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Les cinq dernières villes communistes de plus de 1000 habitants en Bretagne sont en Côtes d’Armor

31 Mar

engreneAprès les élections municipales qui ont vu les communistes se faire jeter de leurs derniers bastions en Loire-Atlantique – Trignac – et en Morbihan – Quéven – il ne leur reste plus que cinq villes de plus de 1000 habitants. Toutes sont situées en Côtes d’Armor. Et toutes ont réélu leurs sortants, repoussant aux prochaines échéances la question des successions.

Il s’agit de Bégard (Gérard le Caer, maire), de Ploufragan (Rémy Moulin), de Trélivan (Claude le Borgne), de Plénée-Jugon (Gérard le Cam) et de la Motte (Jean-Pierre Guilleret). Ce dernier a d’ailleurs eu chaud : il a été réélu avec 50.29%, sept voix d’avance sur son concurrent. La fin du communisme municipal approche en Bretagne.

Sur l’ensemble de la France, le PCF – héritier du communisme et de ses crimes, mais aussi en Bretagne des crimes d’une certaine Résistance qui frayait avec le banditisme – gérait 94 villes de plus de 3500 habitants avant les opérations électorales. Il en a depuis perdu 32 et repris une (Aubervilliers). Par ailleurs à Vénissieux – désormais seule ville communiste du Rhône après la perte de Vaulx-en-Velin, le candidat de droite battu compte déposer un recours en raison de multiples irrégularités constatées. Et peut-être aussi pour torpiller la liste d’extrême-droite qui s’y présentait, puisqu’il n’y est pas arrivé pendant l’élection.

Un autre recours contre l’aéroport rejeté : l’abus de pouvoir est toujours au pouvoir

22 Oct
L'ombre des CRS plane à nouveau sur la ZAD.

L’ombre des CRS plane à nouveau sur la ZAD.

Le 17 octobre, le Conseil d’Etat a rejeté le recours du Collectif des élus qui doutent de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CéDPA) contre le projet d’aéroport, en balayant d’un tournemain l’ensemble des moyens légaux invoqués, qui auraient fait mouche s’il s’agissait d’un autre projet que ce transfert d’aéroport, lubie du Premier Ministre et Calvaire de son gouvernement.

Le Conseil d’Etat a rejeté et donc empêché la transmission au Conseil Constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) fondée sur la conformité des mécanismes de contrôle de la DUP à la déclaration des Droits de l’Homme. Selon l’instance, cette QPC n’est pas nouvelle et ne présente pas de « caractère sérieux » justifiant de sa transmission au Conseil Constitutionnel. Par ailleurs l’instance a aussi rejetté l’ensemble des moyens légaux de recours contre la DUP, notant par exemple, au sujet de l’évolution du prix du pétrole et de la sous-évaluation des enjeux environnementaux du projet « De tels éléments ne révèlent pas, par eux-mêmes, un changement des circonstances de fait de nature à priver le projet de son caractère d’utilité publique ».

L’opération d’expulsion sur la ZAD aurait lieu cet hiver

En donnant ainsi un blanc-seing à Vinci, le Conseil d’Etat s’essuie aussi les pieds sur les réserves formulées par la très sérieuse commission scientifique en avril, réserves auxquelles ni l’Etat, ni Vinci n’a répondu. En revanche, tout porte à croire que les autorités veulent accélerer le mouvement. L’arrêté de déplacement des espèces naturelles protégées devrait être pris début novembre, celui au titre de la Loi sur l’eau va suivre. Les notifications d’expulsion vont aussi bon train : le 15 octobre à la Gaîté et la Châtaigne, ainsi qu’à Bellevue en ce qui concerne la seconde série d’occupants. La ferme avait réussi pour l’heure à échapper aux expulsions par la mise en œuvre de toute une série d’artifices juridiques. Le 5 novembre, le juge des expropriations passera pour l’ensemble des terrains concernés par l’élargissement des routes (notamment sur la route de Notre-Dame des Landes à Grandchamp) et les jugements suivront le lendemain. Un jugement d’expulsion devrait être rendu pour la maison du Moulin de Rohanne  (carrefour de la Saulce) le 21 novembre.

Tout porte à croire que les expulsions auront lieu dès la fin de l’année. Pour des raisons liées à la reproduction des espèces naturelles, elles ne peuvent avoir lieu après février. Par ailleurs, si les travaux ne commencent pas au printemps, il faudra pour le pouvoir renégocier la concession qui pose comme date butoir la mise en service de l’aéroport au 1er janvier 2018 au plus tard ; cela impliquerait notamment de payer à Vinci près de 80 millions d’euros, une dépense impossible à contracter par ces temps de rigueur budgétaire. C’est donc entre novembre et la mars que la ZAD devra être la plus vigilante. Il est fort possible que le pouvoir lui souhaite l’anniversaire de l’opération César – l’invasion armée de l’année dernière – en remettant le couvert avec un mois de retard.

Qu’est-ce qui explique cette mansuétude du droit par rapport à l’aéroport ?

Les barricades refleuriront-elles sur la ZAD en cette fin d'année?

Les barricades refleuriront-elles sur la ZAD en cette fin d’année?

A Notre-Dame des Landes la mansuétud du droit s’accompagne de la mise délibérée de la justice au service de l’Etat, par exemple par des ordonnances entachées de nullité ou abusives, comme une très récente  qui interdit tout semis de céréales pendant trois mois sur la ZAD, y compris sur les terres non encore expropriées ou tenues par des baux ruraux. Tout cela donne une image déplorable de la justice française, digne sur ce sujet d’une république bananière, et oblige à s’interroger sur la viabilité de la séparation des pouvoirs en France.

Comme nous l’écrivions l’année dernière lorsque nous suivions en direct l’opération César, l’abus de pouvoir est au pouvoir en ce qui concerne le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. En effet, le principal promoteur du projet, c’est le Premier Ministre, qui est aussi le supérieur hiérarchique du ministre de la Justice, qui dirige les administrations – et le pouvoir judiciaire –  censés contrôler voire empêcher les débordements du pouvoir exécutif dans la mise en œuvre de l’aéroport.  Dans ces conditions, l’indépendance de la justice devient une chimère et cela met en évidence toutes les limites de la démocratie française, surtout par rapport à un territoire – la Bretagne – dont la population n’a jamais accepté de se faire abattre par l’Etat central, que ce soit en 1793, 1871, 1940 ou maintenant.

Force est de constater que, malgré (ou à cause de) toutes les sorties plus ou moins violentes du ministre de la Justice sur des sujets finalement secondaires, comme la qualification de la pensée véhiculée par le FN, l’attention est détournée des sujets vraiment importants. Notamment le fait que, depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, la justice est complètement mise de côté par le bras armé de l’Etat. Finalement, les seuls résultats pour la lutte seront atteints sur le terrain, par la maîtrise de celui-ci, et non par le droit. Un tel constat est indigne d’un état de droit, indigne de la France, indigne de la Bretagne. Mais c’est la réalité de Notre-Dame des Landes en cette fin d’octobre 2013.

Addendum : BreizhJournal fête son premier anniversaire, ayant été lancé le 22 octobre 2012. Bonne lecture à tous et à bientôt sur nos lignes !

Dernière minute : la ferme de Bellevue est expulsable, selon une décision de la Cour d’Appel de Rennes qui a demandé la libération immédiate de la ferme, à peine de 50 € par jour d’astreinte.

Succès pour l’opération Sème ta ZAD à Notre-Dame des Landes

5 Oct

aff1tc27.09.2013impr-5e8d7Depuis ce matin, près de 300 personnes sèment sans relâche céréales et arbres sur 24 hectares de terres en friche au coeur de la ZAD, aux Planchettes. Ces terres appartiennent à Vinci et sont situées sur l’emplacement prévu pour une piste de l’ex-futur aéroport nantais. L’opération est commune à la ZAD, au collectif d’organisations paysannes opposées au projet d’aéroport COPAIN et l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport).

Les TGI de Nantes et de Saint-Nazaire ont délivré deux ordonnances interdisant à « quiconque de mettre en culture ou de procéder à quelque plantation que ce soit sur les parcelles situées dans la zone d’aménagement différée (Zad)« , ordonnances d’ailleurs très probablement illégales car toutes les parcelles de la ZAD n’appartiennent pas à Vinci (près de 300 hectares ne sont pas expropriés) et elles troublent donc le droit de tout propriétaire (ou de tout teneur de bail agricole) de jouir de sa propriété ou de son bail. Cependant, la force publique ne s’est pas risquée sur la ZAD.

