Municipales 2014. Bien que tout sourit à la droite – crise économique, gouvernement incompétent, Premier Ministre gravement mis en difficulté sur ses terres, président fantômatique – elle a quand même un problème avec les grandes villes, et avec Nantes en particulier. Le problème est simple : alors qu’il y a 300.000 habitants à approcher, à rencontrer, à convertir, tâche de plusieurs mois de campagne, elle n’a toujours pas de candidat, ni d’unité. L’UMP envisage sans grand enthousiasme un parachutage, quant à l’UDI, elle est suspendue au choix du sénateur-maire de Saint-Sébastien Joël Guerriau qui pour l’heure n’a dit ni oui, ni non.
Le leader départemental du CNI – centre national des indépendants, membre de l’UDI et chef d’entreprise Loïc Maurice en a marre de cet immobilisme. Il s’est déclaré, le premier, candidat et nous consacre une entrevue pleine de volonté et de conviction. Car pour lui, il y a urgence en la demeure : Nantes est devant une chance historique d’alternance et il convient de ne pas la louper.
BreizhJournal : Monsieur Loïc Maurice, merci de nous recevoir. Vous avez déclaré votre candidature. Selon vous, quel est le problème de la droite à Nantes, aujourd’hui ?
Loïc Maurice : Il y a un manque terrible de coordination. Du côté de l’UDI, Joël Guerriau prend tout sur lui, joue perso, mais sans dire ni oui, ni non à sa candidature. L’opposition est hors-service, et la vraie raison, c’est qu’elle a été créée par l’UMP et est complètement en déroute suite à la guerre interne qui fait rage entre Fillon – que soutient la majeure partie de la fédération départementale – et Copé. Il n’y a pas de leader de l’opposition, aujourd’hui.
BreizhJournal : Quel est le but de votre candidature ?
Loïc Maurice : Mettre un coup de pied dans la fourmilière, pour qu’il y ait clairement, enfin, vite, une liste de centre-droit à Nantes. Parce qu’au vu de la situation locale et nationale, reprendre Nantes à la gauche, c’est maintenant ou jamais. L’alternance ne peut cependant passer que par le centre – c’est la spécificité politique de Nantes, qui s’écarte de la droite et de la gauche trop marquées.
BreizhJournal : Croyez-vous à une candidature de Joël Guerriau ?
Loïc Maurice : Pour l’heure il n’a dit ni oui ni non, il ne s’exprime pas du tout à ce sujet. Mais en coulisses il est pressé par l’UMP qui commence à se lasser de ses atermoiements. Il a commandé des sondages qui ne l’ont pas rassuré sur ses chances et souhaiterait surtout rempiler comme sénateur, il lui faut absolument un second mandat et c’est son but n°1.
BreizhJournal : Quel est votre rapport à la Bretagne ?
Loïc Maurice : Je suis né de parents d’Ille-et-Vilaine qui ont toujours pensé que la capitale de Bretagne était à Rennes. Mais la querelle des capitales n’est pas le fond du problème. Cela ne me gêne absolument pas que Nantes soit en Bretagne. Les régions sont pour l’heure trop petites, je suis pour une grande région Bretonne qui comprenne les cinq départements plus, éventuellement, la Mayenne, qui est très proche de la Bretagne.
BreizhJournal : C’est un peu un passage obligé, mais que pensez-vous de l’aéroport de Notre-Dame des Landes ?
Loïc Maurice : Il y a quelque chose qui me gêne beaucoup dans ce projet. C’est qu’on se batte avec autant de fermeté sur l’aéroport sans prévoir de moyens pour y accéder. C’est Gribouille. Les entreprises de Vendée et du sud-Loire prévoient – s’il est fait et dans la configuration actuelle – de faire passer le fret de nuit, massivement. Des norias de camions sur les routes. Dans le fond, c’est l’aéroport du nord-Loire, de Rennes et de Vannes. La Vendée et le Choletais, dont le poids économique n’est pas négligeable, en sont coupées et c’est très mauvais pour la cohésion des territoires. Donc je conditionne mon acceptation du projet au fait qu’il y ait un troisième pont ou une voie de franchissement. Or, du fait des contraintes écologiques et financières importantes ainsi que d’un manque de volonté politique, ce 3e franchissement de la Loire est au fond d’un tiroir.
BreizhJournal : Vous avez des projets pour Nantes. Qu’en est-il, par exemple, en matière de transports ?
Loïc Maurice : Il y a un gros problème. La réflexion de l’équipe Ayrault est uniquement axée sur une politique anti-bagnoles. C’est bien que la ville n’en soit pas envahie, mais ils ont rompu l’équilibre. Toutes les pénétrantes ont sauté, sans que la ville n’en soit simplifiée, ni pour ses habitants, ni pour ceux qui y travaillent. Résultat des courses, le commerce du centre-ville s’appauvrit, il y a même des fermetures alors que compte tenu du contexte démographique, cela devrait être en plein boom.
BreizhJournal : Parlons justement de démographie. Estimez-vous que c’est un défi pour Nantes ?
Loïc Maurice : Oui, assurément. Il y a une politique de densification du centre-ville, mais on ne fait guère qu’empiler des habitants, sans leur donner les commerces nécessaires. A Saint-Joseph de Porterie, par exemple, où une ZAC est en pleine construction avec des centaines de logements, il n’y a en tout et pour tout qu’un tabac, une boulangerie, deux coiffeurs, un pizzaïolo et un fleuriste pour 2.500 habitants. Sinon il faut aller – en voiture – à Carquefou. Et l’on nous parle de développement durable, de ville sans voiture ? Alors que sur l’Ile de Nantes, il y a exactement le même problème. De qui se moque-t-on ? Pourquoi veut-on faire de Nantes une « réserve d’indiens » sans mettre en place les équipements suffisants, et surtout permettre aux Nantais de sortir, car tout – commerces, industries et équipements – est maintenant hors de la ville en périphérie ?
BreizhJournal : Cet empilement d’habitants a-t-il pour vous d’autres conséquences ?
Loïc Maurice : Oui, Nantes se dégrade, Nantes se banalise, Nantes perd son âme. Regardez ces cubes de béton qui ont poussé partout. A la place des maisons bourgeoises sur les avenues, des champs autour de la ville. On peut faire la même daube de Lille à Perpignan, c’est la standardisation, l’uniformisation de l’urbanisme, la négation et de l’œuvre et de la spécificité des villes. Ce sont des clapiers qui n’ont rien de mieux que les « grands ensembles » des années 60 : vite et mal bâtis, tous sur le même modèle. Des ghettos. Et la municipalité laisse faire, absolument passive, elle se laisse porter par la dynamique, elle ne sait pas où elle va, où elle emmène Nantes. Il faut en finir.
BreizhJournal : Merci, Monsieur, de nous avoir consacré du temps. Pour terminer, par quels mots pourrez-vous résumer votre projet pour Nantes ?
Loïc Maurice : Je veux donner un nouveau souffle à ma ville, rendre Nantes aux Nantais.
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