui a décidé, en accord avec la mère de Geneviève Euvrard, à faire appel aux médias pour « bouger la justice » après que les enquêteurs se soient arrêtés faute de pistes après le passage des deux fugueuses à Toulouse. La question du rôle de la justice se pose à nouveau au sujet de Geneviève.

Jacques Louvier, procureur en charge de l’affaire, répond à BreizhJournal : « Il n’y a plus de raison à la justice d’intervenir ». Il dénonce le « traitement médiatique surdimensionné », de ce qui n’est que « une des 45.000 fugues qui se passent chaque année en France ». Or, il y a un cadre juridictionnel précis qui cadre l’intervention de la justice. Or, celui-ci « ne justifie pas l’intervention de la justice » pour le procureur. En clair, les forces de l’ordre n’ont aucune raison d’aller récupérer Geneviève sur la ZAD car la justice « a toutes les bonnes raisons de penser qu’elle n’y est pas retenue de force » et « qu’elle n’y court pas de danger ». Son amie était très bien traitée sur la ZAD, ce que son père confirme « elle mangeait très bien, couchait dans un endroit – une yourte – sec et elle a même pris du poids ». Jim, qui a cotoyé Camille sur la ZAD du 15 au 21 décembre, la trouvait « agréable, très investie dans ce qu’elle faisait, heureuse« . Pour Jacques Louvier, la situation est claire : « pas de contrainte donc pas d’infraction », Camille et Geneviève sont allées à Notre-Dame des Landes de leur propre chef et il est hors de question d’envoyer les forces de l’ordre les rechercher.

Seulement, si Camille et Geneviève étaient allées fuguer ailleurs, ou chez une tierce personne qui les nourrissait bien et ne les contraignait pas de rester avec elles, il y aurait-il eu une telle discrétion de la justice? Autrement dit : y-a-t-il un traitement particulier de l’affaire parce que c’est de Notre-Dame des Landes qu’il s’agit ? Voilà une question nettement plus dérangeante et qui met en lumière le rôle discret du pouvoir.

La partition subtile de M. Valls

Le "dialogue" à Notre-Dame des Landes, ressemble souvent à ça. Opération du 23/11 - photo Anaïs Denaux

Le « dialogue » à Notre-Dame des Landes, ressemble souvent à ça. Opération du 23/11 – photo Anaïs Denaux

Le ministère de l’Intérieur, à la manœuvre, a décidé de rapatrier la communication à Paris. On notera l’extraordinaire discrétion de la Préfecture de Loire-Atlantique, qui ne communique absolument pas sur l’affaire, et se garde d’en tirer le moindre profit. Au grand dam du cabinet, dont un membre nous confiera sous couvert d’anonymat « c’est quand même bête de perdre un prétexte rêvé d’intervention ». C’est justement la crainte n°1 de l’ACIPA : que la présence des fuyardes sur la ZAD soit le prétexte d’une intervention massive de forces de l’ordre sur la zone, avec de nouvelles scènes de violence inévitables.Le ministère de l’Intérieur a décidé de jouer beaucoup plus subtilement, afin de ne pas prêter le flanc aux critiques, comme l’a été la Préfecture suite à la trouble affaire du vigile tabassé à la Pointe. La Préfecture n’a en effet pas hésité à fouler aux pieds le secret de l’instruction et la présomption d’innocence dans une affaire sur laquelle l’information a été systématiquement cadenassée.

Alors le ministre, Valls, a déclaré sur RTL  que l’envoi de forces de l’ordre à Notre-Dame des Landes pour récupérer Geneviève allait être « dangereux » pour les forces de l’ordre puisque les occupants de la zone étaient très hostiles aux forces de l’ordre. Coup double : le ministre se montre réaliste – on ne peut pas dire que les forces de l’ordre soient particulièrement populaires sur place, compte tenu d’une petite minorité qui radicalise la lutte – et  en phase avec le dialogue et l’apaisement médiatique impulsés depuis Matignon. Tout en instillant dans l’opinion la certitude selon laquelle la ZAD est une zone de non-droit, ce qu’il désignait en novembre comme un « kyste»

« On est deux familles heureuses » : le fin mot de l’affaire pour bientôt

L’implication de l’Etat dans un dossier qui reste très politique, pourrait expliquer l’extrême discrétion de la justice et des forces de l’ordre au sujet des deux fugueuses. Une hypothèse qui met en colère le père de Camille « On ne mêle pas la politique quand la vie d’un enfant est en jeu », fulmine-t-il. L’aéroport de Notre-Dame des Landes est bien plus qu’un grand projet d’Etat contesté depuis son ébauche en 1967 ou un « grand chantier » comme un autre. C’est aussi l’aboutissement du développement urbain de Nantes, ville du Premier Ministre.  Cependant, pour le père de Camille, « La ZAD n’est pas une zone de droit. On la traverse aisément, on y pénètre, ce n’est pas Beyrouth. Mais ça, je peux le dire maintenant, parce que j’y suis allé. »