L’agriculteur Cyril Bouligand, membre de la Confédération Paysanne et du collectif COPAIN44 indique que « l’on sème un mélange céralier :  triticale, épeautre, seigle et avoine » et que « près d’un kilomètre de haies ont été plantées ». Une parcelle fait en effet 19 hectares et a été recoupée en plusieurs plus petites. Pour l’heure, c’est la seule opération de ce genre à l’ordre du jour, mais divers chantiers ont lieu ailleurs sur la ZAD, notamment au Moulin de Rohanne (près de la Saulce) où la maison est en cours de rénovation. Pendant ce temps, des gendarmes mobiles se sont installés dans un hôtel de Treillières, et d’autres logent à Ancenis. Mais s’ils viennent à Notre-Dame des Landes pour s’attaquer aux champs remis en culture, les opposants à l’aéroport disent d’une même voix : « on les défendra ».

NDDL : la folle rumeur d’une intervention imminente contre la ZAD

13 Sep

Ces dernières semaines, la toile bruit d’une rumeur d’intervention policière imminente contre la ZAD, d’ici le 12, et maintenant la semaine prochaine. Cette rumeur a même provoqué une fausse alerte et un montage de barricades frénétiques le 11 sur la ZAD. Qu’en est-il vraiment ? Que faut-il attendre du pouvoir ? D’où vient cette rumeur ? BreizhJournal fait le point pour vous éclairer.

 

 

Une vue de la ZAD près de la Noë Verte cet été

Une vue de la ZAD près de la Noë Verte cet été

Une intervention imminente ? Impossible pour Sandrine Bélier

Sandrine Bélier, euro-députée EELV du Grand Est, très investie dans la sauvegarde du grand hamster d’Alsace et l’empêchement du projet d’aéroport, trouve « farfelues » toutes les rumeurs sur une intervention imminente des forces de police sur la ZAD. Au moins jusqu’au 17. « C’est une bêtise que l’Etat ne peut pas faire, à moins de se faire taper sur les doigts tout de suite. Le 17, il y a l’audience devant la Commission des Pétitions du Parlement Européen, l’ACIPA sera là, de même que les représentants de l’Etat et de Vinci qui devront convaincre la Commission qu’il n’y a aucune contradiction entre le projet d’aéroport et le droit européen de l’environnement et de l’eau. Jusqu’au 17, aucune intervention policière contre la ZAD n’est possible, l’enjeu est trop important ». Et après le 17 ? « Ça dépendra de la décision de la Commission, et notamment si elle prend la décision d’envoyer sur place une mission parlementaire européenne, ou si elle prend position contre le début des travaux ».

 

Le pouvoir est tellement sûr de son dossier qu’il joue l’obstruction

En attendant, l’Etat clame à qui veut l’entendre que le projet de l’aéroport – et aussi du barreau routier 2×2 voies le desservant, déclaré d’utilité publique le 5 août 2013 – est dans les clous par rapport à la réglementation européenne. Ce qui n’est pourtant pas le cas : l’aéroport est illégal et a cinq ans de retard sur la réglementation européenne. En attendant, le pouvoir essaie de gagner du temps : un vote d’obstruction a uni socialistes et conservateurs pour empêcher l’envoi sur place d’une mission parlementaire, ce que déplorent les Verts, qui notent que si le dossier était si réglo que ça, les socialistes ne joueraient pas la montre ainsi. Cependant, pour Sandrine Bélier, ce n’est que partie remise : « il n’y a pas de refus, la décision n’a pas été prise. La prochaine échéance pour prendre cette décision, ce sera le 17 ».

 

Ayrault n’a rien compris, rien changé

Une hutte en terre banchée, à l'est de la ZAD

Une hutte en terre banchée, à l’est de la ZAD

Dans les colonnes de nos confrères de Presse-Océan début septembre, le sous-préfet chargé de la réalisation de l’aéroport déclarait péremptoirement que « nous ne sommes plus dans le dialogue, mais dans l’instruction » et que « le gouvernement est toujours dans la perspective de réaliser cet équipement ». Tellement que le comité scientifique qui a rendu son étude en avril remettant en cause le projet d’aéroport – en levant douze réserves importantes qui montrent que le projet, en l’état, ne respecte ni le droit français, ni le droit européen de l’environnement – va être remplacé par un nouveau groupement, et ce comité Théodule sera prié d’invalider le diagnostic de ses prédécesseurs. Maintenant qu’elle a été débarquée, l’ancienne ministre de l’Environnement Delphine Batho s’offre le plaisir d’une douce vengeance sur celui qui n’a jamais cessé d’être le maire de Nantes. Elle a en effet affirmé, interrogée par Reporterre, que « si l’on suit les conclusions de la commission scientifique, en l’état, le projet d’aéroport ne peut être conforme à la loi sur l’eau ». Et il se trouve que « on est obligés » de suivre les dites conclusions. Moralité : le gouvernement est dans l’impasse, quand bien même il réussit à circonscrire l’Europe, car les Bretons l’ont bien compris et ne le laisseront pas faire.

 

Pendant ce temps là chaque camp fourbit ses armes

 

Voici une zone humide : il n'a pas plu depuis trois semaines, c'est le mois d'août, et c'est le bourbier quand même. (ZAD, la Noë Verte)

Voici une zone humide : il n’a pas plu depuis trois semaines, c’est le mois d’août, et c’est le bourbier quand même. (ZAD, la Noë Verte)

Si le pouvoir décide d’intervenir sur la ZAD, il est obligé de le faire en période hivernale, avant la reproduction des batraciens protégés, tritons marbrés et autres salamandres au printemps. Ce qui laisse une courte période entre le 17 septembre et le mois de février, avec une autre contrainte : la trêve hivernale, fixée du 15 novembre 2013 au 1er mars 2014. Nombre d’occupants de la ZAD sont légaux (loyers, baux verbaux, baux agricoles, propriétaires non expropriés) et d’autres feront valoir au premier policier venu que leur cabane, caravane ou bout de ferme est leur résidence principale, obligeant à un procès en bonne et due forme pour les expulser, ou non. Ce qui a tout de suite une double conséquence : le périmètre des interventions possible est mité et les expulsions sont décalées dans le temps. Résultat, les opérations en perdent tout de suite une grande partie de leur efficacité.

En attendant, chaque camp se prépare. Des forages et des travaux préparatoires ont toujours lieu à l’est de la ZAD. Le 11 encore, le site Zad.nadir signale « Deux camions [de gendarmes mobiles] ont été vu stationnant au cimetière de Notre Dame, un autre circulant sur la route entre l’Epine et le Bois Rignoux. Merci à toutEs pour votre vigilance. Midi : les 2 camions sont maintenant positionnés devant la salle Jules Verne. Une camionnette blanche Biosnet a été vue sur la D281 ». Tandis que des cabanes continuent à pousser un peu partout, l’exploitant de la ferme du Moulin de Rohanne a quitté les lieux le 29 août 2013. Une escouade d’occupants s’est glissée juste derrière pour refaire la maison d’habitation et la rendre habitable dès que possible, ce qui en fait un nouveau lieu occupé. Ladite ferme a un atout intéressant : elle est située à proximité immédiate de l’un des carrefours stratégiques qui verrouillent la ZAD, le carrefour de la Saulce, au sud. Comme vigie pour guetter des pirates en bleus, l’on ne peut rêver mieux.

 

La propagande à destination des acteurs économiques et politiques continue

Une salle de bain à la pointe est de la ZAD. Derrière, un "pré humide" d'où sourd un ruisseau.

Une salle de bain à la pointe est de la ZAD. Derrière, un « pré humide » d’où sourd un ruisseau.

Pendant ce temps, malgré – voire à cause – de l’impasse évidente, la propagande pro-aéroportuaire continue. A la fin de l’été, une association présidée par le maire de Saint-Aignan de Grandlieu a estimé à 5000 les emplois qui pouvaient être créés en sud-Loire par le transfert de l’aéroport. L’estimation, purement gratuite, a de quoi faire rire si ce n’était pas si sérieux. Comment en effet pouvoir prétendre arriver à un tel chiffre quand aujourd’hui, les entreprises françaises croulent sous le poids conjugué de la crise, des normes et des impôts qui minent leur compétitivité, que l’écotaxe risque d’écrouler tout le reste et que conséquence logique, même à Nantes qui est pourtant une des villes les plus dynamiques de la France, des bureaux flambants neufs, peu chers et bien situés peinent à trouver preneurs depuis des mois ? Alors que Vierzonitude s’émeut des dizaines de vitrines vides qui trahissent le manque de dynamisme de Vierzon au centre de la France, des bourgades pourtant jeunes et vigoureuses comme Savenay ou La Chapelle sur Erdre ont-elles aussi des vitrines en bois et des locaux commerciaux ou d’artisans qui peinent à trouver preneur… et ce parfois depuis une décennie. Et l’on ne parle même pas de Paimboeuf ou Issé qui sont des vraies belles au bois dormant du département.

