NDDL : une bavure qui tombe à pic

13 Nov

Tonnerre de Brest ! Voilà que l’on vient troubler le calme sur l’aire prévue pour le projet aéroportuaire de Notre-Dame des landes, calme orchestré par la Préfecture Et pourquoi donc ? Parce que LA bavure a fini par arriver, et que cette fois-ci, les occupants de la ZAD peuvent en être accusés.

Halte au panurgisme médiatique !

De quoi s’agit-il ? Le vigile placé par la Préfecture pour empêcher la réoccupation d’une maison à la Pointe, à l’ouest de la ZAD, sur la route de Fay au Temple, a été brutalement extirpé de son véhicule, tabassé et son véhicule brûlé par « une vingtaine d’individus cagoulés et armés de gourdins (…) et de barres de fer », d’après les explications du sous-préfet Mickaël Doré.

Incompréhensible traitement médiatique du dossier en France ! des médias, qui, comme l’AFP – agence de presse d’Etat – ou Libération, ne se sont jamais penché sur Notre-Dame des Landes sauf pour relayer les communiqués de la Préfecture, se sont saisis toutes affaires cessantes de l’Affaire afin de pondre des articles qui ne donnent jamais la parole à la défense, comme celui-ci.

Nous donnons ici un exemple de la précision des dépêches de l’AFP sur Notre-Dame des Landes.  Dans la dernière, il y a aussi des oublis et des inexactitudes. Notamment, les opérations d’expulsion n’ont pas commencé « début octobre » mais le 16 octobre. Il y a presque un mois. Par ailleurs, la maison de la Pointe se trouve hors de la ZAD et ne doit pas être détruite pour être remplacée par l’aéroport, mais parce qu’elle  a été incluse dans le périmètre de délaissement, à cause de son emplacement dans l’axe des futures pistes. Elle se trouve en effet à moins de 2 km du seuil d’entrée de la future piste ouest.

Comme de juste, la Préfecture a, dans son communiqué, stigmatisé la « lâcheté » et la « violence » de l’agression en mettant l’accent sur « la résolution et de la violence de la minorité autonome, venue d’ailleurs, qui entretient l’insécurité sur le secteur de Notre-Dame-des-Landes ». Nous avons déjà démonté le fantasme de « l’ultra-gauche » sur le site de Notre-Dame des Landes. Par ailleurs, ce communiqué, comme le traitement médiatique qui est fait de l’événement, foulent aux pieds la présomption d’innocence.

En effet, aucune procédure judiciaire n’a été pour l’heure intentée contre des militants présents sur la ZAD. Nous disposons des aveux d’un vigile, de nuit, où tous les cagoulés sont gris, et encore, ceux-ci n’ont pas été mis à disposition de la presse, mais le sont à travers la Préfecture, la laissant libre de ses interprétations. Une enquête est en cours, celle-ci ne fait que commencer, et n’a pour l’heure accusé personne.

A qui profite le crime ?

En revanche, l’on peut se poser la question – que personne à l’AFP, ni dans les médias qui ont relayé la dépêche sans prendre la peine de la compléter un minimum ou la redresser n’a posé – à qui profite cet événement ?

Sûrement pas aux occupants de la ZAD. Du 16 octobre au 3 novembre, les forces de l’ordre ont essayé de prendre le contrôle de la ZAD (aire prévue pour le projet aéroportuaire) de vive force, et rapidement. Avec une telle précipitation même que la démolition d’une maison a commencé alors que des militants étaient encore perchés sur son toit  et qu’en deux endroits différents de la ZAD, le même jour – ce qui exclut à priori le moment de distraction – la préfecture a expérimenté une nouvelle méthode de cueillette de militants. Pour cela il faut un arbre haut, un militant perché au sommet, une pelleteuse dont le godet arrive à mi-hauteur. L’on secoue l’arbre avec le godet de la pelleteuse, et normalement le militant tombe comme un fruit mûr. Heureusement, cela n’a pas été le cas. Dans les deux cas, s’il y avait eu procès, le jugement n’aurait pas manqué de constater que des « risques disproportionnés avec le but recherché » ont été pris par les pouvoirs publics. Evidemment, la Préfecture n’ayant pas communiqué là-dessus, pour l’AFP il ne s’est rien passé. Inexistant aussi, dans les premiers jours de « l’opération César », le bombardement au gaz lacrymogène de militants pacifiques et désarmés réfugiés dans une cabane en bois. Soit, sur une pauvre baraque, près de 300 cartouches de gaz lacrymo tirées en trois heures, en tir quasi tendu puisque les forces de l’ordre étaient à dix mètres de la construction. Celle-ci veillait sur un champ de légumes et un poulailler. Inutile de dire que la récolte est perdue et que les poulets ont apprécié l’attention de leurs collègues en bleu.