Cependant, le père de Camille jure que l’on ne lui arrachera pas sa liberté de parole. Celui qui se décrit comme un « ours d’1m95 et 105 kg, très doux, mais aussi capable de renverser des montagnes pour défendre ses enfants », va décrire précisément ce qui s’est passé quand il a récupéré Camille sur la ZAD, « lorsque Geneviève rentrera, et en accord avec sa mère ». Il n’est pas question de lâcher l’autre famille, ni de risquer que Geneviève fugue à nouveau vers une destination inconnue. Alors, « quand les conditions seront réunies, je relaterai les faits, tels qu’ils se sont produits, sans minimiser ni extrapoler, du moment où je suis entré sur la ZAD au moment que je l’ai quittée ». Nous n’en saurons pas plus, hormis que « tout le monde en prendra pour son grade » et que les dysfonctionnements et éléments curieux du traitement par la justice et les forces de l’ordre de l’affaire seront pointés. Après ? « L’affaire sera close, et nous tournerons la page. Là, nous sommes en train de reconstruire. C’est comme si on apprenait à se connaître à nouveau », souffle Michel Lauran, très ému. Dernière question : permettra-t-il à Camille de retourner sur la ZAD ? « Maintenant que je connais, oui, sous conditions. Deux-trois jours au plus, pendant les vacances, mais pourquoi pas. »

La mère de Geneviève Euvrard a récupéré sa fille aujourd’hui vers 13h à Notre-Dame des Landes et est actuellement en route vers Notre-Dame des Landes. Michel Lauran déclare « on est heureux, la boucle est bouclée, on est deux familles heureuses, c’est un vrai soulagement ».

Pour rejoindre Nantes depuis Toulouse, les deux fugueuses ont pris… le train !

Il nous confie au passage le périple rocambolesque des deux amies, tel que le lui a relaté Camille : celles-ci, après avoir atteint Toulouse par un covoiturage depuis le Puy ont voyagé toutes seules sur les lignes SNCF, de Toulouse à Bordeaux, puis de Bordeaux à Nantes, sans être inquiétées. Sur ces lignes, à la décharge des agents de la compagnie nationale, c’est plutôt l’état de la voie et les caprices du matériel qui sont sujets d’inquiètude. Néanmoins, cette performance aurait été impossible si « l’administration française avait été un peu plus rapide à diffuser les avis de recherche ».

Par ailleurs, M. Lauran a envoyé ses nièces sur la ZAD – où les jeunes filles sont arrivées le 6 décembre – pour les rechercher. Mais la ZAD c’est grand, « et les petites filles, c’est malin », bref, elles ne les ont pas trouvées, ni d’ailleurs la mère de Geneviève qui est venue sur la ZAD le 6 décembre (et non le 16). « Après quoi, comme elles n’avaient pas été trouvées et que personne n’avait parlé d’elles sur la ZAD, on a pensé qu’elles n’y étaient pas ». Jusqu’à ce que les deux lycéennes se signalent d’elles-mêmes.

7 Réponses to “Camille et Geneviève : trois questions pour une fugue à NDDL”

  1. vertdo janvier 2, 2013 à 7:16 #

    difficile à savoir le vrai . Le père de Camille est costaud , l’hypothèse comme quoi il se serait énervé paraît crédible . Il semble contradictoire quand il dit « On ne mêle pas la politique quand la vie d’un enfant est en jeu »:après avoir dit du bien de l’accueil de la ZAD et ne pas être opposé sous conditions au retour de sa fille sur les lieux, pourquoi parler de » la vie d’un enfant en jeu » ???
    Dans une interview au Parisien, Geneviève se dit « dégouté » par l’attitude des parents de sa copine expliquant que cette dernière avait prévenu ses parents pour qu’ils viennent voir mais non pour qu’ils la « récupèrent » , ce qu’ils ont fait . Vous ne semblez pas mettre en doute la parole du père . On aimerait connaître la version de Camille !