A Châteaubriant, l’ADIC (association des entrepreneurs du pays de Châteaubriant), bien briefée par tous ces fervents soutiens de l’aéroport de Notre-Dame des Landes que sont la CCI et Alain Mustière, président de l’ACIPRAN, vraie-fausse association citoyenne  pro-aéroport, s’apprête à implanter des panneaux « nos entreprises soutiennent l’aéroport du Grand Ouest » sur les terrains de ses membres. La même agit-prop est déployée en direction des entreprises du pays Nantais, dont certaines, abusées par des perspectives miroitantes, ont même déplacé jusqu’à leur siège pour être plus proches de l’ex-futur aéroport nantais. Mais aussi des entreprises du centre de la Loire-Atlantique, de Nort à Savenay.

Autre moyen de diffusion : les notables de l’opposition, principalement UMP et UDI (alliance centriste ou Nouveau Centre) qui gère plusieurs mairies et lorgne sur d’autres dans le secteur. A Blain par exemple, Jean-Michel Buf (UDI) est un fervent soutien de l’aéroport dont – comme bien d’autres notables de droite pendant des décennies – il espère monts et merveilles, notamment que l’équipement accélère l’installation d’habitants et d’entreprises à Blain, dont l’actuelle mairie est très opposée au transfert d’aéroport. Cette mairie de gauche arc-en-ciel (PS, PCF, Verts, Front de Gauche, citoyens non encartés) avait d’ailleurs été élue pour cela, dès le premier tour en 2008 et avait remplacé un maire UDF pâlot qui n’avait su préparer sa succession et attendait lui aussi beaucoup de l’aéroport. Les blinois n’ont pas été déçus : entre autres, les onze élus communistes de Blain ont envoyé une lettre à François Hollande et à leur fédération départementale – la seule de Bretagne et des contrées avoisinantes à soutenir encore mordicus le projet d’aéroport, toutes les autres ayant au moins demandé un moratoire sur les travaux – pour leur dire qu’ils sont contre l’aéroport, quelle que soit l’opinion de leur fédération. Jean-Michel Buf sera très probablement la tête de liste de l’opposition à Blain, et espère « une liste d’union pour virer le kolkhoze », autrement dit la liste de gauche plurielle, effectivement d’autant plus rouge que l’actuel maire socialiste, Daniel Leroux, pourrait ne pas rempiler. Liste d’union sans nul doute, mais pro-aéroport. Lorsque tout ce petit monde se réveillera et que les vapeurs de la propagande instillée par le pouvoir et ses relais économiques (CCI…) sans aucune considération pour les contraintes légales, naturelles et environnementales se seront dissipées, la gueule de bois sera terrible.

La banderole Hollande démission survole les côtes de Loire-Atlantique

16 Août
Au-dessus de la Baule

Au-dessus de la Baule

Bienvenue en Bretagne ! L’ULM, qui depuis le 10 août remonte les côtes de France par petites étapes en tractant derrière lui une banderole de 20 par 3.50 mètres libellée Hollande démission.fr a survolé cet après-midi sous un crachin breton vers 16h30 la plage de la Baule,  puis celles de Batz-sur-Mer, de la pointe du Croisic et du Traict avant de revenir par la côte jusque l’estuaire de Loire.

La banderole tractée par l’avion renvoie au site Hollandedemission.fr dont le pilote est aussi le créateur. Ce site a mis en ligne une pétition qui pose de lourds griefs contre le président en exercice et demande aux députés d’organiser un référendum d’initiative populaire en vue de permettre au peuple de décider de sa destitution. Ce référendum peut être organisé à la demande d’un cinquième des parlementaires (députés ou sénateurs) soutenus par un dixième des électeurs inscrits. La pétition doit donc recevoir au moins 4.6 millions de signatures : elle en est à 8500, 4000 de plus en quatre jours.

Au-dessus du Croisic

Au-dessus du Croisic

L’opération est tout à fait légale, le pilote, David van Hemelryck, étant professionnel (titulaire du PPL) et respectant la réglementation aérienne. Cependant, le gouvernement très remonté a lancé une enquête de la BGTA (gendarmerie aérienne) à son encontre et dès le 12 août, des policiers en civil allaient attendre l’avion à l’aérodrome de la Roche-sur-Yon où il devait atterrir, l’obligeant à se détourner aux Sables. Le lendemain, une sortie de piste au moment du décollage, à cause d’un coup de vent de travers, fournissait l’occasion à la BGTA de le clouer au sol. Le 15 août, deux fonctionnaires de la gendarmerie déboulaient, inspectaient l’avion, entendaient le pilote puis, ne trouvant aucun motif légal à le retenir, le laissaient repartir. L’enquête continue maintenant : d’après le média catholique de réinformation le Rouge et le Noir, la BGTA réclame les témoignages des pilotes qui le croisent.

Ce qu’il s’est empressé de faire, pour aller faire réviser son ULM chez le constructeur à Frossay. Montant de la douloureuse : 287 €. Depuis quelques jours, un appel aux dons a été lancé en ligne et a déjà rassemblé près de 2600 euros  en deux jours et demi : elle servira à payer l’essence et les autres débours en route. Pour une étape de trois heures, 200 euros suffisent pour payer le carburant nécessaire.

Nous avons rencontré le pilote hier en Vendée : Devant son ULM réparé à l’instant, il déclare : « en France, tout est fait au nom du peuple. Je ne crois pas au CDD inamovible de cinq ans. L’actuel président est un incompétent notoire, peut-être fraudeur donc il doit être destitué. C’est au peuple de se bouger et de se réapproprier le pouvoir exercé en son nom.» Il devrait continuer son périple sur les côtes du Morbihan, puis celles du nord-Finistère et des Côtes d’Armor, avant de remonter la façade de la Manche. Son initiative pourrait faire des émules.

Pour en savoir plus :

Le pouvoir s’inquiète de la banderole Hollande démission

Les pouvoirs publics clouent l’ULM qui tracte la banderole au sol

L’affaire d’Etat n’aura pas lieu… pour l’instant : l’ULM a été libéré

Carnet de voyage de la banderole sur le Rouge et le Noir

Un jeu militant Zone A Défendre va sortir à la fin de l’année

13 Août
Une carte du jeu

Une carte du jeu

2013. Toute la France est occupée par les grands projets inutiles et imposés. Toute ? Non. ? Au cœur de la Bretagne, un petit village d’irréductibles résiste encore et encore à un projet d’aéroport, et la vie est dure pour Ayrault, Auxiette et les gardes mobiles retranchés autour de Notre-Dame des Landes.

Bientôt, même si vous êtes aux antipodes de la ZAD, vous pourrez vivre l’aventure en live. Grâce au jeu de plateau « Zone à défendre » pour lequel la souscription vient d’être lancée, et qui sera fabriqué fin septembre pour sortir en décembre, pour Noël. C’est un jeu de société  coopératif et semi-coopératif qui se joue de 1 à 5 joueurs, à partir de 10 ans. Une partie dure entre 60 et 90 minutes.

Le principe est simple. Vous incarnez un zadiste et défendez ces terres agricoles et sauvages, et au-delà, un monde meilleur, plus simple et plus partageur. Il vous faudra acquérir des compétences : planter des légumes, récolter des plantes, développer le clown activisme ou le sabotage, installer des barricades, harceler les forces de l’ordre, mobiliser les soutiens extérieurs… mais gare à la répression, un coup de matraque est vite arrivé et est impitoyable !

Le jeu peut être acquis sur souscription au prix de 25 €. Il sera vendu plus cher à sa sortie. Les bénéfices seront intégralement reversés au « comité de soutien aux inculpés anti-aéroport » et à d’autres Zones à défendre moins médiatisés qui ont aussi besoin de soutien (Avignon, Décines, Morvan, Nice, No-TAV, Belo Monte, Aude et d’autres…).  L’on peut aussi aider par chèque ou virement bancaire (coordonnées ici).

NDDL : le paysan mis en cause pour entrave à la circulation sera jugé le 18 septembre

7 Août
Tracteurs vigilants autour de la ferme de Bellevue (NDDL)

Tracteurs vigilants autour de la ferme de Bellevue (NDDL)

Aujourd’hui avait lieu une audience au tribunal de Nantes pour connaître du cas de Romain, un paysan accusé par les gendarmes de Châteaubriant d’entrave à la circulation après qu’il ait garé son tracteur devant leur gendarmerie. Il participait à un rassemblement de soutien à un paysan arrêté sur la ZAD et retenu dans les locaux de la gendarmerie castelbriantaise.