Ce n’est donc pas la « minorité résolue à en découdre » de la ZAD qui a le monopole de la violence. L’on comprend alors difficilement pourquoi, alors que les zadistes (occupants pacifiques de la ZAD) se sont quand la pression policière exercée sur eux était constante, ils se lâcheraient maintenant alors que la pression baisse de régime depuis le 3 novembre ?

En réalité, l’événement profite surtout aux défenseurs du projet d’aéroport – dont un certain Ayrault Jean-Marc et un autre Valls Manuel, chouchou des médias, et aux forces de l’ordre. Parce que c’est une occasion inespérée de mettre à jour à nouveau les différences entre les occupants de la ZAD, dont certains sont des militants écologistes ou altermondialistes d’autres pays d’Europe (Allemagne, Hollande, Angleterre, Slovénie…) et les paysans, descendants directs pour la plupart de ceux qui, vers 1830-1840 ont transformé des landes incultes en paroisses ou communes verdoyantes de La Pâquelais, Notre-Dame des Landes, Saint-Emilien de Blain. Certains Zadistes, altermondialistes, écologistes, jeunes, ont un profil de coupable parfait pour ceux – médias ou forces de l’ordre – qui se sont improvisés juges et parties des bonnes moeurs publiques. C’est aussi une occasion d’essayer de désolidariser l’opinion publique, tant locale que nationale, des opposants à l’aéroport, en les présentant à dessein comme des fous dangereux.

L’ACIPA a d’ores et déjà condamné l’agression. Jointe par Breizhjournal, la ZAD se refuse à condamner les faits, »tant qu’[elle] n’est pas plus amplement informée«  et « n’exclu[t] pas une provocation pour discréditer le mouvement qui gagne en ampleur« .

Les militants préparent le 17 novembre une « manifestation de réoccupation » au cours de laquelle plusieurs cortèges, qui partiront des bourgs riverains, convergeront quelque part sur la ZAD où ils construiront un bâtiment collectif nouveau. Des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de Gauche, des députés, sénateurs et élus d’Europe Ecologie, et de nombreux journalistes seront présents, limitant les possibilités des forces de l’ordre d’empêcher de vive force la tenue de la manifestation. C’est pourquoi tout est bon pour faire oublier le succès prévisible de la manifestation et détourner l’attention médiatique.C’est aux médias de refuser d’entrer dans la stratégie du pouvoir pour imposer de façon non-démocratique et précipitée un projet inutile.

11 Réponses to “NDDL : une bavure qui tombe à pic”

  1. Maryvonne novembre 13, 2012 à 7:07 #

    Quant à Jacques Auxiettte, le président de la Région avide de faire des dépenses inutiles, il penche vers le crime : relayé par Ouest France de ce jour il parle de « dérive criminelle » à propos de ce vigile agressé…. Qu’espèrerait-t-il de plus ? Un passage à l’acte ?

  2. gauchedecombat novembre 13, 2012 à 10:04 #

    j’attends effectivement avec grande impatience le dénouement de l’enquête… En effet, je ne crois pas que ce soit aux opposants de #nddl que ce crime profite… sans parler des versions pour le moins contradictoires d’une presse bien peu scrupuleuse… car entre roué de coups et blessures légères, on attend la vérité…. A plus tard, sûrment. Merci de nous tenir au courant !

  3. vavasseur novembre 14, 2012 à 11:49 #

    les zadist sont invités à venir chez moi, vivre leur vie, contre l’aménagement autoritaire des territoires. Pendant 3 ans qu’ils sont à nddl, ils ont commencé à créer une société avec production de légumes, pain. Il sont courageux, n’hésitant pas à vivre dans le froid humide de novembre. Le préfet, qui les accuse, sans enquête de gendarmerie (ce n’est pas la gendarmerie de Blain mais celle de Chateaubriand qui conduit l’enquête). Où est la voiture ? On n’envisage pas du tout, n’évoque même pas l’idée que l’aménageur fait une provocation, on ne le sait pas à ce jour. Une autre réalité surprenante et que le conseil général est propriétaire de la maison surveillée pour un autre objet : le circuit automobile de Fay-en-Bretagne. Que vient faire Vinci et l’aéroport de Nantes à surveiller ce qui ne les concerne pas ? Les zadistes viennent pour s’opposer à l’aéroport, pas au circuit voitures. On cherche la méprise, on ne ferait pas mieux. Ces jeunes, dont le profil est atypique, méritent, je le répète le respect.

  4. blackmetalnow novembre 16, 2012 à 12:51 #

    Il faut laisser ces politiciens dans leur inculture et leur délire de capitaliste. Une chose est sur quand il s’agira de passer devant un tribunal le peuple demandera des comptes et demandera de manière qu’il rembourse l’action policière et aussi qu’ils indemnise avec leurs sous (et non ceux de l’état) toute les victimes. Mais aussi qu’ils répondent de la diffamation et de l’injure. Justice pour tous le monde à égalité, si non il y a pas de justice donc pas d’état de droit.

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