  2. Rollie janvier 4, 2013 à 12:09 #

    Couvrir une fugue de mineure quand on est majeur est condamnable.Ce que n’ont pas manqué de faire les anarchistes de la zad.Que le père de Camille ait récupéré sa fille est on ne peut plus louable.Entre embrigadement,bourrage decrane,décervelage voir endoctrinement il n’y avait pas loin.Les violences exercées à l’encontre de la famille de Camille est INACCEPTABLE.Oui,le père de Camille est costaud,cela dit,ça montre là toute la lacheté des nanars de s’en être pris à lui à plusieurs.Et le fait qu’ils disent qu’ils pensaient que Camille était victime d’un kidnapping est carrément burlesque.Ils feraient mieux de regarder la nature qu’ils défendent tant à coup d’immondices qui jonchent le sol.Proteger les animaux,et bien on peut dire qu’ils sont à l’aise dans la foret,entre les gas lacrymogène et les tessons de bouteille.Du grand n’importe quoi ce bazrd,ce,dés,le,début.De plus jusqu’à la preuve du contraire,les filles étaient mineures.Conclusion,sous l’autorité de leur parents.On ne soigne pas une migraine en coupant la tête et donner tort à des parents qui s’inquietaient,c’est carrément du n’importe quoi,ce,comme le reste!

    • Inserm janvier 5, 2013 à 3:00 #

      Je suis d’ accord avec Vertdo , il faudrait bien entendre Camille et ce qu elle a à dire sur sa fugue (et aussi son amie ); je pense que c’ est un non-évènement par rapport au projet ; tout est bien qui finit bien.
      « Rollie » affirme bien hativement que la fugue aurait été couverte, endoctrinée , ..; La vérité est + simple … des fugueuses ont donc quitté leur domicile pour aller de leur propre chef à Notre Dame des Landes ;en prévenant leurs parents de l’ endroit ou elles se rendaient .
      Elles y ont été accueillies avec beaucoup d’ humanité et les » Zadistes « les ont nourries et hebergées, simplement en leur demandant de prendre contact avec leurs parents; ce qu’ elles ont fait .

      La suite , c’ est une simple histoire de petit quiproquo et de violences inutiles… mais qui a fait quoi???… .Mais il faut savoir que la Zad est bien noyautée par la police en civil et ceux ci sont bien sales , avec perçings , le verbe haut et bien masqués …Ils sont professionnels et cherchent à provoquer l’ incident pour discréditer la lutte anti aéroport , ceci depuis le debut .

      La barbouzerie est un sport national tres français.

      C’ est une histoire passée désormais et en ce moment , il y a un rassemblement de pres de 10 000 manifestants venus exprimer leur solidarité dans la boue , la joie et la bonne humeur !

      Camille et sa copine vont regretter ne pas avoir pu y assister , c’ est sur !.

  3. berengere janvier 4, 2013 à 12:11 #

    Et la version. Des deux filles? Si Elle ont fugué. C’etait pour faire entendre leur voix pas pour qu’on leur foute la honte!!

  4. Simon janvier 5, 2013 à 11:32 #

    Pourquoi vous parlez d’ adolescentes et ne donnez pas leur âge? Je suis d’accord avec Vertdo et Berengere, c’est un petit peu biaisé tout ça, on discrédite les deux principales intéressées dont on ne relaie a aucun moment la parole. C’en est presque a croire que ce sont des biens que les familles se sont fait voler. Le problème de l’autorité parentale c’est que l’adolescent/e comme vous dites peut avoir des raisons tout a fait légitimes – pas légales, certes – de la rejeter.

  5. Thérèse Nova janvier 5, 2013 à 12:03 #

    Je voudrais témoigner au passage du fait que les mineurs en France sont très très peu protégés, tous les parents d’enfants fugueurs vous le dirons;
    A l’époque, mon fils fugueurs de 16 ans , psychotique et donc en grand danger avec risque de suicide avéré (6 tentatives en 6 ans dont la dernière fatale) pouvait se déplacer en France et en Europe sans que la justice, la gendarmerie ou la police ne fassent grand chose… vous savez qu’il a pris le train, vous demandez qu’on demande aux contrôleurs s’ils l’on vu pour déterminer sa direction et on vous répond qu’il faut une commission rogatoire et que nous aurons l’accord dans 3 semaines… son dossier est même resté sur un bureau à Paris et son signalement n’a pas été diffusé à interpol..(j’avais les preuves de sa présence dans divers pays d’europe de l’est).au bout d’une dérive d’un mois 1/2 il s’est rendu au consulat de st Petersbourg….une fois majeur, bien que sous tutelle, on a vraiment eu l’impression que cela n’avait plus aucune importance….on nous répondait: « nous attendons qu’il commette un délit pour le repérer », hors sont seul délit en l’occurrence c’était une mise en danger de sa propre vie….donc ne nous faisons pas d’illusion, la protection des mineurs en France est désespérante, et au passage la psychiatrie et ses hôpitaux également!…. ces jeunes filles ont surtout bénéficié d’avoir rencontré des personnes correctes, c’est ce qui les a protégées…

  6. Anonymous janvier 5, 2013 à 1:11 #

    Marrant, depuis le début de cette histoire à chaque fois que quelqu’un veut régler un problème par la force on s’étonne que ça se passe mal…

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