Le procureur a requis un mois avec sursis, dans sa précédente plaidoirie, il tonnait encore en demandant deux ans et demi ferme et la suspension du permis de conduire. De son côté la défense imperturbable demande toujours la relaxe. Cyril Bouligand, du collectif d’organisations paysannes Copain 44, dénonce « le procureur qui fait du zèle par rapport au ministère public qui essaie de condamner à chaque fois qu’il y a interpellation sur la ZAD, mais dès qu’on se rend devant le tribunal on constate qu’il n’y a guère de contenu dans ce qu’ils nous reprochent ».

Depuis le début de la lutte, 200 interpellations ou gardes à vue ont eu lieu pour toutes les composantes de la lutte, une quarantaine de procès ont été menés qui ont abouti à plusieurs condamnations fermes, et à 10 mois de suspension de permis pour un agriculteur. Le 10 septembre encore, les 18 personnes nommées comme occupants de la ferme de Bellevue comparaîtront à Rennes, en appel. Les échéances judiciaires continuent à tomber, serrées. Pour Romain, le tribunal a renvoyé son délibéré au 18 septembre.

L’aéroport de Notre-Dame des Landes abandonné ?

10 Juil

asilairNotre confrère Jean-Patrick Grumberg, de Dreuz – site d’information francophone, pro-israélien et plutôt opposé au pouvoir en place – a annoncé que le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, si cher au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sera abandonné. Selon leur source – qui tient à conserver son anonymat pour éviter des sanctions –, « une étude confidentielle est en cours pour adapter Nantes-Atlantique » où « une piste fermée serait rouverte ». Des informations qui pourraient être confirmées dans les semaines à venir.

Nous sommes en mesure de préciser qu’une étude a effectivement lieu pour Nantes-Atlantique, mais elle n’a rien de confidentiel. Comme nous l’écrivions il y a quelques jours  cette étude doit « approfondir l’évaluation des coûts du réaménagement de l’actuelle aérogare et des stationnements » sur la base d’une fréquentation par 5, 7 ou 9 millions de passagers. Officieusement, il s’agit à la fois de confirmer les chiffres donnés par l’Etat en justification au projet – chiffres largement bidonnés, comme nous l’avons démontré et de se pencher sur divers problèmes liés à l’aéroport : desserte entre l’aéroport et le centre-ville, manque de parkings pour les avions, plan d’exposition au bruit, agrandissement ou non sur place.

La plateforme étant enserrée entre la ville (au nord et à l’est), l’usine Airbus (au nord-est), une zone industrielle (au sud et au sud-est), une zone militaire non déminée et des hameaux (à l’ouest), il existe quatre solutions techniques pour agrandir la capacité de l’aéroport : exproprier vers l’ouest, afin d’allonger la piste sécante jadis existante. Contestation garantie. Se contenter de la piste sécante existante (fermée), mais qui est très courte, sauf pour les petits monomoteurs. Construire une piste parallèle, qui sera un peu plus courte et plus à l’ouest que l’existante. Enfin, établir un seuil décalé sur la piste actuelle (une piste physique, deux ILS, deux pistes réglementaires)  comme à Francfort-sur le Main ou à Albi. Le commandant de bord d’Air France et pilote chevronné Jacques Darolles explique le fonctionnement de ce seuil décalé dans son récit nommé « Monsieur est un esthète » sur la Pilotlist. Si bien que la montagne de Notre-Dame des Landes risque d’accoucher d’une souris à Nantes-Atlantique. Ou d’une piste.

Même si les médias français (hors Médiapart, TerraEco et le Journal de l’Environnement) et Bretons (hors BreizhJournal suivi une semaine plus tard par le Télégramme) ont été très discrets sur les conclusions en avril dernier des experts de la commission scientifique, ceux-ci ont pourtant mis un coup d’arrêt au projet en préconisant, pour qu’il revienne dans les clous de la légalité européenne et française, divers procédés (révision de la compensation des zones humides, vraie étude des biotopes etc.) qui obligent à un an, sinon deux ans d’études préalables et d’enquêtes publiques neuves avant de donner le premier coup de pelle. De quoi définitivement couler la concession – l’aéroport devant être inauguré avant le 1er janvier 2018 – et faire payer 80 millions d’euros à Vinci par l’Etat. C’est un secret d’Etat mal gardé, mais l’aéroport de Notre-Dame des Landes, en sus d’être ruineux et inutile, est complètement illégal  et fait tiquer l’Union européenne. De quoi placer le gouvernement dans une impasse politique, qui se double d’un imbroglio très local alors que les municipales se profilent : la Loire-Atlantique est en effet l’un des rares départements où la gauche espère gagner des communes, sinon éviter des pertes, la droite locale étant encore moins performante  que la gauche au pouvoir. Enfin, dernier argument de poids : alors que le budget 2014 paraît impossible à boucler, tant il manque de milliards d’euros à l’appel, lâcher le projet d’aéroport permettrait d’économiser et de geler les dotations aux collectivités territoriales concernées.

Le ministère des Transports devrait mettre fin aux tergiversations à l’automne, en publiant (ou pas) le calendrier prévisionnel des travaux qui tiendrait compte – enfin ! – des obligations légales prévues par la loi-cadre européenne sur l’eau… du 16 décembre 2008. D’ici là, il est fort probable que l’Europe envoie au début de l’automne une mission parlementaire sur le terrain, ce qui ne manquera pas d’enfoncer un peu plus le projet. En attendant, les bruits d’un probable abandon du projet ne peuvent que remettre du baume au cœur de la partie écologiste de la majorité – devenue très utile maintenant que le gouvernement a perdu huit législatives partielles à suivre, dont quatre sièges de députés PS – et dont les Verts représentants se demandent s’ils n’ont été les dindons (bio) de la farce en 2012.

NDDL : Des affrontements à nouveau, plus d’une douzaine de zadistes blessés

15 Avr

Ayrault aurait besoin qu’on lui explique le sens du rapport de la Commission Scientifique, qui a enterré complètement le projet d’aéroport – mais curieusement bien peu de médias s’en sont fait l’écho, rejoignant ainsi dans la censure le déni du gouvernement. Donc ce matin les policiers se sont vus donner l’ordre de reprendre avec énergie leurs positions sur les carrefours qu’ils tiennent normalement – les Ardilières au nord, la Saulce (RD81) et les Fosses Noires (RD281) au sud. Et ils ont été accueillis fraîchement

Cabane-chicane au débouché du chemin de Suez, Notre-Dame des Landes

Cabane-chicane au débouché du chemin de Suez, Notre-Dame des Landes

Depuis 7 heures du matin, Notre-Dame des Landes vit à nouveau dans l’odeur âcre du gaz, le vacarme des grenades assourdissantes et des flashball. A neuf heures, après deux heures d’affrontements acharnés, les forces de l’ordre reprennent difficilement le carrefour des Fosses Noires. Ils s’attaquent alors au carrefour de la Saulce, autour du quel se massent opposants, puis ensuite au carrefour des Ardilières dont ils prennent le contrôle sans coup férir. Des ordres sont donnés aux gendarmes mobiles d’étendre leur tête de pont et de s’assurer d’un contrôle complet des dits carrefours. Résultat : ils chargent à 10h20 dans le bois de la Rohanne près de la Rolandière, il y a trois blessés parmi les zadistes. A midi, ils commencent à débouler dans le chemin de Suez. La première cabane qui barre le chemin est incendiée pour faire obstacle aux forces de l’ordre. Actuellement à 13 h 15 les combats ont cessé, « mais peuvent reprendre à tout instant », nous assure-t-on sur zone où un appel à mobilisation est lancé tous azimuts. Un convoiturage a ainsi été mis en place à partir du Cardo à Nantes pour aller sur la ZAD. De leur côté, les policiers mobilisent aussi : un renfort de près de cent gardes-mobiles est arrivé vers midi, 250 nouveaux agents ont été dépêchés en début d’après-midi. A 14 h 30 plusieurs véhicules de police barraient le carrefour des Ardilières. Le procureur Françoise Le Coq leur a donné le droit de perquisitionner les véhicules à la recherche de matériaux de constructions et produits inflammables. L’accès à la ZAD reste possible par les multiples voies détournées qu’offrent ces 1200 hectares de bocage. A 16h 20 les affrontements se sont achevés. Un zadiste âgé s’est avancé au-devant des policiers qui progressaient sur le chemin de Suez vers la Chataigne pour leur signifier que s’ils allaient plus avant, il serait la première victime qu’ils devraient laisser sur le carreau. Après négociation, les forces de police sont revenues sur le carrefour de la Saulce.

« Une douzaine de blessés, au grand minimum »

L’infirmerie, débordée, gère la situation de son mieux. L’équipe médicale compte « une douzaine de blessés au grand minimum » parmi lesquels « deux ont reçu des éclats de grenades de désencerclement », deux autres ont eu des impacts de flashball dans le visage qui ont causé « des blessures ouvertes », une personne a du être évacué à l’hôpital (blessure à l’oeil par flashball). Comme le 24 novembre, les gendarmes ont bloqué l’accès à l’ambulance au carrefour des Ardilières – ce qui est illégal – et ont à nouveau bloqué sa sortie pendant « plus de cinq minutes », l’ambulancier ayant du user d’un subterfuge pour pouvoir se dégager et remplir sa mission. Du côté des policiers il y a trois blessés dont un qui a essuyé un jet de cocktail-molotov.

« La situation devrait s’apaiser bientôt »

31-10CRSDepuis Bruxelles, Sandrine Bélier a été mise au courant et les élus sur place sont mobilisés – à commencer par Françoise Verchère. D’après les ordres que les policiers ont reçu, ceux-ci ne portent que sur la reprise des carrefours. L’émoi sur place, à Notre-Dame des Landes, est important, d’autant plus que la convocation demain à la gendarmerie de Blain d’un paysan pour « violence sur gendarme« , « utilisation d’arme par destination » et « non respect des sommations d’arrêter son véhicule » n’est pas non plus pour calmer les esprits. Un appel à se rassembler devant la Préfecture de Nantes à 16 heures a été lancé sur les réseaux sociaux. Il y a d’autres appels pour le reste de la Bretagne : 17h devant la Préfecture de Saint-Brieuc, 18 h à Rennes, mais aussi pour la Vendée (16 h à la Roche devant le théâtre), Lyon (17h30 devant la Lutine, 91 rue Monbtequieu, métro Saxe), Tours (16h devant la mairie). Les élus mobilisés ont reçu l’assurance que « la situation devrait s’apaiser bientôt », en clair que les forces de l’ordre devraient décrocher. Il serait surtout grand temps qu’Ayraultbespierre se mette à lire le rapport de la Commission Scientifique. Il en vaut le coup.

NDDL : la Commission de dialogue légitime le projet d’aéroport, inconnue sur les expulsions

9 Avr
Claude_Chereau

Claude Chereau

Les premières informations au sujet du rapport remis cet après-midi au ministre des transports M. Cuvillier par la « Commission de dialogue » commencent à filtrer. Sans surprise, dans la foulée des propos tenus par son président M. Chéreau dans la presse – qui s’est déclaré convaincu de la pertinence de l’aéroport, contredisant ses propos un mois auparavant – la Commission déclare le projet d’aéroport « justifié » mais qu’il nécessite des « réaménagements ».

Le rapport accrédite le risque de saturation de l’aéroport de Nantes à l’horizon 2020 et estime que son réaménagement « n’est pas une solution viable à long terme », mais demande tout de même que le coût d’une solution d’agrandissement de l’aéroport existant soit évalué pour mettre fin à ce que la Commission qualifie de « polémique inutile ». Rappelons que ces prévisions de saturation ont été calculées à partir d’une méthode qui suscite le doute, sinon la polémique. Bref, qu’elles ont été bidouillées.

La Commission de dialogue était flanquée de deux autres comités, l’un pour évaluer l’impact sur les terres agricoles et l’autre sur la biodiversité et le réseau hydrologique. Ces deux derniers comités ont pointé des « insuffisances » du projet et doivent encore rendre leurs préconisations plus tard dans le mois ; la commission de dialogue estime que le projet doit « réduire au maximum » la surface impactée et veiller à la préservation optimale des terres. Au passage, la Commission note que « le grand Ouest n’a pas une notoriété internationale importante« , ce qui provoque une franche marrade parmi les Bretons.

Inconnue sur les expulsions

31-10CRSLe projet ainsi légitimé – les opposants n’attendaient pas autre chose – les expulsions peuvent recommencer. Une option balayée par l’eurodéputée EELV Sandrine Bélier selon laquelle « le gouvernement ne se lancera pas dans le guêpier d’une intervention », politiquement peu défendable et qui pourrait attirer à la France une condamnation de la part de l’Union Européenne. La commission des Pétitions se réunit à nouveau sur le sujet très prochainement et a demandé à la France des compléments d’information sur le projet pour mi-avril au plus tard. Au cœur du dispositif policier, l’option forte est déjà envisagée, comme nous l’explique notre source « les repérages aériens et terrestres – jusqu’au contact des lignes externes des protections installées par les squatteurs [les zadistes] se sont multipliés ces derniers jours. Les forces de l’ordre sont prêtes à mettre le paquet et à foncer ».  Cependant, l’option musclée mise en avant dans la presse proche du gouvernement (Libération, le Monde, Ouest-France) ou par certains responsables se fait aussi à dessein, nous précise notre source « les responsables politiques ont compris que le dossier risque de leur échapper, pour des causes sociales et européennes, et essaient de ne pas perdre la face y compris devant les élus qui les appuient sur le terrain ».  Les prochaines heures et les prochains jours risquent d’être cruciaux pour la ZAD : c’est à Paris et à Bruxelles qu’il sera décidé si Notre-Dame des Landes aura droit à un printemps paisible.

Jean-François Guitton (COPAIN44) : « s’ils interviennent, ce sera une erreur stratégique de plus de leur part ».

Parmi les défenses de la ZAD :" les tracteurs vigilants", barricades, remparts autour des bâtiments et...tracteurs evel just !

Parmi les défenses de la ZAD : » les tracteurs vigilants », barricades, remparts autour des bâtiments et…tracteurs evel just !

Pour Jean-François Guitton, agriculteur membre du collectif d’organisations paysannes engagées contre l’aéroport et de la Confédération Paysanne, les opposants sont prêts à une intervention, « comme chaque jour depuis septembre ». Les grandes lignes du rapport de la Commission de dialogue ne l’étonnent guère : « on s’y attendait ; je note toutefois que vu que le rapport est rendu au ministre des Transports plutôt qu’à Ayrault, ce dernier veut se débarrasser du dossier encombrant de l’aéroport ». Ou des accusations sur sa très forte implication dans le dossier – depuis qu’il est Premier Ministre, l’abus de pouvoir est au pouvoir envers toute opposition à l’aéroport.Jean-François Guitton poursuit : « les arguments peuvent être retournés et tournés. Le fait qu’ils mettent en avant la saturation – argument qui est avancé depuis 40 ans pour légitimer le projet – montre bien que nous avons raison, et que ceux qui militaient contre l’aéroport il y a 40 ans avaient raison aussi. » Cependant, il estime que la commission de dialogue a eu un rôle bénéfique « cela nous a permis de calmer le jeu, et de reprendre possession de certains lieux pour s’y ancrer ». Comment ne pas penser à la ferme de Bellevue, occupée et remise en marche depuis plus de deux mois par les paysans ? Une partie de la manifestation de samedi – Sème ta ZAD – pour l’heure perturbée par une météo qui « met en valeur le fait que Notre-Dame des Landes est vraiment une zone humide », souligne Jean-François Guitton avec ironie, devrait s’y dérouler.

La ZAD est-elle prête à faire face à une opération policière ? Si fait, estime Jean-François Guitton : « plusieurs centaines de personnes peuvent monter dans les deux heures défendre Notre-Dame des Landes contre tout coup de force, et via les comités de soutien locaux, des milliers de personnes peuvent affluer devant les permanences PS et les lieux de pouvoir » – conseils généraux, régionaux, mairies, préfectures – « partout en France. Cela représente une force contre laquelle un gouvernement – avec tout ce qu’il a à faire en ce moment – n’est pas en mesure de lutter ».

L’ACIPA et Bretagne Réunie mettent en échec la propagande des Pays de Loire à Saint-Nicolas de Redon

5 Avr
Déchirage symbolique d'une bannière des Pays de Loire

Déchirage symbolique d’une bannière des Pays de Loire

La manifestation organisée par le comité local du Pays de Redon de Bretagne Réunie a réuni en soirée près d’une centaine de personnes jeudi 4 avril 2013 à Saint-Nicolas-de-Redon, auprès de l’espace Pierre Etaillard, à partir de 18h30. L’ACIPA et des agriculteurs des collectifs COPAIN44 et COPAIN56 se sont joints à la manifestation avec six tracteurs, pour faire un « comité d’accueil » à Jacques Auxiette dont la venue était annoncée.Ainsi s’est formée une convergence des luttes des opposants à l’aéroport et des militants Bretons. En effet, les principaux porteurs du projet d’aéroport que sont la région Pays de Loire, avec Jacques Auxiette en tête et la municipalité nantaise avec son ex-maire Jean-Marc Ayrault sont aussi les premiers ennemis de la Bretagne. Les membres du comité local redonnais de soutien à la lutte contre l’aéroport ne se sont pas laissés tromper et ne cachent pas leur soutien à la réunion de la Bretagne historique.

Cela faisait plusieurs semaines que les services de propagande de la région « Pays de Loire » distribuaient des tracts et des affiches à Redon et aux alentours pour un « atelier du futur » aux faux-airs de débat participatif à sens unique. Des prospectus ont ainsi été distribués jusque dans les boîtes aux lettres des Redonnais et sous leurs Halles… la région des Pays de Loire a ainsi démontré l’artificialité de ses frontières que ses services se sont avérés incapables de respecter bien qu’ils les imposent à la population de Loire-Atlantique. Tant qu’à faire, pour maximiser les chances que les citoyens de Redon soient au courant du « débat« , une affiche faisant ouvertement la propagande des Pays de Loire a été placardée à l’office de tourisme de Redon, dont la structure perçoit – du fait de l’ancrage de la communauté de communes du Pays de Redon en Loire-Atlantique – des subventions des Pays de Loire.

Un rassemblement pour répondre à une provocation des Pays de Loire

Militants Bretons et opposants à l'aéroport côte à côte contre la propagande des Pays de Loire

Militants Bretons et opposants à l’aéroport côte à côte contre la propagande des Pays de Loire

Le débat annoncé avait pour titre provocateur: « Construire ensemble les Pays de la Loire en 2040 », pour « construire collectivement l’idée d’un avenir désirable et trouver les moyens de l’atteindre ensemble ». Comme le montre la pratique, les Pays de Loire ont l’intention d’atteindre cet avenir désirable – seulement de leurs dirigeants – sans consulter les citoyens, en spoliant les paysans, en détournant le patrimoine commun des Bretons et en mettant en péril les richesses naturelles de la Loire-Atlantique. Curieuse méthode ! Les organisateurs de cette farce démocratique n’ont pas été déçus. Tout au plus dix personnes ! En comptant le service de sécurité, le vice-président de cette région Christophe Clergeau, qui remplaçait Jacques Auxiette, et le maire de Saint-Nicolas-de-Redon, également président de la communauté de communes du Pays de Redon, hôte bien malgré lui de ce flop de com’. Dans les jours précédents, en effet, des citoyens des communes du pays de Redon ont arraché la plupart des affiches qui annonçaient la réunion, marquant clairement leur désaccord avec le vol de leur Histoire et de leur identité par les Pays de Loire.Dans un premier temps, Emile Granville s’est exprimé au nom du comité local redonnais de Bretagne Réunie, rappelant que le Pays de Redon s’est clairement déclaré pour la réunification politique et administrative de la Bretagne. Un vœu pour la réunification a été voté en 2009 par la communauté de communes du Pays de Redon qui, avec les communes de Saint-Nicolas-de-Redon, Conquereuil, Massérac, Conquereuil, compte des grandes communes de Loire-Atlantique comme Avessac, Fégréac, Guémené-Penfao, et Plessé. Jean-François Le Bihan, président de Bretagne Réunie a dénoncé le blocage actuel du gouvernement sur tout processus démocratique de réunification. Alan Ar Gall, au nom de la fédération Kevre Breizh, a apporté le soutien des acteurs culturels de Bretagne. Paul Loret du comité local de Nantes a lui insisté sur la dimension économique de la réunification. Etaient présents de nombreux citoyens membres des comités locaux de Bretagne Réunie à Rennes, dans le pays de Lorient, du Sillon de Bretagne, de Nantes ou de Saint-Nazaire.

Le forum annulé faute de citoyens intéressés

Le vice-président des Pays de Loire Christophe Clergeau n'est visiblement pas très emballé par l'expression citoyenne

Le vice-président des Pays de Loire Christophe Clergeau n’est visiblement pas très emballé par l’expression citoyenne

Puis la parole a été libre au micro où chacun a pu faire valoir son opinion, notamment les agriculteurs spoliés du projet de Notre-Dame-des-Landes. Trois femmes – dont deux opposantes à l’aéroport – se sont notamment exprimées. Jusqu’au moment où – à force de crier « Clergeau, le débat c’est dehors et pas dedans où il n’y a personne » – et puisque le vrai débat démocratique était à l’extérieur de la salle, le vice-président Christophe Clergeau et le maire de Saint-Nicolas-de-Redon Jean-Louis Fougères, sont sortis sur le parvis du théâtre pour annoncer que le forum était annulé – faute de participants intéressés. A la question posée par Emile Granville, le vice-président a confirmé le désaccord de la région « Pays de Loire » d’une consultation spécifique de la population de Loire-Atlantique sur la réunification ; par ailleurs il a affirmé avec mépris que les manifestants n’avaient « pas une attitude constructive » et qu’il avait une « toute autre idée de l’aménagement du territoire, aux antipodes de ce genre de manifestation », c’est-à-dire de l’expression citoyenne. Si bien qu’avoir un point de vue différent de la « région » Pays de Loire n’est pas, de son point de vue, constructif.

Une manifestation sans débordements

Un des tracteurs du collectif paysan contre l'aéroport COPAIN44

Un des tracteurs du collectif paysan contre l’aéroport COPAIN44

Ce soir, Saint-Nicolas de Redon ressemblait un peu à Notre-Dame des Landes : en effet, cinq fourgons de gardes-mobiles étaient garés dans la rue adjacente à la salle polyvalente, qui est restée parfaitement vide de participants. Les gendarmes locaux étaient aussi présents, dans une ambiance bon enfant. Il n’y a pas eu de heurts ni de débordement. Symboliquement, une bannière des Pays de Loire a été détruite au cours de la manifestation. Une réunion semblable est prévue lundi prochain (8 avril) de 19 h à 21h30 par la région des Pays de Loire au cœur du pays de Retz à Saint-Philbert de Grandlieu, salle des Marais, allée des Chevrets. Une autre est prévue dans le premier port de Bretagne, Saint-Nazaire, le 13 mai de 19 à 21h30 salle Jacques Brel, avenue de Saint-Hubert, et une dernière le mardi 21 mars 2013 à Nort à l’espace Cap Nort sur la route d’Héric. Gageons que ce seront autant d’occasions de faire triompher la démocratie sur la propagande de la région Pays de Loire.

Vidéo de la manifestation réalisée par Yves Priou

 

NDDL : Bellevue n’est toujours pas légalement expulsable

4 Avr

La ferme de Bellevue est occupée depuis le 27 janvier 2013  et peu à peu remise en marche par les efforts conjoints des paysans de l’ensemble du département de Loire-Atlantique (et au-delà) fédérés dans le collectif COPAIN44. Deux jugements successifs du tribunal de Saint-Nazaire ont fait droit aux demandes d’AGO-Vinci d’expulser les occupants de la ferme, propriété du Conseil Général de Loire-Atlantique et devenue le fer de lance de l’opposition paysanne au projet. Mais à chaque fois, les paysans et les juristes qui les assistent ont trouvé de nouveaux artifices juridiques pour rendre inopérants les jugements.

Ce hangar donne encore du répit aux occupants de la ferme de Bellevue à Notre-Dame des Landes

Ce hangar donne encore du répit aux occupants de la ferme de Bellevue à Notre-Dame des Landes

C’est le cas une fois encore, les défenseurs des occupants ayant trouvé que le jugement du 28 mars ne concerne que le corps de ferme. « Les bâtiments agricoles de la ferme n’étant pas concernés par les deux précédents jugements », écrit le collectif dans un communiqué daté du 3 avril. Par conséquent, les diverses granges, une petite grangette munie d’une cheminée, la soue à cochons et le grand hangar sont toujours légalement occupés, donc « si le concessionnaire AGO Vinci persiste à vouloir expulser les occupants, il devra passer par une nouvelle procédure auprès du Tribunal de Grande Instance de Saint Nazaire. » Cette nouvelle procédure devrait donner – compte tenu des délais de justice – un répit de près d’un mois à la ferme alors même que la poursuite du projet aéroportuaire, plombé par un contexte politique très défavorable et de lourdes illégalités tant dans sa conception que sa mise en oeuvre, devient chaque jour plus difficile.Le 1er avril, neuf nouveaux paysans du collectif COPAIN44 se sont déclarés occupants des bâtiments et exploitants des terres de la ferme depuis le 28 mars ; les précédents occupants qui étaient astreints à payer 50€ par jour et par personne ont, quant à eux déclarés ne plus occuper la ferme depuis le 28 mars. Si bien que les astreintes ne sont pas payées et la procédure continue. Un stratagème à peu près semblable a été mis en place suite au premier jugement du 28 février qui lui aussi condamnait les agriculteurs qui s’étaient alors déclarés occupants de la ferme, sur la base de la comparution volontaire, à des astreintes. Via les procédures d’appel, Vinci-AGO poursuit maintenant « 18 paysannes et paysans » du collectif.

Un autre occupant de Bellevue : une espèce endémique de chats qui ne niche que dans les (vieux) fours à pain.

Un autre occupant de Bellevue : une espèce endémique de chats qui ne niche que dans les (vieux) fours à pain.

Actuellement, d’après Jean-François Guitton, « vingt-deux vaches, une douzaine de poules, une demi-douzaine de moutons et une truie » donnés par des agriculteurs exploitants de toute la Loire-Atlantique sont installés à la ferme et sur une partie des terres. Pour le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport, qui fédère la Confédération Paysanne dans le 44, le CIVAM 44, le GAB44, Manger Bio 44, l’Accueil paysan, Terroirs 44 et Terre de liens, l’objectif reste le même : « empêcher la démolition ou le saccage des terres sur l’ensemble de la ZAD, y compris par les sondages archéologiques, garantir la pérennité de la ferme et préserver la possibilité pour les paysans de s’installer sur les terres quand le projet sera abandonné ».

NDDL : le tribunal confirme l’expulsion de la ferme de Bellevue

28 Mar

Sans surprise, le tribunal civil de Saint-Nazaire a confirmé l’expulsion immédiate de la ferme de Bellevue, occupée par les paysans et des opposants depuis le 27 janvier 2013. Cette robuste ferme en bon état général  dont dépendent 124.5 hectares de terre est peu à peu remise en service avec l’appui des paysans de tout le département.

Ferme de Bellevue le 28 janvier

Ferme de Bellevue le 28 janvier

AGO-Vinci a été en revanche débouté de ses prétentions pécuniaires. La filiale de Vinci demandait 1000€ d’astreinte journalière et 20.000 € de dommages-intérêts. Le tribunal a préféré ordonner l’expulsion immédiate et le paiement d’une astreinte de 450€ par jour au bout de huit jours. Cependant, alors que l’Europe vient de se pencher sur le dossier, et que du fait de l’absence d’autorisations liées à la loi sur l’eau, toute opération policière de grande ampleur sur la ZAD est frappée d’illégalité, l’expulsion de la ferme de Bellevue sera plus difficile qu’elle ne l’a jamais été.  Au moment où le tribunal rendait sa décision, plusieurs centaines de personnes se rassemblaient à Bellevue : la détermination des opposants est intacte.BreizhJournal a joint Jean-François Guitton, agriculteur membre de la Confédération paysanne et du collectif COPAIN44 qui fédère l’opposition agricole à l’aéroport. Il nous explique que la résistance va s’intensifier « aujourd’hui, on a ramené du matériel agricole pour mieux protéger la ferme. Pour nous, il est fondamental d’éviter l’irréparable, c’est-à-dire la destruction de la ferme, alors que le rapport de la Commission d’enquête n’est pas encore rendu et que la Commission des Pétitions se réunit à nouveau mi-avril. » En cas de coup de force, le réseau de vigilance et de solidarité devrait marcher à plein « il y a une veille permanente à la ferme et des tracteurs vigilants pour barrer les accès et retarder les forces de police. On amènera du monde rapidement. Mais notre mobilisation est pacifique donc on n’ira pas à l’affrontement ». La mobilisation s’appuie aussi sur près de 200 comités de soutien qui sont appelés à se rendre sur les permanences PS de leurs secteurs en cas de coup de force à sur la ZAD « pour interpeller leurs élus sur leur double langage, qui d’un côté veut protéger les ressources naturelles et la terre, et de l’autre tolère qu’on s’en dispense à Notre-Dame des Landes. »

Aujourd’hui, la ferme compte 22 vaches, 6 moutons, une douzaine de poules et une truie. Une partie des terres est occupée par des vaches depuis le 10 mars; le reste est encore trop humide pour y faire rentrer les tracteurs. Le four fonctionne, le conduit de cheminée a été refait selon des méthodes traditionnelles, le linteau de granit posé à nouveau. Le nettoyage de la maison et la réfection de la grange – aujourd’hui salle de réunion – est fini. Des travaux de clôture ont toujours lieu à l’extérieur. Une partie de l’opération Sème ta ZAD prévue le 13 avril pourrait se faire sur une des parcelles de Bellevue. Bref, Notre-Dame des Landes remue toujours.

Flash : le rendu du rapport de la Commission de dialogue devrait avoir lieu mardi 2 avril

NDDL : Semaine de convergence des luttes contre l’aéroport et le gaz de schiste

26 Mar

Avec l’appui des comités locaux de soutien à la lutte contre l’aéroport du Vigan, de la Lozère, du Gard, du Causse Méjean, et de plusieurs associations de lutte contre l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » ou gaz et pétrole de schiste, une semaine de débats et d’information est organisée à la Châtaigne, au cœur du site de l’ex-futur aéroport nantais.

Ce soir, une soirée projection-débat est organisée au cinéma le Katorza à Nantes (3 rue Corneille) où sera présenté le film Promised Land qui décrit le combat d’une communauté rurale face au chamboulement de l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis. (Tarif 6.20€)

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d'eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

La fracturation hydraulique cause la fuite dans les nappes d’eau de gaz et des produits chimiques utilisés pour fracturer la roche.

A noter que si l’extraction de gaz de schiste par l’usage de la fracturation hydraulique est interdite en France depuis 2011 et que la recherche de gisements dans le sud de la France risque fort de l’être aussi , la recherche du pétrole de schiste par la même méthode est, elle, permise. Ainsi, des forages ont actuellement lieu à Mairy (Seine-et-Marne)  et à la Ferté sous Jouarre  où population et opposants reprochent le manque de transparence de l’exploitant Hess Oil. Des forages devraient commencer à Château-Thierry (Aisne).Les données autour des réserves connues d’hydrocarbures de schiste restent incertaines et contradictoires. Le même flou artistique règne sur le modèle économique et le caractère durable des impacts sur l’environnement.Les Etats-Unis ont érigé l’exploitation des « hydrocarbures non conventionnels » en modèle économique national qui permettrait une nouvelle géopolitique qui s’écarte du Moyen-Orient et d’Israël, l’abondance de gaz et pétrole US rendant inutile la veille stratégique sur les gisements et les routes d’approvisionnement pétrolières. Cependant, des voix s’élèvent dans les milieux économiques pour critiquer ce système et pronostiquent l’effondrement de la « bulle » gaz de schiste d’ici dix-huit à vingt-quatre mois.Par ailleurs, la ruée vers le gaz et le pétrole de schiste favorise, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe qui veulent prendre leur indépendance vis-à-vis du gaz russe, une colonisation économique au profit des majors pétrolières occidentales. Le gouvernement aux abois de l’Ukraine, qui ne prend garde qu’aux élections, noyé dans les « affaires » et la corruption, a ainsi vendu à la découpe les ressources du pays – et son avenir écologique – à trois grandes compagnies américaines. Le même scénario se répète en Pologne et en Lituanie, sans que les citoyens ne soient rééllement informés des risques et des retombées économiques et sociales concrètes.

 

 

bassins-EUProgramme de la semaine

Mercredi 27.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat

Le gaz de schiste c’est quoi ? Il est où le problème ? Présentation des Gaz de schiste, des problèmes environnementaux, sanitaires, sociaux, financiers, liés à son exploitation – échange avec la salle.

Projection du documentaire : « La malédiction des Gaz de schiste » (Durée 1h22 en français).

Jeudi 28.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) :

Soirée présentation – Débat – Projection VINCI est partout, VINCI dégage !

1. La situation en France sur les pétroles et gaz de schiste – C’est VINCI aussi !

En France les forages sont menés par une filiale de VINCI…

2. Énergie, Qui dirige vraiment ? Projection du documentaire : »The Brussels business : (Durée 58mn – Français) hydrocarbures, aéroports et GPII…Qui nous gouverne ? Qui contrôle vraiment l’Union Européenne ? »

Principales compagnies d'extraction en Europe. S'y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Principales compagnies d’extraction en Europe. S’y ajoutent les filiales des majors pétrolières et gazières mondiales.

Vendredi 29.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Projection – Débat L’Extractivisme ici et ailleursUne ZAD, des ZAD ! Oui à la vie, non aux zones de sacrifices : Même en Bretagne vous êtes concernés !

1. Présentation des projets de mines (4 demandes de permis soutenues dans la région Pays de Loire et Bretagne par A.Montebourg) et du permis de recherche d’hydrocarbures en Mer d’Iroise.

2.A quoi ça ressemble une mine ? Les nouvelles méthodes d’exploitation…les risques sanitaires, l’agriculture. Projection du documentaire argentin « Veladero Barrick » (Durée 13 mn)

Samedi 30.03.2013 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Soirée présentation – Débat Faire Converger des Luttes !

Les exemples de convergence, les outils, la MINGA.

Présentation de l’appel Minga. Retour sur les événements de convergence (Lézan-FAME…).

Exemple des convergences ailleurs (Mexique ANAA – Argentine UAC).

Projection d’un reportage sur l’UAC (Union des Assemblées Citoyennes) (Durée 13 minutes en espagnol sous-titré en français)

pannoDimanche 31.03.2012 à 20h30 À la Chat Teigne (ZAD de Notre Dame des Landes) : Expo – Soirée Débat – Projection De Cajamarca à la ZAD il n’y a qu’un pas ! Même au Pérou on parle de la ZAD ¡

1. CONGA NO VA ! Les luttes de Cajamarca CONGA – Le barrage Chadin

(Pérou) : Les mines de Yanacocha – le projet 2 (Celendin).

2. De la ZAD à Cajamarca ! L’expertise de nos GM (Gendarmes Mobiles) bien entraînés sur la ZAD, s’exporte à Cajamarca pour le « respect des droits humains fondamentaux » !

3.Encore un lieu de convergence, un petit direct du Forum Social Mondial compte rendu de ce qui s’y ai dit.

4.Projection du documentaire : « Open Pit » Documentaire sur les mines de Cajamarca – Pérou (Durée 1h12 en anglais et espagnol).

NDDL : Le Parlement européen se saisit du dossier

20 Mar

Suite à l’audition des pétitions de l’ACIPA, du CédPA (élus doutant de la pertinence de l’aéroport) et de France Nature Environnement, le Parlement européen et la Commission ont accepté se saisir du dossier et demandent au plus tard avant mi-avril des informations complémentaires à la France. Le dossier de l’aéroport vient de devenir européen, officiellement.

Lors de l’audition, l’illégalité du projet vis-à-vis du droit européen a été mise en exergue. 98% de l’emprise de celui-ci est située sur des zones humides, rendant la compensation de celles-ci impossible et mettant en péril les objectifs 2025 du bon état des masses d’eau en Loire et Vilaine, la ZAD étant située à la limite entre les deux grands bassins versants du sud de la Bretagne. A la vérité, le projet d’aéroport est illégal en droit européen depuis cinq ans, en droit français depuis quatre ans.

Présents à l’audience, Françoise Verchère (du CédPA) et Sylvain Fresneau (de l’ACIPA) ont expliqué à la Commission  les dérapages d’un projet d’état, l’occupation policière, l’absence de perspectives économiques du projet, l’impact sur l’environnement et les paysans, « l’urgence » enfin de la situation et le risque de travaux imminents sur place. Le gouvernement français a préféré bouder l’audience, évitant de se faire montrer du doigt au niveau européen alors que le gouvernement traverse de grandes turbulences suite à l’explosion en vol du ministre du budget. Alain Mustière pour l’ACIPRAN a en revanche été présent, ainsi qu’un assez discret directeur de projet de chez Vinci.

A la sortie de l’audition, Sandrine Bélier, député européen EELV, juriste de l’environnement et membre de la Commission des Pétitions, a réagi : « Les débats ont clairement démontré que l’Etat français ne peut continuer dans cette voie au risque de méconnaître manifestement et volontairement le droit européen qu’il a pourtant transposé en droit français » avec les Grenelle de l’Environnement en 2009 et 2011. « Le débat n’est plus franco-français, il est maintenant très officiellement européen ! Pour une fois que nous pouvons agir en amont d’un projet destructeur, les parlementaires européens seront a la hauteur de leur responsabilité. » Ainsi, les Bretons seront protégés par le droit européen. Bonne nouvelle, car depuis le début des opérations policières il y a plus de six mois, les dérapages d’une justice bien peu indépendante  s’accumulent, et actuellement, deux communes de Bretagne supportent depuis près de quatre mois un blocus totalement illégal. Toutes les demandes de contrôle judiciaire de celui-ci ont été rejetées ou ne sont pas examinées. Les habitants et opposants au projet de Notre-Dame des Landes sont sans doute trop Bretons pour avoir droit au droit français.

A l’issue de l’audience, la présidente de la commission des pétitions a déclaré que des directives européennes importantes ont été violées et a demandé des compléments d’information au gouvernement français afin de réexaminer le dossier. La commission se montrera particulièrement vigilante afin d’empêcher que la France ne demande des délais et ne profite de ce temps pour passer en force et créer une situation irréversible à Notre-Dame des Landes. Une mission européenne pourra être par la suite envoyée sur place à la fois sur la ZAD et sur le site de l’aéroport nantais actuel.

220px-Sandrine_BELIER,_EELVJointe par BreizhJournal, Sandrine Bélier apporte quelques précisions sur l’importance de l’audience d’aujourd’hui. « Il y a un mois, le 19 février, la commission des pétitions avait reçu les parties pour un premier échange et signifié ses doutes quant à la légalité du projet. Maintenant, c’est une audience officielle qui permet de montrer la volonté de faire face aux potentielles violations du droit de l’Union Européenne ». Elle rappelle la France à ses devoirs : « les textes que l’Etat refuse d’appliquer pour Notre-Dame des Landes, ses représentants les ont négocié à Bruxelles. La France est un acteur majeur de l’UE, elle bénéficie des aides, de la PAC, etc. mais elle a aussi des devoirs envers les autres pays. La France ne peut pas choisir au coup par coup d’appliquer ses engagements selon si ça l’arrange ou pas ».  C’est donc un appel à la cohérence qui est adressé à l’Etat. De son côté, l’Europe garantit la transparence des débats, et la plus grande ouverture possible de ses institutions. C’est pourquoi, précise Sandrine Bélier, « la pétition des défenseurs du projet [l’ACIPRAN] a été acceptée, bien qu’ils ne soulevaient absolument aucun moyen de droit européen, afin de mettre toutes les cartes sur table et d’avoir le meilleur éclairage possible des enjeux citoyens et juridiques ».

L’Europe sera vigilante en cas de passage en force

Barricade sur la ZAD - Chemin de Suez, fin février 2013

Barricade sur la ZAD – Chemin de Suez, fin février 2013

Beaucoup de gens s’inquiètent, sur la ZAD et autour, d’une probable reprise des hostilités et d’un passage en force de Vinci, de l’Etat et consorts début avril Cette impression est renforcée par la conjonction des échéances : la commission d’enquête rend son rapport fin mars, le sort juridique de Bellevue devrait être scellé une nouvelle fois le 26 mars et celui de la Chat Teigne le 28. Ces inquiétudes ne sont pas partagées par Sandrine Bélier, en effet « nous entrons dans la période printanière de reproduction des batraciens. Il n’y a pas encore eu d’autorisation liée à la loi sur l’eau, ni d’autorisations pour transporter ailleurs les espèces, par conséquent il est difficile d’imaginer que des travaux – mêmes des ‘‘fouilles’’ – commenceraient alors que rien n’autorise un tel impact sur les espèces naturelles ».

Cependant, si l’Etat préférait le passage en force à la réponse aux interrogations européennes, « nous serons très vigilants et déterminés. Nous ferons tout pour que le Parlement mette en demeure la France d’arrêter immédiatement ses travaux, en prenant au besoin une position politique. « L’Europe a été saisie par les citoyens. L’Europe ne peut pas attendre, on réagira immédiatement pour rappeler à la France qu’elle fait partie de l’UE et doit donc respecter ses engagements ».

Une sortie par le haut pour le gouvernement français ?

A-__xCKCIAASoqhIl apparaît de plus en plus clairement aux populations Bretonnes que seule l’Europe pourra mettre fin de façon pérenne et pacifique au projet d’aéroport, et rappeler l’Etat à ses obligations, alors même que les contrepouvoirs – principalement la justice et une grande partie de la presse – ont préféré surtout être une chambre d’enregistrement de la volonté de l’Etat  et de Vinci. Voilà qui prouve que si la France sort de l’Europe comme certains « qui critiquent l’Europe bien qu’ils en bouffent », comme le fait remarquer Sandrine Bélier, le veulent,  il n’y aura plus de possibilité d’arrêter les dérapages liés aux projets d’Etats menés d’une façon aussi peu favorable à la démocratie et à la volonté citoyenne que l’est le projet d’aéroport.

En revanche, le fait que l’Europe se mêle du projet du fait de ses illégalités flagrantes et de « l’impérieuse nécessité de tout remettre à plat, parce que les décisions prises il y a 10 ou 30 ans ne prennent pas en compte les enjeux environnementaux apparus depuis» permet à l’Etat de mettre l’abandon du projet sur le dos de l’Europe « si l’Etat enterre le projet en disant, c’est la faute à Bruxelles, je l’assume, et c’est une solution de sortie politique honorable que je suis fière d’offrir sur un plateau d’argent au gouvernement », clame Sandrine Bélier. « Je suis née en 1973. Je fais partie de la génération qui n’a connu que la crise ; que des décideurs, quels qu’ils soient, incapables de trouver des solutions et de proposer un nouveau modèle. En 2012, il y avait un slogan, ‘‘Le Changement c’est maintenant’’ : je l’attends. Nous irons jusqu’au bout ».